Je trouve l'analyse, les pistes intéressantes dans ce dossier. C'est même adaptable aux moins jeunes lecteurs je trouve, pour ceux qui voudraient découvrir les genres.
Comment enseigner l’imaginaire, première partie : L’école publique
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MDR
Le snobisme à l'état pur


La seule chose qu'il faut espérer dans ces cas là, c'est que le lecteur lise des interview de Damasio. Avec de la chance ce dernier conseillera d'autres livres.
Mais même là, le gars va juste lire car c'est en "trending."
Faut croire que Damasio est passé en mainstream/littérature blanche aux yeux de certains. Du coup est-ce que devenir populaire auprès du grand public signifie ne plus être étiqueté SFFF, comme si c'était un tampon honteux à porter ? (je ne ne critique pas du tout les auteurs, mais les lecteurs)
Quid de Jules Verne, Chrétien de Troyes, Mary Shelley, ou certaines œuvres de Maupassant, etc. ?
Après p'têt le gars a dans l'idée que SF = piou piou piou, ça tire avec des pistolets lasers et pi c'est tout !
Du coup c'est pareil avec Martin : on pourrait se dire que c'est cool sa popularité, que ça va permettre à des gens de s’intéresser à la fantasy. Mais au final les mêmes dirons "nan, j'aime pas la fantasy, c'est nul," alors qu'ils auront lu le Trône de Fer, Harry Potter et Eragon parce que c'est tendance.
Mais j'reste un optimiste ! Pour autant de raisonnements du type "j'aime pas, c'est nul" il y a toujours des gens qui seront curieux ; qui tomberont peut être sur des livres qu'ils trouveront bof, puis, au hasard, découvriront qu'il n'y a pas que l'Epée de Vérité.
Ils découvriront des pépites de narration, de gestion des personnages, des récits poignants, d'autres pop corn (au sens positif), des romans qui questionnent, des romans qui détendent quand on déprime.
Peut être même ça élargira les goûts du lecteur.
J'ai toujours du mal avec le concept marketing si tel titre marche, alors on va faire pleins de films/romans/bd/séries dans le même style car le consommateur (j'utilise ce terme plutôt que lecteur, auditeur, etc.) voudra forcément rester dans un seul type.
Bah non.
On peut très bien apprécier le roman policier et le thriller cyberpunk, et lire un peu de hard sf et adorer la crapule fantasy sans réchigner sur la fantasy historique ou de la high fantasy. Au contraire, c'est cette ouverture et curiosité qui permet de découvrir la richesse des littératures de l'imaginaire, en dehors de notre comfort zone.
D'ailleurs toutes ces cases j'avoue que durant mon enfance et adolescence, ça n'existait pas pour moi. Je crois que j'avais juste deux catégories : les romans loisir et les romans "boulot" pour l'école.
Et ces romans loisirs, il y avait de tout : des policiers jeunesse, des romans historique jeunesse, des romans d'aventure, les Royaumes Oubliés, Animorph, Chair de Poule, etc.
Mais aussi l'Iliade L'Odysée, l'Enéide, les Métamorphose. Dune, du Alexandre Dumas, du Maurice Leblanc, Agatha Christie, Jules Vernes, Maurice Druon et j'en passe.
Je passais sans problème de l'un à l'autre.
Le snobisme à l'état pur



La seule chose qu'il faut espérer dans ces cas là, c'est que le lecteur lise des interview de Damasio. Avec de la chance ce dernier conseillera d'autres livres.
Mais même là, le gars va juste lire car c'est en "trending."
Faut croire que Damasio est passé en mainstream/littérature blanche aux yeux de certains. Du coup est-ce que devenir populaire auprès du grand public signifie ne plus être étiqueté SFFF, comme si c'était un tampon honteux à porter ? (je ne ne critique pas du tout les auteurs, mais les lecteurs)
Quid de Jules Verne, Chrétien de Troyes, Mary Shelley, ou certaines œuvres de Maupassant, etc. ?
Après p'têt le gars a dans l'idée que SF = piou piou piou, ça tire avec des pistolets lasers et pi c'est tout !
Du coup c'est pareil avec Martin : on pourrait se dire que c'est cool sa popularité, que ça va permettre à des gens de s’intéresser à la fantasy. Mais au final les mêmes dirons "nan, j'aime pas la fantasy, c'est nul," alors qu'ils auront lu le Trône de Fer, Harry Potter et Eragon parce que c'est tendance.
Mais j'reste un optimiste ! Pour autant de raisonnements du type "j'aime pas, c'est nul" il y a toujours des gens qui seront curieux ; qui tomberont peut être sur des livres qu'ils trouveront bof, puis, au hasard, découvriront qu'il n'y a pas que l'Epée de Vérité.
Ils découvriront des pépites de narration, de gestion des personnages, des récits poignants, d'autres pop corn (au sens positif), des romans qui questionnent, des romans qui détendent quand on déprime.
Peut être même ça élargira les goûts du lecteur.
J'ai toujours du mal avec le concept marketing si tel titre marche, alors on va faire pleins de films/romans/bd/séries dans le même style car le consommateur (j'utilise ce terme plutôt que lecteur, auditeur, etc.) voudra forcément rester dans un seul type.
Bah non.
On peut très bien apprécier le roman policier et le thriller cyberpunk, et lire un peu de hard sf et adorer la crapule fantasy sans réchigner sur la fantasy historique ou de la high fantasy. Au contraire, c'est cette ouverture et curiosité qui permet de découvrir la richesse des littératures de l'imaginaire, en dehors de notre comfort zone.
D'ailleurs toutes ces cases j'avoue que durant mon enfance et adolescence, ça n'existait pas pour moi. Je crois que j'avais juste deux catégories : les romans loisir et les romans "boulot" pour l'école.
Et ces romans loisirs, il y avait de tout : des policiers jeunesse, des romans historique jeunesse, des romans d'aventure, les Royaumes Oubliés, Animorph, Chair de Poule, etc.
Mais aussi l'Iliade L'Odysée, l'Enéide, les Métamorphose. Dune, du Alexandre Dumas, du Maurice Leblanc, Agatha Christie, Jules Vernes, Maurice Druon et j'en passe.
Je passais sans problème de l'un à l'autre.
709
Saffron a écrit :C'est désolant mais malheureusement pas surprenant
Pas mieux !
Pour prendre l'exemple des prescriptions scolaires et des injonctions institutionnelles et autres recommandations officielles de notre sclérosé et mortifèrement normatif système éducatif, le cas du prof de l'article qui donne du Lynch en 4e (Ouah bravo bonne idée !) est TOTALEMENT en dehors des cadres ! Un dangereux agitateur anarchiste dirais-je même ! Ce n'est même pas un auteur français, madame ! Il faut le dénoncer aux inspecteurs généraux !! Les personnes (nommés par les hommes politiques) qui réalisent les programmes (pas les profs qui doivent hélas obéir : la liberté pédagogique est une immense supercherie) de français ont tué dans l’œuf des générations et des générations de lecteurs potentiels... ! Au nom de principes des œuvres qui donneraient envie de lire aux ados tout en conférant du sens à leurs apprentissages formels... Il y a des dizaines de trésors par an en sfff, jeunesse, ya ou général avec des thèmes forts, concernants, une langue ma foi bien assez riche pour un ados de maintenant, etc, - tout ce qu'il faut pour bosser son brevet ou son bac ! - qui pourraient rentrer dans les programmes et redonner le goût de lire aux jeunes. Les profs de français seraient plus heureux et tout le monde iraient mieux : auteurs, éditeurs ! Et même ces messieurs dames de la commission des programmes, qui pourraient continuer à vivre tranquillement dans leur monde parallèle où "tout de même à 16 ans, on ne peut pas passer à côté de la modernité de Montesquieu !"
Tout ça est un grand gâchis perpétrer par des grands idéologues qui sont une vision de l'éducation et de la littérature verticale, archaïque, pseudo-patrimoniale et surtout INADAPTEE à la réalité, à la vie telle qu'elle est et va, à nos jeunes qui in fine arrêtent de lire, victimes d'une poignée de réactionnaires aveuglés, hors sol... C'est une véritable catastrophe !
Il faut demander à Lamora d'aller foutre un peu le bordel rue de Grenelle !
'tain, m'enflamme moi... ça me met en colère même.... ! mais c'est un sujet qui me touche de près, bossant dans un CDI de collège et constatant les ravages de ces discours rances et élitistes qui empêchent les littératures des Imaginaires et des Réalités de toucher tout le monde par le biais de l'école......
710
Je nuancerai un peu quand même : je travaille également dans un collège, et les élèves ont travaillé sur Bienvenue à Gattaca, dans le cadre d'un travail pluridisciplinaire, il y a deux ans. Et dans les rayons du CDI il y a une bonne quantité d'ouvrages de SF/fantastiques/fantasy, des activités sur les BD, les manga...Et ça, il y a 25 ans ce n'était pas le cas.
Maintenant, sur l'ouverture d'esprit d'une manière générale à l'imaginaire, je suis bien évidemment d'accord que ça manque en France, et ce n'est pas sur un concours d'entrée à la haute fonction publique qu'il faut espérer la trouver.
Maintenant, sur l'ouverture d'esprit d'une manière générale à l'imaginaire, je suis bien évidemment d'accord que ça manque en France, et ce n'est pas sur un concours d'entrée à la haute fonction publique qu'il faut espérer la trouver.
711
Certes, ça me rappelle mon époque, souvenir qui me marque encore quand, à choisir l'auteur de mon exposé, on me demande "un vrai auteur, genre Maupassant, ou Hugo".
Le bonus de ce passage, c'est Kubrick contre Spielberg : ce n'est pas Uwe Boll quand même
Ca me rappelle aussi une amie disant que pour tel concours, outre son bagage académique, il y avait des figures imposées (le collier de perles, le tailleur, le chignon...) même si ça n'a rien à voir avec le poste, juste qu'il faut ressembler au jury pour lui plaire.
En fait, le clonage, ce serait leur solution (ou comment reprendre Bienvenue à Gatacca - en non Galaswinda - et faire fructifier un sujet qui peut toucher à l'actualité et à une nécessaire réflexion du potentiel scientifique et éthique (et là, j'aurai envie de citer le professeur Ian Malcolm, mais c'est du Spielberg...)).
Le bonus de ce passage, c'est Kubrick contre Spielberg : ce n'est pas Uwe Boll quand même

Ca me rappelle aussi une amie disant que pour tel concours, outre son bagage académique, il y avait des figures imposées (le collier de perles, le tailleur, le chignon...) même si ça n'a rien à voir avec le poste, juste qu'il faut ressembler au jury pour lui plaire.
En fait, le clonage, ce serait leur solution (ou comment reprendre Bienvenue à Gatacca - en non Galaswinda - et faire fructifier un sujet qui peut toucher à l'actualité et à une nécessaire réflexion du potentiel scientifique et éthique (et là, j'aurai envie de citer le professeur Ian Malcolm, mais c'est du Spielberg...)).
712
John Doe a écrit :Je nuancerai un peu quand même : je travaille également dans un collège, et les élèves ont travaillé sur Bienvenue à Gattaca, dans le cadre d'un travail pluridisciplinaire, il y a deux ans. Et dans les rayons du CDI il y a une bonne quantité d'ouvrages de SF/fantastiques/fantasy, des activités sur les BD, les manga...Et ça, il y a 25 ans ce n'était pas le cas
Tout à fait, merci pour le flacon de flotte dans mon vin John doe ???? Me suis un peu emballé...???? ????. (un accès de pessimisme en cette rentrée avec réforme du lycée inepte.... ????. Le sujet est épidermique pour moi.... Et je parlais vraiment des instructions officielles pas du travail de terrain (mais les deux sont fatalement un peu poreux)
Oui - dit-il prêchant pour sa paroisse - heureusement qu il y a beaucoup d'initiatives informelles gravitant autour des cdi ou des bibliothèques, heureusement.
Beaucoup de profs osent et innovent (essaient dans un cadre donné du moins.. ..)
Les fonds des cdi sont faits pour ça et on beaucoup évolués depuis 30 ans indéniablement...
Mais hélas les élèves lamdas se forgent en partie une vision de la lecture à travers les contenus des programmes officiels et nous sommes dans un système pyramidal administré très très centralement...
713
Je suis persuadé que "Time is on my side", et que oui, ça changera un jour, même si c'est long.
Il y a environ un siècle, le cinéma était considéré comme une attraction de foire, l'art étant le théâtre et rien d'autre, le jazz na pas toujours été une musique très bien considérée.
A la rigueur c'est pas forcément très bon signe d'avoir "droit de cité" !
Et citer Kubrick en exemple, c'est assez rigolo à cet égard, sa filmo étant constituée, sur 12 films, de deux films noirs, d'un péplum, d'une parodie de film d'anticipation, d'un film de SF, d'un film fantastique, de deux films de guerre... bref en majorité de films de genres.
Sur l'organisation administrative de l'EN, c'est un autre débat.

Il y a environ un siècle, le cinéma était considéré comme une attraction de foire, l'art étant le théâtre et rien d'autre, le jazz na pas toujours été une musique très bien considérée.
A la rigueur c'est pas forcément très bon signe d'avoir "droit de cité" !

Et citer Kubrick en exemple, c'est assez rigolo à cet égard, sa filmo étant constituée, sur 12 films, de deux films noirs, d'un péplum, d'une parodie de film d'anticipation, d'un film de SF, d'un film fantastique, de deux films de guerre... bref en majorité de films de genres.
Sur l'organisation administrative de l'EN, c'est un autre débat.

714
Je suis content qu'Irokoi reconnaisse s'être emballé par pessimisme, parce que la situation dans l'Education nationale est loin d'être aussi affreuse que ce que tu affirmais il y a quelques messages. Etant moi-même prof en collège en France, je peux t'assurer que les programmes du collège laissent une place aux littératures de l'imaginaire à tous les niveaux :
- en 6e on voit les mythologies et la figure du monstre, le conte, et il est spécifié qu'il faut faire lire 3 livres de littérature de jeunesse aux élèves (en plus des 3 classiques), ce qui constitue une porte ouverte à l'imaginaire.
- en 5e, on étudie les héros et les héroïnes (principalement sur l'Antiquité et le Moyen âge avec les romans de chevalerie, mais on peut aussi glisser des extraits d'autres figures héroïques issues de littératures de l'imaginaire ou parler des super-héros). Surtout, un thème est intitulé "Imaginer des mondes" et il se prête très bien à l'évocation du merveilleux et des mondes imaginaires.
- en 4e, on étudie le fantastique français au XIXe siècle.
- en 3e, un thème est consacré aux "rêves et progrès scientifiques", avec une large part laissée à la SF.
Cette progression garde une trace des programmes précédents qui organisaient l'étude des oeuvres en fonction de l'histoire littéraire, de l'Antiquité jusqu'à la période contemporaine. Mais elle est très thématique maintenant, ce qui fait qu'on peut glisser des textes d'époques et même dans une certaine mesure de genres variés dans plusieurs thèmes (en 3e, le thème sur l'individu et l'état et la notion de résistance est souvent utilisé pour étudier des oeuvres antiques du type Antigone, et on peut très bien s'en servir pour étudier un extrait d'oeuvre de SF par exemple).
Je n'ai pas consulté les nouveaux programmes du lycée, mais au collège, en tout cas, je trouve qu'il y a globalement plus de littératures de l'imaginaire qu'il y a vingt ans. Et encore : au temps de ma propre scolarité, les suggestions de lecture des professeurs comportaient de la SF (c'est comme ça que j'avais découvert La Planète des singes de Boulle et La Nuit des temps de Barjavel).
Cela ne veut pas dire qu'il ne reste pas du travail pour faire reconnaître la légitimité des littératures de l'imaginaire. Dans l'enseignement secondaire, les enseignants gardent une grande liberté pédagogique : ils enseignent aussi en fonction de leurs goûts, et tous ne sont pas férus de littératures de l'imaginaire. Dans une certaine mesure, c'est normal et c'est assez sain que chaque professeur dispose d'une certaine liberté. Mais il peut tout à fait subsister des préjugés au sujet de la SFFF. Or les formations proposées par les académies sont entièrement axées sur les techniques pédagogiques et ne proposent que très peu de formation "de fond" : on est censé tout maîtriser après son CAPES ou son agrégation, ce qui n'est naturellement pas le cas... et on est censés avoir le temps de faire plein de lectures et d'autoformation, ce qui est loin d'être le cas pendant l'année vu le nombre de tâches administratives que les profs endossent de plus en plus dans les faits. Les fameuses longues vacances des profs-qui-ne-font-rien sont donc en partie consacrées à... lire et à trouver des idées d'oeuvres à faire étudier l'année suivante ! Sauf que maintenant on va avoir des jours de formation pendant les vacances. Bref, on est virtuellement censés être des honnêtes hommes et des honnêtes femmes humanistes du XVIIIe siècle avec une culture générale béton et une ouverture d'esprit universelle, mais sans temps ou énergie pour les développer. Je m'arrête avant de trop râler à mon tour
C'est assez connu que les concours de la fonction publique, du type CAPES ou agreg', sont globalement plus conservateurs, aussi bien en matière de genres littéraires que de place laissée aux écrivaines, etc. Ça change... lentement. Et il y a du travail ! Quand on voit ce que certains profs ou universitaires osent encore dire sur des auteurs comme Jules Verne ou Alexandre Dumas, on se rend compte que la littérature est un domaine à la merci du snobisme, comme tous les autres aspects de la vie, et qu'il faut de meilleures formations pour casser ces préjugés totalement à côté de la plaque. C'est aussi là qu'est toute l'importance du développement de l'étude des littératures de l'imaginaire à l'université (avec des spécialistes comme Irène Langlet pour la SF, justement, ou Anne Besson) et c'est là que des institutions comme la Bibliothèque nationale de France ont un rôle à jouer (la BNF qui consacrait une expo aux films tirés du Seigneur des anneaux dès 2001, qui n'a jamais occulté le rôle des littératures de l'imaginaire dans ses expos sur les héros ou la BD par exemple, et qui a consacré cet été une expo gratuite au merveilleux scientifique, l'ancêtre de la SF française - sans parler de l'expo sur Tolkien prévue pour cet automne : merci, la BNF !).
Edit : Pour en revenir au twit d'Irène Langlet, je ne pense pas qu'il faille surestimer l'influence du livre dont elle montre une page. C'est un manuel de conseils de préparation aux concours de la fonction publique, or chacun sait que les manuels de préparation aux concours sont un genre littéraire mineur indigne d'être pris au sérieux (ironie)
Accessoirement, il faut sérieusement nuancer les généralités qu'on avance sur "la haute fonction publique". Pour l'ENA et les machins comme ça je ne sais pas, mais c'est un fait connu que l'Ecole normale supérieure et Polytechnique font partie des premiers endroits en France où on a joué à Donjons & Dragons, et l'ENS possède une bibliothèque de BD et de SFFF bien fournie ainsi qu'une liste mail de rôlistes régulièrement active. Quant à Polytechnique, ils ont leur propre convention de jeux de rôle, les Rencontres rôlistes de l'X. Je ne me fais pas trop de souci pour la culture générale des élèves de ces deux écoles en matière d'imaginaire
- en 6e on voit les mythologies et la figure du monstre, le conte, et il est spécifié qu'il faut faire lire 3 livres de littérature de jeunesse aux élèves (en plus des 3 classiques), ce qui constitue une porte ouverte à l'imaginaire.
- en 5e, on étudie les héros et les héroïnes (principalement sur l'Antiquité et le Moyen âge avec les romans de chevalerie, mais on peut aussi glisser des extraits d'autres figures héroïques issues de littératures de l'imaginaire ou parler des super-héros). Surtout, un thème est intitulé "Imaginer des mondes" et il se prête très bien à l'évocation du merveilleux et des mondes imaginaires.
- en 4e, on étudie le fantastique français au XIXe siècle.
- en 3e, un thème est consacré aux "rêves et progrès scientifiques", avec une large part laissée à la SF.
Cette progression garde une trace des programmes précédents qui organisaient l'étude des oeuvres en fonction de l'histoire littéraire, de l'Antiquité jusqu'à la période contemporaine. Mais elle est très thématique maintenant, ce qui fait qu'on peut glisser des textes d'époques et même dans une certaine mesure de genres variés dans plusieurs thèmes (en 3e, le thème sur l'individu et l'état et la notion de résistance est souvent utilisé pour étudier des oeuvres antiques du type Antigone, et on peut très bien s'en servir pour étudier un extrait d'oeuvre de SF par exemple).
Je n'ai pas consulté les nouveaux programmes du lycée, mais au collège, en tout cas, je trouve qu'il y a globalement plus de littératures de l'imaginaire qu'il y a vingt ans. Et encore : au temps de ma propre scolarité, les suggestions de lecture des professeurs comportaient de la SF (c'est comme ça que j'avais découvert La Planète des singes de Boulle et La Nuit des temps de Barjavel).
Cela ne veut pas dire qu'il ne reste pas du travail pour faire reconnaître la légitimité des littératures de l'imaginaire. Dans l'enseignement secondaire, les enseignants gardent une grande liberté pédagogique : ils enseignent aussi en fonction de leurs goûts, et tous ne sont pas férus de littératures de l'imaginaire. Dans une certaine mesure, c'est normal et c'est assez sain que chaque professeur dispose d'une certaine liberté. Mais il peut tout à fait subsister des préjugés au sujet de la SFFF. Or les formations proposées par les académies sont entièrement axées sur les techniques pédagogiques et ne proposent que très peu de formation "de fond" : on est censé tout maîtriser après son CAPES ou son agrégation, ce qui n'est naturellement pas le cas... et on est censés avoir le temps de faire plein de lectures et d'autoformation, ce qui est loin d'être le cas pendant l'année vu le nombre de tâches administratives que les profs endossent de plus en plus dans les faits. Les fameuses longues vacances des profs-qui-ne-font-rien sont donc en partie consacrées à... lire et à trouver des idées d'oeuvres à faire étudier l'année suivante ! Sauf que maintenant on va avoir des jours de formation pendant les vacances. Bref, on est virtuellement censés être des honnêtes hommes et des honnêtes femmes humanistes du XVIIIe siècle avec une culture générale béton et une ouverture d'esprit universelle, mais sans temps ou énergie pour les développer. Je m'arrête avant de trop râler à mon tour

C'est assez connu que les concours de la fonction publique, du type CAPES ou agreg', sont globalement plus conservateurs, aussi bien en matière de genres littéraires que de place laissée aux écrivaines, etc. Ça change... lentement. Et il y a du travail ! Quand on voit ce que certains profs ou universitaires osent encore dire sur des auteurs comme Jules Verne ou Alexandre Dumas, on se rend compte que la littérature est un domaine à la merci du snobisme, comme tous les autres aspects de la vie, et qu'il faut de meilleures formations pour casser ces préjugés totalement à côté de la plaque. C'est aussi là qu'est toute l'importance du développement de l'étude des littératures de l'imaginaire à l'université (avec des spécialistes comme Irène Langlet pour la SF, justement, ou Anne Besson) et c'est là que des institutions comme la Bibliothèque nationale de France ont un rôle à jouer (la BNF qui consacrait une expo aux films tirés du Seigneur des anneaux dès 2001, qui n'a jamais occulté le rôle des littératures de l'imaginaire dans ses expos sur les héros ou la BD par exemple, et qui a consacré cet été une expo gratuite au merveilleux scientifique, l'ancêtre de la SF française - sans parler de l'expo sur Tolkien prévue pour cet automne : merci, la BNF !).
Edit : Pour en revenir au twit d'Irène Langlet, je ne pense pas qu'il faille surestimer l'influence du livre dont elle montre une page. C'est un manuel de conseils de préparation aux concours de la fonction publique, or chacun sait que les manuels de préparation aux concours sont un genre littéraire mineur indigne d'être pris au sérieux (ironie)

Accessoirement, il faut sérieusement nuancer les généralités qu'on avance sur "la haute fonction publique". Pour l'ENA et les machins comme ça je ne sais pas, mais c'est un fait connu que l'Ecole normale supérieure et Polytechnique font partie des premiers endroits en France où on a joué à Donjons & Dragons, et l'ENS possède une bibliothèque de BD et de SFFF bien fournie ainsi qu'une liste mail de rôlistes régulièrement active. Quant à Polytechnique, ils ont leur propre convention de jeux de rôle, les Rencontres rôlistes de l'X. Je ne me fais pas trop de souci pour la culture générale des élèves de ces deux écoles en matière d'imaginaire

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Clair... Obscur...
Au sens propre comme au figuré !
Merci Tybalt d'apporter une revue enlevée, circonstanciée, plus limpide et... plus objective
, en tout cas du point de vue "disciplinaire".
Mais, paradoxalement, si tout part de la "matière" - et des familles et contextes économico-socio-culturels aussi évidemment au premier chef même si là c'est quasi inobservable - , pour le rapport aux récits écrits du moins, cela ne fait pas tout... à mon sens.
Il était donc bien nécessaire à ce point là de la discussion de donner le contenu réel des programmes.
L'"effort" - au collège du moins, effectivement - est manifeste, même si on pourrait reparler, dans certains manuels, des indications sur la littérature jeunesse.
D'un côté, cela fait du bien de le relire ! Une piqure de rappel pour quelqu'un qui n'aime pas les vaccins, c'est toujours bon !
Et d'un autre (mon pessimisme aura vacillé au moins l'espace d'un demi battement de cœur
) j'ai la lecture d'une autre réalité, celle des lectures non-prescrites : la lecture plaisir ; de ce goût qui, s'il est cultiver au sens noble du terme, peut devenir une passion qui fait d'adolescents-élèves des lecteurs qui vont acheter ou emprunter des livres toute leur vie, avec cette petite chandelle dans les yeux (pas celle, fréquente, du feu numérique)
Ce désir (car c'est ça !) et ce plaisir dont parle, mieux que moi, Daniel Pennac.
A travers ce qui est peut-être une sorte de prisme, dans les CDI's (un cadre bien particulier : dans des institutions scolaires mais se voulant, en tout cas selon ma vision, alternatifs ) les taux d'emprunts chutent (surtout chez les garçons, mais ça....) même dans les "bons" établissements.
Et moi je ne propose QUE (provocation ne revient pas, non...!) des bouquins coooooolssss :-)
Du même tonneau, concernant les tranches ados/YA, je crois, pour parler à des collègues, que les stats des médiathèques ne sont pas... (allez soit optimiste foutre-bouc!!)... euh... fabuleusement exponentielles...
OK, c'est l'âge qui veut ça et les ados de maintenant ne sont pas ceux d'il y a 20 ans (et ceux d'il y a 40, qui lisaient VRAIMENT du P. Boulle, ahh....) Oui... certes... mais c'est aussi entre 10 et 15 que "ça" se joue, ce rapport intime à la magie au temps long de la joie de lire. Ça peut venir plus tard mais ce sera pour une minorité.
Minorité forgée sur le tard qui, bien que nourrit d'une autre minorité de "lecteurs nés" ,noyau dur flétrissant, peinent à faire vivre, je crois, nos auteurs (surtout !) et éditeurs sfff.
J'hasarde que cela aussi est une réalité à prendre en compte même si le processeur relève de choses peut-être peu préhensibles (a priori du moins). Une réalité qui n'est pas la vision (et cela a été la mienne pendant longtemps), fatalement, d'anciens bons élèves devenus profs, sur un système qui leur a bien correspondu, globalement...
Bref, somme toute, oui, doublement John Doe je te rejoins : et sur ta sagesse anglo-saxonne ;-) et sur le fait que ce débat, même si je crois quand même que c'est la source de beaucoup de chose (dis le mec qui veut avoir le dernier mot quand même hein !) dérive un peu. Et je ne veux SURTOUT pas que d'aucuns décèlent une quelconque teinte politique dans tout ça (sérieux) ... L'éducation et la """culture""" c'est comme l'éco-citoyennété ,pas de place à l’ambiguïté possible : c'est sans parti, ni idéologie parce que c'est très très sérieux.
On a tous des corps et des âmes...
Même les inspecteurs de l'EN (bon, ce n'est qu'une rumeur mais j'y crois) :-))
Au sens propre comme au figuré !
Merci Tybalt d'apporter une revue enlevée, circonstanciée, plus limpide et... plus objective

Mais, paradoxalement, si tout part de la "matière" - et des familles et contextes économico-socio-culturels aussi évidemment au premier chef même si là c'est quasi inobservable - , pour le rapport aux récits écrits du moins, cela ne fait pas tout... à mon sens.
Il était donc bien nécessaire à ce point là de la discussion de donner le contenu réel des programmes.
L'"effort" - au collège du moins, effectivement - est manifeste, même si on pourrait reparler, dans certains manuels, des indications sur la littérature jeunesse.
D'un côté, cela fait du bien de le relire ! Une piqure de rappel pour quelqu'un qui n'aime pas les vaccins, c'est toujours bon !
Et d'un autre (mon pessimisme aura vacillé au moins l'espace d'un demi battement de cœur

Ce désir (car c'est ça !) et ce plaisir dont parle, mieux que moi, Daniel Pennac.
A travers ce qui est peut-être une sorte de prisme, dans les CDI's (un cadre bien particulier : dans des institutions scolaires mais se voulant, en tout cas selon ma vision, alternatifs ) les taux d'emprunts chutent (surtout chez les garçons, mais ça....) même dans les "bons" établissements.
Et moi je ne propose QUE (provocation ne revient pas, non...!) des bouquins coooooolssss :-)
Du même tonneau, concernant les tranches ados/YA, je crois, pour parler à des collègues, que les stats des médiathèques ne sont pas... (allez soit optimiste foutre-bouc!!)... euh... fabuleusement exponentielles...
OK, c'est l'âge qui veut ça et les ados de maintenant ne sont pas ceux d'il y a 20 ans (et ceux d'il y a 40, qui lisaient VRAIMENT du P. Boulle, ahh....) Oui... certes... mais c'est aussi entre 10 et 15 que "ça" se joue, ce rapport intime à la magie au temps long de la joie de lire. Ça peut venir plus tard mais ce sera pour une minorité.
Minorité forgée sur le tard qui, bien que nourrit d'une autre minorité de "lecteurs nés" ,noyau dur flétrissant, peinent à faire vivre, je crois, nos auteurs (surtout !) et éditeurs sfff.
J'hasarde que cela aussi est une réalité à prendre en compte même si le processeur relève de choses peut-être peu préhensibles (a priori du moins). Une réalité qui n'est pas la vision (et cela a été la mienne pendant longtemps), fatalement, d'anciens bons élèves devenus profs, sur un système qui leur a bien correspondu, globalement...
Bref, somme toute, oui, doublement John Doe je te rejoins : et sur ta sagesse anglo-saxonne ;-) et sur le fait que ce débat, même si je crois quand même que c'est la source de beaucoup de chose (dis le mec qui veut avoir le dernier mot quand même hein !) dérive un peu. Et je ne veux SURTOUT pas que d'aucuns décèlent une quelconque teinte politique dans tout ça (sérieux) ... L'éducation et la """culture""" c'est comme l'éco-citoyennété ,pas de place à l’ambiguïté possible : c'est sans parti, ni idéologie parce que c'est très très sérieux.
On a tous des corps et des âmes...
Même les inspecteurs de l'EN (bon, ce n'est qu'une rumeur mais j'y crois) :-))
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Du même tonneau, concernant les tranches ados/YA, je crois, pour parler à des collègues, que les stats des médiathèques ne sont pas... (allez soit optimiste foutre-bouc!!)... euh... fabuleusement exponentielles...
À ma connaissance c'est moins bon que dans d'autres pays. Quand je suivais les cours du CAPES Doc (que je n'ai pas eu) les intervenants tiraient la sonnettes d'alarme sur la baisse de la lecture chez les ados et au même moment le Seattle Post publiait un article sur les ados américains qui lisaient de plus en plus. Et il semblerait que ce soit toujours le cas aux USA avec une fréquentation des bibliothèques records pour la génération des millenials.
Tandis que chez nous les chiffres sont mauvais.
Le problème c'est surtout que YA touche surtout les filles. Il semblerait que le point noir ce soit de faire lire les garçons. Rapport à une conception réactionnaire de la virilité que les radios commerciales à force de matraquage ont remis au goût du jour.
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J'ai vu un reportage il y a peu où une école avait imposé une pause lecture après la récréation de midi, 10 à 15 minutes de lecture silencieuse (au choix de l'élève donc manga et bd acceptés) pour recentrer et reconcentrer les élèves. La responsable du CDI disait que ça avait, en plus de l'efficacité sur un meilleur focus pour les cours de l'aprem, eu une répercussion sur la fréquentation du CDI. Des gamins venant même lire pendant les récrés. Le genre d'idées à creuser sans doute.
Si l'enfer est ici alors autant s'en faire, si l'enfer est ici alors autant s'en faire, s'en faire un paradis. --- Shaka Ponk
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Fabien Lyraud a écrit :Du même tonneau, concernant les tranches ados/YA, je crois, pour parler à des collègues, que les stats des médiathèques ne sont pas... (allez soit optimiste foutre-bouc!!)... euh... fabuleusement exponentielles...
À ma connaissance c'est moins bon que dans d'autres pays.
Le problème c'est surtout que YA touche surtout les filles. Il semblerait que le point noir ce soit de faire lire les garçons. Rapport à une conception réactionnaire de la virilité que les radios commerciales à force de matraquage ont remis au goût du jour.
Oui absolument, je crois aussi.
Pour les gars oui tout à fait d’accord selon mon expérience.
Perso je me bats sur ça et essaie de trouver des trucs mais c’est difficile.
Les filles c’est bcp plus facile et d’ailleurs je pense que dans 10 ans les auteurs sfff seront 80 % féminines ????.
Oui représentations virilo-gromagnonesques vieilles comme la lecture mais paradoxalement dans une société qui évolue à vitesse grand v sur ça, pour ce qui est du rapport à la lecture je trouve que ça stagne....et même aurait tendance à s’aggraver avec notamment le relai des médiums numériques dominants... Dans ce domaine je crains même que le côté culturel soit en train de se doubler d’un facteur quasiment cognitif eu égard aux capacités de concentration au long court....???? les jeunes garçons de maintenant... ils ont du mal à lire, même une bd (pas la majorité mais pas loin).. alors... pour eux imaginez ce que peuvent être même les meilleures des prescriptions scolaires imposées...
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Je n’avais pas vu ton post Gwendal.
Oh oui ça c’est une des solus par excellence .
Douceur, personnalisation, progressivité et SURTOUT obligation du ici et maintenant.
Du putain de temps quoi !!! Allégeons !!!!
Les lectures maisons sont vaines et ne pas le voir c’est mettre la poussière sous le tapis
Il faut le mettre dans la constitution les temps lecture ??????️????
Oh oui ça c’est une des solus par excellence .
Douceur, personnalisation, progressivité et SURTOUT obligation du ici et maintenant.
Du putain de temps quoi !!! Allégeons !!!!
Les lectures maisons sont vaines et ne pas le voir c’est mettre la poussière sous le tapis
Il faut le mettre dans la constitution les temps lecture ??????️????
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Oui représentations virilo-gromagnonesques vieilles comme la lecture mais paradoxalement dans une société qui évolue à vitesse grand v sur ça, pour ce qui est du rapport à la lecture je trouve que ça stagne....e
La plupart des enquêtes de sociologie de la culture dans les années 90 et 2000 disait que les principales activités qui faisaient obstacles à la lecture n'étaient ni les jeux vidéos, ni la TV, mais bien la pratique sportive. Il est clair que le sport de compétition était pendant longtemps une activité plus masculine (les filles pratiquant plus le sport loisir). Et que le temps des entrainements et des compétitions prend beaucoup sur le temps de loisir et ils ont moins le temps de lire.
Je ne sais pas si ça a changé.