41
Saffron a écrit :
Fabien Lyraud a écrit :Le problème ne vient ni des auteurs, ni des éditeurs.
Le souci il vient de la distribution. La fantasy on la trouve dans les librairies des grandes villes et des villes moyennes les plus dynamiques. Ailleurs l'offre est indigente ou inexistante. Et dans les bibliothèque c'est souvent un peu mieux.

D'accord avec Joxer007 : à l'heure d'Internet et de la consommation en ligne, cet argument ne tient pas. Mes beaux-parents vivent à 30 minutes de route de la ville (et donc de la librairie) la plus proche, et ce sont les plus gros lecteurs de SFFF que je connaisse hors Elbakin.net. Ils ont simplement appris depuis longtemps à se servir d'Amazon. On peut penser ce qu'on veut d'Amazon, ils ont résolu à eux seuls le problème de "l'approvisionnement" en fantasy (et c'est encore plus vrai quand on lit en anglais).

Franchement, oui et non.

La fantasy est un genre très divers et il y a des choses que tu peux aimer ou pas. Amazon va te proposer ce qu'il se vend (ce qui ne veut pas dire mauvais loin de là) mais pour des raisons de mode, c'est souvent assez semblable. Autour de mois, les gens sont convaincus que la fantasy c'est invariablement un gamin qui vit une aventure et qui bat un gros méchant. Évidemment, ils ne vont pas aller chercher autre chose sur Amazon, ils ne savent même pas qu'autre chose existe. Et si tu vas sur AMazon, c'est à 90% du temps ce qui est mis en avant aussi.

Maintenant, tu peux aller dans une grosse librairie de ta ville en te disant que bah là ils ont des libraires compétents et qu'ils sauront de quoi ils parlent. J'ai fait ça quand ma soeur m'a demandé de lui offrir un unique livre pour voir ce qu'était la fantasy, je ne savais pas trop quoi prendre qui résume le genre. Quand le libraire m'a collé l'épée de vérité entre les mains comme étant un chef d'oeuvre de fantasy, j'ai été bien triste pour le genre.

Alors oui, il y a des librairies spécialisées mais il faut avoir l'idée d'y aller. Et là, tu auras des conseils de haut vol. Mais malheureusement, tant que la fantasy ne sera pas dignement représentée dans les grandes librairies (non seulement en terme de choix mais en terme de conseils avisés des libraires), elle restera un sous-genre.

J'ai eu la chance de vivre dans une ville où la fantasy était très bien représentée dans la grande librairie de la ville. Je dois beaucoup à leur libraire de fantasy : il m'a fait découvrir des choses que jamais je n'aurais découverte ailleurs. Et puis il y a eu Elbakin... :D Mais pour commencer, ça a changé beaucoup de choses.

À l'inverse, Amazon a l'énorme avantage de te permettre d'acheter des choses introuvables ailleurs, ou directement en VO. Mais il faut savoir quoi chercher.

Tiens, là tu vois, je me retrouve bien embêtée. J'apprends l'allemand et un truc qui me motiverait bien pour m'améliorer en allemand c'est de lire de la fantasy allemande/autrichienne/suisse. Je ne sais même pas quoi chercher, j'ai beau avoir pas mal trainer sur Elbakin, pas un seul nom d'auteur ne me vient à l'esprit. Si ça se trouve, il y a des pépites en fantasy allemande, mais sans rien y connaitre trouver qui a écrit ce qui a des chances de me plaire, avec un niveau de langue adapté à mon niveau, est juste impossible.

42
Fabien Lyraud a écrit :
Et si on doit citer les auteurs français talentueux, j'aimerais bien qu'on n'oublie pas les autrices : Sylvie Denis, Catherine Dufour, Estelle Faye, Nathalie Henneberg (dont Les dieux verts a été publié pour la 1ère fois en 1961), Sylvie Lainé, Lea Silhol, pour ne citer qu'elles, ont un vrai talent et un style très personnel. Et ce n'est pas que j'oublie Jeanne-A Desbats ou Christine Renard, mais elles écrivent ou ont écrit plutôt de la SF, ou du fantastique, comme d'ailleurs Anne Duguël.

Nathalie Dau, Elie Darco, Emilie Quebalec, Catherine Loiseau.

Merci à toi et à Benedick d'en avoir rajouté :-). Pardon à celles que je n'avais pas mentionnées, mais je ne prétendais pas à l'exhaustivité non plus !

Merci aussi à Fabien Lyraud pour tes rappels "historiques" bienvenus, et pour avoir dirigé mon attention vers le roman de Marge Nantel, que j'ai très envie de lire, du coup, en vieille fan que je suis du roman d'aventure ;-).

En ce qui concerne les achats, j'en fais une partie sur Internet (notamment les romans en VO anglaise), mais j'aime bien aussi aller flâner en librairie, et pouvoir ouvrir un bouquin et en lire qq paragraphes afin de me faire une idée du style de l'auteur-e, qui fait toujours partie des éléments conditionnant mon appréciation du roman.

43
Si ce choix est basé sur son propre ressenti, il n’y a aucune raison qu’il relève de la « connerie »

Alors d’abord il n’était pas seulement question de choix de lecture mais de jugement sur la qualité d’auteurs, tous rassemblés, sans exception, sous l’étiquette « français », puisque bien sûr écrivant en français et vivant en France, ils écrivent TOUS de la même manière.
Ensuite, si je suis ce raisonnement, au nom du « ressenti » (colère ? Plaisir ? Animosité ?…) tous les choix seraient justifiés ?? Là, cela nous conduit quand même assez loin du côté du relativisme : tout se vaut, et donc tout le monde a le droit de dire, faire, penser ce qu’il veut parce que c’est son opinion, son sentiment, sans aucune réflexion sur une norme, des valeurs objectives ou communes. Donc si mon ressenti c’est de détester mon voisin parce qu’il ne pense/parle/mange autrement que moi, mon choix d’aller l’insulter est justifié ?

44
Joxer007 a écrit :
« Il faut souligner que beaucoup d'auteurs ont un travail en parallèle et ceux qui en font leur métier à plein temps doivent produire beaucoup plus vite que les autres. La qualité peut s'en trouver impactée », plaide Stéphanie Nicot, qui rappelle que les écrivains français de fantasy connaissent souvent des fins de mois difficiles. On constate effectivement une disparité qualitative en fonction du temps de rédaction des romans, notamment entre un premier tome et sa suite. « Tu viens de réaliser ton rêve en publiant un bouquin, décrit Jérôme Vincent, tu as des critiques positives sur Babelio et des blogs et tu es invité par des libraires et des salons où tu fais des dédicaces. Mais sans deuxième livre, tout s'arrête, donc tu continues, car tu es aussi poussé par ton éditeur. »

Son argument est douteux, les mêmes contraintes s'appliquent aux écrivains de tout les pays.

Euh ce n'est pas forcément vrai.

Une de mes collègues est ici à 80% (elle ne travaille pas le vendredi). Le vendredi est le jour où elle écrit. Elle publie un livre par an à peu près. En moyenne, grâce à sa plume, elle gagne chaque année entre 20 000 et 40 000 euros. Ce n'est évidemment pas en France (et elle n'écrit pas de la fantasy) mais le fait que sa plume lui permette de gagner autant chaque année à les conséquences suivantes :
- elle est à 80% et a donc du temps pour écrire (et lire) : en conséquence, ça avance plus vite que si elle n'avait pas de temps.
- elle a du temps de qualité pour écrire (pas le soir fatiguée en rentrant du boulot)
- elle a du temps pour faire la promotion de ses livres (dédicaces, salon) sans que son travail en souffre
- elle a un équilibre entre ses deux métiers passion : sa littérature nourrit le premier et le premier nourrit sa littérature.

Il ne faut quand même pas nier que la grande précarité des auteurs français ne peut qu'avoir un impact négatif sur leur production. Et il faut bien le dire, le monde de l'édition française a sa part de responsabilité dans cet état de fait.

45
Gwendal a écrit :Toute généralisation est une connerie, quelque soit le ressenti.

Où est-ce que tu lis une généralisation ? Tu lis plusieurs bouquins et t'en ressors avec l'avis que moins d'un quart t'a plu. Ce qui serait une généralisation serait d'affirmer que tous les auteurs français de fantasy sont mauvais (ce qui n'est bien évidement pas le cas) ou bons.


Anna a écrit :Ensuite, si je suis ce raisonnement, au nom du « ressenti » (colère ? Plaisir ? Animosité ?…) tous les choix seraient justifiés ??
Donc si mon ressenti c’est de détester mon voisin parce qu’il ne pense/parle/mange autrement que moi, mon choix d’aller l’insulter est justifié ?

Qu'est-ce que tu me racontes :lol: On parle de quoi dans ce topic: de bouquins ou de sujets de comptoir ? Relis ma phrase: "Si ce choix". Je parle uniquement du choix d'acheter plus anglo-saxons que français parce que mon expérience m'a appris que je suis plus satisfait des premiers que des seconds. Et ça m'étonnerait que je sois le seul dans ce cas.

46
L’article de départ généralise clairement sur « les auteurs français ». Il me semble que c’est bien le cœur du débat.
Quant à renvoyer le problème du relativisme du jugement, esthétique ou moral, à des « propos de comptoir », eh bien ... ma foi, ça fait un paquet d’auteurs philosophiques (Kant, pour ne citer que lui) qui doivent être alcooliques. L’exemple que je donnais est tristement répandu, je crois. Il ne te visait pas toi en particulier, Tarann. C’était une analogie pour transposer la question esthétique sur le plan moral, et essayer de souligner ainsi les limites de ce genre de raisonnement, quel que soit le sujet (littéraire ou « de comptoir »).

47
Tarann a écrit :
Gwendal a écrit :Toute généralisation est une connerie, quelque soit le ressenti.

Où est-ce que tu lis une généralisation ? Tu lis plusieurs bouquins et t'en ressors avec l'avis que moins d'un quart t'a plu. Ce qui serait une généralisation serait d'affirmer que tous les auteurs français de fantasy sont mauvais (ce qui n'est bien évidement pas le cas) ou bons..

La réaction de Benedick parlant de connerie parlait de l'article, tu n'étais donc pas visé.e dans mon intervention. Juste dire les auteurs français sont : ..... c'est une connerie. Après que ton expérience avec certains soit mauvaise je le conçois sans soucis.
Si l'enfer est ici alors autant s'en faire, si l'enfer est ici alors autant s'en faire, s'en faire un paradis. --- Shaka Ponk

48
Anna a écrit :L’article de départ généralise clairement sur « les auteurs français ».

Gwendal a écrit :La réaction de Benedick parlant de connerie parlait de l'article

L'article manque de finesse, je suis aussi d'accord. Ce que je cherchais à dire, c'est qu'il est possible qu'il y ait un semblant de vérité là dedans.

Si on me demande pourquoi je n'achète pas beaucoup français, je ressortirais ce que j'ai écris plus haut. Et si je pense ça, ce doit être le cas pour d'autres. Ça pourrait donc être une piste de réflexion.

49
Zajabel a écrit :Maintenant, tu peux aller dans une grosse librairie de ta ville en te disant que bah là ils ont des libraires compétents et qu'ils sauront de quoi ils parlent. J'ai fait ça quand ma soeur m'a demandé de lui offrir un unique livre pour voir ce qu'était la fantasy, je ne savais pas trop quoi prendre qui résume le genre. Quand le libraire m'a collé l'épée de vérité entre les mains comme étant un chef d'oeuvre de fantasy, j'ai été bien triste pour le genre.

Pour faire à la fois dans le français et dans le bon, je t'aurais conseillé Ayesha, en trilogie directe compilée en intégrale, vu l'épaisseur du bouquin.


Zajabel a écrit :Tiens, là tu vois, je me retrouve bien embêtée. J'apprends l'allemand et un truc qui me motiverait bien pour m'améliorer en allemand c'est de lire de la fantasy allemande/autrichienne/suisse. Je ne sais même pas quoi chercher, j'ai beau avoir pas mal trainer sur Elbakin, pas un seul nom d'auteur ne me vient à l'esprit. Si ça se trouve, il y a des pépites en fantasy allemande, mais sans rien y connaitre trouver qui a écrit ce qui a des chances de me plaire, avec un niveau de langue adapté à mon niveau, est juste impossible.

Pour de l'allemand, il y a toute la série des Nains de Markus Heitz. C'est de la fantasy assez basique. Même si l'histoire n'est pas géniale (en tout cas les premiers volumes), ça doit rester accessible (difficulté à lire).

Concernant l'achat en ligne vs l'achat en librairie et les conseils de lecture, je n'ai pas d'avis tranché car j'utilise ses deux moyens pour acheter des livres et sans réelles distinctions plus que dans les deux cas, je sais ce que je veux. Et c'est valable, je dirais pour plus de 90% des bouquins que j'ai. Les 10% restants, c'est souvent des cadeaux "non désirés".
Il y a plus de facilité pour que je craque pour une couverture (ou sa 4me) ou acheter un livre que j'avais dans ma liste de livre à lire un jour (pour qu'il dorme X années dans la pile ou au contraire soit lu directement) en librairie ou lors d'un festival.

Je ne suis pas d'accord avec l'avis de Samantha Bailly, je décorrèlerai pour partie, la rémunération de la qualité de l'écriture. Par contre, je suis d'accord sur la problématique de la profusion de titre publiée qui nuit à la captation du lectorat et la difficulté autour de la promotion.

50
En Allemand tu as aussi la chronique des immortels de Wolfgang Hohlbein, mais c'est une "beaucouplogie" qui s'essoufflait un peu à la fin des deux derniers tomes parus en français.

51
Arckhangelos a écrit :Pour faire à la fois dans le français et dans le bon, je t'aurais conseillé Ayesha, en trilogie directe compilée en intégrale, vu l'épaisseur du bouquin.

Ah merci je ne connais pas. J'ai finit par lui prendre Rothfuss (qu'elle a beaucoup aimé) et Wielstadt (qu'elle n'a pas encore lu). Mais disons qu'heureusement que je m'y connaissais un peu...

Pour de l'allemand, il y a toute la série des Nains de Markus Heitz. C'est de la fantasy assez basique. Même si l'histoire n'est pas géniale (en tout cas les premiers volumes), ça doit rester accessible (difficulté à lire).

En Allemand tu as aussi la chronique des immortels de Wolfgang Hohlbein, mais c'est une "beaucouplogie" qui s'essoufflait un peu à la fin des deux derniers tomes parus en français.

Merci à tous les deux pour vos suggestions, je vais regarder :D

52
Par contre, je suis d'accord sur la problématique de la profusion de titre publiée qui nuit à la captation du lectorat et la difficulté autour de la promotion.

On est plus en sous consommation qu'en surproduction. On a une marge de progression du lectorat.

Je préconiserais que pour le volet populaire on se contente des francophones ( on a publié beaucoup de n'importe quoi bas de gamme anglo-saxon à une époque) et que l'on garde les auteurs étrangers que pour les titres les plus ambitieux. Je considère que c'était une faute de publier Goodkind alors que Bragelonne avait à l'époque dans son colimateur un jeune auteur français de BCF.

53
Alors oui, il y a des librairies spécialisées mais il faut avoir l'idée d'y aller. Et là, tu auras des conseils de haut vol. Mais malheureusement, tant que la fantasy ne sera pas dignement représentée dans les grandes librairies (non seulement en terme de choix mais en terme de conseils avisés des libraires), elle restera un sous-genre.

Un bon libraire il conseille ce qu'il a en stock :P

54
Fabien Lyraud a écrit :
Par contre, je suis d'accord sur la problématique de la profusion de titre publiée qui nuit à la captation du lectorat et la difficulté autour de la promotion.

On est plus en sous consommation qu'en surproduction. On a une marge de progression du lectorat.

Oui, il y a une marge au niveau du lectorat, mais la denrée n'étant pas vraiment périssable, il y a donc quoiqu'il en soit surproduction. Et d'ailleurs, rien ne dit que ce nouveau lectorat ne va pas se cantonner aux titres déjà parus et/ou mis en avant qui aura comme impact de faire toujours grossir les mêmes auteurs/éditeurs. D'autre part, nos portefeuilles (et temps de lecture) ne sont également pas extensibles à foison.

Difficile de dire si la publication de Goodkind par Bragelonne est en soit une mauvaise chose. Oui, le cycle en lui-même n'est pas fameux (et même si cette opinion est assez partagée sur Elbakin, les ventes ne semblent pas mauvaises). Mais est-ce que cela a permis à de jeunes de mettre un premier pas dans la fantasy (d'ailleurs conseillé par un libraire à Zajabel) ? qu'en est-il en terme de rentabilité des titres ? Quelle influence a pu avoir cette rentrée d'argent sur des prises de risques ultérieures ? sur la possibilité de récupérer les droits sur d'autres titres du même éditeur/agent de l'auteur ?
Ca fait aussi partie du boulot de l'éditeur, d'une certaine tambouille interne qu'il est difficile de juger.

55
Fabien Lyraud a écrit :Il faut voir aussi que les éditeurs sont assez frileux à l'idée de publier des séries longues. Quand un auteur annonce travailler sur une décalogie aujourd'hui l'éditeur lui demande si tous les tomes sont rédigés. Tout ça pour éviter le syndrome Martin.
Dommage parce que je pense qu'on pourrait avoir de bonnes surprises.

Bonjour,
J'ai lu tout le fil et je réagis sur ça.

Au speed-dating des Imaginales j'ai précisé à plusieurs reprises que je ne voulais pas de séries inachevées et que je ne voulais certainement pas de choses que je ne peux pas publier en un an maximum, donc une trilogie au maximum.
Un éditeur indépendant fait ce qu'il veut, un artisan fait ce qu'il veut. Moi je travaille dans une grosse maison généraliste et j'essaye d'embarquer cette maison (avec plus ou moins de réussite) dans un imaginaire assumé plus pointu que l'imaginaire grand public de Bernard Werber et Maxime Chattam. Autrement dit avec des fusées et des dragons.
Je rencontre beaucoup de libraires, je discute beaucoup avec eux, et les libraires me parlent des lecteurs, pas des connaisseurs qui interviennent sur les forums, pas des fans qui connaissent mieux les genres qu'eux, mais des "lecteurs".
Ces gens-là ont deux questions "Quand est-ce que ça sort en poche ?" ce qui traduit l'idée que "le livre c'est cher".
"Quand-est-ce que ce sera fini ?" et souvent ils rajoutent "parce que je me suis fait avoir avec XXXX et plus jamais ça".
Quand vous perdez dans le meilleur des cas 20% de lecteurs par tome d'une série, que vous commencez à 10 000 ex, puis 8000, puis à 6400 ex disons, c'est "supportable". Avec des ventes moyennes à 1500 ex, ça ne l'est plus. Vous commencez à 2000 (vous perdez de l'argent), puis 1600 (vous perdez beaucoup d'argent), puis 1200 (c'est presque impossible de justifier la sortie du livre). Actuellement l'attrition, la baisse de ventes d'un volume n+1 vis à vis d'un volume n, c'est plutôt 50% que 20%.
Dans un marché en surchauffe, dont le gâteau n'augmente pas et dont les parts se réduisent chaque année, la première chose à laquelle moi (l'affreux industriel qui bosse pour le côté obscur de l'édition) je pense, c'est quand même réduire les risques de "flinguer" un auteur en commercialisant son œuvre n'importe comment.
Dieu merci, je ne suis pas le seul éditeur en France. Et d'autres ont des stratégies beaucoup moins frileuses.
Un auteur c'est une personne, un auteur qui porte une œuvre c'est parfois une personne très sensible.

Et pour finir, je maintiens ce que j'ai dit en interview, même si la retranscription est forcément condensée (j'ai discuté avec Lloyd Chéry presque 40 minutes) : pour avoir des succès exceptionnels, il faut des auteurs exceptionnels. Après chacun pense ce qu'il veut de ce que peut être un auteur exceptionnel. D'une certaine façon, Anne Robillard est une autrice exceptionnelle.
Pour moi (et donc et avis n'engage que moi) un auteur exceptionnel c'est un auteur qui porte quelque chose qui n'appartient qu'à lui, comme Jean-Michel Ré avec sa Fleur de Dieu (désolé c'est de la SF), Jean-Michel n'est pas le plus grand styliste de la planète, mais il a quelque chose à raconter / à partager que je n'ai jamais lu chez quelqu'un d'autre. C'est un raconteur, et c'est de mon point de vue un raconteur exceptionnel (dans le sens "d'exception").

Moi je veux bien qu'on continue inlassablement à opposer auteurs et éditeurs, chacun fait comme il veut, mais j'essaye de travailler avec mes auteurs pour toucher leur lectorat potentiel au maximum (c'est dans notre intérêt commun). Et je crois que c'est un travail d'équipe et une relation qui, par certains côtés, peut ressembler à une "relation de couple". C'est pourquoi il y a plein de projets, sans doute formidables, que je ne retiens pas car je sais (ou plutôt je sens) qu'en tant qu'éditeur je vais me planter. J'ai déjà du mal à vendre ce que je défends bec et ongles, mes coups de cœur, alors si on n'entre même pas dans cette catégorie...
Et puis je suis humain, je suis faible, il y a certes l’œuvre que je commercialise, mais l'auteur compte aussi beaucoup, il faut qu'il se passe quelque chose avec l'auteur. Que je "tombe amoureux" d'une certaine façon. Il faut qu'on ait des "valeurs communes", si tant est que cette expression puisse avoir un sens.

Il y a plein d'autres choses hyper intéressantes dans ce fil, notamment, sur la rémunération des auteurs, mais je ne vais pas avoir le temps aujourd'hui de réagir point par point, c'est la grand réunion "libraires" chez Albin Michel. Demain je suis en réunion commerciale. La terre ne s'arrête pas de tourner, mais si vraiment vous avez des questions spécifiques, j'essaierai d'y répondre.

Bonne journée à tous,

GD

56
Tarann a écrit :L'article manque de finesse, je suis aussi d'accord.

C'est le moins que l'on puisse dire. :/ Entre le côté succès de ventes = qualité (dans ce cas, l'Epée de Vérité est un chef d'oeuvre, super…), cette notion de chef d'oeuvre justement (par définition rare), tous "les Français" dans le même sac, la conclusion sans aucun contradicteur (je précise que je ne parle pas des interventions éditeurs, forcément condensées), la mise en ligne en plein pendant les Imaginales… Heureusement qu'on trouve mieux sur le Point, parce que là, je trouve qu'on est clairement dans le "La raison n°3 va vous surprendre, cliquez !" :| Et comme si les éditeurs américains ne mettaient pas en avant leurs auteurs. C'est vraiment conçu pour faire parler et heureusement qu'il y a les commentaires ici pour relever le niveau.

57
Moi je veux bien qu'on continue inlassablement à opposer auteurs et éditeurs, chacun fait comme il veut, mais j'essaye de travailler avec mes auteurs pour toucher leur lectorat potentiel au maximum (c'est dans notre intérêt commun).

Si l'on m'avait dit qu'un jour je serais d'accord avec un argument de Gilles Dumay....
Plus sérieusement auteur et éditeur sont coproducteurs et doivent tirer ensemble. Chez Pulp Factory je travaille en étroite collaboration avec eux et j'essaye de créer un esprit famille. Je leur cherche des salons. Parfois eux ont des plans de leur côté. L'on se partage le travail de promotion et je commence à en sentir les effets sur le CA.

58
Après lecture de l'article, je suis partagé. Les questionnements sont intéressants mais finalement tu enlèves 10 ans et hormis les mentions à Game of Thrones et à la nouvelle série de Jaworski et tu peux retrouver exactement le même article publié en 2009, avec les mêmes interrogations et les mêmes acteurs d'ailleurs.

En cela je veux dire que je rejoins l'avis de Goldberry, je trouve l'analyse très en surface.
C'est bien de vouloir publier un article, mais encore faut-il essayer d'apporter quelque chose de neuf, or ce débat j'ai l'impression de l'avoir vu se dérouler 10 000 fois avec les mêmes chiffres, les mêmes références et les mêmes solutions sortis du même chapeau.

Il serait pourtant intéressant de s'intéresser à la percée progressive du genre dans l'inconscient collectif, sauf que pour ça on manque encore de recul. Il y a 10 ans on avait beaucoup moins d'évocation rien que du terme "fantasy" dans un média grand public par exemple. Game of Thrones est arrivé et réédite d'une autre manière la tendance créée en son temps par Le Seigneur des Anneaux, est-ce que cela montre cette fois-ci une certaine porosité de ces oeuvres vers le genre fantasy ? Ou formulée autrement, est-ce qu'une ou un amateur de ces films ou série va automatiquement se dire après visionnage "Bordelo, depuis Game of Thrones je kiffe les dragons ! Donnez moi des histoires avec des gros dragons !" Personnellement j'en doute, au moins sur un court terme.

En fait, en se posant la question du genre, je me demande tout simplement si on ne prend pas la question par le mauvais bout surtout.

Si je questionne une personne lambda fan de GoT sur pourquoi elle apprécie cette série, elle pourra me sortir exactement les mêmes arguments que pour une autre série qu'elle apprécie généralement sans mentionner quelque chose comme "et en plus, c'est de la fantasy !" le genre ne rentrera généralement pas en ligne de compte, ce qui compte c'est la qualité du matériau de divertissement amha.

Je pense aussi que citer encore et toujours Hobb ou Martin c'est surtout invoquer des best-sellers qui appartiennent au genre fantasy plutôt que des oeuvres de fantasy qui sont des best-sellers.

De plus, je pense surtout que les adaptations ont simplement la capacité de s'auto-alimenter elles-même sans que ça déborde vraiment. Si The Witcher fait un carton sur le petit écran, alors il permettra surtout aux livres The Witcher de se vendre, mais peut-on vraiment dire que le genre auquel appartient The Witcher en profitera ? C'est surtout cette question qui m'intéresse à vrai dire.


Nota Bene : Cet article m'a rappelé un colloque organisé par Anne Besson en juin 2009 et auquel participait Stéphane Marsan (j'y avais notamment rencontré Luigi Brosse qui intervenait pour Elbakin). A l'époque, cette question de la fantasy française qui se vendait mal était déjà au coeur du colloque et on se demandait encore quelles en étaient les spécificités, on comparait déjà la fantasy française à la fantasy anglo-saxonne, etc.

59
Mais du coup, comment on s'en sort ?

Si je suis bien, d'un côté on a Gilles Dumay qui dit "on publie très rarement des oeuvres non finies ou plus longues qu'une trilogie" (je globalise hein, mais "très rarement" ça me semble correct - et pour reprendre l'exemple Jaworski ; quand on dépasse on morcelle les livres)

D'un autre on a Guigz qui nous dit "La situation n'évolue pas du tout depuis dix ans et les solutions proposées n'évoluent pas", + les adaptations ne changent peut être pas tant la donne que ça.


Et en fait de solutions, à part Fabian Lyraud qui nous propose de se montrer plus (sans virer prosélytisme, bien sûr), on a quand même vraiment pas grand chose. Les éditeurs risquent très peu de changer leur fusil d'épaule (ou de ne pas se casser la gueule en le faisant), le public évolue moins vite que les auteurs ne prolifèrent, et on ne sait toujours pas à l'avance ce qui marche ou pas.

Est-ce qu'on a des souvenirs, dossiers d'archives, des gens qui l'ont vécu... Qui savent comment la fantasy à évolué du côté Anglo-saxon ? C'était comment, il y a 50 ans quand ça a débuté ? Quelles oeuvres ont lancé le mouvement ? Quels éditeurs les ont publiées, avec quels moyens, pour quel public ?

La question de la population de lecteurs est-elle pertinente ? Le marché anglo-saxon est-il à ce point plus important que le francophone ? (Sans compter les francophones et autres qui lisent en VO). Celà pourrait-il suffire à expliquer le problème ?

Peut on renverser le phénomène ? Y a-t-il des auteurs français traduits, lesquels, et surtout : Comment ça marche chez les anglo saxons ?

Voilà, ça fait pas mal de questions mais ça me semble intéressant et important d'exporter un débat qui tourne quand même un peu en rond...

60
Je n'ai vraiment pas le temps, et c'est bien dommage, mais n'y aurait-il pas un biais à cet article : son titre ? Parce que, la fantasy française se vend mal, moi, je veux bien, mais... Ah bon ?