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Comme plusieurs, j’avais de très grandes attentes concernant cette version longue. La mort de Saroumane allait-elle être la hauteur, le combat contre le Roi-Sorcier se montrer spectaculaire ou la venue de la Bouche de Sauron terrifiante ? Après une première écoute, mon avis est assez mitigé. J’oscille entre l’enchantement et la désillusion, car ces deux sentiments se sont chevauchés tout au long de mon visionnage, me faisant passer du comble de la satisfaction à la plus amère déception. Voici mes impressions, scène ajoutée par scène ajoutée.La chute de Saroumane : Du haut de sa tour, le magicien vaincu accueille ses anciens alliés avec bienveillance, surtout Theoden. Il l’invite à faire la paix, mais ses crimes sont trop graves et trop frais dans l’esprit du roi pour qu’il n’y consente. Reprenant son arrogance, Saroumane se montre méprisant et distille son venin de la façon appropriée à chacun : Theoden n’a pas vaincu au Gouffre de Helm en plus d’être un piètre représentant de sa dynastie, Aragorn ne sera jamais roi et Gandalf a jeté Frodon dans les bras de la mort. Indéniablement, tout cela apporte beaucoup au récit. On comprend nettement mieux le complexe d’infériorité du roi du Rohan et la culpabilité qui poursuivra le Magicien Blanc jusqu’au dénouement final. D’une certaine façon, on rend son pouvoir à la voix de Saroumane, qui n’est pas utilisée de la même façon séductrice que dans le livre. De plus, j’ai été étonné par la clémence de Theoden envers Grima et le soudain mépris de Saroumane à son endroit, mépris qui le conduira à la mort. J’admets avoir tiqué un peu sur la destruction de son bâton par Gandalf après l’envoi de sa gerbe de feu et, surtout, sur la demande expresse de Gimli à Legolas de l’abattre. Malgré toutes ces réticences, je n’ai guère compris l’exclusion de cet important chapitre à la version courte. Bien sûr, il y a des faiblesses. On peut se demander pourquoi Saroumane, qui a tournoyé comme une poupée de chiffon en tombant, n’a pas échappé de son vêtement une lourde sphère de la taille d’une boule de quille (La force centrifuge ? Pourquoi pas ? J’ai le pardon facile pour cette trilogie !), mais je ne comprends absolument pas les critiques prétendant que cette scène aurait brisé le rythme. Quel rythme ? Rien n’était véritablement enclenché : le film commençait et la lenteur du déroulement seyait fort bien à ce genre de moment, il me semble. Le concours de boisson et la fête de la victoire : Cette amicale joute de buverie m’a parue très amusante, même si elle a démontré, une fois de plus, l’incroyable supériorité du prince elfe, que rien ni personne ne semble être en mesure d’atteindre. La traduction rachète le « game over » de la version originale. Je m’explique mal la pause de Pippin en voyant Gandalf. Je trouve sa réaction un peu trop dramatique, voire exagérée, mais est elle est plausible. Il n’en est pas à sa première gaffe près en raison de sa curiosité. La culpabilité et la tentation le taraudent… Le rêve d’Eowyn : Il aurait pu être totalement occulté. À quoi vient-elle de songer, à la chute de Númenor ? On pourrait le penser. Non seulement, cette séquence n’apporte rien, mais en voyant Pippin dormir aux côtés d’un homme du Rohan, juste avant qu’Aragorn ne rejoigne la blonde dormeuse, on constate que sa taille n’a pas été proportionnellement ajustée… À moins, bien sûr, que ce soldat soit très petit… La séparation des cousins : La prolongation de la scène avec Merry et Aragorn dans l’une des tours de la palissade d’Edoras ne m’a pas laissé une impression très favorable. Je ne sais pas si c’est la traduction, mais la comparaison avec Sam et Frodon qui sont ensemble, alors que Pippin est séparé de lui (« Nous voilà partis comme Frodon et Sam. ») m’est apparue comme illogique. Il se peut tout même que je n’aie pas saisi toutes les subtilités de cet échange. Je laisse la chance au coureur. Le déclin du Gondor : L’inclusion de l’explication de la mort de Boromir à Denethor par Pippin m’a paru primordiale. C’était bienvenu. De même que la sortie outragée de Gandalf, l’explication du déclin du Gondor et celle du ciel se couvrant par l’action de Sauron pour favoriser l’attaque de ses orques. La statue couronnée : Quel symbole d’espoir et d’anticipation que cette couronne de fleurs brièvement éclairée par le soleil sur la tête de la statue décapité d’un roi du Gondor ! À mon avis, c’est cette seule vision qui rend intéressante l’insertion de cette scène. Autrement, avec Sam qui voudrait encore consommer convenablement et Frodon qui se décourage à nouveau, on sombre dans la redondance. Le calme avant la tempête : Face aux préparatifs invisibles mais devinés des armées du Mordor, Gandalf prend une dimension humaine en s’étouffant avec la fumée de sa pipe, tout en se moquant du pauvre Pippin qui s’est fait prendre à son jeu d’allégeance : savoureux ! Plus de sournois : L’avertissement de Sam à Gollum dans les escaliers apporte également une dimension supplémentaire. Si on peut s’interroger sur l’emploi du « tu » intimidant qui cadre mal avec le vouvoiement habituel de leurs rapports, même les plus orageux, on devine le germe de la machination de Sméagol avec le pain elfique. Sam dit qu’il l’aura à l’œil, alors il va tout simplement s’en débarrasser. Insert très utile. La prise d’Osgiliath : Le prélude au débarquement des orques à Osgiliath ne m’a pas semblé faible, comme plus plusieurs, loin de là ! On sent davantage que les Gondoriens s’y trouvent en grand nombre, prêts à faire face à la musique. Ils manquent juste d’effectifs pour endiguer la vague. Rien à en redire. L’écuyer du Rohan : Merry qui offre ses services à Theoden… Pas mal ! L’expression de joie enfantine du hobbit lorsque le roi les accepte est touchante. Le petit ajout de cet échange entre Legolas et Gimli, lorsque ce dernier dit qu’il aurait préféré une bande de nains crasseux aux cavaliers du Rohan et que le prince lui répond que la guerre viendra probablement à eux, est excellent. Cette petite allusion aux Appendices m’a charmé. Et que dire du pauvre Merry essayant vainement de faire avancer son poney ? Bref mais attendrissant. Le bon fils : Faramir avouant qu’il a laissé partir l’anneau à son père… Franchement troublant. Furieux, Denethor lui martèle que Boromir lui aurait rapporté ce précieux cadeau, qu’il ne l’aurait pas laissé entre les mains d'un semi-homme sans intelligence. Puis il sombre dans le délire d’une vision de son fils préféré. Cette scène évoque à elle seule la folie qui s’est emparée de l’intendant et l’insoutenable chagrin qui a terminé de l’y plonger. J’ai beaucoup aimé. Faramir et Pippin : Ma première observation de l’échange entre Faramir et Pippin m’avait peu convaincu. Le hobbit déchante encore d’avoir été pris au mot par Denethor et rencontre Faramir qui lui avoue que son uniforme était celui de son enfance. Bientôt, il enchaîne sur le fait que Boromir était le véritable soldat, têtu et fort comme son père. Pippin essaie de lui remonter le moral en lui assurant que Denethor l’aimera un jour pour ce qu’il est… Bof ! Au début, je trouvais que ce rajout était plutôt digne d’une série télévisée, ni très bon, ni très mauvais, dixit ordinaire. Mon opinion n’a guère changé, si ce n’est que je considère tout de même que c’est une bonne introduction pour ce qui suit, avec Denethor qui commande à son fils peu estimé de reprendre Osgiliath. Le sacrifice de Faramir : La petite extension à l’explication de son geste à Gandalf, alors qu’il chevauche avec ses hommes vers la porte de la ville, n’est pas mal non plus : « C’est la cité des hommes de Númenor. J’offrirais ma vie avec joie pour défendre sa beauté, sa mémoire, sa sagesse. » Pas pour les hobbits : Eomer qui déclare à sa sœur que la guerre est le domaine des hommes, après qu’elle lui eut réclamé la raison pour laquelle le semi-homme ne pourrait par aller à la guerre. C’est surtout un préambule pour amplifier la force du désormais célèbre : « Je ne suis pas un homme » qui viendra plus tard. Une scène nettement pas indispensable, mais l’explication passionnée d’Eomer lui confère de la valeur. L’ombre et la pensée : Aragorn qui essaie de consoler Eowyn, après lui avoir asséné le coup de grâce moral, le rend un peu plus humain. Je l’avais trouvé un peu indifférent à sa douleur dans la version ciné. Le Chemin des Morts : Dès le commencement, il a été agrémenté d’une prophétie récitée par l’elfe à propos d’un homme du nord que la nécessité pousserait à venir en cet endroit. Sa description poétique des vaporeuses écharpes spirituelles, une fois à l’intérieur de la caverne, est assez adroite, tout comme les soufflets de Gimli pour les disperser sont hilarants. Par contre, j’avoue ne pas comprendre l’idée derrière l’avalanche de crânes. Qu’est-ce cela signifie, que les esprits étaient attachés à eux et que leur volonté à quitter cet endroit pour tenir leur serment les a libéré en masse de leur gangue de pierre, de leur prison ? Cela me semble l’explication la plus satisfaisante, même si elle est un peu simpliste. Le désespoir d’Aragorn à la sortie, croyant qu’il ne sera pas assisté et apercevant la flotte des corsaires d’Umbar, est vraiment criant. Heureusement, le roi des morts vient lui annoncer que ses hommes et lui combattront. Grond : Pendant que l’armée de Sauron s’avance sous les murs de Minas Tirith et que Faramir revient plus mort que vif à la cité, la petite scène où Gothmog descend de son warg nous permet de mesurer toute la difformité de ses membres et ce qu’elle lui apporte comme difficulté à se déplacer. Intéressant pour comprendre sa poursuite ardue d’Eowyn plus tard. Les ajouts au début du siège sont tous intéressants et ajoutent à l’ambiance. Les archers du Gondor font une hécatombe parmi les orques manipulant le bélier. Il est vrai que la transition entre l’amenée de Grond et les navires des corsaires paraît un peu bizarre, mais je pense que c’est surtout dû au fait que le délai entre les deux scènes est plus long en raison du changement de disque. Autrement, je suis d'avis que l’enchaînement passerait assez bien. Vous n’irez pas plus loin : Comme plusieurs avant moi, je considère qu’Aragorn est très charismatique quand il commande l’arrêt aux mercenaires puis leur présente l’armée des morts, au moment où ceux-ci s’engagent sur le fleuve Pelennor. C’est aussi très drôle de voir Gimli jouer un tour à l’impeccable et infaillible Legolas lorsque sa hache dévie son trait à la dernière seconde. L’identité plus si secrète : Eomer annonçant au roi Theoden que les éclaireurs lui ont rapporté que le premier degré de Minas Tirith était en feu, que les légions ennemies arrivaient de toutes parts, prépare la bataille à venir et l’état d’esprit des guerriers avant d’y participer. Il est dommage de voir Eowyn, au milieu de centaines d’hommes sans son casque, sans être ni reconnue, ni abordée. On peut expliquer la chose en se disant que son statut la place au-dessus des guerriers et qu’elle n’a pas à expliquer sa présence parmi eux. Cela peut fonctionner à condition qu’aucun ne fasse allusion à elle à Eomer, Gamelin ou Theoden. (Ceux à qui le roi a laissé des instructions concernant sa nièce sont restés au campement, après tout. ) C’est assez limite, mais ça peut aller. Quant à Merry, il nous précise sa pensée, à savoir qu’il est là pour ses amis, mais qu’il ne croit pas pouvoir apporter grand chose. C’est simple et efficace. Les très lointains tombeaux : Les ajouts de dialogue à Denethor lorsqu’il sort du palais sont très pertinents. Il affirme que le Gondor est perdu, que c’est sans espoir, et nous voyons, en avant-plan, cette fleur qui fleurit sur l’arbre blanc, signe que le roi est proche. Très lyrique. La vision du pont menant aux tombes, qui est très éloigné de l’avancée ogivale de la terrasse pavée et gazonnée, en plus d’être des étages plus bas, démolit complètement une très belle scène, celle du plongeon de la mort de l’intendant. Même un pompier portant une combinaison ignifuge n’aurait pu supporter un tel trajet. Ou Denethor ne sent plus la douleur ou c’est un surhomme, ou encore il est doué pour la téléportation. C’est triste que Peter Jackson n’ait pas réalisé une telle ineptie. La version courte offrait un montage astucieux qui nous laissait croire que les tombeaux se trouvaient tout proches. Il certain que cet ajout nous permet d’admirer encore plus l’étendue de la cité, mais pourquoi nous offrir ce non-sens dans la version longue ? Enfin, il reste encore quelques bonnes scènes. Continuons.Gandalf contre le Roi-Sorcier : Je ne trouve pas cette inclusion mauvaise ou trop précipitée comme d’autres. La scène débute avec Gandalf et Pippin traversant tout un tunnel avant de tomber face-à-face avec leur adversaire. C’est minimal mais opérant pour imager une certaine longueur de périple. Plusieurs se sont interrogés à savoir pourquoi le Magicien Blanc tombait si vite. Je me risque à donner mon explication. Premièrement, quand le seigneur des nazguls affirme que son heure est venue, cela sous-entend qu’il s’est préparé longtemps à ce combat et qu’il savait manifestement à qui il avait affaire. Deuxièmement, je crois que Gandalf est trop préoccupé par le destin de Faramir pour avoir toute sa tête pour ce duel. Donc, cette défaite rapide, au vu des circonstances, est parfaitement plausible. Qui plus est, elle ajoute un crescendo de désespoir et on comprend mieux l’absence du bâton de Gandalf lorsqu’il entre dans la crypte. Mettez le feu à nos chairs : Le discours inséré d’inéluctable défaite de Denethor, de découragement absolu, donne froid dans le dos, alors qu’il se tient sur le bûcher avec son fils. Quant à sa course éperdue pour tomber à l’endroit le plus spectaculaire de la cité, j’ai déjà exprimé mon opinion. Zappons et passons à la suite. La charge des dresseurs de chevaux : Au cœur de la mêlée, on voit Eowyn venir en aide à son oncle qui allait sournoisement se faire surprendre par des orques. Il réalise déjà qu’on vient de lui sauver la vie et saura s’en souvenir lors de son agonie, quand il réalisera qui était son bienfaiteur. La dame protectrice du Rohan gagne sa joute contre le vilain général orque en le blessant à la jambe, tandis que Merry montre qu’il est bon guerrier et qu’il sait utiliser sa petite taille. J’adore ! Après la vaporisation du Roi-Sorcier, l'horrible général prend sa revanche et poursuit une Eowyn déjà aux prises avec les effets du gaz. J’ai trouvé cette scène terrifiante en raison de la lenteur des deux protagonistes, l’une rampant, l’autre se traînant péniblement sur ses membres inférieurs blessés et difformes. On aperçoit la mort progresser à petit feu vers la jeune femme. Fort heureusement, dans sa fauche systématique des suppôts de Sauron, avec Gimli et Legolas, Aragorn tue le général. Les recherches sur le champ de bataille : La découverte de la cape elfique de Merry par Pippin apporte une atmosphère d’inquiétude et de questionnement. Le petit écuyer du Rohan est-il tombé ? La scène de retrouvaille qui aura lieu au peu plus tard prend plus d’ampleur, parce qu’on a l’impression d’une longue investigation autant obstinée que désespérée. Surtout que Pippin paraît désormais seul sur le champ de bataille. Quant à la découverte de sa sœur par Eomer, la douleur exprimée est déchirante. Si j’avais ignoré la suite, je l’aurais sûrement cru morte, et ce n’est pas la mine grave de Gandalf qui aurait diminué cette croyance. Les maisons de guérison : Aragorn me semble attentif, dévoué à sa « patiente », alors qu’Eomer semble mourir d’inquiétude. La voix cristalline de Liv Tyler créée une ambiance de pureté, de rêve, de féminité et de sentiments tendres tout à la fois. Les regards que s’échangent la belle convalescente et le capitaine du Gondor laissent planer beaucoup de non-dits et de sentiments en latence. Cette insertion aurait suffi largement à expliquer leur présence en couple au couronnement sans être appuyée par celle de la pluie de printemps. Très beau, très fort. Je regrette son absence sur la version courte. Un cadeau pour l’œil : La petite inclusion du départ discret de l’Uruk-Haï avec la « chemise scintillante », lors de l’arrivée de Sam à la forteresse, après la tuerie fratricide, nous démontre comment elle s’est retrouvée entre les mains de Sauron. Petit détail bien utile. Aragorn défie Sauron : Le futur roi rassemble son courage avant de se saisir du Palantir. Avec beaucoup de force de caractère, il brave son ennemi, lui affirme qu’il est l’héritier des rois de jadis et lui montre qu’il ne le craint pas. Celui qui fut le bras droit de l’immonde Morgoth réagit en lui montrant Arwen mourante. Subjugué, dépassé, Aragorn lâche la pierre de vision en titubant et, conformément à son rêve, échappe le bijou de sa belle, qui se fracasse sur le carrelage. Très symbolique que tout cela. Sauron a peur et il tente de faire perdre contenance à son adversaire. Le futur roi se voit confirmer l’agonie de son amour de toujours et cela le renforce dans sa volonté d’affronter ennemi et de l’abattre. Très belle scène préparatoire. Brillant ! Faramir et Eowyn dans le matin glacé : Esthétiquement magnifique, mais un peu restreint au niveau du dialogue. La seule motivation est de montrer que les deux tourtereaux sont passés des prémisses à la confirmation de leur affection mutuelle. Ni bon, ni mauvais. Ni absolument nécessaire, par rapport à la très parlante scène des maisons de guérison. Sam et Frodon enrôlés de force : Nos deux héros sont surpris par une colonne d’orques. Leur officier les croit pour des déserteurs et les fait entrer dans les rangs à coups de fouet, leur rappelant que ce n’est pas le temps de fainéanter, que c’est la guerre. La marche des orques se superpose à celle des armées coalisées du Gondor et du Rohan. Intéressante comparaison qui met la table pour la bataille finale. Seulement, en cours de route, le régiment des vilaines créatures s’arrête pour une inspection au moment où Frodon, épuisé par le poids de l’anneau, n’en peut plus de supporter son attirail martial. Il s’écroule et demande de l’aide à Sam qui le supplie de rester debout. L’officier en chef les remarque et se dirige vers eux en beuglant. Le neveu de Bilbon propose alors à son jardinier paniqué de le frapper pour déclencher une bagarre. Il s’exécute et le colonel réclame que cet esclandre cesse. Pendant que tous ses soldats le regardent, les deux fugitifs se faufilent sous le couvert d'une tente et prennent ensuite la poudre d’escampette vers la Montagne du Destin. On se demande comment personne ne peut les avoir dénoncé ou apparemment aperçus, ne serait-ce que du coin de l’œil, et ça enlève un peu de crédibilité à cette scène qui n’apporte pas grand chose, finalement. La beauté du ciel. Frodon se plaint à Sam qu’il ne peut plus porter l’anneau. Celui-ci lui réplique qu’ils iront dans la direction du volcan et qu’ils devraient se décharger de ce qui les alourdis. Dans la séquence suivante, une fois les armures et le surplus de voyage évacués, nous les retrouvons assis contre un amas de pierres. Sam voit alors une étoile au creux d’une trouée dans les nuages. Il la désigne à son maître, mais ce dernier a perdu connaissance. Très belle vision d’espoir au milieu de ce pays de cendre et de feu. La Bouche de Sauron : Avec sa dentition dégoûtante, ses tics et ses sourires carnassiers, l’émissaire aveugle du Grand Œeil s’avance sur son cheval devant les représentants de la communauté. Il s’enquiert de la personne habilitée à traiter avec lui. Gandalf lui dit qu’ils sont venus exiger le départ de son supérieur du Mordor et non pour négocier avec lui. Le messager réplique en leur montrant la cotte de mithril enlevée à Frodon et se montre à l’affût de toute réaction émotive. Les gémissements de Merry et Pippin lui indiquent la voie à suivre. Il tourne le couteau dans la plaie en prétendant que le semi-homme a supporté mille tourments pendant longtemps, à son grand étonnement, soulevant l’indignation et entraînant la désillusion de ses interlocuteurs. Plus arrogant et viscéral encore, il se moque d’Aragorn qui lui tranche la tête sans cérémonie, puis s’écrie qu’il ne croit pas à ses dires. BRAVO ! Je ne comprends pas la déception de plusieurs. Les messagers ont souvent été tués dans les guerres du passé, d’autant plus s’ils se montraient haïssables et outrageants comme la Bouche. Définitivement l’une de mes scènes préférées. De plus, elle a le crédit de donner un aspect désespéré, fatidique, à la bataille qui suit, qui prend alors la forme d’un suicide collectif. Vous aviez promis : Ce petit bout de dialogue supplémentaire, lorsque Frodon se fait étrangler par Gollum peut paraître légitime du point de vue du personnage principal. Il rappelle à la créature son serment et celle-ci lui rit au nez en disant qu’elle a menti. Par contre, du côté du spectateur, on répète ce qu’on a déjà compris depuis les événements précédents sa chute dans le gouffre, près de l’antre d’Arachnée. Donc, une scène ajoutée du Mordor qui aurait pu rester dans les archives de Peter Jackson, selon moi.En définitive, il y a dans cette version longue des ajouts magistraux et d’autres qui en sont totalement indignes. Ce qui m’amène malheureusement à conclure que le meilleur film a eu la pire version longue, alors que le moins bien réussi, les Deux Tours, a bénéficié de la meilleure version longue. Alors, si j’en ai les moyens, je n’hésiterai pas à me faire mon propre montage pour me donner satisfaction.En terminant, je déplore les nombreuses portes laissées ouvertes dans le film, notamment au niveau des combats. Les nazguls disparaissent subitement lors de la bataille du champ du Pelennor, ne laissant place qu’à leur chef. Où sont-ils passés ? Les tours de sièges se volatilisent aussi, sans qu’on sache comment ni pourquoi. Quant à l’apparition surprise des aigles, sont-ils venus de leur propre chef ou ont-il été appelés par Gandalf (ce qu’on suppose mais qu’on ne peut affirmer) ? En tout cas, cela met un terme à une merveilleuse aventure. Même s’il semble avoir un peu bâclé cette version longue et s’être laissé séduire par des impératifs financiers pour mettre assez de matériel pour la justifier sa mise en marché, je remercie tout de même Peter Jackson pour cette merveilleuse trilogie. Dans l’ensemble nous lui devons des éloges pour avoir relevé si brillamment ce défi de titan. Il a toute mon admiration.