Une lecture que je voulais absolument faire en 2011 depuis que j'avais reçu la pub du Bélial. Surtout que j'avais noté le "dark fantasy épique" de la couverture.Pour le coup, c'est mensonger

C'est de la dark fantasy, mais pas vraiment épique. Cela m'a surpris au début, m'attendant à quelque chose de plus dynamique, avec plus de combats, d'intrigues, etc. Même si heureusement, la première partie est celle qui se rapproche le plus de cela. Cela m'a permis en tout cas de mettre le pied à l'étrier, et j'ai pu tranquillement apprécier les autres qualités de l'ouvrage.La mention initiale à Elric m'avait par contre un peu rebuté, car généralement c'est bien souvent pipeau. Mais là, je dois avouer que Mordred est sans doute bien plus proche d'Elric que tout ce qu'on cherche à nous vendre comme clone de l'albinos. Ce n'est pas Elric, mais Mordred partage beaucoup de l'essence du personnage, le coté désabusé, mélancolique, inadapté, inadéquat avec ce qui l'entoure. Gillo disait que Mordred dominait moins le roman qu'un Elric, c'est sans doute vrai car le personnage s'écrase devant la planète. Mais en même temps, on le suit du début jusqu'à la fin et c'est lui qui fait progresser l'intrigue. Et pourtant on ne peut pas le qualifier de héros. C'est très intéressant comment Thierry arrive à jouer avec les codes et à en faire quelque chose de très original.Abordons l'écriture à présent. J'avoue ne pas avoir trouvé le prologue fantastique. Mais cela vient sans doute de cette période initiale d'adaptation entre ce que j'escomptais et ce que je lisais. Le début est aussi assez aride, phrases courtes, mots courts, beaucoup de brisures. L'usage du présent de l'indicatif. Par contre, ça colle assez bien au démarrage de l'histoire, mais le coté "désertique" ne m'a pas facilité la lecture. Au bout de 80-100 pages, ça s'améliore un peu, une certaine musique commence à se dégager du texte. Non seulement au niveau des idées, de la planète mais des mots eux-mêmes et de leur sonorité. Il faut vraiment y faire attention, mais un peu comme pour la Horde du Contrevent, il y a pas mal de travail dans les constructions, les sonorités. C'est moins flamboyant, plus discret, mais bien présent. Bien joué Thierry.Et surtout tout cela s'intègre parfaitement avec l'ambiance. Les deux sont liées. Nigelle parlait de fil du rasoir. C'est assez vrai, l'auteur maintient son équilibre entre la violence, l'aventure, la contemplation, la poésie... C'est très équilibré, peut-être trop. Gillo parlait d'exercice de style et d'un certain coté c'est assez vrai.Attention, je parle de la fin, ne lire que si vous avez terminés le livre !
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Le roman n'explose jamais, le statu-quo est maintenu jusqu'à la fin (épilogue). D'un coté, j'admire la performance, cette dynamique qui continue jusqu'à la dernirèe ligne, de l'autre, cela m'a laissé un peu sur ma faim. Je regrette un peu la fin que j'attendais plus tapante peut-être. Je suis un peu perplexe / confus aussi sur la mort de Niobo et Mordred, est-ce qu'ils s'entretuent, ou bien périssent-ils tous deux sous les coups des Shores ? Je me suis fait surprendre par contre sur le pourquoi de cet affrontement final voulu par les Runes, je les voyaient plus machiavéliques, plus dominatrices du monde, accompagnées par Yphor.
J'avais été prévenu que certains n'avaient pas accroché à l'histoire / intrigue. Je ne partage pas tout à fait ce point de vue, au contraire, je trouve que les actions s'enchainent bien, le découpage est bon. Le rythme est en accord avec le livre. Un peu indolent, romantique peut-être (dans le sens du XVIIIe). Mais parfaitement en accord avec le coté space-opera du livre, la description de la planète, des espèces...Pour terminer, beaucoup se plaignaient de ne pas réussir à tout découvrir / comprendre, que l'auteur ne levait pas le voile sur tout. Je ne suis pas d'accord non plus. Oui il ne nous livre pas tout, et c'est tant mieux car sinon ça serait un documentaire. Mais, tout est présent pour arriver à comprendre l'intégralité du livre, à mon avis. Il y a la juste quantité d'informations pour que tout soit clair (quelqu'un parlait de manque de références sur les peuples - je ne trouve pas). Les explications sont présentes (jusqu'au pourquoi des initiés du début qui s'éclaire à la toute fin) mais c'est bien amené et pas pesant.Tout ça pour dire que je suis d'accord avec le 8.5 de Gillo (voire peut-être 8). Pourquoi pas plus haut, alors que je n'ai cité quasiment que des qualités ? Peut-être parce que tout cela n'est pas suffisant pour provoquer un coup de cœur / foudre chez moi. Je lis de la fantasy pour la flamboyance, pour le souffle de l'aventure, pour l'épique. Et très clairement Bankgreen ne joue pas cette carte là. Pour moi, cela reste du très bel ouvrage (un peu comme Gagner la guerre, pour des raisons différentes), mais ne franchit pas le seuil du chef d’œuvre, qui nécessite un impact émotionnel.