Je me demandais pourquoi Poul Anderson malgré son grand nombre d'oeuvres (plus d'une centaine) n'avait connu que très peu de traductions en France. Je suis tombé sur ce site amateur qui explique en partie ce désamour. Son analyse est très partiale et partielle (ainsi on peut aussi avancer la raison que la plupart de ses écrits SF sont très divertissants et éclectiques mais guère exceptionnels), mais elle a le mérite d'éclairer une partie du mystère. Espérons que the broken sword lui redonne la reconnaissance qu'il mérite!
Détenteur de 8 Hugo (voir sur ce point la page Prix SF), Poul Anderson souffre, c'est le moins qu'on puisse dire, d'une réputation française, qui est trés loin de sa réputation américaine. Ecrivain prolifique, P. Anderson est pourtant peu connu en France et ses dernières bonnes critiques remontent, en France, aux années 50. Comment expliquer cette distorsion entre les Etats-Unis et la France, tout d'abord il faut reconnaître que dans l'intense production de Poul Anderson, il y a beaucoup d'oeuvres mineures, pour ne pas dire, sans intéret; néanmoins, il ne s'agit pas d'une différence d' appréciation littéraire ( nous le savons bien , les américains n'ont aucun goût ), mais plutôt la prise en otage d'un auteur dans l'éternel clivage droite-gauche. En effet alors qu'il était régulièrement publié jusque là, le début des années 60 voit surgir une génération écolo-gauchiste (dont on se rappelle qu'elle apothéosera chez nous en Mai 1968) pour qui Poul Anderson est le MAL absolu, cette génération ayant réussi à se faire entendre, le monde de l'édition française de science-fiction se pliera, alors, au diktat et passera P. Anderson aux oubliettes pendant qu'aux Etats-Unis, il ramassera un Hugo en 1961, puis en 1964, encore un en 1969, et en 1972, un de plus en 1973 et j'oublie ceux de 1979 et 1981.C'est ainsi qu'après sa période, post âge d'or, dans les années 50, qui le vit régulièrement traduit en France, il devient l'emblème de la droite réactionnaire, et à ce titre,est accusé de tous les maux. Alors que Robert Heinlein, dans une situation similaire brouillera les cartes en publiant "Stranger in a strange land", Poul Anderson, lui, continuera à creuser son sillon, et on peut penser qu'il lui était indifférent qu'il ne corresponde pas à la sensibilité française tant qu'il gardait son auditoire américain.
Extrait de:
http://pagesperso-orange.fr/listes.sf/anderson/bio.htmEt pour corroborer un rapide extrait d'une interview de Philip Dick lisible sur ce lien:
http://www.noosfere.com/heberg/Le_ParaDick/articles/itw_Blanc_Fremion_77.html:
Je pense que les auteurs de SF américains étaient non seulement lâches mais en plus incroyablement naïfs. Ils vivaient dans un monde féerique. Puisqu'ils traitaient de l'imaginaire, ils avaient tendance à vivre dans l'imaginaire. Il faut ajouter à tout ça que la plupart des auteurs de science fiction étaient des amis de l'establishment. Je pense à Hyman, Poul Anderson, Balsmorth. La science-fiction ne comptait pas beaucoup de gens de gauche dans ses rangs. Si vous me demandiez à brûle-pourpoint de vous citer le nom d un seul écrivain de gauche dans les années soixante, je serais bien embarrassé. Non, même à la réflexion, je n'en vois aucun.
Et un dernier petit extrait de l'humanisme:
Ce recueil de quatre nouvelles est paru en France en 1960. Poul Anderson est peu connu est dénigré dans notre pays car il est considéré comme un écrivain réactionnaire (il a milité en faveur de la guerre du Vietnam).