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J'ai beau lire et relire cet article... Je ne vois pas ce qui vous hérisse à ce point ! :huh:Certes, l'auteur exprime un point de vue avec lequel on peut ne pas être d'accord, mais l'article est argumenté, et plutôt bien selon moi.D'accord, le fait de dénigrer la littérature Jeunesse d'aujourd'hui et la fantasy me font grincer des dents. Je trouve qu'effectivement, c'est mettre toutes les œuvres dans le même panier sous prétexte qu'elles répondent à un même classement. OK, élever les oeuvres du XIXème et précédents siècles au rôle de parangon dans l'éducation de la jeunesse peut prêter à sourire.Mais je suis personnellement entièrement d'accord sur la dissociation romans / BD et mangas, par exemple. Je lis les deux, j'apprécie les deux, mais franchement, ça n'a RIEN à voir. Et je ne pense absolument pas que la lecture de la bande dessinée mène à la lecture de romans. C'est pour moi se fourrer le doigt dans l'œil, et je rejoins l'analyse de la journaliste sur le fait que considérer les lecteurs de BD et romans sur un même plan en ce qui concerne la lecture des jeunes est une idiotie, ou du moins u mensonge par amalgame. L'investissement pour la lecture de l'un ou de l'autre est totalement différent. J'aime beaucoup son explication sur la conceptualisation également. Et enfin, en lisant certains messages dans ce sujet, j'ai parfois l'impression d'appartenir à une communauté qui se hérisse et se ferme à toute contestation de son genre favori, aussi construite ou sensée soit-elle... Bref, toute aussi arc-boutée sur ses positions que les journalistes assimilant fantasy et régression :(

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Contrairement à toi je trouve son article absolument dépourvu d'argumentation car fondé sur des préjugés et non une véritable recherche.De mémoire car je n'ai pas envie de relire ce chef d'oeuvre, quelques éléments qui le montre : - oui, une BD est un livre puisque n'importe quel dico nous apprendra qu'un livre n'est rien d'autre qu'un document écrit formant un ensemble. Après, je suis d'accord que l'investissement du lecteur entre ces diverses formes du livres n'est pas le même mais je trouve gonflé de déformer le sens des mots à sa sauce.- oui, les études de sociologues ont montré qu'après le "creux" de la fin du collège et du lycée, les jeunes se remettaient à la lecture de romans/journaux/essais et ne restaient pas de sombres arriérés bloqués dans les jeux vidéos ou les mangas. Je ne développerai pas ici les raisons de ce phénomène car je ne m'en rapelle plus tout les détails mais Baudelot a notamment écrit la dessus.- non (et là c'est l'ancienne étudiante d'histoire qui parle), les vitraux des cathédrales ne servaient pas à cultiver les masses analphabètes (vous avez vu la hauteur de certains d'entre eux, moi j'ai du mal avec mes lunettes alors imaginez à l'époque), quant à la tapisserie de Bayeux qui n'étaient vraissemblablement exposées que quelques jours par an...Bref, ces approximations ajoutées à un ton totalement pédant ne m'incitent vraiment pas à voir là autre chose qu'un discours d'un autre âge.

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Publivore a écrit :Et enfin, en lisant certains messages dans ce sujet, j'ai parfois l'impression d'appartenir à une communauté qui se hérisse et se ferme à toute contestation de son genre favori, aussi construite ou sensée soit-elle...
Il serait peut-être donc plus correct de dire qu'au même titre que les autres types de littérature, le style SF ou fantasy n'a pas plus de raisons d'être dénigré qu'un autre. Et que le fait qu'en apparence ce style semble attirer plus de jeunes ou en tout cas ne pas sembler aussi "sérieux" qu'une littérature plus classique n'est pas une raison pour se permettre un jugement trop hâtif. Et que les lecteurs de ce genre se doivent de faire valoir la SF-fantasy de manière sensée, et de faire preuve de respect et d'ouverture d'esprit envers les autres styles littéraires.Après j'irai pas jusqu'à dire que je vais être d'une grande tolérance, ou d'une grande patience si la personne en face de moi ne fait pas preuve, elle aussi, d'un minimum d'ouverture d'esprit. Mais bon, ça marche dans les deux sens non ? ;)Bref, tout ça pour dire que cette journaliste est peut-être allée un peu vite en besogne, ou peut-être qu'elle n'a pas l'honneur :p de connaitre quelqu'un (autre qu'un jeune adolescent) qui lit de la fantasy (qui ne soit pas Harry Potter), et que par conséquent, elle a une vision incomplète.Sinon, rien à voir, mais il y a cette phrase au dos de l'odyssée Folio SF qui m'a fait sourire (en bien), et j'aime l'enthousiasme avec lequel cette collection parle du genre fantasy-SF :" Aux grands romans d'hier sont venus se joindre ceux d'aujourd'hui, et sans aucun doute, les classiques de demain". Si une collection comme Folio SF passe de 30 références en 2000 à 350 aujourd'hui, avec de nombreuses oeuvres de qualité à son actif, alors il y a de l'espoir non ? Même les non lecteurs finiront peut-être par entendre parler de ses collections, et se dire que vu le nombre d'ouvrages, c'est qu'il y a peut-être quelque chose d'intéressant là-dedans (j'idéalise je sais, mais un petit peu d'optimisme, ça fait du bien parfois). Et puis, en 15 minutes passées au rayon SF-fantasy tout à l'heure, j'ai rarement vu une telle diversité de public, il y avait aussi bien deux jeunes filles adolescentes (et pas côté bit-lit) qu'une dame d'une quarantaine d'années ou un monsieur plus âgé qui avait l'air sacrément passionné par la SF et les nouveautés à sortir. Peut-être finalement que ce ne sont pas les journalistes qui aideront la fantasy à trouver une place qui lui convient mieux au sein de la littérature. Peut-être qu'on passera par la petite porte et que ça sera nous, lecteurs, et notre façon à nous, au quotidien, autour de nous, de parler de ce genre qu'on affectionne qui fait qu'avec le temps, le regard des gens qui ne connaissent pas bien ce genre sera amené à évoluer...

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Publivore a écrit :J'ai beau lire et relire cet article... Je ne vois pas ce qui vous hérisse à ce point ! :huh:Certes, l'auteur exprime un point de vue avec lequel on peut ne pas être d'accord, mais l'article est argumenté, et plutôt bien selon moi.
Ben moi, je ne vois pas trop où est la valeur positive de son argumentation, quand elle met tous les jeunes dans le même sac avec un exemple unique, qu'elle affirme qu'avant on lisait la comtesse de Ségur jusqu'à 7 ou 8 ans, puis qu'on passait à Kipling, littérature "adulte mais accessible". On a l'impression qu'elle parle avec son nombril, fait référence à sa jeunesse et cite une soirée chez des amis où elle a vu, horrifiée, des "jeunes" lire des mangas. D'un autre côté, je comprends que ça lui file la pétoche, si elle en est restée à la comtesse de Ségur obligatoire jusqu'à 7 ou 8 ans...Par ailleurs, pondre une phrase telle que :Les jeunes jamais ne s'approprieront le monde.:blink:je trouve que ça disqualifie un tantinet, en dehors même de la bêtise abyssale du propos qui relève de la momification intellectuelle, m'est avis.Et c'est bien pour ça que j'aime venir ici, lire les réflexions et les arguties de vous tous et toutes, tas d'ados attardés qui resterez à jamais figés dans la distraction régressive de l' "heroic fantasy".;)

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@Fabien : tout à fait vrai pour la litté comparée ; ces profs sont souvent plus ouverts.Sans mettre tout les universitaires dans le même panier, ils restent quand même une minorité à avoir une opinion neutre sur la fantasy.Je ne dis même pas étudier - certes, les chercheurs n'ont pas à être tous experts en fantasy, ce n'est pas ce que je voulais dire. Non, seulement faire preuve d'une ouverture d'esprit, aller au-delà de préjugés que leur nature même de chercheur devrait empêcher.Aléthia, je crois que tu as été chanceuse - j'ai rencontré et parlé avec beaucoup de profs, et des gens qui avaient eu des profs différents, et de l'avis général c'était toujours une sorte de mépris poli. Même avec mes profs de médiéval, qui étaient érudits, charmants et ouverts sur tout le reste.C'est cette attitude que je critique - étant donné la vivacité du genre, sa richesse, c'est une attitude indigne d'un chercheur. Et pourtant on les aime :wub:

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Ethan Iktho a écrit :Prétendre, donc, qu'écrire dans le blog du Figaro est un premier pas vers la crédibilité est tout bonnement faux..
Mon dieu, mais que voilà un joli préjugé, digne des détracteurs par principe de la fantasy. Comment, une phrase sortie de son contexte ? Mais n'est-ce pas le principe que nombre utilisent ici à propos de cet article ? :sifflote:
Ethan Iktho a écrit :Ben moi, je ne vois pas trop où est la valeur positive de son argumentation,
Ai-je écrit une chose pareille ? Je maintiens par contre que son argumentation est étayée, même si Almaarea apporte une contre argumentation, que j'ai lue avec intérêt. Par contre "les études de sociologie ont montré"... Comment dire, je suis sûre qu'on pourrait en trouver qui montrent le contraire, à propos de généralisation :P Mais j'avoue empiéter sur un domaine que je connais mal. ;)
Ethan Iktho a écrit :quand elle met tous les jeunes dans le même sac avec un exemple unique,
Je n'ai absolument pas ce sentiment en lisant son article, et je ne crois pas que ce soit écrit nulle part. Cependant, l'article porte sur la jeunesse, au sens de groupe ayant un comportement dominant oui
Ethan Iktho a écrit :On a l'impression qu'elle parle avec son nombril, fait référence à sa jeunesse et cite une soirée chez des amis où elle a vu, horrifiée, des "jeunes" lire des mangas.
Pure impression, effectivement. Ce n'est absolument pas ce qui est écrit dans cet article.
Ethan Iktho a écrit :D'un autre côté, je comprends que ça lui file la pétoche, si elle en est restée à la comtesse de Ségur obligatoire jusqu'à 7 ou 8 ans...
Aïe... Je suis donc à mettre dans le même panier de pétochards à jeter que cette journaliste, moi qui ai lu la Comtesse de Ségur vers cet âge (même avant je crois) et Kipling également (quoiqu'un peu plus tard... A propos, Le LIvre de la Jungle, ça ressemble fort à de la fantasy, non ?)Bref, je reste très éloigné de votre ressenti sur cet article. :)

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Mais les livres qui leur parlent de l’Homme, de la société, du réel, ils ne les ouvriront jamais.
La phrase qui m'a le plus énervé, c'est celle là. Autant j'admets la distinction BD/manga/livre "sans images", et dans une certaine mesure je la partage, autant je peux être d'accord sur une certaine hypocrisie vis à vis des statistiques "officielles", mais ça cela (cf la citation) a du mal à passer.Alors :- depuis quand une littérature de genre est elle synonyme d'enfermement sur soi, de refus du réel. C'est insupportable comme généralisation.:angry:- qu'est ce que c'est que cette prétendue hiérarchie des genres : en quoi certains sujets seraient ils plus nobles que d'autres. cela me rappelle le mépris avec lequel les critiques français de l'après guerre tenaient les grands cinéastes américains. Il n'y a pas de petits sujets (ni de grands sujets d'ailleurs), il n'y a que des auteurs médiocres et des thèmes mal exploités.A mon avis cet article part sur des bases qui ne sont pas nécessairement idiotes, mais je suis en désaccord total avec ses conclusions.;)Edit :
Encore une fois, il s’agit de deux activités de nature différente. Et l’on se demande bien, si tel n’était pas le cas, pourquoi la République se serait donné la peine d’ouvrir des écoles, alors que, depuis le Moyen-Âge, les masses analphabètes avaient à leur disposition, pour « lire », la tapisserie de Bayeux ou les vitraux de Chartres.
Alors là j'ai dû louper quelque chose dans mes cours d'histoire : tout le monde sait que la démocratisation de l'instruction est due à une pure grandeur d'âme républicaine complètement désintéressée...Franchement, à part propager des idées reçues, je ne vois pas en quoi l'analyse de cette journaliste est pertinente.:)

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L'article a certain point intéressant, il faut le reconnaître, notamment sur la signification des statistiques (ou plutôt la non-signification je ne partage pas son interprétation) et sur le fait que l'on devrait faire lire des romans "classiques", ou tout du moins d'un niveau littéraire plus élevé, à l'école; puisque cela peut-être le seul endroit où l'on aura l’occasion de le faire.Cependant, le fait est que l'auteur cherche manifestement à provoquer un certain auditoire avec quelques réflexions qui pourraient faire rougir les "trolls" les plus endurcis d'internet. Je passerais donc sous silence les commentaires sur la fantasy (le plus directe), que ceux sur la BD ou encore les tapisseries de Bayeux.Bref tout cela en fait pour moi un mauvais article, un travail de mauvais journaliste qui ne cherche pas à faire réfléchir, mais provoque sans but particulier. (L'auteur elle même le reconnait dans les commentaires.)
N. Polony a écrit :Quant à l’« heroïc fantasy », je savais en écrivant ce texte que j’allais froisser ses adorateurs. Et dieu sait qu’ils sont susceptibles. Peu importe.
Cette opinion est renforcée par un commentaire particulièrement ahurissant de l'auteur, dans les commentaires (qui certain valent la peine d'être lus).
N. Polony a écrit :A part deux ou trois commentaires, aucun ne traite du sujet que je proposais dans ma note: non pas une hiérarchie entre littérature et bande dessinée, mais une compréhension des processus cognitifs à l'oeuvre quand on déchiffre un livre ou une bande dessinée.
Comme nous l'avions tous compris (même les défenseurs de l'auteur le confirme), cela traitait des processus cognitifs liés à la lecture, et non pas à la détérioration des habitudes littéraires des jeunes par la lecture de jeunesse actuelle!En relisant et en comptant, il y a deux phrases (oui 2 puisque on ne sait soit disant plus lire) qui traitent de ce sujet dans tout l'article, et encore en rapport avec la BD pour dire que ce n'est pas de la littérature puisque cela n'utilise pas les mêmes facultés.En résumé, ceci n'est qu'un parfait exemple de mauvais journalisme pour moi.Une dernière chose dans les commentaires de l'auteur qui m'a fait bondir.
N. Polony a écrit :et non, je ne parle pas de Bradbury ou Asimov ; c’est vous qui confondez et mettez tout dans le même panier
Je n'aurais jamais de réponse de l'auteur, mais pourquoi ne pas accepter que ces auteurs fassent partis de la SF, alors qu'elle semble pourtant les admirer. Quels arguments en faveur de ce qu'elle raconte? ...

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Publivore a écrit :
Ethan Iktho a écrit :Prétendre, donc, qu'écrire dans le blog du Figaro est un premier pas vers la crédibilité est tout bonnement faux..
Mon dieu, mais que voilà un joli préjugé, digne des détracteurs par principe de la fantasy. Comment, une phrase sortie de son contexte ? Mais n'est-ce pas le principe que nombre utilisent ici à propos de cet article ? :sifflote:Re : Je ne connais pas ton dieu, mais comme je suis poli, passe-lui mon bonjour. Pour ce qui est d'un "joli préjugé", il suffit de reprendre ce que j'ai dit, c'est exactement le contraire, avec un parallèle et un rajout censés tourner en ridicule ce genre d'affirmation. J'arrête là l'explication de texte, ça me tanne déjà.
Ethan Iktho a écrit :Ben moi, je ne vois pas trop où est la valeur positive de son argumentation,
Ai-je écrit une chose pareille ? Je maintiens par contre que son argumentation est étayée, même si Almaarea apporte une contre argumentation, que j'ai lue avec intérêt. Par contre "les études de sociologie ont montré"... Comment dire, je suis sûre qu'on pourrait en trouver qui montrent le contraire, à propos de généralisation :P Mais j'avoue empiéter sur un domaine que je connais mal. ;)Re : Je maintiens : Ben moi, je ne vois pas trop où est la valeur positive de son argumentation : c'est simplement mon avis. Et question argumentation étayée, je cherche encore.
Ethan Iktho a écrit :quand elle met tous les jeunes dans le même sac avec un exemple unique,
Je n'ai absolument pas ce sentiment en lisant son article, et je ne crois pas que ce soit écrit nulle part. Cependant, l'article porte sur la jeunesse, au sens de groupe ayant un comportement dominant ouiRe : "Au sens de groupe ayant un comportement dominant" ? Je ne crois pas que ce soit écrit quelque part dans la prose de cette personne. D'un autre côté, définir la jeunesse comme un groupe ayant un comportement dominant, effectivement, ce n'est pas mettre les jeunes dans le même sac...
Ethan Iktho a écrit :On a l'impression qu'elle parle avec son nombril, fait référence à sa jeunesse et cite une soirée chez des amis où elle a vu, horrifiée, des "jeunes" lire des mangas.
Pure impression, effectivement. Ce n'est absolument pas ce qui est écrit dans cet article. Re : Pure impression, en effet. Et présentée comme telle. Je reconnais cependant que j'aurais été mieux inspiré de dire 'J'ai l'impression", et non "On a l'impression".
Ethan Iktho a écrit :D'un autre côté, je comprends que ça lui file la pétoche, si elle en est restée à la comtesse de Ségur obligatoire jusqu'à 7 ou 8 ans...
Aïe... Je suis donc à mettre dans le même panier de pétochards à jeter que cette journaliste, moi qui ai lu la Comtesse de Ségur vers cet âge (même avant je crois) et Kipling également (quoiqu'un peu plus tard... A propos, Le LIvre de la Jungle, ça ressemble fort à de la fantasy, non ?)Re : Moi aussi j'ai lu la comtesse de Ségur (ce qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable) et plus tard Kipling (que j'ai trouvé beaucoup plus plaisant). Et je n'ai jamais dit que c'était là un parcours rédhibitoire. Dans la phrase que tu cites, un mot a une certaine importance, vu qu'il fait office de charnière : SI. Je n'ai pas écrit PARCE QUE, mais : SI. Pour ce qui est des paniers, chacun se met dans celui qui lui convient, s'il en a envie. Ce n'est pas mon problème. D'ailleurs et à ce sujet, un truc me défrise (légèrement) le poil, je dois bien l'avouer : Je ne me souviens plus où et quand j'ai parlé d'un "panier de pétochards à jeter". Ai-je écrit une chose pareille ? ... Bref, je reste très éloigné de votre ressenti sur cet article. :)
Re : Bref, mon opinion sur cet article est très éloignée de la tienne, pas de doute. Mais c'est aussi ce qui fait la richesse du site : tout le monde n'est pas d'accord sur tout, et c'est très bien ainsi. ;)Non ?(Un PS sans aucun rapport avec ce qui précède, sauf la taille des caractères : S'il était possible que les interventions en réponse à une citation soient un peu moins microscopiques, je crois que ce serait bien, pour le confort de lecture de tout le monde.)

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J'ai relu cet article, en essayant de tenir compte des arguments de chacun, et honnêtement, c'est pire que la première fois.
A l’occasion du Salon du livre de jeunesse de Montreuil sont publiées les traditionnelles statistiques dont le seul but est de nous dire que tout va bien, et qu’il faut se méfier des « idées reçues »
Ca commençait pas si mal, parce que là je suis d'accord. Chaque fois qu'on nous balance des stats, on se demande où est le piège. Pour le chomage par exemple, où on oublie de compter les gens en fin de droit. Mais malheureusement, beaucoup de gens croient ce qu'on leur dit, et c'est difficile aujourd'hui d'obtenir une information juste et pas manipulée. Donc là en effet, il faut peut-être se méfier de ses statistiques, ou au moins s'intéresser à leur provenance et à leur représentativité.
Mais pourquoi diable s’alarmer, puisque tout va si bien ?
Il me vient quand même une interrogation. La lecture est un art, un plaisir, et pas une obligation non (du moins hors cadre scolaire) ? Donc si on exagère un peu, en quoi est-ce dramatique si les gens aujourd'hui ne lisent plus ? Certes, pour l'industrie du livre, les auteurs, ou pour la culture tout simplement, c'est pas génial. Mais c'est pas une tare non plus d'utiliser les moyens mis à notre disposition (vidéo, web ou autre) pour s'informer, ou pour enrichir ses connaissances. Faut pas faire l'amalgame gamin qui lit pas = analphabète, c'est grotesque. Suffit de regarder autour de soi, perso, la moitié de mes copains ne lisent pas, et n'ont d'ailleurs jamais beaucoup lu, et ils sont probablement tous plus cultivés que ce que je ne serai jamais. La lecture, c'est un moyen d'enrichir son intellect, de rêver, de tout ce qu'on veut, mais y'a des gens qui y resteront imperméables toute leur vie, c'est pas un drame.
Adorateurs de Pagnol ou Daudet, passez votre chemin.
Ah bon ? Parce que quand on aime Pagnol, on peut pas comprendre qu'un jeune aime les mangas et la fantasy ? Ou on peut pas apprécier aussi ce que ce jeune lit ? Problème d'incompatibilité ? faut-il choisir un camp, soit tu lis de la fantasy, soit tu lis des classiques, mais tu peux pas faire les deux ?
Où il apparaissait que les filles lisaient plus que les garçons, et que le livre le plus emprunté par les filles au CDI du collège était Harry Potter, alors que le livre le plus emprunté par les garçons était Titeuf. Personne pour s’étonner qu’une documentaliste puisse considérer Titeuf comme un « livre », et moins encore pour s’affliger qu’il fasse partie du catalogue d’une bibliothèque de collège.
Et d'une, où est le problème à lire HP ? C'est très bien HP, il y est question d'amitié, de courage, c'est quand même des thèmes intéressants pour un ado non ? (et pour tous d'ailleurs). Et de deux, utiliser le mot "affliger" pour dire que c'est pas normal d'avoir Titeuf dans un CDI, y'a que moi que ça choque ? Un enfant n'a pas le droit d'avoir des lectures pour se détendre ? Surtout quand en parallèle, il étudie des oeuvres plus classiques (et plus élevées intellectuellement...) en cours, c'est normal qu'il ait envie de faire un break non ? Surtout qu'à 12 ans, on a pas tous la même maturité, donc c'est bien que les enfants aient encore le choix de leurs lectures personnelles.
Une bande dessinée n’est pas un livre parce qu’elle ne met pas en jeu les mêmes processus mentaux dans le cerveau de celui qui la lit. Et les phrases morcelées (même quand elles sont superbes de poésie) qui répondent aux images ne nécessitent pas de développer une capacité d’abstraction appuyée sur un élan continu. D’autant, bien sûr, que ces jeunes gens ne lisent ni Corto Maltese ni Alix (qui leur constituerait pourtant une solide culture antique), mais bien plutôt des mangas japonais, caractérisés par leur peu de dialogues.
Alma l'a déjà dit, la définition d'un livre, c'est un volume relié contenant des signes graphiques. Donc quand on dit qu'une BD n'est pas un livre, mieux vaut préciser avant "à mon sens", parce que c'est certainement pas un fait avéré. Pour la phrase d'après, vous pouvez développer please ? parce que balancer un truc ronflant comme "capacité d'abstraction appuyée sur un élan continu" sans argumenter, c'est dommage non ? Mais pardon, j'ai lu des BD, c'est peut-être pour ça que je comprend pas (sarcasme...). Quant aux mangas, je ne relève même pas, mais avouons quand même que y'a là un beau préjugé non ?
Passé ce délai, on lisait des livres destinés aux adultes, mais accessibles, de Kipling à Dumas.
C'est qui on ? Parce que moi mon ordre logique c'était plutôt oui-oui, la comtesse de ségur, le club des 5, alice, l'étalon noir, les chair de poule, et après j'étais ado, je lisais plus (j'étais une rebelle). Et oups, jamais lu Kipling ou Dumas, mais je penserai à m'autoflageller ce soir pour me punir de cet affront.
Ce constat éclate aux yeux de quiconque regarde honnêtement autour de lui. Mais il est plus rassurant de se répéter à l’envi que, si, si, bien sûr, « les jeunes lisent des livres ». Histoire d’oublier un instant notre responsabilité d’adultes dans cet enprisonnement mental de nos enfants. Le 1er juin 1885, plus d’un million de personnes accompagnaient la dépouille de Victor Hugo vers le tombeau des grands hommes. Le peuple de France était là, car le peuple l’avait lu. Combien seraient-ils aujourd’hui ? Bien moins, sans doute, que les foules pleurant Michael Jackson.
Un emprisonnement mental de nos enfants ? Donc si je comprend bien les propos, transmettre un héritage littéraire à ses enfants et l'aider à avoir des lectures adultes très rapidement (même si ça lui plait pas), ça c'est bien. L'enfant est alors libre dans sa pensée. Mais le laisser lire n'importe quoi, ça pas bien ! Là on l'emprisonne. J'ai du rater un truc je crois. Quant à Victor Hugo, en 1885, ça ressemblait à quoi une librairie ? Y'avait autant de choix qu'aujourd'hui ? Peut-être que ça peut expliquer un peu les choses non ?...Et dire que les lecteurs de fantasy sont susceptibles, ben ça devient peut-être un peu normal si ce sont eux qui sont sans cesse persécutés non ? Enfin bref, je précise que tout ce que je dis n'est pas à prendre au premier degré, je suis un peu saracastique. C'est toujours plus facile de dire qu'on est quelqu'un d'ouvert d'esprit que de l'être réellement. Y'a certains genres littéraires qui me plaisent pas, et malgré ma volonté, j'ai parfois du mal à dépasser le stade des préjugés (surtout quand je maitrise pas bien le sujet, ce qui est visiblement le cas de cette journaliste). Et là, ça me fait mal, et ça me rend triste en même temps. Chaque fois qu'une personne écrit ce genre de choses, y'a forcément une partie des lecteurs qui va aller en son sens, et ceux là seront encore plus durs à convaincre la prochaine fois.J'ai demandé hier à mon copain (qui n'a jamais lu de fantasy) ce qu'il pensait de tout ça, de cette tendance à cracher un peu sur la littérature de l'imaginaire. Il m'a répondu "j'avais les mêmes préjugés avant, mais ce que tu m'en dis me fait changer d'avis. Mais c'est quand même dommage de devoir s'intéresser vraiment au genre pour se rendre compte qu'il y a bien plus que ça". Ah ben je me suis sentie bête, mais ça résume bien la situation.

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Je pense avoir une position entre celle de Publivore et de John Doe. L'auteur de l'article dit certaines choses intéressantes (notamment sur les chiffres du "livre"), ainsi que quelques énormités (la présence de Titeuf dans un CDI de collège).L'article souffre aussi d'un certain nombre d'imprécisions ou d'abus de langage. "Prétendre, donc, que la bande dessinée est un premier pas vers la lecture est tout bonnement faux" en est un très bon exemple. Lire une bande dessinée, c'est de la lecture quoi qu'on en dise (ou alors on ne dirait pas lire une bande dessinée). Ça n'amène pas forcément à la lecture de romans (ce en quoi je rejoins Publi), de la même façon que lire un roman n'amène pas à lire des documentaires ou des ouvrages scientifiques. Je pinaille peut-être, mais un peu de précisions est nécessaire dans une argumentation.J'aime aussi beaucoup "mais bien plutôt des mangas japonais, caractérisés par leur peu de dialogues." On viendra ensuite me parler des longueurs narratives de la bande dessinée franco-belge (Tintin, Thorgal, Spirou, Asterix...).Bref beaucoup de vent, une claire volonté de faire réagir (violemment, c'est encore mieux, et c'est ce que l'on fait depuis 2 jours) en titillant de tous cotés (les jeunes, les vieux, les croyants...). Du super journalisme donc.Si on laissait couler tout ça et si on se montrait plus intelligent ?

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Ce qui me fait marrer c'est quand on se rend compte par exemple que les héritiers actuels de Balzac, de Zola, ou du Hugo des Misérables sont plus des auteurs de romans noirs ou de thrillers que des auteurs de littérature dite blanche. Oui la Bête Humaine, c'est le parcours d'un serial killer, Germinal, c'est un thriller social, Eugénie Grandet, c'est un thriller dans un cadre familial, le Père Goriot, du roman noir, Les Misérables, un roman sur la rédemption d'un criminel, sa place dans la société et la révolution politique. Sans doute est ce pour ça que le roman policier est plus accepté que les littératures de l'imaginaire. Mais en même temps c'est quand même une littérature de genre, populaire.

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Personnellement, j'ai surtout eu l'impression de rejouer un combat perpetuel: ce que vous lisez aujourd'hui sorti il y a peu est nul par contre ce qui est sorti il y a longtemps et de mon temps c'était génial.Faut il rappeler que Dumas était l'équivalent de ce que Rowling est aujourd'hui: Un auteur a succès mais certainement pas considéré comme un grand auteur? Qu'en est il aujourd'hui?Ne pas comprendre que les jugements sur tel ou tel oeuvre varient au cours du temps me semble erroner. De plus, en quoi, un livre imaginaire ne peut il pas répondre à des questionnements de société, de vie "réelle"? Cela me semble pas du tout juste.Quant à la BD, ... c'est un livre quoiqu'elle en dise, après peut etre connait elle les enluminures?

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Evildeus a écrit :Faut il rappeler que Dumas était l'équivalent de ce que Rowling est aujourd'hui: Un auteur a succès mais certainement pas considéré comme un grand auteur? Qu'en est il aujourd'hui?
Mais Dumas est loin d'avoir le même statut que Hugo, Stendhal ou Balzac dans les milieux littéraires, disons... élitistes justement. Tout simplement parce que c'est très feuilletonnant, me semble-t-il...(Euh, ne vous y trompez pas, j'aime et je lis Dumas ;) )

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Le plus gros problème pour moi dans cet article est le fait qu'elle ne tient pas la lecture (et la BD et le manga en font parti) comme un plaisir, un loisir, une passion mais plus comme un mode d'éducation, d'apprentissage. Alors d'accord un livre peut nous apprendre des choses mais ce n'est pas son rôle premier à mon sens. C'est aussi et quoi qu'on en dise un art (la littérature et la poésie, moins les publications scientifiques et encyclopédies) dont le principal effet est de faire ressentir quelque chose au lecteur.

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Luigi Brosse a écrit :On viendra ensuite me parler des longueurs narratives de la bande dessinée franco-belge (Tintin, Thorgal, Spirou, Asterix...).
Euh, Achille Talon ?Je ne vais pas jeter d'huile sur les frites, mais la question de la BD/manga me fait sourire justement parce qu'une BD peut se faire aussi bien sur Peter Pan, Bilbo que les Misérables ou Molière. Une bonne histoire reste une bonne histoire même racontée différemment.Et l'intermédiaire entre "le roman graphique" (i.e BD) et le "roman", il y a les éditions illustrées, voire les livres d'illustrations (ou art book pour parler français), ce qui me fait penser qu'il faudra du temps pour mettre tout le monde en accord sur la valeur que chacun apporte à tel genre ou tel support.Mais une bonne histoire ou un bon sujet avant tout.

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Oui, c'est sur, mais bon personnellement, j'aime Dumas, Stendhal et Flaubert et je trouve les autres moins interessant donc...L'élitisme, comme dogme, c'est juste une manière de tanter de rabaisser l'autre.

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Enfant, je me rappelle avoir lu avec beaucoup de plaisir la Comtesse de Ségur, Dumas et les romans de Kipling. Mais, c'était mon choix et ma liberté. Mes parents ne m'ont jamais dit "tiens, lis ça, c'est bon pour ta santé mentale!", j'ai toujours eu accès à toute la bibliothèque sans restriction. Ce que l'auteur semble avoir effectivement oublié, c'est que la lecture doit rester un plaisir. Si cela devient une contrainte, la personne "forcée" arrêtera de lire dès qu'elle le pourra car elle associera la lecture à une corvée. Je comprends l'envie de faire lire des "classiques" aux plus jeunes, cela reste une ouverture, une richesse (comme tout ouvrage d'ailleurs) mais cela ne doit pas être une contrainte. On a tous vécu l'étude d'un livre chiant avec un professeur de lettres qui l'était tout autant. Cela vous détruit un livre. Dans cet article, il y de tout. Des choses qui m'amusent, comme le fait qu'elle sorte les grands mots (processus cognitifs) pour se donner une contenance. Mais comme l'a déjà souligné Luigi, son argumentaire est bancal et approximatif. Quand on veut convaincre son "auditoire", on se doit d'être plus précis et de citer ses sources. Les "on-dit" n'ont aucune valeur. Moi aussi je peux raconter ma vie (comme je l'ai fait 10 lignes plus haut), cela n'aura pas pour autant valeur de vérité générale. Ainsi, il y a aussi des choses qui me hérissent: ses approximations sur les mangas (je suis même étonnée de ne pas avoir lu une platitude sur Jiro Taniguchi) et sur la littérature jeunesse notamment. "Très tôt existé" ça veut dire quoi ? C'est quand ? Parce que les récits écrits spécifiquement pour la jeunesse, ce n'est pas si "vieux" que ça justement. Et puis qu'entend-elle par "littérature jeunesse". Les contes (premières publications pendant le XVIIème siècle)? Les romans (dont un des premiers titres spécifiquement adressés à la jeunesse fut Alice et ne date "que" du XIXème siècle) ? Bon, après, je suis d'accord avec le fait que la BD ne crée pas forcément un pont qui emmène le lecteur vers les romans, mais je trouve que cet article défend très mal ses propres arguments et laisse transparaitre ce qu'il est en réalité: un article de blog, donc personnel et sans plus de portée que celle que l'on veut bien lui donner.