J’ai lu les messages des uns et des autres… Et, sincèrement, dans les deux camps qui sont en train de se dessiner, il y a un peu de vérité et un peu de mauvaise foi…Mais avant tout chose, j’aimerai dire que le message qui suit ne reflète que mon avis à moi, que j’ai sûrement dit quelques bêtises, mais que je les pense toutes.

Je pense que Milady se fourvoie.
Pour quelqu’un qui se fourvoie, ils sont quand même encore bénéficiaires cette année. Je crois qu’il y a pas mal de maisons d’éditions françaises qui aimeraient l’être.
Ce qui me gêne c'est que dans un pays qui a fait beaucoup pour le combat féministe on vende une littérature qui diffuse une image stéréotypée de la femme avec souvent une vision conservatrice : la bonne épouse, la bonne mère, l'être qui doit succomber à des passions violentes etc.... On se croirait au dix-neuvième siècle. Je me fais peut-être une fausse image du genre mais ça me parait un peu gênant.
Comme tu y vas fort ! Oui, il y a à mon avis de très mauvais romans publiés, voire même certains qui donnent une image dégradante de la femme (ahh, Yasmine, Yasmine, Yasmine ! Du John Norman pour lectrices !

). Mais sincèrement, n’est-ce pas le cas dans tous les genres. Je n’aime pas trop la bit-lit mais j’en ai lu (il y a quelques critiques qui traînent sur votre site préféré pour en témoigner). Depuis peu, j’ai l’impression qu’il y a quelques auteurs qui sortent un peu du lot et tentent de hisser le genre vers le haut. Orbit en publie d’ailleurs quelques-uns (Harkness, Carriger). Toutefois, je ne m’intéresse pas assez au genre, pour pouvoir confirmer la chose.
D'un autre côté, la démarche marketing est logique. On passe de la bit-lit à la romance. On réfléchit à ce qui pourrait se vendre en supermarché puisque Bragelonne a décidé de distribuer dans ce type de point de vente. Et qu'aujourd'hui il se vend plus de livres en supermarchés qu'en librairie indépendante. Bref, on finit par avoir une stratégie de nivellement par le bas alors que je préférerais que l'on tire le lecteur vers le haut. Quelque par c'est ne pas respecter le lecteur.
Tu oublies une seule chose, Fabien : le lecteur a toujours raison. C’est lui qui sort ses sous, et c’est lui qui choisit ce qu’il a envie de lire. En fournissant un certain lectorat, Bragelonne lui propose ce qu’il a envie de lire. Il n’y a pas de manque de respect ou que sais-je encore, il répond à une demande, quand bien même n’est-ce pas la tienne. Moi aussi, je me retrouve de moins en moins en tant que lecteur dans le catalogue de Bragelonne. D’une part, parce que j’ai changé – je ne lis plus les mêmes choses qu’il y a dix ans, d’autre part, parce que Bragelonne a changé : des collections sont nées, d’autres sont mortes, des auteurs ont explosé, d’autres sont tombés dans l’anonymat ou presque.Il faut bien distinguer ses propres désirs de lecteurs et la réalité économique actuelle. Il y a une désertion en librairie, les GF se vendent moins bien, le prix des livres augmente, la concurrence culturelle est de plus en plus rude (jeux vidéos, etc.). Il faut faire avec.
Finalement avec la réduction du nombre de titres de fantasy il y a plus de bons bouquins en ce moment. Mais curieusement les éditeurs français ne sont pas pressés de les acheter. (…) Ça permettrait de vendre du Erickson, du Allan Campbell, du Adrian Tchaikovsky... Bref des romans de fantasy avec de vraies préoccupations anthropologiques et ethnologiques.
C’est super cool que tu postes pour pointer le doigt sur tel ou tel nouvel auteur qui mériterait de connaître une traduction française, mais le fait est qu’une traduction coûte de l’argent. Quand tu es éditeur, tu peux prendre quelques gros risques financiers, mais pas très longtemps… Actuellement, je pense sincèrement qu’il est presque devenu impossible de faire de gros projets en France, le public n’est plus assez important. J’adore Erikson, j’ai conseillé ses bouquins, mais crois-moi, aujourd’hui, le publier tient du suicide. J'espère me tromper, mais bien le publier, c’est le publier à perte.
Et j'avais prédit ce qui est en train de se passer dès le lancement du label et je l'avais dit sur l'ancien forum. Actuellement, la SF se casse la gueule et la fantasy est en train de prendre le même chemin.
J’ai envie de te demander : « oui, et… ». Pas besoin d’être devin... Cela fait des années que la SF connaît un coup de « moins bien ». Pour la fantasy, ce n’est pas un scoop non plus. À mon sens, elle a, dans les pays-anglo-saxons, touché un pic il y a plus ou moins 5 ans avec l’émergence d’auteurs comme Sanderson, Abercrombie, Lynch, Rothfuss, et d’autres moins connus. Depuis, le genre connaît une chute… Moins de grands livres (de mon point de vue, mais ça se discute…). Et cela commence à se voir en France : dernièrement, les traductions coups de cœur des uns et des autres n’ont pas fait l’unanimité… Du moins, pas comme les autres auteurs cités plus haut. Point positif : ce vide a permis à de nombreux auteurs français de faire leur trou. On a vu l’émergence de Beauverger, de Jaworski, de Niogret, et de plusieurs autres. Qui plus est, du côté des traductions, il y a de plus en plus de bouquins publiés hors genre : Le Passage de Justin Cronin, Kallix de Martin Millar, etc. Mais on sait aussi bien pour la SF que pour d’autres genres que c’est cyclique. Pour la fantasy, genre relativement nouveau, il s’agit d’une première… mais le genre va revenir… Le succès de jeux vidéo comme Skyrim, de série tv comme Game of Thrones ou encore la sortie prochaine de Bilbo me fait dire qu’il pourrait bien y avoir un renouveau prochain.
Tout simplement parce que ce n'est pas ce que veut lire le lecteur de supermarché. J'ai l'impression que les éditeurs ne tiennent pas compte du lecteur de librairie. Et de me poser légitimement des questions : est ce que l'on doit vendre la même chose dans tous les types de points de vente ? Je commence à être persuadé que non. Là encore ce n'est que mon ressenti. Je t'ai expliqué plus haut le pourquoi avec mon expérience.
Pour ce que j’en sais (je crois être bien placé pour parler de ce public), il y en a bien pour râler, mais le public de librairie est globalement satisfait de ce qu’il lit. Oh, il aimerait bien voir la suite des dossiers Dresden, un nouveau VanderMeer, ou la traduction d’un truc un peu fou dont il a entendu du bien, mais la production actuelle est suffisamment riche et variée pour qu’il ait de quoi faire encore grossir sa PAL.
J'en ai aussi marre que l'on considère le marché français comme le 51éme états des USA. On veut à tout pris ce qui fonctionne bien aux USA marche bien en France et on le matraque à fond. Est-ce que le lecteur français d'imaginaire n'aurait pas son identité propre ?
Si on pourrait targuer que l’explosion de la fantasy est encore récent en France et qu’il faut peut-être donner du temps à l’imaginaire français, je crois que tu oublies un peu le nombre de nouveaux bons auteurs publiés ces dernières années : en plus des quatre donnés plus haut, citons Depotte, Marguerite, Gessler, Debat, Fakhouri, etc. (pour ne pas faire de scandale, je ne citerai pas ceux que j’ai publiés, hein !

).
Il y a une grosse différence entre stupidboy et Fabien Lyraud. Le premier ne pontifie pas depuis des années sur de multiples forums sur ce que devrait et ne devrait pas être l'édition d'imaginaire en France.
Ce qui est un peu agaçant dans certains de ces échanges, c’est qu’on a l’impression que la discussion qui vous oppose dépasse le simple cadre d’elbakin.net. Je veux dire, parfois, il vaut mieux laver son linge sale en famille ; il y a les mails ou les MP pour cela.
Il se trouve justement que la dernière fois que j'ai donné un avis un tant soit peu développé sur un bouquin je me suis fait censurer parce que visiblement le bouquin en question avait bien agacé le modérateur (je ne donnerais pas son nom, puisque mes souvenirs sont un peu flous sur ce point, j'éviterais d'accuser quelqu'un à tort, ce serait dommage). J'ai donc décidé de ne plus m'étendre sur ce domaine sur un forum où on n'accepte pas une certaine différence.
Franchement, Herbefol, jouer le rôle de la victime ou prétendre que le forum n’accepte pas la différence, ce n’est pas faire honneur à ton propos. Il y a beaucoup de choses intéressantes dans ce que tu dis, des choses qui montrent que tu connais bien le milieu et l’édition. :)Toutefois, je pense que ce sont tes interventions systématiques dès qu’il a une critiques de faites sur Bragelonne et tes réponses virulentes qui font tiquer.Pour caricaturer, on a l’impression que pour t’invoquer, il faut juste faire une critique sur bragelonne… et tu sors ton armure de chevalier blanc.

Oh, certes, il y a des critiques plus ou moins fondées/pertinentes/justes sur lesquelles tu apportes des éclairages intéressants ; toutefois, ne peux-tu parfois laisser couler ou admettre qu’il y a fond de vérité. Pourquoi toujours vouloir aller au-devant des « mêmes rengaines » que tu évoques ? Et défendre systématiquement Bragelonne ? Tu dis qu’elbakin.net n’accepte pas la différence, mais quelque part, toi non plus…

Peut-être que certains lecteurs se sont sentis lésés, et je pense qu’ils ont le droit de le faire savoir, non ? ;-)Les critiques, surtout si elles sont justes, peuvent faire mal. Mais c’est aussi le rôle d’un éditeur d’être à l’écoute de ses lecteurs. Lorsqu’un lecteur vous dit « c’est génial ce que vous faites », ça fait chaud au cœur, quand un autre vous dit « vous publiez de la merde », ça fait évidemment pas super plaisir, mais quand un autre argumente « j’ai bien aimé ce truc, mais pas tel autre », ou « j’aime pas vos couvertures », eh bien, la moindre des choses, c’est aussi de l’écouter. :)Enfin, forcément, quand on est un éditeur de la taille de Bragelonne, le nombre de mécontents augmente proportionnellement… Et tu ne pourras rien y faire.Enfin, ne le prend pas mal, Herbefol, mais quand tu dis que Bragelonne n’oblige personne à les lire, je suis d’accord avec toi. Mais si elbakin.net est aussi censeur et naze que tu le prétends, pourquoi nous lire ? Pourquoi participer ?Bon, pour tous les mécontents, ils peuvent bien entendu me contacter par MP pour débattre. Zedd