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Le 1er janvier 2044, en principe, Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit vont tomber dans le domaine public. A compter de cette date, tout un chacun pourra donc diffuser ces œuvres sans payer de droits d'auteurs (les marques déposées sont un autre problème). Les personnages et autres éléments constitutifs de l’œuvre seront aussi à la disposition du domaine public.Que devra-t-il se passer à ce moment-là selon vous?- Les textes doivent être diffusés tels quels, on ne touche pas à Tolkien.- D'autres écrivains devraient utiliser les personnages et imaginer le prolongement de leurs aventures.- D'autres écrivains devraient utiliser l'univers des Terres du Milieu pour y situer des œuvres dérivées.- Autre chose?Et vous, que feriez-vous si on vous suggérait de prolonger l'univers de Tolkien?

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Il y aura toujours le droit moral qui protège l’œuvre ad vitam eternam si les ayants-droits en font usage, pour éviter les dérives des trois types que tu décris.

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Moi j'aimerais bien que d'autre auteurs (romans, BD, films, series, autre) créent leurs propres œuvres dans l'univers de Tolkien mais si on pouvais éviter d'avoir le prequel d'Aragorn ou l'enfance de Gimli a l'ecole des nains, je serai heureux

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Je connais un peu le droit moral en France mais quand est il à l'étranger? L'idéal serait clairement pour moi d'éviter les cas de figure développés par Mangesonge.

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Mangesonge a écrit :Que devra-t-il se passer à ce moment-là selon vous?- Les textes doivent être diffusés tels quels, on ne touche pas à Tolkien.- D'autres écrivains devraient utiliser les personnages et imaginer le prolongement de leurs aventures.- D'autres écrivains devraient utiliser l'univers des Terres du Milieu pour y situer des œuvres dérivées.- Autre chose?Et vous, que feriez-vous si on vous suggérait de prolonger l'univers de Tolkien?
Il n'est pas besoin d'attendre si longtemps pour avoir une idée de ce qui pourrait se passer, nous savons que d'autres media (films, jeux videos...) ont déjà 1° imaginé des aventures "entre les lignes et dans les blancs du texte" 2° installé de nouveaux personnages/lieux dans l'univers connu3° proposé une réécriture de l'histoire/faits/concepts/personnages.Alors, ce qui devrait être fait pour les livres, mon avis est que c'est comme Victor Hugo ou Mozart : au-delà de ce qui est légal, il faut reconnaître la part du créateur et les "revisiteurs".

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Une fois le livre publié, il fait sa vie et c'est au lecteur de se l'approprier, de le revisiter ou que sais-je encore. Cela n'enlève rien à l'oeuvre originale et cela peut ne rien donner, c'est même souvent le cas, mais ça peut aussi donner des œuvres sinon géniales au moins intéressantes.

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Penumbra a écrit :Moi j'aimerais bien que d'autre auteurs (romans, BD, films, series, autre) créent leurs propres œuvres dans l'univers de Tolkien mais si on pouvais éviter d'avoir le prequel d'Aragorn ou l'enfance de Gimli a l'ecole des nains, je serai heureux
C'est bien ce que tu risques d'avoir pourtant si tu laisses d'autres auteurs s'en emparer. ;)

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Druss a écrit :Il y aura toujours le droit moral qui protège l’œuvre ad vitam eternam si les ayants-droits en font usage, pour éviter les dérives des trois types que tu décris.
A ma connaissance, il s'agit d'une particularité française. Quoi qu'il en soit, j'estime que le domaine public est un aspect absolument essentiel de la production intellectuelle et artistique, et la durée de protection actuelle est bien assez longue pour protéger les auteurs. Pas envie de vivre dans un monde où on serait encore en train de verser des droits aux descendants d'Emile Zola et de Mark Twain.
Sylvadoc a écrit :Une fois le livre publié, il fait sa vie et c'est au lecteur de se l'approprier, de le revisiter ou que sais-je encore. Cela n'enlève rien à l'oeuvre originale et cela peut ne rien donner, c'est même souvent le cas, mais ça peut aussi donner des œuvres sinon géniales au moins intéressantes.
En plus, il faut prendre la mesure de l'impact très limité de ces reprises. Qui se souvient que les Misérables ont connu une suite, sortie il y a à peine quinze ans, qui a fait grand bruit à sa sortie, mais s'est aujourd'hui volatilisée des mémoires et ne ternit absolument pas l'oeuvre originale. Si "La Jeunesse d'Aragorn" ou "Le retour de Sauron" sortait, ils connaîtraient sans doute le même sort.

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Mangesonge a écrit :
Druss a écrit :Il y aura toujours le droit moral qui protège l’œuvre ad vitam eternam si les ayants-droits en font usage, pour éviter les dérives des trois types que tu décris.
A ma connaissance, il s'agit d'une particularité française. Quoi qu'il en soit, j'estime que le domaine public est un aspect absolument essentiel de la production intellectuelle et artistique, et la durée de protection actuelle est bien assez longue pour protéger les auteurs. Pas envie de vivre dans un monde où on serait encore en train de verser des droits aux descendants d'Emile Zola et de Mark Twain.
Tu mélanges deux choses différentes. Le droit moral n'est pas affaire de sous, mais de respect de l’œuvre : « L'auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son œuvre. » En ce sens, si quelqu'un souhaite publier le SdA tel qu'il est après qu'il sera tombé dans le domaine public, il le pourra pour peu qu'il ne dénature pas l’œuvre, sans avoir à reverser quoique ce soit à quiconque. Dans le cas d'une dénaturation, les ayant-droits auront tout à fait le droit de faire valoir leur droit moral, d'une manière ou d'une autre. Le droit n'étant pas synonyme de devoir le faire de façon automatique.

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Druss a écrit :Tu mélanges deux choses différentes. Le droit moral n'est pas affaire de sous, mais de respect de l’œuvre : « L'auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son œuvre. » En ce sens, si quelqu'un souhaite publier le SdA tel qu'il est après qu'il sera tombé dans le domaine public, il le pourra pour peu qu'il ne dénature pas l’œuvre, sans avoir à reverser quoique ce soit à quiconque. Dans le cas d'une dénaturation, les ayant-droits auront tout à fait le droit de faire valoir leur droit moral, d'une manière ou d'une autre. Le droit n'étant pas synonyme de devoir le faire de façon automatique.
Encore une fois, il s'agit à ma connaissance d'une spécificité française (si j'ai tort n'hésite pas à me le dire, je n'y connais pas grand chose).Alors pour reformuler: je n'ai pas envie de vivre dans un monde où les héritiers d'Arthur Conan Doyle pourraient interdire les utilisations du personnage de Sherlock Holmes par d'autres auteurs, une fois ce personnage tombé dans le domaine public, sous prétexte que cela "dénature l'oeuvre." Après un délai de 70 ans après la mort de l'auteur, il ne devrait selon moi exister aucune limite à ce qu'on peut faire subir à une oeuvre, d'autant plus que l'expérience montre que c'est toujours l'oeuvre originale dont on finit par se souvenir.

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Mangesonge a écrit :Encore une fois, il s'agit à ma connaissance d'une spécificité française (si j'ai tort n'hésite pas à me le dire, je n'y connais pas grand chose).
Non c'est quelque chose qui existe avec plus ou moins de latitude un peu partout dans le monde.
Alors pour reformuler: je n'ai pas envie de vivre dans un monde où les héritiers d'Arthur Conan Doyle pourraient interdire les utilisations du personnage de Sherlock Holmes par d'autres auteurs, une fois ce personnage tombé dans le domaine public, sous prétexte que cela "dénature l'oeuvre." Après un délai de 70 ans après la mort de l'auteur, il ne devrait selon moi exister aucune limite à ce qu'on peut faire subir à une oeuvre, d'autant plus que l'expérience montre que c'est toujours l'oeuvre originale dont on finit par se souvenir.
L'expérience, l'expérience... jusqu'à tant que l'on tombe sur l'exception qui confirmera la règle. Je ne suis pas pour des droits d'auteur illimités non plus, comprends-moi bien. Mais je ne comprendrai jamais qu'on veuille aller plus loin que ce que l'auteur a inventé. Si on souhaite écrire quelque chose, il vaut encore mieux s'en inspirer et chercher son propre sujet que d'essayer d'utiliser quelque chose d'existant et qui est d'autant plus spécifique qu'il s'agit d'un monde entier créé par l'auteur, il y a beaucoup plus de mérite qu'à réutiliser.

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Pas d'accord du tout en ce qui concerne les mérites du domaine public - même Gandalf tire son nom de la Völuspá, après tout - mais il faudrait probablement débattre de tout ça dans un autre cadre.

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Sauf qu'en l'occurrence, la Voluspa est un mythe, donc pas l’œuvre d'un seul homme a priori, mais d'une civilisation. Au regard de la loi, ça n'a absolument pas le même impact.

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On ne connaît pas celui qui a réunit les textes, mais ce sont malgré tout des mythes. C'est le même principe que pour le Kalevala de Lönnrot. Rien ne t'interdit d'utiliser ses textes puisque, hormis le fait qu'ils sont dans le domaine public dans leur forme donnée par Lönnrot, le contenu fait partie du patrimoine culturel mondial. C'est largement différent d'une œuvre d'invention créée dans la tête d'un seul homme.

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Quoi qu'il en soit, je suis ravi que Sherlock Holmes, Dracula, la créature de Frankenstein ou Robin des Bois soient dans le domaine public et qu'ils ne soient pas perpétuellement mis sous scellés par les descendants de leurs créateurs, et j'estime qu'il en va de la responsabilité artistique et sociale d'un auteur que d'aller enrichir le domaine public une fois ses oeuvres parvenues au délai légal.

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Certains auteurs, notamment que cite Mangesonge, Bram Stocker, deviennent quasi-légendaire dans leur apport au domaine :DPour avoir lu beaucoup de fanfics de qualité dans l'univers de Seigneur des Anneaux quand j'étais ado, c'est quelque chose que j'apprécie (je parlerai pas des miennes, c'était catastrophique sur tous les points). Pouvoir creuser des pans de l'univers qui n'ont pas été dévoilés par l'auteur originel par exemple. Lovecraft lui-même avait donné libre court à l'écriture au sein de son univers.Bien entendu, à chaque fois, tout n'est pas du bon, mais il y a de très bonnes et très belles choses. Il y a des personnages du Silmarillion ou du Seigneur des Anneaux que l'on a envie de côtoyer de nouveau ou de manière plus développée, que ce soit Aragorn ou un elfe des légendes. Il y a une richesse de l'univers qui est un terrain fertile pour les années à venir, que ce soit en terme de référence ou "d'exploitation" .

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En littérature, l'exploitation du domaine public est moins visible que dans les images ou dans la musique, où là, on a à notre disposition une matière énorme pour créer de nouvelles œuvres. Et c'est la même chose avec les textes.

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Et que serait Disney sans le domaine public hein ? Je vous demande un peu. Voila des -biiiip- qui s'en sont servis allègrement mais qui au moment de renvoyer l'ascenseur demandent la prolongation des droits d'auteur.... sur le fond je rejoins Mangesonge.

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Ma première réaction à l'évocation d'un préquel sur l'enfance d'Aragorn a été "beurk !", puis je me suis dit que le préquel de Peter Pan par Loisel est une très bonne BD. Réutiliser le monde de Tolkien pourrait donner de bonnes choses. Et d'affreuses bouses probablement aussi, mais n'est ce pas dommage de fermer la porte à de belles oeuvres sous prétexte qu'il pourrait y avoir des bouses qui n'empêcheraient pourtant pas de lire l'oeuvre originale ?J'ai de toute façon beaucoup de mal avec le concept d'"ayant droit" après la mort de l'auteur.