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Et bien de mon côté, j'avoue avoir été gêné par l'aspect péremptoire de l'interview. :| Je reste dubitatif quand quelqu'un semble se placer comme détenteur de la seule vérité (et j'utilise "semble" à dessein), quitte à tout balayer pour étayer ses convictions. Je prendrai l'exemple de la suite "officielle" de Peter Pan. Je comprends qu'on puisse hurler à la trahison de l'oeuvre, car il est vrai qu'au final, on est très loin de l'oeuvre originelle de Sir J.M. Barrie, que j'apprécie énormément en passant, et que l'auteure prend de franches libertés pas toujours heureuses avec l'univers et le personnage. Mais pourquoi prétendre qu'elle n'a aucune imagination, ce qui est faux au vu de l'aventure (sortie du contexte de Never-neverland, c'est inventif), l'accuser d'en profiter pour se faire un nom (alors qu'elle répond à une demande et qu'elle avait déjà écrit de nombreux ouvrages pour enfants) ou même de l'argent (les bénéfices ne vont-ils pas au Great Ormand Hospital ?.. même si je ne pourrais en jurer...)Alors on peut certes lui reprocher quelques déclarations malvenues, mais de là à nier toute qualité à l'auteure et à l'ouvrage, je suis perplexe.Idem pour ce qui est de la compréhension de Peter Pan, l'enfant qui ne VOULAIT / POUVAIT pas grandir. N'ayant lu que la version livre, c'est bien la première solution que je retiens, et je ne crois pas que lire la pièce ou Le petit oiseau blanc, ce que je ne manquerai pas de faire, me fera radicalement changer d'avis ou me dire "Mais suis-je bête d'avoir cru un instant que ce n'était qu'une volonté !". Car il existe plusieurs Peter, du fait même de la réécriture incessante de la pièce, me semble-t-il...Je me contenterai donc modestement de rappeler qu'il n'y a pas qu'une vérité... Même si je suis admiratif de la volonté qu'il faut pour se lancer dans la traduction au départ "amateur" d'un auteur du début du siècle dernier, et la ténacité qu'il doit falloir pour le faire publier.

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Tout d'abord, "Publivore", le sujet ce n'est pas moi. Il ne faudrait pas le faire dévier. Je ne suis qu'une traductrice. Ce qui importe, je le répète, c'est BARRIE. On se moque de savoir ce que je pense. L'essentiel est que je fasse mon travail le mieux possible. Mais, puisque vous m'attaquez et semblez présupposer que je suis gonflée de prétention, de suffisance et de vérité, je vous réponds gentiment. "Péremptoire", dites-vous ?Quand on consacre sa vie à un auteur, depuis quelques années déjà, je pense que le terme ne convient pas. J'ai trop de respect pour Sir Barrie, pour être indigne de lui.Je ne suis pas la seule personne qui s'intéresse très sérieusement à Barrie à penser ce que j'exprime. Ce ne sont pas des convictions, mais un jugement fondé sur des arguments. Et chacun pense ce qu'il veut. On me demande mon avis, je le donne. Je n'impose rien à personne. L'auteur (la féminisation des noms me paraît vraiment une aberration mais, là encore, ce n'est pas le sujet) écrit mal (pardonnez-moi ce jugement, peut-être subjectif, mais je suis habituée à beaucoup mieux), je n'y puis rien, et c'est une habituée des reprises de classiques (Melville, Chaucer...). Voilà pourquoi je remets en cause son travail et pourquoi je trouve qu'elle n'a pas d'imagination. Un véritable romancier n'a pas besoin de voler. Tous les grands romanciers créent un univers qui leur est propre, qui est cohérent, de livre en livre, même si l'on n'invente rien ex nihilo. C'est leur musique intérieure. De livre en livre, que fait-elle ? Lisez-la. Personnellement, je préfère lire Melville et Chaucer que ses ragoûts. Je ne suis peut-être pas politiquement correcte à vos yeux et je le regrette. Mais je ne vais pas prétendre le contraire de ce que je pense.Quant à la "suite", il suffit de lire pour se faire un avis. C'est mal écrit, c'est flasque, et, là, pour le coup, c'est péremptoire ! Lisez ses interviews, je n'invente rien. Quand elle prétend mieux connaître Peter Pan que Barrie, parce qu'elle est mère, c'est un comble ! J'ai vu l'émission diffusée dernièrement sur la BBC et je suis assurée que ces mots sortent de sa bouche, parce que la presse écrite peut toujours fausser des déclarations. Je vous rappelle qu'elle ne donne que la moitié de ses gains (énormes) à l'hôpital !!!!!!!!!!!!!!!!!!! Alors, l'aspect généreux de la chose, je n'y crois pas une seconde ! Barrie a bien TOUT donné, lui... Elle a écrit de nombreux ouvrages, certes, mais regardez de quoi il s'agit. A mes yeux, cet ouvrage n'a pas d'intérêt. Mais je ne prétends détenir aucune vérité. Lisez Peter Pan, le roman et la pièce, en version originale, ainsi que les notes de Barrie, et vous me direz si Peter Pan veut ou non grandir !C'est écrit noir sur blanc. Je ne l'invente pas. Oui, il existe plusieurs Peter Pan, je le souligne souvent, mais l'idée que développe Barrie est cohérente. "Je me contenterai donc modestement de rappeler qu'il n'y a pas qu'une vérité... " : mais n'est-ce pas prétendre énoncer une vérité que d'affirmer cela ? Dire qu'il n'y pas qu'une vérité est une affirmation de la vérité de votre jugement. Vous vous contredisez vous-même. De plus, si la vérité était multiple, ce ne serait plus la vérité.Platon vous tancerait. Il ne serait pas le seul. Je crois que vous parlez d'opinions et non de vérité, sauf votre respect. Et, dans ce cas, oui, toutes les opinions sont permises. Mais entre la doxa et le logos, il faut choisir.Mais nous nous éloignons beaucoup de Peter Pan et de Barrie, et c'est dommage.Je regrette de vous déplaire autant, mais que cela ne vous éloigne pas de Barrie. Car, ce n'est point de sa faute si je suis aussi détestable et condamnable. Bien à vous.

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Euh...Je ne crois pas qu'à aucun moment, Publivore vous ait attaquée en tant que personne. Il a juste regretté certains de vos points de vue, ce qui me semble tout à fait respectable, surtout de la façon dont il l'a exprimé (c'est à dire sans oublier de vous complimenter par ailleurs). :)PS : La suite de Peter Pan a aussi son sujet. :)

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Hum... Ma Dame... L'auteur de la suite de Peter Pan, que je n'ai pas lue et que je ne lirai sans doute jamais (désolée, je n'aime pas Peter Pan...) n'a pas écrit cette suite de son propre chef, si je ne me trompe, mais à répondu à la demande de l'hôpital ayant-droit de Sir Barrie... hôpital qui, si je ne me trompe toujours pas, a réussi à faire voter une loi d' "exception" pour lui permettre de garder la manne providentielle de l'oeuvre de son bienfaiteur et à l'empêcher de tomber dans le domaine public... Quel que soit le talent de cette dame, il me semble aberrant de lui faire le moindre reproche, alors que ce sont les "juristes" de cet hôpital qui l'ont choisie pour permettre à leur employeur de garder leur fric. (Au passage... je ne suis qu'une juriste belge... mais quel est le statut de ce fameux hôpital, public (ce qui est le cas de la majorité des hôpitaux anglais) ou privé, et à quoi est utilisée la manne Peter Pan ? C'est juste une question (qui me tarabuste depuis un bon moment), pas une attaque.

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[Tout d'abord, "Publivore", le sujet ce n'est pas moi. Il ne faudrait pas le faire dévier.
C'est tout de même vous qui êtes interviewée, c'est normal qu'on réagisse - aussi - au ton de vos réponses. :)Et quand je vois les pincettes prises par Publivore pour se voir répondre des "Platon vous tancerait. Il ne serait pas le seul. ", je comprends mieux pourquoi le ton en question peut faire réagir. (J'ai lu le sujet avant de revenir à l'interview.)Ceci étant, vos propos sur l'oeuvre de Barrie et Peter Pan sont réellement très intéressants. Et pour lambertine, il me semble que l'orphelinat en question est bien un établissement public. :)

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Merci pour cette interview qui me donne envie d'approfondir ma relation avec cet auteur. ;)Au-delà des arguments passionnés, je pense que le livre de J. M. Barrie mérite d'être lu, juste histoire d'aller un peu plus loin que les versions de Disney, Spielberg et Loisel... contrairement à Céline-Albin Faivre ou Publivore, je n'ai même pas encore lu ne serait-ce qu'un ouvrage de l'auteur... :sifflote:Je vais donc corriger le tir juste par curiosité. :pAlors merci pour ce petit coup de projecteur sur le sujet ! :)

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Merci beaucoup pour la critique :) Elle va peut-être me décider à prendre le temps pour continuer à lire Le Petit Oiseau blanc qui m'attend depuis plusieurs mois maintenant :rouge:. Je n'ai pu en lire que la préface et le début, mais je vais tenter de finir rapidement... d'autant plus que ce n'est pas du tout parce que le livre ne m'intéresse pas que j'ai arrêté, au contraire, le début était tellement engageant et attirant que j'ai préféré attendre d'être au calme pour pouvoir le savourer pleinement :o.Par contre je confirme pour la préface, c'est quand même un peu complexe et sûrement plus compréhensible après avoir lu ce livre.J'en dirai plus quand j'aurai enfin pris le temps de le finir :rouge:

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Gillossen a écrit :http://multimedia.fnac.com/multimedia// ... 303192.jpgEt ça ? ;)Qui a mis la main sur ce bel objet ? :)
Moi !!!! :)J'avais écrit quelques lignes sur mon appréciation de ce livre-ci dans un petit billet (à la fin). Livre indispensable pour qui aime Loisel ! Merci à Publivore pour sa jolie critique du Petit oiseau blanc. Barrie lui rendra sa bonté. Quant à la préface, je comprends assez sa préférence qu'elle soit une postface ou une annexe, mais en France nous avons plus coutume de procéder ainsi. Cela n'a pas trop dérangeant en soi, car la plupart des gens ne lisent pas les préfaces :D ou bien le font après lecture du texte, si ce dernier les a assez intrigués. L'essentiel était de donner aux lecteurs les clefs s'ils les désiraient. Je suis contente que vous ayez été touché par l'histoire du Capitaine W. Personnellement, ce livre a changé ma vie pour toujours. Dernièrement, je suis allée à Londres sur les traces de Barrie, notamment dans les jardins de Kensington et j'ai retrouvé les "tombes" d'enfants (reportageici ou sur mon JIACO) et je m'envole très bientôt pour l'Ecosse, afin de retrouver le fantôme de mon auteur bien-aimé. J'aime aussi BEAUCOUP Porthos. Un jour, je parlerai du cimetière des animaux évoqué dans Le Petit oiseau blanc... Merci à vous pour votre attention et votre bienveillance. Barrie me tire par la manche, je dois le traduire, encore et toujours... Je vous promets des surprises, des inédits surprenants, dans le prochain livre, notamment pour ceux qui aiment Hook et croient tout savoir de lui... :p

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lambertine a écrit :Euh... pardonnez encore une fois mon ignorance crasse, mais il me semblait qu'il s'agissait d'un hôpital, et non d'un orphelinat...
Vous avez parfaitement raison.

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AJ Styles a écrit :Humm, je passe du coq à l'ane, mais je voudrais savoir: l'édition vendue à 2€, c'est la pièce original, ou le roman?
Roman. Edition pas très recommandée.

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lambertine a écrit :Hum... Ma Dame... L'auteur de la suite de Peter Pan, que je n'ai pas lue et que je ne lirai sans doute jamais (désolée, je n'aime pas Peter Pan...) n'a pas écrit cette suite de son propre chef, si je ne me trompe, mais à répondu à la demande de l'hôpital ayant-droit de Sir Barrie... hôpital qui, si je ne me trompe toujours pas, a réussi à faire voter une loi d' "exception" pour lui permettre de garder la manne providentielle de l'oeuvre de son bienfaiteur et à l'empêcher de tomber dans le domaine public... Quel que soit le talent de cette dame, il me semble aberrant de lui faire le moindre reproche, alors que ce sont les "juristes" de cet hôpital qui l'ont choisie pour permettre à leur employeur de garder leur fric. (Au passage... je ne suis qu'une juriste belge... mais quel est le statut de ce fameux hôpital, public (ce qui est le cas de la majorité des hôpitaux anglais) ou privé, et à quoi est utilisée la manne Peter Pan ? C'est juste une question (qui me tarabuste depuis un bon moment), pas une attaque.
Petites précisions. L'auteur en question s'est battu pour être choisie pour cette suite. Elle est responsable de ce qu'elle fait, d'autant plus que le livre n'est pas une réussite (les spécialistes de Barrie que je connais pensent comme moi). Des auteurs célèbres (Rowling, par exemple) ont refusé d'écrire cette suite, mais l'auteur sélectionné était ravi de le faire. Elle adore écrire des suites ou des condensés de classiques. Hélas, elle ne s'appelle pas Lamb. Barrie va tomber dans le domaine public (à moins d'un retournement, possible) ; cette suite est une conséquence de ce fait et non pas un moyen de prolonger son statut d'exception. Sur le site du GOSH, il est expliqué à quoi sert l'argent. Pauvre Barrie. Un jour, je vous raconterai une anecdote qui lui est arrivé avec le GOSH à l'époque... En espérant avoir répondu clairement, même si cela ne s'adressait pas particulièrement à moi.

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Bon : je reformule : cette suite a-t-elle été écrite à la demande de l'hôpital ? Et pour quelle raison sinon pour continuer à recevoir une manne providentielle ?Que cette dame ait une mentalité d'auteur de fanfics, c'est possible. Qu'à cause de ça, ou en partie à cause de ça, elle ait postulé, et même se soit battue, pour écrire cette suite, c'est possible aussi. Mais écrire et publier cette suite, ce n'est pas son idée à elle, mais celle des administrateurs de l'hôpital. Sans eux, pas de suite...Question : vous qui êtes une inconditionnelle de Barrie, qu'aurait-il pensé d'une éventuelle suite écrite par quelqu'un d'autre ? A-t-il laissé des "dernières volontés", des notes etc... à ce sujet ?

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lambertine a écrit :Bon : je reformule : cette suite a-t-elle été écrite à la demande de l'hôpital ? Et pour quelle raison sinon pour continuer à recevoir une manne providentielle ?
Nous avions fait quelques news à ce sujet, et dans mon souvenir, il s'agit bien d'une demande de l'hôpital (Le GOSH comme le nomme hollyg), oui, qui a lancé un "appel à auteur" :)Tort partagé pourrait-on dire ! ;)

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Oui, tort partagé sans aucun doute ! :sifflote: Mais si personne n'avait accepté de se prêter à cela... Question de moralité et d'élégance, je suppose. J'en veux autant au GOSH qu'à la dame. Sinon, Barrie, dans ses notes et ses carnets (à mon avis, cette dame ne les a pas lus !), avait envisagé une autre pièce ou texte avec Peter Pan et cela n'a rien à voir avec ce qui a eu lieu. A vous d'en tirer une conclusion. Je ne parlerais pas à sa place. Je ne suis pas lui, mais, eu égard à sa noblesse d'âme et au respect qu'il a toujours témoigné aux autres, je ne suis pas sûre qu'il aurait été ravi de ce qui advenu par la suite. Il aimait, en revanche, les parodies. Voir ses clins d'oeil à Stevenson ou ses pastiches (qui captent bien l'esprit et ne trahissent pas les originaux) de Sherlock Holmes, avec la bénédiction de son ami Doyle, ou bien sa pièce à la Ibsen. Je ne suis pas rétive et courroucée par toute appropriation de son univers, je précise. Le texte de James V. Hart, par exemple, témoigne d'une véritable connaissance de Hook. De même, les variations de Loisel sont fidèles dans leur infidélité. Tout dépend de la manière et de l'esprit. Et my heart belongs to Jamie.

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hollyg a écrit :J'en veux autant au GOSH qu'à la dame.
Je ne dis pas ça pour relancer la "polémique", mais si comme on l'a vu, c'était soit ça, soit fermer l'établissement, on peut tout de même comprendre qu'ils aient voulu continuer d'exister. :)

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J'ai lu Le Petit Oiseau blanc, enfin ! :)C'est un très beau livre, drôle et émouvant à la fois, plein de poésie et d'imagination. C'est une histoire très étrange, parfois des passages plutôt incongrus (par exemple le chapitre avec William Paterson, assez drôle) mais tout à fait adorable, avec le narrateur qui joue aux anges gardiens et laisse tomber sa lettre pour aider Mary A., ou passe des heures à regarder David endormi et à lui raconter des histoires.Peter Pan apparaît finalement très peu, mais ce sont des chapitres très touchants. J'ai beaucoup aimé l'histoire avec les oiseaux, et Peter qui tente désespérément de jouer comme un enfant humain. Peter y est très différent de celui qu'il est dans le livre, mais sa tragédie tout aussi présente.Je n'arriverai pas à exprimer plus clairement ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre, donc si je peux vous donner un conseil, c'est : lisez-le pour vous faire votre propre idée, et ne vous arrêtez pas à la première impression.