Les avis concernant La Symphonie des Siècle d'Elisabeth Haydon, ici ou ailleurs sur la Toile,vont du chef d’œuvre à lire absolument au navet bousesque à éviter absolument.J’aurais du me douter que cela n’allait pas coller avec ce long prologue où un adolescent se retrouve dans un endroit qu’il n’avait jamais vu, qui ne parle que peu sa langue, et surtout, dans lequel il finira par coucher avec une demi-sang elfique, son âme sœur dont il est tout de suite éperdument amoureux, juste avant de revenir dans le monde normal et d’avoir son petit cœur brisé...
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Ne vous inquiétez pas les romantiques, notre adolescent va devenir un grand prince et va retrouver son amour perdu au bout de 1500 pages !
Tome 1 : j’étais bien emballé 
Cela partait sur de bonne base de dark fantasy avec les employées et les clients d’un bordel mal famé, une cité médiévale fantastique avec ses palais et ses ghettos paumés, suivi par les actions d’un duo de tueurs patibulaires au service d’un démon aux pouvoirs magiques tout-puissants, puis on enchainait avec remake de voyage au centre de la Terre (qui m’a bien plut à moi soit dit en passant), s’achevant sur la découverte d’un autre monde…
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Où on découvre que l’« ancien monde » est devenu une sorte d’AtlantideOn nous raconte les voyages d’explorations des réfugiés et de l’installation des colonsOn nous raconte la reconstruction et l’évolution des nouvelles communautés humaines et non-humainesOn nous raconte les passions et les déchirements des rejetons de Mérithyn et Elynsynos
Bref on nous abreuve de détails (lieux, objets, personnages, événements du passé) qui auront peu d’incidences sur la suite...… car à part les 3 voyantes draconiques à moitié cinglées tout cela ne sera exploité que superficiellement par la suite.C'est dommage on avait là une belle épaisseur, mais pas mise au service de l'univers en lui-même mais de son passé.Mais à ce stade là, on pouvait se laisser envoûter par la très jolie prose de l’auteur dont le style distillait une belle ambiance(j’ai écouté la BO des
Deux Tours en lisant toute la saga ndt).Les rares facilités auraient là aussi du me mettre la puce à l’oreille…Des prophéties en veux-tu en voila, et elles sont initialement pas trop fines à décrypter :
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un enfant du sang, pas besoin d’être une lumière pour identifier Achmedun enfant de la Terre, idem pour Grunthor qui obtient des pouvoirs géomantiquesun enfant du ciel, idem pour Rhapsody et ses talents de baptistrelle
Vous noterez que pour faire cohérent et bonne mesure
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Achmed voit ses pouvoirs amoindris durant la traversée de SagiaFaudrait pas que les héros réussissent trop vite, car Mary-Sue doit avoir le temps de tomber amoureuse de Gary-Stu
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Grunthor et Rhapsody voient leurs pouvoirs renforcés, mais cela n’influe en rien sur leurs personnalités / volontés, car en fait il s'agit juste d’affronter le sbires du démon sur un pied d’égalité : faudrait pas qu’ils échouent trop vite, car Mary-Sue doit avoir le temps de tomber amoureuse de Gary-Stu
Tome 2 : en fait c’était de la mystification ? y a-t-il eu tromperie sur la marchandise ? 
On a droit à une belle carte du monde pour situer les royaumes fondés sur les lieux de débarquement par les flottes de réfugiés, dont on n’entendra plus jamais parler une fois cités.On a droit à une belle carte avec ses vastes forêts où vivent les elfes, ses hautes montagnes et ses peaux-vertes troglodytes ses badlands peuplés de nomades, ses nombreux royaumes humains… tous interchangeables avec leurs équivalents déjà vus par ailleurs car rien dans leur description sommaire ne permet de les différencier les uns des autres.Quelques titres nobiliaires, ecclésiastiques ou élémentaires font croire à un univers travaillé, alors qu’en fait on empile les références mythologiques sans les exploiter (Atlandide, Excalibur, l’Arbre de Vie, les Rashakas change-formes, les archétypes tolkieniens…)Achmed le Serpent ne retrouve jamais son côté traqueur redoutable et assassin efficace car l’auteur brode sur le côté darkounet, son caractère taciturne et son humour à froid. Cela rend le personnage attachant mais du coup plus du tout intéressant. De la même manière on joue sur les grimaces de vieux vétérans d'un Grunthor censément être terrifaint mais on joue aussi et de plus en plus
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sur le côté bourru au grand cœur qui le rend lui aussi plus attachant mais pas forcément plus intéressant !
On fait du ménage et du bricolage, on ouvre un orphelinat, une école, on fait du social on envoyant des ambassades et des visites de courtoisie avec les gens qui comptent et Rhapsody vit son histoire d’Amour avec un bel inconnu sur des pages et des pages.Enfin bref, le F’Dor prend beaucoup de plaisir à faire avancer tranquillement ses plans puisque ceux qui doivent l’éliminer passent leurs temps à faire tout et n’importe quoi sauf leur mission.Car dans cette comédie romantique Ashe joue parfaitement son rôle : le dandy darkounet s’oppose ainsi au bad-ass darkounet.Et pour cela fonctionne et que le suspens soit maintenu il faut qu’il soit mystérieux à souhait
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Enfin mystérieux : il a le coup de foudre pour la belle héroïne, il possède 2 objets grosbills, il a une ascendance prestigieuse et des ennemis surpuissants… On voit arriver la révélation sur son identité à l’avance malgré les fausses pistes semées par l’auteur pour essayer de nous faire douter !
Faute impardonnable à mes yeux, après nous avoir fait tourner en rond sur plusieurs centaines de pages, on doit subir 70 pages de romance à l’eau de rose avant un climax assez vite expédié sans qu’on sache le pourquoi du comment des enjeux en présence.Car on brode et on brode encore sur les sentiments de Rhapsody qui devient la marraine ou la mère adoptive de tous les enfants qu’elle croise, mais on nous laisse dans l’ignorance pour tout le reste ce qui crée des incohérences nombreuses et parasites…
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Pourquoi le dernier F’Dor a-t-il attendu aussi longtemps pour mettre ses projets à exécution, en laissant ainsi à ses adversaires le temps de le rejoindre pour saboter la partie finale de son plan machiavélique ?Que foutait cette épée magique providentielle enterrée sous profondément sous terre ?Elle seule peut paralyser le F’Dor, et comme par hasard Rhapsody qui semble la seule a pouvoir l’activer, tombe dessus...D’où il sort le dernier des Mille Yeux ?D’où elle sort la Vigne Maléfique ?C’est quoi cette histoire d’Enfant Endormi ? J’ai rien comprisC’est quoi cette vieille enfermée chez les Bolgs qui multiplie les prophéties ? J’ai rien comprisComment le F’Dor comptait-il réveiller le Ver qui enserre le monde ? Ce n’est pas expliquéPourquoi le F’Dor engendre-t-il des rejetons qui ne lui servent à rien sinon à remonter sa trace ?Pourquoi le F’Dor se repose-il sur des agents peu compétents alors qu’il peut envoûter des armées entières d’un seul geste ou d’une seule parole ?Lauron craint que Ashe ne soit le F’Dor, Ashe craint que Lauron ne soit le F’Dor : pouvaient pas demander à Achmed, dont c’est le boulot principal rappelons-le, de confirmer ou infirmer leurs craintes au lieu de s’éviter comme la peste et de ne pas mettre leurs forces en commun ?
Tome 3 : je n'y croyais plus… et c’est dommage ! 
Suite aux nouvelles prophéties obtenues à la fin du tome 2, on relance la chasse au démon, il était temps, celui-ci commençait à s’ennuyer ferme et moi aussi...
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on commence par une opération d’exfiltration dans des galeries creusées par des enfants avec un Achmed enfin de retour en mode tueur implacable
J’ai cru que comme dans
Ayesha, on allait développer sur le thème de la guerre de l’eau, mais non Rhapsody repasse très rapidement en mode mère poule et Achmed va devoir ronger son frein. On se dit qu’on va assister à toutes les étapes de la traque, mais non Achmed doit se taper tout le sale boulot tandis que Rhapsody passe directement au dernier acte de la pièce.
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Bref on enchaîne tout de suite avec une nouvelle opération d’exfiltration, dans une cité esclavagiste cette fois-ci
J’ai cru que comme dans
Ayesha, on allait développer le thème de l’émancipation, mais non
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car Rhapsody passe en mode Angélique / Jolane et Elisabeth Haydon en fait des caisses sur un héroïne en petite tenue sans défense à cause de sa frêle corpulence face à un gladiateur très grand, très musclé et très viril qui visiblement a besoin de passer du bon temps de parler de son enfance très difficile à une oreille compatissante et maternelle
Ensuite cela va plus vite car les masques commencent à tomber et
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Achmed peut enfin se lancer dans la mission pour laquelle il a été formé toute sa vie durant.
Mais vous remarquerez qu’à ce stade tous les éléments développés dans le 2ème tome sont totalement passés à la trappe : c’en est à se demander pourquoi on les avait insérés dans le récit…Le côté enquête à grande échelle avec qui est le Démon, qui sont ses agents, qui sont ceux qu’il a corrompus était séduisant :mais était-ce une raison pour nous pondre un Agatha Christie de 2300 pages mâtiné de longs passages barbaracartlandesques ?Non je n’exagère pas sur ce dernier points : exemple de ce qu'on peut lire plusieurs longues pages d'affilée
Le Démon a volé mon âme, mais depuis que je t’ai vue j’ai le sentiment d’en avoir retrouvé une partie…... La chaleur que je retrouve dans tes bras apaise le tourment qui me hante depuis si longtemps.Le récit aurait gagné :- à être expurgé de 200 pages à l’eau de rose par tome non découpé- à être expurgé de paradoxes temporels qui n’apportent pas grand chose à l’intrigue principale
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L’Enfant du Destin qui organise la rencontre de ses parents pour sauver le monde… déjà vu !Les gens du passé qui doivent sauver le futur… déjà vu aussiLes gens du futur qui doivent sauver le passé… déjà vu encoreN’est pas le Doctor Who et son Tardis qui veut !
- à ce que les personnages principaux ne soient pas figés du début à la fin en étant cantonnés à 2 ou 3 traits de caractères- à ce qu’on donne plus d’épaisseur aux personnages secondaires (Lauron par exemple)- à densifier réellement l’univers décrit histoire de ne pas avoir l’impression que tout se déroule dans un cercle de 5km de rayon…Cela fait quand même beaucoup de gros défauts pour un cycle qui frôle les 9/10 !
La Symphonie des Siècles d’Elisabeth Haydon et
Les Royaumes d’Épines et d’Os de Greg Keyes sont construits initialement comme une enquête pour démasquer un mal puissant mais diffus qui menace un univers médiéval fantastique.Greg Keyes auraient pu lui aussi en faire des caisses en jouant sur l’affect pour qu’on s’attache à ses personnages en développant leurs histoires d’amour, faire en sorte que tout finissent bien, qu’ils se marient et aient beaucoup d’enfants. Il n’en a rien fort heureusement rien fait. En dépit d’un style inférieur, lui reste cohérent avec lui-même : histoire sombre = dénouement triste !Même pitch de départ donc mais 2 traitements différents :
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Version Haydon : il y a de plus en plus de tensions aux frontières dues à de nombreux crimes irrésolusVersion Keyes : les héros, poursuivis par une horde d’hommes et de femmes revenus au stade animal, fuient de village ravagés en villages exterminés en échappant à moult saloperies tirés d’un bestiaire horrifique
Mais comme on dit, les goûts et les couleurs, cela ne se discute pas… Les 2 approches ont leurs amateurs.Mon expérience avec Rhapsody a consisté à jongler entre des niveaux de qualité allant de
Kushiel à
Rani…
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(L’héroïne, ancienne prostituée sur laquelle tout le monde est passée, dont tout le monde tombe néanmoins amoureux, qui manque de se faire violer X fois, mais qui agit toujours comme une adolescente midinette… cela flirte quand même avec le ridicule sinon le risible)
Tome 1 : 8+/10 (bien emballé, beaucoup des qualités)Tome 2 : 5/10 maximum (lecture pénible, pas de montée en puissance, beaucoup de mystifications, de fortes doses de mièvrerie)Tome 3 : 7-/10 (cela retombe un peu sur ses pieds même si le côté Mary-Sue resurgit aussi régulièrement qui péniblement)8 + 5 + 7 = 20 ; 20 divisé par 3 cela nous fait environ
6,5/10En essayant d’être objectif, ce cycle rentre pour moi dans la catégorie « des défauts mais dans la bonne voie quand même »,mais pas absolument pas dans la catégorie incontournable à lire absolument…(bien qu'on ne puisse pas dire qu'un roman dont le principal défaut est l'héroïne principale soit dans la bonne voie) :sifflote:Mais ayant moi-même été initialement envoûté par les style de l’auteur et ses personnages censément attachants,je comprends que de nombreux lecteurs aient succombé au charme du chant des sirènes de Rhapsody.
Si les histoires d’amours romantiques qui traînent en longueur ne vous rebutent pas, :)c’est un cycle de fantasy avec des qualités qui le situent bien au-dessus de la moyenne du genre.Si vous être allergiques à Barbara Cartland fuyez, pour l’amour de Dieu fuyez ce cycle !!!
@ EidothéeJe suis même en train de me dire qu’on aurait carrément pu virer Rhapsody du cycle :

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on aurait eu Ashe, Lauron et leur famille à écaille d’un côté, Achmed, Grunthor et les Bolgs d’un autre côté essayant chacun de démasquer le F’Dor qui dressent tout le monde les uns contre les autres avec une Jo qui aurait fait le lien entre tous les protagonistes !
… On aurait ainsi gardé la même intrigue, le même univers, on s’épargnait 600 pages de mièvreries centrées sur un personnage horripilant tout en intensifiant la dramaturgie du récit !Car si on compare les personnages féminins des ouvrages d’Ange, de Charlotte Bousquet, de Justine Niogret aux nombreuses
Mary-Sue qui pullulent dans la fantasy anglo-saxonne, on se dit qu’avec ses talents Elisabeth Haydon aurait pu faire beaucoup mieux.