Herbefol a écrit :Klein l'a abondamment dit et répété, entre autres sur Actusf, et peut-être aussi sur le Cafard Cosmisque, notamment à propos des duneries qu'il édite chez Ailleurs & Demain. Et je pense effectivement que c'est ironique, quoique finalement réaliste.
Oui, c'est là que je l'avais vu... Je me rappelais plus qui l'avait dit. Mais comme tu dis, c'est peut-être ironique, mais ça n'en est pas moins vrai.@ Fabien Lyraud :
Dans 80% des cas le supermarché est le seul point de vente où il peut acheter des livres. Il n'a pas le choix.
Si. Via internet (fnac.com, celui-dont-je-ne-veux-pas-dire-le-nom-et-qui-commence-par-« am », et tous les sites en ligne de librairies indépendantes) ou dans les espaces culturels leclerc, (où les vendeurs ont une grande liberté). On a toujours le choix ; après, il faut chercher, et les gens n’en ont pas toujours l’envie…
Les choses sont dures pour tout le monde et pas seulement les libraires. A côté de ça on lit de moins en moins. Et personne ne fait l'effort pour amener les non-lecteurs vers le livre. Tous les décideurs s'en foutent complètement depuis au moins 15 ans. Les français sont passés derrière les Italiens et les Espagnols à la fin des années 90 en ce qui concerne le nombre de livres lus par foyer. Tu vois je connais la réalité aussi.
Oui, peut-être, mais il n’empêche que les propositions que tu fais au niveau de l’édition, ou les reproches que tu fais à l’encontre de certains éditeurs sont incompatibles avec la réalité que tu décris ici… Là où je te rejoins, c’est qu’il manque des initiatives au niveau politique pour réintégrer le livre dans certains foyers (ils trouvent bien le temps pour tuer les droits d’auteur…).
Mais je me dis que ce n'est ni la bit-lit, ni la romance qui vont amener des non-lecteurs vers le livre.
Non, mais ils vont donner à lire à public qui apprécient ces deux genres. Avant de penser aux non-lecteurs, il faut peut-être contenter les gros lecteurs (et pour ce que j’en sais, la majorité des gros lecteurs sont des lectrices). Après tout, ce sont eux qui permettent souvent des projets plus osés. En librairie comme en édition.
Tout simplement parce que la majorité des non lecteurs sont des hommes. Et la fantasy et les littératures de l'imaginaire peuvent quand même en récupérer un certain nombre en jouant la carte de la subculture. Quels sont les thèmes qui sont utilisés par les jeux vidéo de fantasy ? Par les films du genre ? Quels sont les univers qui sont susceptibles de plaire à des ces non – lecteurs ou faibles lecteurs tout en plaisant aussi à des habitués du genre ? Personnellement je crois que cette réflexion est possible et aménera de nouveaux lecteurs vers la fantasy et ça marche aussi pour la SF.
Peut-être chez les plus jeunes. Mais tu ne convaincras difficilement un cinquantenaire qui n'a jamais lu/regardé de la SF d'en lire subitement (même si c'est possible). La majorité des lecteurs est réfractaire au genre ; je ne dis pas qu’ils n’aimeront pas, mais qu’ils n’iront pas naturellement, ni même en les forçant ouvrir un livre de fantasy ou de SF. Alors chez les non-lecteurs...
Je suis un idéaliste. Mais il en faut, non.
Oui, sans doute, mais ton côté moralisateur peut-être agaçant à la longue ; tu critiques ouvertement, tu proposes mêmes (et tu as parfois des propositions intéressantes), mais que fais-tu donc, concrètement, pour amener ces nouveaux publics à la SF ou ces auteurs VO à la traduction ? Tu critiques Bragelonne, mais ils tentent, mieux ils font. Elbakin.net aussi. Et d'autres encore.
Je ne suis pas l'horrible élitiste que décris. Je respecte la littérature populaire mais je reconnais que même dans le domaine du divertissement sans prise de tête, il y a des œuvres meilleures que d'autres.
Sans doute. Mais elles ne seront pas les mêmes pour tout le monde (déjà rien que chez les éditeurs, alors pour les lecteurs…).
Littérature d'exploitation c'est ce que tu appelles le divertissement sans prise de tête. Pendant longtemps en SF c'était la chasse gardée de Fleuve Noir Anticipation. Tout n'était pas bon, loin de là, mais le modèle éditorial du Fleuve à l'époque était assez particulier avec des auteurs salariés payés à la ligne et surtout aucune relecture. C'était quasiment que des auteurs français. Aujourd'hui la fantasy de divertissement ce sont des auteurs anglosaxons. Une traduction ça coûte cher.
Et pourquoi ? Pour toi, il n’y a pas de bons auteurs de divertissement anglo-saxons ou autres d’ailleurs, qui méritent une traduction ? Jusqu'à preuve du contraire, les éditeurs sont seuls jugent de ce qu'ils publient. Après, ils ont selon moi un respect à avoir vis-à-vis de leur public et des autres maillons de la chaîne du livre... mais c'est tout. Ils n'ont rien à devoir à personne sinon.
Je préférerais qu'on garde l'investissement de la traduction pour des ouvrages pouvant avoir le statut de futur classique.
« Tu préférais ». Là, tout est dit. Quel est le public actuel pour ces futurs classiques ? C’est bien cela la fond du problème. Aujourd’hui, il n’est pas assez important pour que des œuvres majeures comme Le Fleuve des Dieux ou Le Dragon Griaule (deux romans que j’ai adorés) soient de gros succès de librairie. Tu sembles parler pour un public (et crois-moi, j’en suis le premier désolé !) qui se réduit à peu de chagrin.Qui plus est, rien que dans les œuvres que tu cites ici et là, il y a des romans qui ne font pas l’unanimité. Les futurs classiques, ce sont aussi les lecteurs qui les choisissent.
J'ai travaillé en bibliothèque dans les années 90. Je me suis confronté aux lecteurs. Et j'ai fait des observations moi aussi.
Je ne doute pas que tu connais/aies connu le monde du livre. Mais tu ne pourras pas m’enlever de l’idée que tes propositions sont tellement lointaines des préoccupations actuelles qu’il est bien légitime de se poser la question.
Je sais aussi de quoi je parle. Peut être parce que j'habite dans une région plutôt rurale et peu favorisé culturellement, mes observations ne coïncident pas avec les tiennes.
Pas de bol, j’en viens aussi. :-)Zedd