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Cette histoire sent la boulimie, l'irrésistible péché mignon de PJ qui ne veut rien jeter de tout le matériau tourné, mais ce n'est peut-être qu'une apparence. Tout d'abord, on se souvient que toute coupe vaut des frustrations comme celle de Christopher Lee apprenant que la mort de Saruman était zappée de la version courte (en salles) du Retour du Roi : on imagine le nombre de protagonistes désolés d'être relégués dans des versions DVD.Probablement il s'agira de 3 versions stables sans version longue démesurée, du coup la réflexion a dû porter sur les compléments de climax nécessaires pour équilibrer chacune de ces parties. D'où le bis repetita pour une trilogie.L'hypothèse d'un 3è film entièrement dédié au pont Bilbo-SdA ne tient pas, car même si cette piste était précoce, lesdits ponts sont plutôt des passerelles (p. ex. les trolls pétrifiés et Bilbo) dispersées à différents endroits du périple et non détachables de sa chronologie. On ne voit pas trop comment les isoler pour constituer une histoire en soi.Sinon, Bilbo format trilogie c'est quand même un scoop vu l'épaisseur du livre par rapport au SdA, mais pas tant que ça vu la façon dont PJ avait boosté King Kong avec une foule d'éléments périphériques improbables comme la relation d'amitié entre le cuistot et le coolie ou encore les moustaches graffitées sur les affiches du jeune premier qui grimpe au rideau avant se prendre au jeu. Perso, ça ne me dérange pas car j'adore ces ajouts, ils viennent du terrain, de la sensibilité des acteurs, ils donnent du liant et de l'authenticité à la narration... Et il ne serait pas étonnant qu'avec les treize nains ça parte dans tous les sens.Blague à part, je suis convaincu aussi qu'avec la stéréo et le moult images/secondes on se dirige vers une énorme tuerie visuelle. Je pratique un peu la photo 3D et je flaire sur chacune des images proposées l'influence de la profondeur de champ dans la construction des scènes. Pour la 3D il FAUT un rythme suffisamment lent pour que le spectateur ait le temps de se plonger dans l'image, et Avatar notamment avait totalement manqué le coche sur ce plan.Le tempo nécessaire à l'occupation d'espace visuel s'est donc peut-être ajouté aux facteurs qui ont contribué à l'allongement du film par rapport au plan initial. Mais surtout, les images deviennent si belles que cela devient un crève-coeur insurmontable de les couper au montage, surtout avec la perspective d'une VL diffusée alors que seule une minorité des lecteurs DVD et des postes TV du grand public permet pour l'instant d'accéder à la vision stéréo à domicile. Bref, combiner la 3D avec l'aventure des VL tournerait vite au gâchis, que PJ, son entourage auront voulu éviter avec le flair et le pragmatisme artistique qui les caractérise. Au-delà des caprices de la narration, il y avait sans doute là un GROS motif à convaincre les producteurs.En résumé, tout autant que l'énorme influence de la première trilogie, et son exploitation magistrale de la vague DVD haute définition, celle-ci paraît sur le point de jeter les vrais jalons du grand cinéma-spectacle pour la décennie qui s'ouvre.