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Il est vraie que j'aurai du nuancer. En fait, je ne sais pas vraiment dans quelle mesure certains fans "aprennent " la langue de Tolkien, j'en avais entendu parler, mais est-ce vraiment la réalité? Par contre étudier l'oeuvre littéraire de Tolkien, et donc essayer de comprendre comme il a construit sa langue elfique, à partir de quoi, etc....ça oui, c'est une démarche plus que légitime et utile. L'oeuvre de Tolkien est tellement riche de ce point de vue qu'il est normal qu'elle nourrisse de nombreuses études.

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owingketinketink a écrit :Et, c'est pour cela que Tolkien est selon moi un représentant de l'Art total, un créateur au sens "1er". Mais, depuis Lavoisier, on sait bien que l'on ne crée jamais à partir de rien, alors...
On peut simplement reprendre la définition de Tolkien lui-même : sub-créateur, créateur secondaire, tel un artiste utilisant les matériaux que d'autres ont laissé avant lui (les mots, la grammaire, la poésie, les mythes, comme autant d'ingrédients et d'outils), il fait quelque chose de neuf avec de l'ancien.Comme un peintre qui invente de nouvelles couleurs avec celles qui existent. Une part de la fascination et de l'envie d'en savoir plus vient aussi que les "ingrédients" ne nous sont pas si étrangers que ça ; pensez à tous les enfants qui veulent faire du piano parce qu'ils ont entendu la Toccata en ré mineur : chaque note est là, devant eux, à portée de doigt et il faudra pourtant dix ans de travail, d'études et de pratique pour retrouver l'oeuvre qui a inspiré cette fascination.

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Dark Schneider a écrit :dans quelle mesure certains fans "apprennent " la langue de Tolkien
Certains la connaissent bien, mais apparemment, c'est plus au niveau de l'accent que cela pêche ;):jesors: Désolé pour la private joke, mais je lis la discussion avec beaucoup d'intérêt.

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Dark Schneider a écrit :La langue elfique n'a jamais été parlé par quiconque et ne sera jamais parlé par qui que soit. Ce n'est ni une langue vivante, ni une langue morte.
Je pourrais citer un certain nombre de gens qui ont pourtant consacré bien des efforts à apprendre tout ce qu'ils pouvaient à ce sujet-là afin de l'utiliser dans un but artistique. Et si l'on peut douter que quiconque parvienne à parler quenya au quotidien, on ne peut nier que cette langue soit fréquemment utilisée pour le chant (je renvois à RGEO et au site de Martin Romberg, à titre d'illustration). D'ailleurs, certaines langues actuelles pourraient être considérées comme quasi-artificielles, car fondées sur un standard inventé par un petit nombre de philologues, en se basant sur des dialectes très différents les uns des autres (exemple-type : le nynorsk).
Dark Schneider a écrit :La portée de la mythologie tolkiennienne n'a aucun impact notable et n'en aura jamais,
C'est à voir. Tu parles toi-même de culte pour l'œuvre de Tolkien. C'est bien la preuve d'un impact significatif. ;) Au demeurant, on peut se demander dans quelle mesure certaines mythologies se sont développées à partir de croyances populaires de type oral ou d'œuvres littéraires construites par un nombre restreint d'individus (l'exemple grec est tentant, vu l'influence d'Homère sur la mythologie ultérieure, mais on pourrait aussi citer la mythologie hindoue ou le mythe du roi Arthur).
Dark Schneider a écrit :Ses notions sur le bien et le mal, sur la modernité, l'ancien temps, je trouve ça intéressant chez lui mais pas non plus d'une grande subtilité ni d'une grande pronfondeur.
C'est affaire subjective, à mon sens. Évidemment, ses textes les plus complexes ne sont pas les mieux connus. As-tu lu l'Athrabeth Finrod ah Andreth, le « Dialogue de Manwë et d'Eru » et l'Ósanwe-kenta, par exemple ?

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Elendil Voronda a écrit :
Dark Schneider a écrit :La portée de la mythologie tolkiennienne n'a aucun impact notable et n'en aura jamais,
C'est à voir. Tu parles toi-même de culte pour l'œuvre de Tolkien. C'est bien la preuve d'un impact significatif. ;) Au demeurant, on peut se demander dans quelle mesure certaines mythologies se sont développées à partir de croyances populaires de type oral ou d'œuvres littéraires construites par un nombre restreint d'individus (l'exemple grec est tentant, vu l'influence d'Homère sur la mythologie ultérieure, mais on pourrait aussi citer la mythologie hindoue ou le mythe du roi Arthur).
Culte pour la qualité du bouquin, la profondeur de l'univers crée, son impact sur l'imaginaire et la littérature fantasy etc... C'est ce point-ci qui m'interpelle le plus (bien plus que la question de la langue finalement, au nom de l'art on peut effectivement tout se permettre). La question n'est pas de savoir si les anciens mythes ont été crées par un groupe d'individus ou si ce sont un amalgame de croyances populaires couchées sur support écrits, quoique l'on pourrait évoquer le cas "Homère", dont nul ne sait s'il a effectivement existé (ce qui empêche de faire des comparaisons hasardeuses avec Tolkien en tant qu'auteur). La question c'est de savoir quel impact ont pu avoir ces mythes sur telle population et c'est là que je dis qu'il est impossible de mettre l’œuvre de Tolkien sur le même pan, je pense que ça ferait hurler n'importe quel historiens. La mythologie gréco-romaine est lié à toute une culture et toute une religion, pareil pour la bible en fait : livre religieux bourré de mythe (je pense à l'ancien testament), mais aujourd'hui beaucoup de gens prennent ça pour argent comptant. Même le cycle arthurien est intimement lié à la religion et aux vieilles légendes issues du monde médiévale. L’œuvre de Tolkien ne restera qu'une œuvre littéraire de référence du 20ème siècle, une fiction, un divertissement, aussi géniale soit-elle, mais elle n'aura jamais aucun impact sociétale d'importance autre que de faire rêver ses lecteurs. Pour ce qui est des textes que tu cites, ça ne me dis rien, ça fait très longtemps que je n'ai pas lut Tolkien (je prévoit d'ailleurs de me relire le Silmarillion). Je pensais surtout à ce qui est développé dans le SDA et qu'on évoqué certains intervenant sur ce sujet.

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J'insiste sur le mythe arthurien, parce qu'on peut se demander quelle était la vision qu'en avaient les premiers auteurs (disons : à partir de Geoffroy de Monmouth et encore mieux, après Chrétien de Troyes) et comment les lecteurs ou auditeurs le percevaient. Histoire supposée vraie ou légende agréable à entendre ? Pourtant, aujourd'hui, le mythe d'Arthur, comme tu le soulignes, est considéré de la même façon que les autres corpus mythologiques. Tu argues que c'est dû aux vieilles légendes médiévales. À l'origine, c'est peut-être le cas, mais ce sont bien des écrivains qui l'ont popularisés.Il en va de même du mythe de Charlemagne, aujourd'hui un peu moins connu, mais qui a longtemps connu une vogue encore plus grande que celle d'Arthur, au point que certaines régions sont bourrées de légendes populaires qui s'y rapportent. Et que dire du Roman d'Alexandre, dont certains passages se retrouvent, semble-t-il, jusque dans le Coran ?Et pour la forme, je mentionnerai encore les légendes nordiques : à l'époque où elles sont couchées par écrit, l'Islande est christianisée et les auteurs ne croient déjà plus aux histoires qu'ils retranscrivent (Snorri Sturluson se sent même obligé d'expliquer qu'il les couche par écrit pour éclairer le sens des kennings de la poésie traditionnelle). Quel statut doit-on donc donner à ce que nous en connaissons aujourd'hui ?Les circonstances et les sociétés changent, mais je ne suis pas sûr que d'ici un ou deux siècle, Tolkien n'ait pas exercé plus d'influence sur la société que les vieilles mythologies passées de mode (soit dit sans exercer de jugement à leur égard, puisque c'est au contraire un domaine qui me passionne — je ne serai pas en train de lire le Rāmāyana dans le cas contraire). Et je cite ici Tolkien, mais cette interrogation serait tout aussi valable avec certains autres mythes modernes, de l'imagerie véhiculée par la conquête de l'Ouest à Star Wars...