Le 1er omnibus des
Fantômes de Gaunt avec 850 pages bien tassées pour 23 € était trop tentant pour ne pas se lancer.Je n’en attendais pas réellement grand-chose, et je ressors agréablement surpris des 3 premiers tomes.
Les spécificités mises à part de l’univers franchisé, presque débarrassé de ses excentricités : - pour parler SF, c’est quelque part entre
Le Dragon Déchu (Hamilton) et
Le Dragon ne dort jamais (Glen Cook) - pour parler récits de guerre, c’est quelque part entre
les Sentiers de la Gloire et
StalingradLe héros éponyme Ibram Gaunt, c’est un Kirk Douglas testostéroné qui aurait revêtu l’attirail du Judge Dredd :- pour aller commander et motiver ses troupes un bolter dans une main, une épée-tronçonneuse dans une autre- pour aller dire leurs 4 vérités aux généraux pourris et pour aller saboter leurs intrigues si bien ourdies sur le dos de la chair à canon (parfois avec le bolter ou l’épée-tronçonneuse à la main)A la vision
des Sentiers de la Gloire (très longtemps interdit de diffusion en France) j’avais été dégoûté par les hiérarques militaires, gérant les ressources humaines pour obtenir les résultats qui servaient au mieux leurs intérêts, quittes à faire bombarder leurs propres troupes ou à leur tirer dans le dos… et surtout incapables de comprendre où est le mal dans tout cela, incapable d’imaginer que quelqu’un puisse y trouver à redire. Les masses anonymes étaient là pour obéir et mourir, pas pour penser et rechigner à la tâche.On avait une forte envie de lui décrocher une bonne droite dans la tronche. Mais l’officier humaniste devait se contenter de serrer les poings et de grincer des dents pour éviter le peloton d’exécution. Ibram Gaunt, lui ne se gêne pas !
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(je me suis permis de digresser car l’auteur se paye le luxe de reprendre certaines scènes du film telles quelles : cela fait du bien de voir de saines références et un brin d’esprit subversif chez un auteur de divertissement)
Gaunt est un meneur ! :)En couvant ses ouailles qui sont tout sauf des enfants de chœur, il n’est pas très loin d’un Toubib.Les Fantômes sont de vaillants guerriers de l'Empereur ! :)De véritables durs à cuire, mais leurs magouilles, leurs combines, leurs fragilités les rendent rapidement attachant et font indubitablement penser aux membres de
la Compagnie Noire. On retient vite leur nom : un signe qui ne trompe pas !Une narration rythmée, un style fluide : c’est intense et agréable à lire, surtout une franchise destinée au public adolescent...Du Glen Cook light en quelque sorte !
![Clin d’œil ;)](./images/smilies/wink.png)
Concernant
Premier et Unique, :)Des tranchées de Fortis Binary aux entailles de Menazoïd Epsilon, une intéressante course vers l’arme absolue qui est la résultante d’un intrique entre les califes et ceux qui veulent être califes à la place des califes au pouvoir. 2 guerres s’entremêlent : guerre officielle où les soldats font ce qu’ils peuvent pour ne pas crever inutilement, et guerre officieuse entre services de renseignements.
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J’ai apprécié la manière dont le suspens est maintenu sur l’identité du pion de l’Inquisiteur félon : du grand art !
J’ai apprécié l’usage parcimonieux des flash-back, loin du lourd effet de mode à la
Lost, qui mène à une conclusion astucieuse.
Concernant
Les Fantômes, c’est clairement en dessous. :mellow:Non que la qualité ou l’intérêt ait baissé, mais il s’agit d’un recueil de nouvelles qui n’est pas présenté ni conçu comme tel.On en apprend un peu plus sur les principaux membres de la troupe, mais on pas le temps de s’installer dans le récit ou de s’attacher aux protagonistes qu’il faut déménager sur une autre planète, combattre sur un autre front… de bons passages cependant
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- Les Sentiers de la Gloire encore avec un tir ami sur Voltemand qui abouti à un massacre inutile censé servir les intérêts d’un énième hiérarque carriériste- le duel entre un sniper et un dreadnought aveugle dans une combe à la flore mortelle- la crise psychotique du tireur d’élite Larkin le Dingue sur Bucephalon- l’oasis hydroponique de l’enfer et le convoi à la Mad Max 2 sur Caligula- Ibram et Rawne poursuivi par une waaagh ork sur un océan gelé- le débarquement raté sur une île fortifiée et le chef ennemi qui préfère suicider ses troupes plutôt que de perdre la faceComme le disait le Docteur Who : « je ne tue pas mes adversaires, je suis devenu suffisamment malin pour les inciter à se tuer eux-mêmes »
Du coup l’histoire principale est trop vite expédiée : c’est dommage car l’Inquisitrice Lilith aurait gagnée à être mieux connue !
Concernant
Nécropolis, j’ai vraiment bien aimé ! :)La cité-ruche Verghast et ses 40 millions d’habitants présentent les pires aspects du capitalisme et du communisme !- Tandis que les maisons nobles s’extasient sur leurs merveilleux profits comme Bernard Blier devant ses lingots d’or dans
Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages, les camarades travailleurs de la fonderie n°1 du secteur 287/fd (atchtung pifomètre là) se tuent à tâche pour obtenir des rations de niveau 3.- Tandis que le commissaire politique Kowle fait son numéro de cirque, les citoyens sont envoyés au front uniquement pour y tomber.- Tandis que les survivants des quartiers extérieurs abandonnés à leur sort font preuve d’un héroïsme aussi anonyme que désespéré, les dirigeants se réfugient derrière des traditions qui ne sont là que leur servir de brosse à reluire. - Tandis que la cité est au bord de l’anéantissement, les profiteurs de guerre continuent leur sordide business !Les vagues d’assaut d’une innombrables armée de fanatiques lobotomisés se succèdent les unes après les autres sur fond d’intrigues multiples entre militaires et civils, entre maisons nobles, entre gradés de différents corps d’armées (la Garde Impériale essayant de ménager la chèvre et le chou avec les forces de défenses planétaires), et entre 2 commissaires sévèrement burnés aussi…Il flotte un comme un parfum de
Dune tant je me suis remémoré l’affrontement Atréides/Hakonnens pour le contrôle d’Arrakeen (le Neveu Sondar est aussi barré que l’Oncle Vladimir, et le passage du jardin cybernétique rappelle celui du jardin domestique caché).Une histoire bien trop courte malgré l’intensité et la densité des événements qui s’y déroulent. :(Au bout de 3 tomes on arrive à repérer quelques ficelles qui pourraient s’avérer gênantes à la longue :- des récurrences dans les situations (mais j’aime bien quand la justice humaine ou divine s’abat sur les crevards carriéristes)- une récurrence de dialogues théâtraux (mais j’aime bien ces répliques des classiques des films de guerre d’antan, et la relation Gaunt / Merity m’a rappelé au bon souvenir d’Humphrey Bogart et Ingrid Bergman dans
Casablanca)- des récurrences dans les dénouements : ce sont des coups d’éclat héroïques qui mettent fin trop rapidement aux événementsL’auteur a pris le parti de ne pas écrire de long romans : on n’a pas trop le temps de s’étendre sur les complots/intrigues, pourtant bien présents, de décrire les mondes dans lesquels évoluent les personnages (l’ambiance et l’immersion s’en retrouvent amoindris et c’est fort dommage), et les intrigues secondaires se voient réduire au rôle d’interlude tragiques (là aussi c’est dommage).C’est foutrement rythmé et dynamique, mais aussi politique et réfléchi.Si toute la bibliographie du prolifique auteur est du même tonneau, j’en ai pour des années de lectures ! C’est cool !!!
![Sourire :)](./images/smilies/smile.png)
On me dit à l’oreille qu'on se serait inspiré de la série
Sharpe (de Bernard Cornwell, auteur spécialiste des guerres napoléoniennes et des guerres mondiales (les millions de morts de l’épopée napoléonienne ne constituent-ils pas la 1ère guerre totale ?)).
PS: je n'oublie pas les précédents intervenants, je vous dis à bientôt ! ![Clin d’œil ;)](./images/smilies/wink.png)