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Gillossen a écrit :
Guigz a écrit :En même temps c'est le magazine Lire, absolument rien de neuf chez eux à ce niveau. :/
Vous vous rendez compte - j'emploie le pluriel car tu n'es pas le premier à me faire la remarque - que ma "réponse" ne se limite pas à pointer du doigt Lire, hein ? :)
Oui, mais tu t'en sers comme d'une porte d'entrée pour ton billet, non ?Le fait est que j'ai vu le palmarès de Lire ce matin sur Twitter et je m'étais moi-même fait la remarque cyniquement que les bouquins sur le sport faisaient l'objet d'une catégorie et que les genres de l'imaginaire n'étaient pas cités, mais qu'au final il ne fallait rien attendre d'une rédaction aussi fermée et contradictoire.Je pense qu'avec Bilbo réalisé par Jackson la Fantasy va être replacée sous les spotlights, donc je ne serai pas aussi négatif que toi, je pense que le terrain est davantage propice qu'il y a 10 ans, mais qu'effectivement il faudra encore pas mal de temps avant que la fantasy soit aussi acceptée que le polar (qui est passé par là lui aussi, donc il peut en parler).

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Bah on est habitué non? Le 8 novembre dernier, France Inter faisait une émission sur les prix littéraires. Évidemment la question des lectures de l'imaginaire a été mise sur le tapis. La réaction des invités est éloquente (j'ai même cru qu'ils allaient dire "Non mais soyez sérieux ce n'est pas de la vraie littérature! On ne s'abaisse pas à ça pour le Goncourt!") Réécouter l'émission Ici (pour l'imaginaire, c'est à partir de 25"01)

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Hum alors : "Gagner la guerre" : Prose ======> check Belle écriture ==> check Univers ======> check style =======> checkBon il aurait du avoir le Goncourt :DEt donc on apprends ici que les auteurs de sf (ou de fantasy par extension) n'écrivent que pour les potes et pas pour tout le monde :blink: (je sais, tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice, me direz vous, mais c'est le genre de truc qui me gonfle ça).Nan sérieusement perso c'est les Goncourt qui sont pour moi abscons, mystérieux et hermétiques.M'enfin après tout j'ai toujours été considéré comme un mec avec des goûts bizarres et au bout de 45 ans je suis rodé :lol:
Si l'enfer est ici alors autant s'en faire, si l'enfer est ici alors autant s'en faire, s'en faire un paradis. --- Shaka Ponk

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Haldir_ a écrit :Réécouter l'émission Ici (pour l'imaginaire, c'est à partir de 25"01)
Merci pour le lien, cette émission est vraiment un grand cri du coeur des tenants du bien-disant littéraire à la française.Je ne voudrais pas être méchant, vu que ce n'est pas mon genre (gniark), mais quand j'entends un arriviste tel que Tahar Ben Jelloun prétendre qu'il est "indépendant", quand même, ça laisse pantois. Qu'il dise ensuite qu'un roman doit avoir "un style, un univers, une structure propres" (excusez si j'en oublie ou si je résume, mais c'était tellement énorme...), ça ne fait que démontrer la fatuité d'un mondain ridicule et sa méconnaissance abyssale d'un genre littéraire qui compte quand même des signatures foutrement prestigieuses. Parce que, si on prend un peu de hauteur, ce qui n'est pas interdit, que je sache : quel nom restera gravé au Panthéon des Lettres, le sien ou celui d'Edgar Allan Poe, de H.G. Wells, de Jorge Luis Borges, de Gogol ("Viye"), d'A.C. Doyle, de Boulgakov, de Maupassant, de Kafka, etc., pour prendre des signatures qu'il connaît peut-être ? Et je ne cite pas quelques grands noms de la littérature policière, qu'il semble conchier avec le même entrain moustakien. Inutile de charger la barque quand c'est un liner de chez Costa Croisières prêt à s'échouer tout seul, nous sommes bien d'accord. ;)Bon, rien d'étonnant donc à ce que les littératures de l'Imaginaire soient aussi mal vues par "l'élite" littéraire française, quand on sait que la règle d'or des jurés d'un prix comme le Goncourt, c'est non pas se conformer aux volontés édictées par les deux frères à l'origine du prix, contrairement à ce que pontifie maladroitement TBJ, mais bien préserver leur pré carré : à savoir pondre une histoire dérivée des souvenirs que l'écrivain a, ou qu'il a pompés à son père, sa mère, un aïeul quelconque ou même aux archives nationales. Et, cerise sur le gâteau, quand ces gentes personnes affirment benoïtement avoir la certitude qu'au pied du sapin de Noël, s'ils n'offraient pas le dernier Goncourt ou le dernier Médicis, ils feraint un-e malheureux-se chez leurs (petits-)enfants, là, on voit leur décalage avec la réalité des choses... Mais n'empêche, c'est de plus en plus vrai : il y a des coups de tiag au derche qui se perdent.Ne serait-ce que pour remettre ces fats à la réalité obsolète au fait de la réalité actuelle. :lol:

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Je vais être un peu provoc, mais cette mise au ban des littératures de l'imaginaire par certains tenants de la littérature blanche, est-ce si grave que cela ?Certes, je conviens volontiers que cela maintient une partie du public dans l'ignorance ou dans le mépris pour la fantasy. Cela étant, le public lettré et curieux peut passer outre les anathèmes des petits marquis et se plonger malgré tout dans les littératures de l'imaginaire ; il y en a des exemples ici. Certes, cela nuit aux éditeurs de l'imaginaire, ce qui maintient leurs chiffres d'affaires dans une fourchette inconfortable, surtout en ces temps de crise. Cela, je l'admets, est très dommageable, même si par ailleurs, le public bénéficie d'une très grande variété de titres fantasy.Mais si l'on fait abstraction du problème économique, le déficit de reconnaissance est-il si grave ?N'oublions pas que le microcosme littéraire est un milieu où l'on aime détester, et par-dessus tout, où l'on aime se détester entre soi. C'est vieux comme le genre satirique, genre majeur des littératures grecque, latine et celtique ! C'est vieux comme les sirventès du XIIe siècle, où les troubadours (auteurs) et les jongleurs (chanteurs interprètes) s'échangeaient souvent des vacheries féroces. C'est vieux comme les flambées pamphlétaires de l'Ancien régime, les méchancetés des moralistes du Grand Siècle, la correspondance haineuse entre Voltaire et Rousseau. C'est vieux comme la bataille d'Hernani, la charge de Rosny aîné contre les "ordures" de Zola, Rimbaud s'écriant "Quel vieux con !" en quittant la pièce où il venait d'être présenté à Hugo. N'oublions pas l'agitation surréaliste, les oukases de Breton, le Comité National des Ecrivains et ses règlements de compte personnels maquillés en épuration, la brouille entre Sartre et Camus…Bref, c'est normal d'être détesté ou méprisé dans le milieu. C'est un signe de bonne santé littéraire !Quant au mépris pour une littérature de genre, pour un courant ou pour un genre littéraire, cela aussi n'a rien que de très ordinaire. Le roman a été un genre honteux jusqu'au XIXe siècle. Les Anciens ont vitupéré les Modernes (et réciproquement) ; les classiques ont vitupéré les romantiques (et réciproquement) ; le surréalisme a vitupéré le roman ; Gérard Klein vitupère la fantasy… Bref, Clochemerle, c'est l'écosystème du milieu littéraire. Mieux vaut s'en réjouir que s'en désoler, car dans ce cas, mes amis, vous n'avez pas fini de pleurer.

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La défense d'une élite littéraire est un élément d'un système appelé exception culturelle qui consiste à considérer que n'est que culture ce qui relève d'une certaine tradition séculaire et qui n'est pas censé relever d'une expression commerciale et populaire. (mais qui bien souvent utilise le marketing d'une manière bien plus ehontée que notre milieu).C'est cette même exception culturelle que Abdou Diouff, ex président du Sénégal et actuellement secrétaire général de l'organisation mondiale de la francophoni, rend responsable du déclin de l'influence culturelle de la France dans le monde. Cette même exception culturelle bien égratignée par Frédéric Martel, qui considère que les subcutures sont le terreau de la bonne santé culturelle d'une nation. Bref le développement des littératures de l'imaginaire serait une bonne chose pour la culture française et son rayonnement dans le monde.
e vais être un peu provoc, mais cette mise au ban des littératures de l'imaginaire par certains tenants de la littérature blanche, est-ce si grave que cela ?
Oui. Parce que certains prescripteurs relaient ce message. J'habite une commune où la bibliothècaire considère les littératures de l'imaginaire "n'intéressent personne" ou même sont de la littérature pour les " dégénérés". Je n'ai pas les moyens d'acheter les bouquins que je voudrais acheter alors quand la fantasy se limitent Terry Goodkind ou Robin Hobb alors j'ai envie de hurler. Ah oui elle vient juste de découvrir GRMM Martin. Mais les auteurs français se limitent à Jacques Martel, JUstine Niogret et Paul Beorn. Et bon elle fait un pic d'achat quand elle se fait rappeler à l'ordre par la BDP. Désolant.

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Histoire de rééquilibrer tout ça, il faut quand même savoir que, du côté des chercheurs, ça commence à bouger sérieusement : il y a de plus en plus de colloques sur les littératures de l'imaginaire (et les cultures de l'imaginaire en général). Le genre est en train de gagner peu à peu sa reconnaissance universitaire. A partir de là, si des auteurs de "littérature blanche" n'aiment pas le genre, on s'en fout un peu. Et puis bon, sur la fin de sa vie, Julien Gracq disait que les romans récents lui tombaient tous des mains sauf Tolkien, alors le genre n'a pas non plus tant que ça à rougir...Et avec la nouvelle génération du type Jaworski ou Beauverger (qui avait déjà commencé avec des auteurs comme Fazi ou Noirez qui ont des styles très habiles), on voit se développer toute une série de nuances entre très grosso modo les deux extrêmes d'une fantasy "littéraire" (style façon belle prose, références à la culture classique/scolaire, subversion poussée des conventions et des archétypes du genre) et une fantasy "populaire" (écriture avant tout "efficace", références avant tout aux oeuvres de fantasy/sf précédentes et à la "culture fantasy", peu d'écart avec les conventions et archétypes du genre). Plus on aura de "choix", plus le genre montrera sa capacité à se renouveler et gagnera une reconnaissance large.

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Gwendal a écrit :Et donc on apprends ici que les auteurs de sf (ou de fantasy par extension) n'écrivent que pour les potes et pas pour tout le monde :blink: (je sais, tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice, me direz vous, mais c'est le genre de truc qui me gonfle ça).
J'ai moi aussi tiqué sur cette réplique de Tahar Ben Jelloun. C'est bien connu: les auteurs de fantasy/SF n'écrivent que pour une dizaine de personnes (très certainement une bande de geek planqués dans une cave, adeptes de jeux vidéos violents et très prochainement tueurs en séries) et n'ont aucune envie que leur œuvre se diffuse. Sait-on jamais ils pourraient en vivre, ce qui serait craignons. Explication plus que pertinente de Sarmate. Chaque époque à eu son lot de conflits littéraires. Et les partisans d'une littérature blanche et élitiste ont tendance à (volontairement) l'oublier, préférant avoir une vision sélective de l'histoire plutôt que de reconnaitre qu'ils disent des conneries. Est-ce si grave que les lectures de l'imaginaire soient mise au ban? Oui et non. Non car cela n'empêchera personne d'en lire et encore moins d'apprécier ces genres. Mais oui dans un certain sens. Fabien Lyraud le démontre très bien : un genre qui est mal vu à tendance à être globalement absent des circuits de distribution classiques (supermarchés, librairies généralistes, bibliothèques). Dès lors comment peut-on espérer que le grand public ai accès (et donc une vision positive) à ces genres?

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Pour rebondir sur la réaction de Gillossein (qui, d'après les podcasts, doit être en caoutchouc) au palmarès du magazine Lire, je sors de l'ombre ce soir.J'étais loin d'imaginer le mépris dans lequel était tenu le genre qui nous réunit, mais du coup je conçois la lassitude qui doit être la vôtre devant les divers articles qui émaillent ce post. De la prétendue nouveauté du genre jusqu'à sa négation pure et simple, j'en reste coite. Alors pour vous qui oeuvrez plus qu'activement au rayonnement de cette littérature, j'imagine à peine comme ces tissus d'âneries doivent vous picoter.Sachez que votre labeur n'est pas vain. Que vous ne vous fatiguez pas pour partager "seulement"entre vous vos appréciations des dernières sorties. Vous avez été mon phare dans la nuit, vous m'avez guidée pour plonger plus avant dans ce genre que j'avais effleuré par le passé et que je n'avais pas approfondi car d'autres centres d'interêt avaient alors pris le pas sur la fantasy. Que ce soit dans les critiques, dans les podcasts (♥merwin♥), dans les forums/fora, dans les actualités, j'ai trouvé des conseils précieux, des informations nombreuses et de qualité, des réflexions au delà de la lecture, bref une mine d'or. Surtout que j'habite en outre mer et que pour l'approche de la fantasy via un libraire qui serait sympa et qui s'y connaîtrait, on repassera (dans 120 ans environ). Bref, je vous cire les pompes, ok, mais on n'a pas le droit de laisser décourager des initiatives aussi riches qu'elbakin.net en écrivant n'importe quoi. Alors si vous avez parfois l'impression de vider l'océan à la petite cuiller, continuez: j'ai vu le niveau de la mer descendre!! La preuve? J'ai failli commencer mon retour à la fantasy par l'épée de vérité!!

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Dans les messages postés sur Facebook en réaction à cet article, on me demandait si justement c'était si grave de ne pas trouver de Fantasy dans Lire. Dans l'absolu, non. Mais si le polar ou la Jeunesse ont le droit de citer, pourquoi pas la SF/Fantasy ? On en vient à trouver normal de ne pas être "représenté".

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- Rappelons que durant les années 80 et 90 il y a eu une rubrique régulière sur la SF dans le Monde tenu par Emmanuel Jouanne puis par Jacques Baudou qui a du se retirer en 2005. La rubrique a été reprise par Serge Lehman et est maintenant très irrégulière genre 2 ou 3 fois par an. Le Monde a même eu une série de l'été SF avec des nouvelles de divers auteurs proposés en supplément au journal.- Jean Claude Dunyach a pendant longtemps tenu une rubrique dans l'Express. Après son départ il n'a pas été remplacé. - Dans le Magazine Littéraire Philippe Curval parlait de SF tous les mois; Je ne sais pas si sa rubrique existe encore.- On parlait de SF et de fantasy dans Lire dans les années 90. C'était Alain Grousset qui s'en occupait. Il n'y avait certes que 2 ou 3 titres critiqués et plutôt à dominante SF mais ça avait le mérite d'exister.- Sur France Culture l'émission "Un oeuvre, un auteur" a été consacré plusieurs fois à des auteurs d'imaginaire dans la première moitié des années 2000. Il y a eu entre autre des émission consacré à Ursula Le Guin, Robert Silverberg et Mercedes Lackey. Depuis quelques années il est absolument impossible de faire quoi que ce soit sur la SF ou la fantasy à France Culture. Seul Mauvais Genre résiste encore et selon Olivier Paquet ce ne serait pas vraiment facile pour François Angelier de monter des émission sur l'imaginaire. On lui met les bâtons dans les roues, à ce que j'ai compris.Il semblerait qu'il y a quelques années la SF et la fantasy avait droit de cité dans la grande presse parisienne. Et comme par hasard lorsque les soixante huitards quittent la direction des grands groupes de presse, les choses se dégradent pour nos genre préférés. Les diplômés des écoles de commerce qui les ont remplacé ne semble pas s'intéresser à nos genre de prédilection.

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Je suis venue, j'ai lu, j'ai été vaincue. C'est donner le bâton pour se faire battre... Je ne retiens que le vibrant enthousiasme. Je préfère le genre : les reproches que l'on m'adresse, j'en joue et je m'en amuse.http://www.goldenmoustache.com/videos/g ... episode-1/Par exemple. Alors, et seulement en cette période de pré-apocalypse, je requalifie la rubrique "est-ce que ça changera un jour? en "est-ce que ça finira un jour?" et je "réponds" : "qui qui croît au père Noël? ;)

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:blink:hé bé avec un avocat comme ce Mattmatt si LA fantasy ne prend pas perpète au fin fond des rayons derrière les Brigade Mondaine, ce sera un miracle :vengeance: Et certains n'étaient pas contents de l'article précédent ? :sifflote: :tetemur:

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Personnellement je ne reproche rien à l'article de l'Express. Ca me paraît être une défense du genre par un fan. Parler des oeuvres les plus faciles, ça permet d'attirer des ados ou de faibles lecteurs qui ne se reconnaissent pas dans la littérature ordinaire et si certains deviennent de gros lecteurs tant mieux. Je prèfère que l'on s'adresse à ce type de public plutôt que de convaincre des bobos qui ne s'intéresseront qu'à deux ou trois auteurs parce que plus littéraires ou très difficiles d'accès.

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Suis pas certaine du tout que le "faible" lecteur ou le lecteur ado lise "couramment" l'Express. Quant au lecteur bobo si, effectivement, il est séduit par deux ou trois titres fantasy plus littéraires parce que... plus littéraires (que, au hasard, Houellebecq) ben, soit il alunira un beau jour et comme par mégarde sur Elbakin.net et il découvrira qu'il peut lire, au moins :ange: , deux ou trois autres auteurs "supplémentairement" littéraires et ce sera peut-être son plus odieux honteux secret ; soit, pas...Mais bon, là, on est un peu coincés entre le lecteur B.A : BA et le lecteur Bobo. ;)

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Je prèfère que l'on s'adresse à ce type de public plutôt que de convaincre des bobos qui ne s'intéresseront qu'à deux ou trois auteurs parce que plus littéraires ou très difficiles d'accès
Mais ce type de public comme tu dis lit l'Express ?