tiens en ce moment je lis "
l'histoire de la virilité" (excellent ouvrage que je recommande en passant), et mine de rien votre discussion tombe pile poil dans ce sujet.Chez les grecs notamment (et au moyen-age aussi mais j'en suis pas encore à ce chapitre

), l'homme viril était avant tout un guerrier et/ou un homme politique. On l'éduquait en ce sens dès le plus jeune age. L'exemple extrême étant bien entendu Sparte, où on pratiquait même une certaine forme d'eugénisme pour ne garder que les garçons forts, qui étaient élevés (dressés ?) en commun dès le plus jeune age au combat et à l'obéissance.Vous oubliez quelque chose de fondamental sur les rôles hommes/femmes ! C'est que , jusqu'à preuve du contraire, il n'y a que les femmes qui puissent enfanter ! Dans ces sociétés à l'espérance de vie si courte, envoyer les femmes à la guerre n'avait tout simplement aucun sens. Leur rôle était de remplacer en naissance les morts au combat, d'une certaine façon.Pour preuve à Sparte, toujours, les seules personnes qui avaient droit à leur nom sur leur pierre tombale et dont on célébrait la mémoire étaient les guerriers morts à la guerre et les femmes mortes en couche... chacun son combat, d'une certaine façon.Autre paramètre à prendre en compte : tant que le combat a reposé sur les armures et les armes de taille, la force était une qualité indispensable à un bon guerrier. Ce qui, nécessairement, éliminait la possibilité que la plupart des femmes deviennent guerrières (ce qui n’empêche pas l'exception : certaines femmes sont bien plus fortes que certains hommes - et pour les postes de commandement la force est moins nécessaire que l'intelligence et la légitimité politique- on connait tous les exemples fameux de femmes chefs d'armées que nous a laissé l'histoire). Par la suite, on a abandonné les armes de taille pour les armes d'estoc, et d'un coup c'est l'habileté qui a primé sur la force pure... si les amis d'Henri III étaient jugés si efféminés, c'est probablement parce qu'ils vécurent dans la période de transition où on est passé d'une vision de la virilité basée sur la force pure à un tout autre modèle viril, plus "féminin" selon les critères moyen-ageux.Donc oui, une femme guerrière dans un monde moyen-ageux ou antique prend un rôle "viril", presque par définition, on retrouve d'ailleurs ce qualificatif de femmes viriles dans les textes antiques (pour qualifier les amazones par exemple), sans que ce soit d'ailleurs forcément péjoratif selon les époques. C'est un des aspects que je trouve justement très réussi dans le trône de fer. Brienne n'est pas une frêle jouvencelle : c'est une femme hommasse et très costaude, totalement crédible dans son rôle de chevalière wannabe. Quant à Arya, elle est mise surtout sur son habileté et sa discrétion, jamais ô grand jamais sur sa force.Enfin, en résumé, la virilité et la féminité sont des notions extrêmement fluctuantes selon les époques, selon qu'on est en période de paix ou de guerre, selon les progrès de la médecine (ce n'est pas un hasard si les femmes demandent plus d'égalité depuis qu'il n'y a quasiment plus d'enfants morts-nés ni de mortes en couches... on peut d'ailleurs se demander si les concepts même de virilité/féminité sont encore pertinents dans nos sociétés actuelles)