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J'ai même vu des personnages principaux changer de prénom (John devenait Tom, sans qu'on sache pourquoi).
Pour en revenir aux anecdotes, dans le Régiment Perdu, l'un des personnages principaux du tome 2 (et des suivants...) était censé être mort dans le premier. :rolleyes: CEla dit, pour le coup, c'est avant tout la faute de l'auteur et de son éditeur US. :mellow: Mais pour rattraper ça... Sinon, je me rends compte qu'à l'image de la semaine que je traverse, ça peut avoir ses bons côtés de voir son planning bousculé... :)

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Ne sachant pas où poster mon message, je le poste là Je suis en train de lire du Terry Pratchett et j'imagine que certains jeux de mots ou certaines subtilités ne peuvent pas passer en français, sans compter les clins d'oeil qui doivent être faits à différents romans - "l'intertextualité" - ou éléments de l'histoire anglaise qui peuvent pour certains échapper au lecteur.Dans ce cas particulier, mais aussi pour les romans de fantasy en général, pourquoi ces éléments ne seraient pas indiqués par des notes de fin de page/fin de chapitre/fin de roman, quand ils sont relevés par le traducteur?

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Dans ce cas particulier, mais aussi pour les romans de fantasy en général, pourquoi ces éléments ne seraient pas indiqués par des notes de fin de page/fin de chapitre/fin de roman, quand ils sont relevés par le traducteur?
Je sais que certains traducteurs n'aiment pas beaucoup faire des notes de bas de page explicatives pour dire que telle blague n'est pas traduisible tout simplement parce que ça sort le lecteur du roman. Le but du traducteur est alors de laisser passer la blague et d'en ajouter une dans le même ton ailleurs, comme Couton le fait si bien. Patrick Marcel avait fait une note humoristique pour De Bons Présages, parce qu'il y avait un jeu de mots sur "faggots" qui passait pas en VF. Mais le livre étant rempli de notes, ça ne gênait pas.Je me souviens d'une note d'Arnaud Mousnier-Lompré sur le premier tome de l'Assassin Royal pour expliquer un jeu de mot entre "Fitz" et "fits" (tremblements) mais il me semble que le traducteur avait dit n'être pas fan du procédé.Bref, ça dépend des traducteurs, mais je pense que vu que le maître mot est d'être le plus discret et invisible possible, ces notes/index/précisions doivent être les plus rares possibles.

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Je crois me souvenir qu'il y a pas mal de notes humoristiques du trad, mais elles restent dans le ton du livre, donc ça passe très bien pour ma part :)

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Merwin Tonnel a écrit :Je sais que certains traducteurs n'aiment pas beaucoup faire des notes de bas de page explicatives pour dire que telle blague n'est pas traduisible tout simplement parce que ça sort le lecteur du roman. Le but du traducteur est alors de laisser passer la blague et d'en ajouter une dans le même ton ailleurs, comme Couton le fait si bien.[...] Bref, ça dépend des traducteurs, mais je pense que vu que le maître mot est d'être le plus discret et invisible possible, ces notes/index/précisions doivent être les plus rares possibles.
+ 1;)

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Une petite question pour nos traducteurs nationaux, suite à la discussion sur la ponctuation dans le sujet sur la Horde.Dans la majorité de ce que je lis en anglais, les auteurs ne font pas forcément très attention à leur ponctuation. En gros, ça se résumé bien souvent à Sujet verbe complément + point (je grossis le trait volontairement). Donc ça ne pose pas trop de problème lors de la traduction.Par contre, comment est-ce qu'on gère un auteur qui ponctue plus, qui instille un rythme plus poussé (le seul qui me soit venu à l'esprit c'est Hal Duncan, mais il doit y en avoir d'autres) ? Je sais que le traducteur doit bien souvent jongler pour que cela sonne bien en français (et donc modifier les subordonnées par exemple) et cela ne me choque pas forcément plus que cela tant que l'auteur a une construction classique. Par contre, comment ne pas dénaturer quand l'auteur travaille plus ses phrases ?Est-ce un problème auquel vous avez déjà été confrontés ?

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A mon avis, on peut répondre en une phrase à ta question : oui, on est tout le temps confronté à ce problème, et oui, on jongle avec les phrases. Maintenant, précisons.Moi, ça m'arrive tout le temps de jongler avec l'architecture des phrases, parce que je traduit des auteurs qui, il faut le dire... n'écrivent pas toujours très bien. Du coup, pour rendre 100% de l'idée, des fois il faut bouger des bouts de phrase.Pour des auteurs au "phrasé" plus ambitieux (très bon exemple, Hal Duncan) ou au style très prononcé (ex Cormac Mc Carthy), j'aurais envie de te dire qu'il n'y a pas de raison de changer de méthode.1/avec ce genre d'auteurs, tu as en général moins de mal à conserver la structure de la phrase VO. Parce que c'est mieux écrit, tout simplement. 2/ Maintenant, s'agissant de la façon dont on peut rendre le style très travaillé d'un auteur. En ce qui me concerne, je me débrouille alors pour donner à la phrase un "cachet" destiné à indiquer que la phrase n'était pas une phrase banale en VO... Par le vocabulaire, la ponctuation, et oui: en jouant sur l'ordre des membres de la phrase. Je n'ai pas d'exemple précis sous la main, alors peut-être que je ne suis pas très claire... Bref. En tout cas, quelle que soit la "qualité d'écriture de l'auteur", j'aurais quand même tendance à signaler un truc : jongler avec la structure de la phrase, c'est tout le principe de la traduction. A mon sens, cela ne revient donc jamais à dénaturer le texte. C'est même parfois une condition sine qua non pour ne pas dénaturer l'essence du texte, justement.Luigi, considère avec un "oeil neuf" certaines phrases tirées de bouquins traduits de l'anglais. Si tu trouves des phrases "bancales" (elles sonnent drôlement, maladroitement, même si on ne sait pas toujours bien pourquoi, des fois) alors même qu'elles ne comportent pas de fautes de français, alors tu peux être sûr que c'est parce que le traducteur a trop collé à la structure de la phrase VO. La phrase n'est pas fautive, mais "on n'aurait sans doute pas dit ça comme ça" en français; ça sent le traduit, en somme.Si je retrouve des exemples précis, je viendrai les indiquer ici. :)

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Merci Santino, je ne sais pas ce qu'en pensera Luigi mais pour moi ta réponse était très éclairante. Du coup de mon point de vue de non traductrice et de juste lectrice en anglais je rajouterai qu'il me semble que la gymnastique consiste à passer d'une "pensée en anglais" à une "pensée en français" Quand je lis un livre ou un article, je ne le traduis pas, je le pense dans la langue où il a été écrit sinon ça n'a pas de sens.Je pense que la meilleure façon de s'en rendre compte c'est d'écouter des traducteurs "en simultané" lors d'interviews ou de conférence. Leurs phrases ont souvent l'air d'être commencées du mauvais côté et/ou construites de travers. C'est vraiment un travail énorme et à part entière que de transformer un texte dans un français intelligible et correct en y ajoutant un style au plus près de celui de l'auteur. La lectrice VO n'a pas souvent l'occasion d'apprécier votre travail mais je pense quand même "bravo !"

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Merci Led.;)Un article très intéressant. Un auteur très conscient des difficultés de la traduction, ce qui est rare., et soucieux que les nuances de ses écrits soient retranscrites au mieux dans d'autres langues, ce qui... euh, n'est pas si fréquent que ça.

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J'ai lu un court article dans Le Monde des livres du 10 février. Pierre Assouline y parle de la traduction des titres et cite notamment l'exemple de Wuthering Heights d'Emily Brontë. Gallimard a sorti une nouvelle traduction mais n'a pas pu reprendre le titre français de la première traduction (Les Hauts de Hurlevent) parce qu'il appartient au traducteur (vu que c'est une traduction non littérale).Assouline continue son article en parlant de la difficulté de traduire un titre en gardant le même sens et la même puissance que le titre original.

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Ah, les titres, c'est vrai que c'est souvent un défi en soi. Sinon, concernant les auteurs, personnellement, j'ai toujours eu la chance de tomber sur des personnes ouvertes qui n'hésitent pas à répondre à une batterie de questions qui me donnent souvent l'impression d'être un idiot. ;)

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400 traducteurs aux Rencontres de la traduction du Salon du livre de Paris
Tiens, est-ce que certains de nos vaillants représentants ont déjà eu l'occasion d'y assister ? :)

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Perso, non, je n'y suis pas allé. Pour une raison assez simple : je n'en attendais rien.Depuis deux ans, les traducteurs voient (à de rares exceptions près) leurs revenus cassés. On est passé de 12 à 15 € le feuillet - base de calcul qui correspond à 1500 signes ou espaces, soit un feuillet de 25 lignes de 60 signes - à 11, voire 9 €.C'est tout simple : un bouquin traduit et qu'on va qualifier de moyen pour la taille - on ne parle pas de la difficulté de la traduction, les éditeurs qui paient mal achètent souvent des romans difficiles à traduire - (350 pages, typo moyenne) correspond en gros à une trad. de 500 feuillets qui, il y a deux ans, était payée : 500 X 12 € = 6000 €.Aujourd'hui, à 9 € : 4500 €.Manque à gagner réel : 1500€.Bon, c'est la crise, OK. Mais quand l'ATLF (Association des Traducteurs Littéraires Français) conseille à tout traducteur d'exiger entre 19 et 21 € du feuillet pour une trad anglais/français, là, on marche sur la tête. Faisons simplement la comparaison : pour reprendre mon exemple, au lieu de toucher 4500 € pour cette trad et d'après ces excellents conseilleurs de l'ATLF, la traduction aurait dû rapporter 9500€ au minimum.Whoa. :blink:Du coup : pour moi la réunion de 400 traducteurs inscrits, qui ne seront probablement que 50 au final, non, ce n'est pas trop mon kif. Maintenant, si des traducteurs et des traductrices souhaitent que ça change, je suis ouvert à toute proposition. Sinon, je remets tout dans mon calcif, et on continue à deviser doctement des problèmes qui existent dans ce milieu si étrange qui est celui de la traduction dite "littéraire" (blurp).Je plaisantais... 1 - Evidemment2 - Et je m'en fous.3 - Hélas

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Interessant ton post ethan iktho !Autre question : combien d'heures à peu prés pour traduire 350 pages en typo moyenne ? ( dans le cas de ton exemple )Ensuite : imaginons une sortie Grand format où l'éditeur perd de l'argent suite à des ventes décevantes. Ce GF sort ensuite en poche où les ventes sont bonnes. L'éditeur touche-t-il des "royalties" sur sa traduction ? Cela peut-il l'aider à rentrer dans ses frais ? Voit'il d'un bon oeil une sortie poche ? ( bon, je suppose qu'il l'autorise donc ça doit pas trop le déranger et doit y trouver un minimum d'interêt)