Les Misérables aussi. Bon, avec toutes les critiques négatives que j'avais entendue (de la part de la presse ou de spectateurs), je m'attendais au pire, et le pire n'est pas arrivé à mon avis, mais ce n'est clairement pas génial. Je précise que je n'ai pas lu le livre ni vu d'autres adaptations (sauf si on compte les
Miséroïdes 
), donc je ne jugerais pas du travail d'adaptation, surtout que là c'est une adaptation d'adaptation. Je connais les grandes lignes de l'histoire et certaines relations entre les personnages à peine ou pas du tout évoquées dans le film (comme Gavroche par rapport aux Thénardiers) et c'est tout.Je ne connaissais pas du tout la musique, à part un bout de
I dreamed a dream par Susan Boyle, du coup, j'avais peur que les chansons me déplaisent ce qui sur 2h30 auraient été dur à supporter.Ça commence sous les meilleurs auspices avec un plan magnifique sur un navire magnifique, le chœur des bagnards m'a tout de suite assurée que je pourrais au moins compter un air potable à la BO. Puis, Russell Crowe ouvre la bouche, et ça se gâte. J'ai entendu pis que pendre de sa prestation, notamment vocale, et en fait, ce n'est pas vraiment le problème. Il ne chante pas comme une casserole, sans être génial. mais le film tombe sur l'écueil des opéra et de certaines comédies musicales filmés: pas de problème dans les grands airs, les chœurs, les duos, trios... Mais quand il s'agit de simples dialogues chantés, beugler alors qu'il n'est pas nécessaire, contrairement à la scène, de balancer tout son souffle, quand son interlocuteur est à deux pas et que le public bénéficie d'une salle normalement sonorisée, c'est tout de suite ridicule, pas aidé par le dialogue en question "attention, je m'appelle Javert!". Et à partir de là, quasiment toutes ses entrées et sorties sont sur ce mode: les personnages disent "attention, voilà Javert!", ou lui, "coucou, me revoilà, c'est moi Javert!", ce qui devient vite un running gag et donne l'impression qu'il n'y a qu'un flic en France, qu'il s'appelle Javert, et que tout le monde le connait (ce qui compromet d'office sa mission d'infiltration). Lors de son grand air avec vue sur Notre-Dame, le réalisateur part sur la fin en plan large et donne l'impression que le pauvre Crowe hurle à la lune, et quand il tire sa révérence, alors qu'on s'attend à un plouf ça fait chboing, bref, il n'est vraiment pas à la fête et quand la menace qui pèse sur les héros est impossible à prendre au sérieux, tout de suite, ça fait perdre pas mal de tension. Mais Russell Crowe n'est pas le seul coupable et Tom Hooper est quand même en grande partie responsable de ce qui cloche, et ça me navre de le dire parce que j'ai beaucoup aimé
Le Discours d'un roi. J'ai parlé de la scène d'ouverture plus haut. Elle est réussie parce qu'elle met les décors en valeur et a une sacré ampleur. Et dès que Hooper se donne la peine de mettre les décors à l'honneur, comme l'arrivée à Paris, le début de l'insurrection ou même la toute fin certes tire-larmes mais efficace des morts chantant sur les barricades, ça pète bien, aidé en cela par la musique. Malheureusement, 99% du temps, il filme ses acteurs en gros plan, c'est statique, et quand Anne Hattaway sur
I dreamed a dream ou Eddie Redmayne sur
Empty chairs at empty tables sortent leurs tripes, ça fonctionne grâce à leur investissement, le reste du temps, c'est très plat. On peut faire exception pour
Master of the House bien fun (même si Sacha Baron Cohen et Helena Bonham-Carter ont toujours l'air de se croire chez Tim Burton et faire des Thénardiers de simples éléments comiques, c'est assez léger). C'est ce manque d'idées et d'ampleurs malgré les moyens qui tirent finalement le film vers le bas (en plus d'être assez saccadé dans sa première partie avant de tirer en longueur vers la conclusion avant que Hugh Jackman ne meure d'une conjonctivite), ce qui est dommage car il y a pas mal d'airs accrocheurs en plus de ceux que j'ai cité (le hic c'est qu'aucun des airs de Valjean ne m'a plu alors que c'est un peu le personnage central et que Jackman sait chanter), comme
Castle on a cloud ou
Do you hear the people sing?, le casting tient plutôt bien la route (quoique Amanda Seyfried, je ne peux pas l'imaginer en jeune ingénue). Mais bon, quand Enjolras ou un de ses copains (notons au passage que les insurgés sont très photogéniques, quand même!) balance qu'ils sont la dernière barricade eh bien... on se dit surtout qu'à aucun moment on avait l'impression qu'il y en avait d'autres. Alors d'accord, le soulèvement de juin 32, ce n'est ni la Révolution française, ni les Trois Glorieuses, mais quelques chaises entassées dans une ruelle dont on ne voit pas en quoi elle est un point stratégique, ça fait peu pour un film qui pouvait se permettre davantage. Voilà, c'est bien dommage, même si on est quand même loin de la purge (sauf que maintenant, dès qu'on me dit "Javert", je suis prise de rires convulsifs). Cela dit, malgré tout les réserves que j'ai sur le film, il y a quelques chansons que je me passe en boucle depuis quelques jours. Même les deux grands airs de Javert, en écoute seule, fonctionnent plutôt bien. Donc bon, à la limite, investir dans le double cd deluxe qui va sortir en mars vaut peut-être davantage le coup que voir le film.
Le petit point comique : tous ses américains criant "Vive la France" (en français dans le texte)... enfin moi en tout cas ça m'a fait sourire
En fait, la plupart des acteurs sont britanniques ou de pays du Commanwealth

. Cela dit, c'est vrai que le
musical est très populaire aux USA, même si on y agite force de drapeaux français et de drapeaux rouges (mais bon, peut-être que le fait que ceux qui agitent lesdits drapeaux meurent quasiment tous fait passer la pilule

...)