Henri Loevenbruck et Pierre Bottero ont fait de gros succès et sont traduits à l'étranger. Mais il s'agit de littérature jeunesse.Il y a plusieurs choses à dire sur le sujet.D'abord quand on pense "traduction", on pense tout de suite "anglais" et "Etats-Unis", or il faut savoir que les Américains lisent extrêmement peu d'oeuvres traduites, qu'elles viennent du Français ou d'autres langues. Ils lisent américain. Les "traductions" dont on parle, quand on dit "il a été traduit dans quinze langues", ce sont généralement l'Allemand, l'Italien et d'autres langues de l'Union européenne...Ensuite, pour avoir eu la chance de discuter un peu avec Stéphane Marsan, j'ai eu son point de vue sur la question.Pour lui la fantasy en France étant apparue avec retard par rapport au marché anglo-saxon, elle a bénéficié de quinze ans de "vaches grasses", c'est à dire de progression constante des ventes. Pendant ces quinze ans, aucun des auteurs français émergeant n'a su devenir "fiable" (ce n'est pas le mot qu'il a employé, mais c'est l'idée) c'est à dire possédant ces deux caractéristiques :-capables d'écrire un roman par an-capables d'écrire "dans le même genre" pour ne pas destabiliser son lectoratAujourd'hui, les années de "vaches grasses" sont terminées, la fantasy est mise en difficulté par la bit'lit, qui lui prend du linéaire et du lectorat, et on se retrouve sans locomotive francophone pour faire avancer la machine "fantasy" (vous pouvez toujours en chercher, vous n'en trouverez aucun du rang de Robin Hobb ou RR Martin).Il ne faut pas se leurrer : on ne traduit que les gros succès de librairie. Donc en l'absence de Français dans cette catégorie, pas de traduction.Autre élément de réponse : le marché français étant en retard sur le marché anglo-saxon, les éditeurs se sont tout naturellement tournés vers les traductions. Or, elles n'étaient pas chères au début, étant donné que les livres dataient déjà de dix ou quinze ans et qu'il y avait peu d'acteurs sur le marché français.Pourquoi passer un temps fou à dénicher des auteurs français (interminable sélection des manuscrits, longues corrections, couacs possible comme l'auteur qui change de genre, qui n'écrit plus ou qui ne finit pas sa triolgie - et je parle de choses qui sont réellement arrivées) alors qu'il y avait des dizaines de séries déjà achevées de l'autre côté de l'Atlantique et disponibles pour une bouchée de pain ?Aujourd'hui, c'est différent. Il y a Bragelonne, Orbit, Denoël, Pygmalion, l'Atalante ou Mnémos sur le marché, le stock de "vieux romans" a diminué, le public a muri et se retrouve à réclamer les nouveautés américaines de l'année en cours, nouveautés qui se font rare à cause de l'émergence de la bit'lit. Et voilà donc que... le prix des droits grimpe !Selon toute vraisemblance, nous verrons donc apparaître de nouveaux auteurs français de fantasy dans les années à venir. Pas énormément, mais un peu plus.Et si certains d'entre eux sont assez doués et assez "fiables", il y a fort à parier qu'ils seront traduits. Rendez-vous dans 10 ans pour en juger ?
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