Ayant adoré Jaworsky, je me permet de vous infliger mes critiques personnelles de ses deux bouquins.Pour moi, Jaworsky est devenu une nouvelle référence en matière de fantasy... Quand la fantasy rencontre la littérature avec un grand "L"... ce qui n'est pas si fréquent.Janua Vera:Je connaissais déjà l'auteur pour son jeu de rôle Tiers Age qui était certainement le meilleur se déroulant dans la Terre du Milieu, qui mettait en avant l'ambiance et la poésie de l'univers de Tolkien.Quand Janua Verra m'est tombé dans les mains, je l'ai dévoré, un vrai bonheur. L'univers du Vieux Royaume est classique, avec elfes, chevaliers, nains, ambiance médiévale...Etc... mais que voulez vous, j'ai adoré, bien plus que certains autres univers originaux mais aussi approximatifs. Là on a une sérieuse documentation (le château décrit dans la nouvelle "le service des dames" est impressionnant de réalisme) qui donnent à l'univers toute sa vraisemblance et sa richesse. Les nouvelles sont exceptionnelles d'un point de vue littéraire. Jaworsky s'essaye à plusieurs styles qui restituent chacun une ambiance particulière:La première nouvelle,
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sur la mort du roi de Leomance
, est dantesque, grandiose, épique, on a l'impression de lire une stèle à sa gloire, excepté pour la fin.Ma préférée, étrangement, a été celle...
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...contant la vie de la petite paysanne, qui jeune rencontre un elfe, évènement exceptionnel dans sa petite vie monotone, qui lui promet qu'il reviendra bientôt la voir. Toute la nouvelle raconte sa vie, avec toutes les difficultés et les joies qu'elle implique. C'est seulement à la fin, alors que notre petite paysanne est extrêmement vieille, oubliée de tous à l'écart du village, que l'elfe réapparait, et dit à la petite vieille qu'il ne reconnait pas qu'il avait promis à une gamine de ce village qu'il reviendrait la voir, et qu'il n'y manquerait pas lorsqu'il aurait le temps. Etant immortel, sa perception du temps est totalement différente d'un humain. Cette approche des elfes est brillante, loin des humains à oreilles pointues que l'on nous sert habituellement. Cette nouvelle a été ma préférée, touchante, brillante, une pure ambiance. J'étais vraiment ému à la fin....
Les autres ne sont pas en reste, et j'ai particulièrement apprécié le service des dames.Gagner la Guerre:La nouvelle de Janua Verra contant les premières péripéties de Don Benvenuto à Ciudalia n'était pas ma préférée, elle faisait même partie de celles que j'avais le moins aimé. En effet, m'étant farcis bon nombre de textes nihilistes, d'anti héros en tous genre, je suis plutôt aujourd'hui enclin à apprécier les histoires où le héros en est vraiment un et où les gentils gagnent à la fin. Donc j'ai mis du temps à me décider à lire Gagner la guerre....Cependant...
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... comment rester insensible au style du livre, avec cette gouaille, cette ironie et cet argot on ne peut plus savoureux! Du grand art, tout simplement! Don Benvenuto est une ordure, une vraie crapule.... mais il évolue dans des milieux où les autres sont encore plus des fumiers que lui, et on se prend d'affection pour ce personnage louche, égocentrique, égoiste et méprisant. On en vient à suivre ses péripéties avec le plus grand intérêt. J'ai dévoré les 1000 pages du bouquin en deux semaines, ce qui est exceptionnel vu le temps que j'ai à consacrer à la fantasy en ce moment. Je lisais dans le bus, à la pause de midi, tard le soir. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas été pris dans un bouquin de cette manière! Il transpire de références, de Machiavel à Tolkien, avec toujours cette incroyable documentation historique qui rend l'univers criant de vérité. Dans la première partie du bouquin, outre les nom de lieux imaginaires et la présence de sorciers, on aurait pu croire à un roman historique. J'aime particulièrement ce côté low fantasy. Contrairement à certains commentaires, j'ai adoré la partie d'exil, les voyages dans les collines de Vieuxfé, le passage à Bourg Preux. Il y a une pure ambiance lorsqu'il côtoie les elfes dans une atmosphère hivernale d'une ville médiévale. C'est également là que le personnage est le plus humain, et que l'on s'attache définitivement à lui.
Non, vraiment, pour moi, un chef d'oeuvre, quasi un sans faute. Quelques longueurs peut-être, encore que, chaque passages
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(y compris les digressions sur l'art)
contribue à la richesse exceptionnelle du bouquin et de l'univers qui lui sert de contexte. Jaworsky est entré au panthéon des grands pour moi, quelque part entre Martin et tolkien, et je me jetterai sans hésiter sur son prochain bouquin (qui semble vouloir temporairement sortir du Vieux Royaumes pour visiter la Grèce Protohistorique.... pourquoi pas?).