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La notion de quête ne qualifie plus seulement la fantasy épique à mon sens. On s'oriente, de manière schématisée, vers une dualité du terme:- D'un côté les classiques de la fantasy épique inspirés de Tolkien et qui se basent sur une quête, un groupe d'aventuriers et le sort du monde dans la balance - De l'autre les auteurs plus récents qui appréhendent ce terme dans le sens intrigues politiques et conflits à grande échelle qui se basent sur le caractère épique de ces récits où bien souvent là aussi le sort du monde est dans la balance.Ajoutez à cela le fait que ces derniers temps les éditeurs ont tendance à mettre un peu tout et n'importe quoi sous cette appellation et on se retrouve avec un micmac qui manque trop souvent de cohérence. Martin a raison lorsqu'il mentionne le caractère commercial de ce terme. 
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Je suis d'accord concernant la dualité qui existe entre les auteurs " anciens " et ceux plus récents.Lorsqu'on lit Tolkien, Eddings, et pourquoi pas même Grimbert ( oui Ji demeure une valeur sûre pour moi, n'en déplaise
), il s'agit chaque fois de réunir un groupe de héros ( avec bien sûr les poncifs habituels : le guerrier, le voleur, le vieux mage ), soudés autour d'un personnage principal, généralement un jeune garçon venu d'une contrée si reculée qu'elle ferait passer l'Alaska pour une mégalopole dynamique. Ce groupe doit détruire un seigneur maléfique / retrouver un objet ( avec la même finalité ) / détruire un objet ( toujours pour détruire un seigneur maléfique ).On est ici clairement dans une ode à l'héroïsme, où tous se sentent investis d'une mission divine et rivalisent de bons sentiments ( c'est en tout cas mon impression ).Dans la fantasy plus récente, on voit apparaître des considérations plus politiques, philosophiques. Dans la série des malazéens par exemple, il ne s'agit pas d'une quête pour sauver le monde, mais plutôt d'une longue et lente bataille des personnages comme Whiskeyjack ou Paran contre le destin et les dieux, non pas dans un but noble et héroïque, mais tout simplement pour survivre une journée de plus dans un monde qui les use et les ronge. C'est là pour moi que se situe la principale innovation de ces dernières années. On est passé d'une fantasy typée conte de fées à des oeuvres plus sombres, plus réalistes, où les épreuves démolissent peu à peu les héros plutôt que de les renforcer. Lorsque je vois Dujek, Kalam et WJ ( belle abréviation, non ?:sifflote: ) subir conflits sur conflits, survivre à des massacres, à des embûches et à des intrigues politiques que n'aurait pas renié Robin Hobb, j'ai plus l'impression de les voir s'effilocher petit à petit que de se transformer en héros sans peur et sans reproches.Bien sûr, le sort du monde demeure un enjeu, car il faut bien un but à ces oeuvres, mais ici, on a l'impression que la survie de l'univers est un but hors de portée des personnages, écrasés par une kyrielle de déités et de forces en tous genres.Voilà, tout ça pour dire qu'à mon sens, la fantasy épique se renouvelle sans cesse, même si des auteurs comme Bakker, Erikson et Martin demeurent rares. Et le genre a encore de beaux jours devant lui.
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Grimbert introduit déjà un twist qui l'éloigne des deux autres tout en restant dans le corpus de la fantasy épique.Lorsqu'on lit Tolkien, Eddings, et pourquoi pas même Grimbert ( oui Ji demeure une valeur sûre pour moi, n'en déplaise ),
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Goodkind joue également sur cet anti communisme ( le petit père Rahl fait vraiment penser au petit père des peuplesJe serait même tenté de dire qu'il y a une fantasy d'avant la fin de la guerre froide avec son mal situé à l'est et sa justification du choc des civilisation et une fantasy d'après.
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
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On peut en effet dire que c'est vers la toute fin des années 80 que les auteurs "new age" s'écartent vraiment du cadre sda, et cette émancipation s'est amplifiée dans les années 90. Certains auteurs modernes continuent sur le schéma classique en toute connaissance de cause et avec plus de finesse que notre ami Goodkind qui serait hilarant s'il était au second degré (on peut citer Tad Williams par exemple, ou encore plus récemment Brandon Sanderson avec le fils des brumes, même si ce dernier nous mène souvent en bateau et a son lot d'originalités).
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Je suis assez d'accord avec toi, Goodkind ferait fureur s'il annonçait le second degré de ses livres. Malheureusement, on se rend vite compte qu'il a réellement foi dans ce ridicule assumé. Pour Tad Williams, je ne sais plus ce qu'il a écrit :sifflote:Et pour Sanderson, j'ai commandé la série du cycle des brumes, donc j'en espère beaucoup.
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J'imagine que tu veux dire "nouvelle génération", parce que "new age", ça évoque autre chose chez moi. ;)Par contre, années 80 ? J'aurais plutôt dit 90, clairement.belgarion a écrit :On peut en effet dire que c'est vers la toute fin des années 80 que les auteurs "new age" s'écartent vraiment du cadre sda, et cette émancipation s'est amplifiée dans les années 90.
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Erekose de Moorcock ? Je viens de le relire, donc ça me vient assez facilement à l'esprit. Et ça date des années 70 (comme pas mal des autres livres du champion éternel). Clairement, on a là de la fantasy épique (high) qui commence à diverger ou en tout cas qui s'éloigne du classique Sda.Et Glen Cook s'est bien enfilé dans l'ouverture ensuite (Dread empire 79-80, la Compagnie noire ensuite 80+) ou encore Donalson (Appel de Mordant). Mais on peut les voir comme des cas isolés, par rapport à la majorité de la production de cette époque là (tel un Eddings, années 80 lui aussi).D'ailleurs, dans les années 90, pour un Martin, on a un Jordan (qui malgré la complexité de la Roue du temps reste quand même très classique).Tout ça pour dire que je ne suis pas sur que l'on puisse dater aussi précisément le moment où il est devenu plus courant de faire de la fantasy non tolkienisante . Cela dépend aussi de ce que l'on retient comme œuvre marquante pour établir cette classification.Personnellement, je partage l'avis de Belgarion pour les années 80 (sans forcément être d'accord avec le coté "nouvelle génération / age").karrel a écrit :il ne s'agit pas d'une quête pour sauver le monde, mais plutôt d'une longue et lente bataille des personnages comme Whiskeyjack ou Paran contre le destin et les dieux, non pas dans un but noble et héroïque, mais tout simplement pour survivre une journée de plus dans un monde qui les use et les ronge.
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Donaldson, c'est bien lui qui a écrit les chroniques de Thomas Covenant ? Si oui, alors effectivement, voilà un auteur en avance sur son temps.Pour Jordan, bien que l'univers soit somme toute assez classique ( seigneur noir, sorciers et fanatiques de la lumière ), ce sont les réactions des personnages qui le sont beaucoup moins et qui le mettent à part des auteurs " classiques ".Erekose est le seul champion éternel dont je n'ai jamais lu les aventures. Donc je ne peux pas approuver ou nier.
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De toute façon, je ne trouve pas du tout que Moorcock s'aligne dans la tendance d'un Tolkien. Que ce soit pour Erekose comme tu le dis que pour ses autres héros. Il me semble avoir lut des interviews de lui disant qu'il n'appréciait pas plus que ça Tolkien, voire qu'il ne l'avait pas lut. En tout cas il ne s'incrit pas dans sa continuité, mais plutôt dans les fameux pulps des 20's et 30's. Peut-on vraiment parler de high fantasy dans son cas même s'il est parfois question de quête pour sauver le monde? (je pense à Hawkmoon surtout).Luigi Brosse a écrit :Erekose de Moorcock ? Je viens de le relire, donc ça me vient assez facilement à l'esprit. Et ça date des années 70 (comme pas mal des autres livres du champion éternel). Clairement, on a là de la fantasy épique (high) qui commence à diverger ou en tout cas qui s'éloigne du classique Sda.
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J'ai de plus l'impression que la frontière entre fantasy épique et fantasy picaresque est en train de voler en éclat. C'est la cas en France avec Gaborit et Cluzeau qui mixent les deux dans leurs oeuvres respectives. Je n'ai pas encore lu Sanderson, mais le peu que j'ai lu sur Elbakin à propos de cet auteur me fait penser que lui aussi fait exploser la frontière entre ces deux types de fantasy lui aussi.
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Mince, moi qui voulait faire un anglicisme pour faire classe. Bon, "nouvelle génération" alors. ;)En revanche je maintiens pour les années 80 de mon point de vue. Comme le dit Luigi on quitte les cas isolés et on tend vers une tendance différente (Kay, Modesitt, Kurtz, Lackey, Feist... Je rigole pour le dernier). Je rejoins ton impression sur le rapprochement avec la fantasy picaresque Fabien, si on se focalise sur la fantasy française. On peut rajouter aussi denis Duclos. Le cheminement du héros qui passe d'aventures truculentes en aventures truculentes se rapproche parfois de la quête initiatique.Gillossen a écrit :J'imagine que tu veux dire "nouvelle génération", parce que "new age", ça évoque autre chose chez moi. ;)Par contre, années 80 ? J'aurais plutôt dit 90, clairement.belgarion a écrit :On peut en effet dire que c'est vers la toute fin des années 80 que les auteurs "new age" s'écartent vraiment du cadre sda, et cette émancipation s'est amplifiée dans les années 90.
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Typiquement dans le cas de Hawkmoon ou de Corum (dans mes souvenirs pour ce dernier) : oui. C'est de la high fantasy avec création d'un univers, progression de l'intrigue sur plusieurs tomes, quête et compagnons du héros...Elric est un peu à part car plus héritier des pulps justement (surtout à cause du découpages en nouvelles / novellas) et donc pourrait être vu comme de la sword and sorcery (heroic fantasy).Erekose fait un peu le pont entre ces deux tendances. Les deux premiers tomes sont plutôt de l'heroic, tandis que le troisième est de la high pur jus (quête, groupe de héros, différentes races / mondes, artefacts magiques...). Mais n'ayant rien à voir avec Tolkien (à moins d'assimiler les nains de Tolkien avec les Ursins de Moorcock - sorte d'ours géants ayant une culture excessivement ancienne).Dark Schneider a écrit :Peut-on vraiment parler de high fantasy dans son cas même s'il est parfois question de quête pour sauver le monde? (je pense à Hawkmoon surtout).
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Des écrivains (pas forcément de fantasy épique) s'expriment sur le genre ::arrow: http://www.elbakin.net/fantasy/news/150 ... asy-epique
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Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a de la lecture !
Ils ne font pas les choses à moitié en nombre d'auteurs...J'avoue n'avoir lu que les réponses de 5-6 d'entre eux à ce stade, ceux que je connais pour les avoir lus ou parce qu'ils sont dans ma PAL / BAL
Mais cela reste très intéressant de voir les points de vue se croiser... ou pas ! J'ai été aussi amusé de voir les réponses de Terry Brooks : j'ai eu l'impression de lire une suite à "Comme par magie", l'ouvrage qu'il a consacré à l'écriture de la fantasy. Et j'apprécie ses réponses (à une exception près) simples, claires et un rien didactiques. Du coup je me répète : comment la série Shannara peut-elle me hérisser à ce point ? :PParmi les auteurs "à lire" en ce qui me concerne, mention spéciale à Rothfuss, dont la concision et la vision des choses m'ont particulièrement plu. Il a l'air de savoir ce qu'il veut faire en tout cas, sans concession ! 
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7 à 10€ pour une seule conférence ? Après fouinage sur le site de l'entrepôt il semblerait que ce soit effectivement le cas puisqu'il n'y a qu'un horaire : 19h30. I am pas très tenté à première vue, et en plus on appelle encore la fantasy de l'heroïc fantasy...Aslan a écrit :Vu dans l'Agenda !:arrow: http://www.elbakin.net/agenda/220-l-her ... 13-octobre