J'ai relu cet article, en essayant de tenir compte des arguments de chacun, et honnêtement, c'est pire que la première fois.
A l’occasion du Salon du livre de jeunesse de Montreuil sont publiées les traditionnelles statistiques dont le seul but est de nous dire que tout va bien, et qu’il faut se méfier des « idées reçues »
Ca commençait pas si mal, parce que là je suis d'accord. Chaque fois qu'on nous balance des stats, on se demande où est le piège. Pour le chomage par exemple, où on oublie de compter les gens en fin de droit. Mais malheureusement, beaucoup de gens croient ce qu'on leur dit, et c'est difficile aujourd'hui d'obtenir une information juste et pas manipulée. Donc là en effet, il faut peut-être se méfier de ses statistiques, ou au moins s'intéresser à leur provenance et à leur représentativité.
Mais pourquoi diable s’alarmer, puisque tout va si bien ?
Il me vient quand même une interrogation. La lecture est un art, un plaisir, et pas une obligation non (du moins hors cadre scolaire) ? Donc si on exagère un peu, en quoi est-ce dramatique si les gens aujourd'hui ne lisent plus ? Certes, pour l'industrie du livre, les auteurs, ou pour la culture tout simplement, c'est pas génial. Mais c'est pas une tare non plus d'utiliser les moyens mis à notre disposition (vidéo, web ou autre) pour s'informer, ou pour enrichir ses connaissances. Faut pas faire l'amalgame gamin qui lit pas = analphabète, c'est grotesque. Suffit de regarder autour de soi, perso, la moitié de mes copains ne lisent pas, et n'ont d'ailleurs jamais beaucoup lu, et ils sont probablement tous plus cultivés que ce que je ne serai jamais. La lecture, c'est un moyen d'enrichir son intellect, de rêver, de tout ce qu'on veut, mais y'a des gens qui y resteront imperméables toute leur vie, c'est pas un drame.
Adorateurs de Pagnol ou Daudet, passez votre chemin.
Ah bon ? Parce que quand on aime Pagnol, on peut pas comprendre qu'un jeune aime les mangas et la fantasy ? Ou on peut pas apprécier
aussi ce que ce jeune lit ? Problème d'incompatibilité ? faut-il choisir un camp, soit tu lis de la fantasy, soit tu lis des classiques, mais tu peux pas faire les deux ?
Où il apparaissait que les filles lisaient plus que les garçons, et que le livre le plus emprunté par les filles au CDI du collège était Harry Potter, alors que le livre le plus emprunté par les garçons était Titeuf. Personne pour s’étonner qu’une documentaliste puisse considérer Titeuf comme un « livre », et moins encore pour s’affliger qu’il fasse partie du catalogue d’une bibliothèque de collège.
Et d'une, où est le problème à lire HP ? C'est très bien HP, il y est question d'amitié, de courage, c'est quand même des thèmes intéressants pour un ado non ? (et pour tous d'ailleurs). Et de deux, utiliser le mot "affliger" pour dire que c'est pas normal d'avoir Titeuf dans un CDI, y'a que moi que ça choque ? Un enfant n'a pas le droit d'avoir des lectures pour se détendre ? Surtout quand en parallèle, il étudie des oeuvres plus classiques (et plus élevées intellectuellement...) en cours, c'est normal qu'il ait envie de faire un break non ? Surtout qu'à 12 ans, on a pas tous la même maturité, donc c'est bien que les enfants aient encore le choix de leurs lectures personnelles.
Une bande dessinée n’est pas un livre parce qu’elle ne met pas en jeu les mêmes processus mentaux dans le cerveau de celui qui la lit. Et les phrases morcelées (même quand elles sont superbes de poésie) qui répondent aux images ne nécessitent pas de développer une capacité d’abstraction appuyée sur un élan continu. D’autant, bien sûr, que ces jeunes gens ne lisent ni Corto Maltese ni Alix (qui leur constituerait pourtant une solide culture antique), mais bien plutôt des mangas japonais, caractérisés par leur peu de dialogues.
Alma l'a déjà dit, la définition d'un livre, c'est un volume relié contenant des signes graphiques. Donc quand on dit qu'une BD n'est pas un livre, mieux vaut préciser avant "à mon sens", parce que c'est certainement pas un fait avéré. Pour la phrase d'après, vous pouvez développer please ? parce que balancer un truc ronflant comme "capacité d'abstraction appuyée sur un élan continu" sans argumenter, c'est dommage non ? Mais pardon, j'ai lu des BD, c'est peut-être pour ça que je comprend pas (sarcasme...). Quant aux mangas, je ne relève même pas, mais avouons quand même que y'a là un beau préjugé non ?
Passé ce délai, on lisait des livres destinés aux adultes, mais accessibles, de Kipling à Dumas.
C'est qui on ? Parce que moi mon ordre logique c'était plutôt oui-oui, la comtesse de ségur, le club des 5, alice, l'étalon noir, les chair de poule, et après j'étais ado, je lisais plus (j'étais une rebelle). Et oups, jamais lu Kipling ou Dumas, mais je penserai à m'autoflageller ce soir pour me punir de cet affront.
Ce constat éclate aux yeux de quiconque regarde honnêtement autour de lui. Mais il est plus rassurant de se répéter à l’envi que, si, si, bien sûr, « les jeunes lisent des livres ». Histoire d’oublier un instant notre responsabilité d’adultes dans cet enprisonnement mental de nos enfants. Le 1er juin 1885, plus d’un million de personnes accompagnaient la dépouille de Victor Hugo vers le tombeau des grands hommes. Le peuple de France était là, car le peuple l’avait lu. Combien seraient-ils aujourd’hui ? Bien moins, sans doute, que les foules pleurant Michael Jackson.
Un emprisonnement mental de nos enfants ? Donc si je comprend bien les propos, transmettre un héritage littéraire à ses enfants et l'aider à avoir des lectures adultes très rapidement (même si ça lui plait pas), ça c'est bien. L'enfant est alors libre dans sa pensée. Mais le laisser lire n'importe quoi, ça pas bien ! Là on l'emprisonne. J'ai du rater un truc je crois. Quant à Victor Hugo, en 1885, ça ressemblait à quoi une librairie ? Y'avait autant de choix qu'aujourd'hui ? Peut-être que ça peut expliquer un peu les choses non ?...Et dire que les lecteurs de fantasy sont susceptibles, ben ça devient peut-être un peu normal si ce sont eux qui sont sans cesse persécutés non ? Enfin bref, je précise que tout ce que je dis n'est pas à prendre au premier degré, je suis un peu saracastique. C'est toujours plus facile de dire qu'on est quelqu'un d'ouvert d'esprit que de l'être réellement. Y'a certains genres littéraires qui me plaisent pas, et malgré ma volonté, j'ai parfois du mal à dépasser le stade des préjugés (surtout quand je maitrise pas bien le sujet, ce qui est visiblement le cas de cette journaliste). Et là, ça me fait mal, et ça me rend triste en même temps. Chaque fois qu'une personne écrit ce genre de choses, y'a forcément une partie des lecteurs qui va aller en son sens, et ceux là seront encore plus durs à convaincre la prochaine fois.J'ai demandé hier à mon copain (qui n'a jamais lu de fantasy) ce qu'il pensait de tout ça, de cette tendance à cracher un peu sur la littérature de l'imaginaire. Il m'a répondu "j'avais les mêmes préjugés avant, mais ce que tu m'en dis me fait changer d'avis. Mais c'est quand même dommage de devoir
s'intéresser vraiment au genre pour se rendre compte qu'il y a bien plus que ça". Ah ben je me suis sentie bête, mais ça résume bien la situation.