Il y a une certaine forme de vérité, je pense, dans les remarques de Jonathan McCalmont.Après, je ne suis pas d'accord avec les conclusions qu'il en tire.C'est surtout par manque d'ambition, je pense, que la fantasy épique tend toujours vers les poncifs autoritaires.Il n'y a qu'à voire le tout début de la définition Elbakinienne de la High fantasy :
L'histoire, en high fantasy, est traitée avec un certain manichéisme dans sa représentation de la lutte du Bien contre le Mal (bla... bla... bla...)
La High fantasy, c'est le bien d'un côté, le mal de l'autre : la High fantasy c'est manichéen.Partant de là, avec un manichéisme omniprésent, il devient assez compliqué d'échapper à l'autoritarisme sans s'affranchir des poncifs. Or, il se trouve dans le cas de la fantasy épique, que les poncifs sont autoritaires : Tyran, Empereur, Roi, etc.Maintenant, si on s'affranchi de ces poncifs, il est sans doute possible d'échapper à l'autoritarisme. Mais s'agit-il toujours de fantasy épique ?Je prendrait un exemple : le roman "La Horde du Contrevent" d'Alain Damasio.Dans quelle "catégorie" le classeriez vous ?Heroïc Fantasy ? Pas vraiment, puisque selon sa définition sur le site :
L'heroic fantasy propose ainsi des romans d'aventure qui n'a d'autre but que de divertir son lecteur.High Fantasy ? Pas vraiment non plus, car même si on a droit à une lutte d'une sorte de bien (la Horde) contre une sorte de mal (ceux qui on lu comprendront), le reste de la définition ne colle pas : féérie, civilisations non-humaines, dynasties.Fantasy mythique ? Oui dans le sens ou c'est l'athmosphère qui berce le lecteur, et non car on n'a pas vraiment ici la variation sur un conte, une légende ou un mythe.Fantasy burlesque ? assurément non.Dark fantasy ? Pas vraiment non plus.etc.Difficile de la classer, ce roman, comme le dit d'ailleurs Luigi dans sa critique.Regardons du côté des valeurs véhiculées par le livre, maintenant.Je pense pouvoir sans trop me tromper affirmer que la Horde est tout sauf un roman "conservateur", tant dans la forme (ce qui est évident) que dans le fond (ce qui est là, moins évident).Sur le fond, c'est avant tout la nature en elle-même (ce vent qui souffle sans arrêt), plus que tout autre chose, qui dicte sa loi dans ce monde. Tout ça pour dire (sans doute très maladroitement) que je ne me joint pas à la conclusion de Jonathan McCalmont :
Je pense donc que la question devrait être, est-il possible d’écrire de la fantasy épique qui ne soit pas conservatrice ? Iron Council de China Mieville peut être vu comme une tentative d’ancrer la fantasy dans la véritable politique, mais comme Mieville le découvre lui-même, même la véritable politique aboutit à verser le sang et à l’autoritarisme au royaume de la fantasy. Je dirai que les poncifs même de la fantasy, qui reposent sur la violence et la simplicité morale, rend impossible d’échapper à l’autoritarisme.
Je suis convaincu qu'il est possible de s'affranchir des poncifs et d'échapper à l'autoritarisme tout en écrivant de la fantasy.Certes, la Horde, pour reprendre mon exemple, est parfois violent (il y a des morts), mais l'est-il plus que notre monde ? Et peut-on vraiment dire que c'est un livre qui repose sur la simplicité morale ?Désolé pour ce post un peu long et pas forcément clair, mais le sujet est intéressant !Sered