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Je crée un topic sur un genre de cinéma que j’affectionne particulièrement, les Wu Xia Pian et les Kung Fu pian. Je place ce topic dans cette section, mais il faut savoir que dans ce genre le fantastique n’est jamais loin et certains films peuvent sans problème être qualifiés de fantasy asiatique.J’ai une affection particulière pour ces films car j’ai grandis avec des films de kung fu et j’ai redécouvert ce cinéma il y a environ 4 ans et je ne m’en lasse pas pour l’instant.Je pense que des amateurs d’une certaine forme de fantasy peuvent s’y retrouver, car l’on retrouve dans ce cinéma le goût pour l’épique, les combats de sabre, le moyen-âge fantasmé, l’héroïsme. On est vraiment proche de mes auteurs favoris comme Gemmell ou R.E Howard.Qu’est ce donc les Wu xia pian et les Kung fu pian ? Les Wu Xia Pian sont les films de sabre chinois (et surtout Hong kongais et Taïwanais). C’est donc l’équivalent des Chambaras japonais et des films de capes et d’épées occidentaux. Le Kung fu pian désigne les films d’arts martiaux chinois. Certains films sont à cheval entre les deux genres. Il ne s’agit donc pas simplement de cinéma asiatique, mais clairement de cinéma chinois et taïwanais. Pour aborder le genre, un bref historique s’impose. Il faut savoir que le cinéma chinois à longtemps été monopolisé par une poignée de compagnie, les films indépendants n’ayant véritablement émergés qu’à partir de la fin des années 70 et surtout dans les années 80. Je passe sur les antiquités du cinéma de hong-kong pour aborder directement les années 60. Durant cette décennie, une compagnie de cinéma, la Shaw Brothers (SB ) acquiert un quasi monopole de la production cinématographique hong-kongaise. C’est eux qui vont faire émerger le Wu Xia durant cette décennie. Ce genre de film est directement influencé des films de sabre japonais, les fameux Chambaras, tous les réalisateurs hong-kongais sont alors très inspirés des japonais. L’approche des chinois est cependant assez différente évidemment. Il faut savoir qu’à la base leur cinéma est très influencé par l’opéra chinois. Les films de la SB sont flamboyants, très colorés, utilisant à fond la technique du cinemascope (le Shawscope !). Ils sont bien sur assez théâtraux et alternent les scènes tournées en studio et en extérieure. L’âge d’or de la SB s’étend de 1965 à 1974 grosso modo, c’est durant cette période que furent tournés leurs plus grands films. Les Wu Xia Pian se distinguent des Chambaras non seulement par leur flamboyance, mais aussi par un rythme beaucoup plus enlevés, beaucoup plus d’actions et de violence, beaucoup moins contemplatif et aux personnages moins approfondis. Mais les Wu Xia Pian ne se contentent pas d’adapter à leur sauce les chambaras japonais. Grâce à l’apport considérable du cinéaste Chang Cheh, les Wu xia trouvent une grande part de leurs inspirations dans les westerns spaghetti de Sergio Leone, et surtout Sergio Corbucci et Sam Peckinpah. Avec un goût prononcé pour la violence et des effets gore notables (le sang gicle, nombres de personnages se retrouvent étripés, éventrés, ou se battant avec une épée dans le ventre ou criblés de flèches). C’est vraiment beaucoup plus violent que le cinéma occidental de l’époque. Les 1ers Wu Xia Pian laissent la part belle aux femmes combattantes, avec notamment l’actrice Cheng Pei Pei (que l’on reverra dans Tigre et Dragons !). Mais le machisme va vite reprendre le dessus avec Chang Cheh, qui fera tout pour éclipser les femmes et mettre en avant des héros masculins ultra viril. Ainsi, si le premier grand Wu Xia Pian est incontestablement L’Hirondelle d’Or de King Hu (avec Cheng Pei Pei et le très bon Yueh Hua), Chang Cheh le dynamitera avec sa suite, Le Retour de l’Hirondelle d’Or, à mon avis nettement supérieur au 1er opus, où le formidablement duo d’acteurs Jimmy Wang Yu et Lo Lieh prennent les devants pour un affrontement sanglant et viril. S’en suivrons une série de films de sabres bourrés d’actions et d’héroïsme.Le Wu Xia pian répond donc vite à des codes précis, guère éloignés des westerns : des héros solitaires, au sens du sacrifice parfois exacerbés, des héros diminués physiquement voire handicapés qui se surpassent, des scénarios très souvent basés sur la vengeance. Les films prenant place dans une chine médiévale fantasmé, avec parfois des touches fantastiques notables, que ce soit en rapport avec les croyances des chinois mais surtout par rapport aux combats qui sont parfois surréaliste (l’utilisation des cables). Le Wu Xia Pian sera un genre extrêmement prolifique jusqu’en 1974 environ, puis commencera à céder largement sa place face au Kung Fu Pian. Il y aura un renouveau au début des années 80 et surtout durant les années 90, et de façon éparses dans les années 2000. J’avoue cependant ne pas être un grand fan des Wu Xia 90’s, qui à mon avis abusent bien trop des combats câblés, certes spectaculaire mais bien trop improbable. On peut citer The Blade de Tsui Hark, qui renouvelle les codes du genre, mais dont les scènes d’actions sont les prémisses des films d’actions actuels, avec caméra épileptique, que je ne goûte pas trop. Bref, je préfère les films old school.Quant au Kung Fu Pian, il s’agit d’un genre très proche, sauf que ici c’est donc les différentes boxes chinoises qui sont mises à l’honneur. Tous le monde connaît Bruce Lee qui fera exploser le genre (et qui à l’époque proposait des combats de qualité très supérieures et réalistes), mais le genre est apparu véritablement en 1970 avec La Vengeance du Tigre (The Chinese Boxer) de Jimmy Wang Yu. Wang Yu, qui est un des mes acteurs favoris, restera un des acteurs cultes du genre. Genre qui reprend les mêmes codes que le Wu Xia. Les kung fu pian seront loin d’être l’apanage de la SB. Au début des années 70 une compagnie concurrente se crée et monte vite en puissance grâce à Bruce Lee : la Golden Harvest. Ca change de la SB et c’est tant mieux ! Mais au fil de la décennie, les budgets vont se restreindre, la SB va grandement souffrir (avec des films entièrement tournés en studio, ce qui devient fatiguant à la longue) et la Golden Harvest va tourner à tour de bras des bisseries à Taïwan auquel il faut ajouter de plus en plus de films indépendant de pures exploitations. Il y aura tout de même encore de nombreux bons films, mais ce n’est plus un âge d’or, malgré l’émergence de Jackie Chan. C’est aussi à la fin des années 70’s que vont exploser les Kung Fu comédie, un mélange de kung fu et de comédie comme son terme l’indique, et Jackie Chan n’y est pas pour rien, mais même si j’aime bien j’accroche beaucoup moins à ces films, souvent un peu lourdingue. Je préfère quand le kung fu se veut sérieux. Les années 80’s finirons par laissé la place belle aux polars d’actions ultra musclés (qui reprennent les mêmes codes), dont les meilleures sont les John Woo (un ancien assistant de Chang Cheh). Mais les Kung Fu Pian ressurgirons dès les 90’s grâce à Tsui Hark et ses Il était une fois en Chine. Aujourd’hui, le cinéma d’Hong Kong, bien que pas au meilleur de sa forme, a réussi à trouver un bon équilibre entre Wu Xia, Kung Fu, et polars.Voilà pour un bref exposé, qui comprends son lot de raccourci mais que j'espère assez clair. J'essaierai de poster un autre message, quand je trouverais le temps, qui cette foi-ci se concentrera plus les films essentiels (enfin surtout pour moi) et les acteurs cultes (qui ont tous leur étoile à Hong Kong). J'essaierai de poster quelques images et liens youtube aussi.