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par Littlefinger
Elbakinien d'Or
Je rentre d'une petite pépite que je tenais à vous faire partager. Deux films coup sur coup, deux perles (Le Hobbit et ...ça)Les bêtes du Sud SauvageDans le bayou vivent une petite fille, Hushpuppy et son père, Wink.Déshérités, marginaux et reclus, ils survivent dans le Bassin, un bidonville à l'écart de la civilisation.Malheureusement, une tempête se prépare et ils devront braver les périls pour rester dans leur maison.C'est l'histoire de Hushpuppy, de l'amour d'un père pour sa fille et comment les Aurochs surgissant des glaces feront vivre les légendes du bayou.Primé dans Un Certain Regard à Cannes, mais aussi au Festival de Sundance, le Festival de Deauville ou encore London Film Festival, le premier long-métrage de Benh Zeitlin a bénéficié d'un buzz critique extraordinaire. Sujet original mais délicat, la misère dans le Bayou y est abordé sous une forme exquise. Vous l'avez déjà deviné à ce stade, Les bêtes du sud sauvage n'est rien de moins qu'un chef d'oeuvre.Peinture d'un bidonville rime souvent avec larmoiement et misérabilisme. Mais pas ici, Zeitlin ne cède jamais à la facilité. Il est difficile de décrire ce qui se dégage de ce film, vraiment. Une ambiance bayou américain qui vous imprègne dès les premières minutes, une mise en scène ultra-réaliste avec un grain particulier qui donne un cachet vieilli au film. Mais surtout une sorte...d'intemporalité. Dans le Bassin, vous n'êtes pas dans notre monde, mais dans celui de la misère, tout le film montre cette pauvreté absolue, nous la dépeint mais JAMAIS ne s’apitoie dessus. Il fait mieux, beaucoup mieux, il vous montre la vie, l'espoir, il vous montre des hommes et des femmes qui luttent, mais qui ne renoncent pas, qui peinent mais qui ne se lamentent pas. Benh Zeitlin nous dépeint un tableau très loin des clichés habituels (on pense parfois à Winter's Bone pour le cadre social) et cela grâce à une idée toute simple mais tellement brillamment exploitée.Le long-métrage suit la petite Hushpuppy, et l'histoire entière est vue par ses yeux d'enfants de 6 ans. Dès lors tout parait magique, surnaturel, bâtit sur les paroles d'un père devenu figure divine, dans un univers où un simple conte, une simple idée de catastrophe va influencer les pensées de la fillette. Grâce à cette astuce le film se trouve toujours enveloppé dans une atmosphère douce-amer, guidé par l'innocence d'un enfant. On suit ses pensées en voix-off, souvent drôles, souvent touchantes, toujours magiques. Ainsi, le film s'en trouve transcender.Mais c'est franchement le duo Hushpuppy-Wink qui est formidable, ce n'est pas un hasard... la petite Quvenzhané Wallis n'est rien de moins qu'un phénomène. Vraiment. LA révélation de l'année. Touchante, craquante et si talentueuse pour son âge. Elle sait se montrer forte et bravade mais aussi si fragile. Elle est FORMIDABLE. N'en oublions pas Dwight Henry, le père, fabuleux dans son rôle de dur à cuir au coeur tendre. Leur relation reste le fil rouge du film, intense, étonnante, et en fin de compte crève-coeur. Oui... les Bêtes du Sud Sauvage va vous arracher des larmes.Reste les Aurochs... eh bien je n'en parlerai pas de ces bêtes, juste vous dire qu'il ne faut retenir qu'une chose : Hushpuppy, son papa et tous ces habitants aux grands coeurs mais aux petits moyens, Ils sont forts et têtus comme des Aurochs.Tableau chatoyant d'un monde reclus, vus par les yeux d'un enfant, bercé par l'amour entre un père et sa fille, avec l'ombre d'une mère par trop absente, Benh Zeitlin peut être fier, très très fier de ces Bêtes du Sud Sauvage car son premier film est un chef d'oeuvre.Et mon coup de coeur de l'année 2012.Vous n'avez aucune excuse pour ne pas lui faire l’accueil qu'il mérite.