Foradan a écrit :Ce premier film ne lui rend pas hommage au point que la première apparition du livre est bien décalée : il est "Gandalf, celui duquel on ne connaît qu'une toute petite partie de ses aventures, et le peu que l'on sait est déjà plus qu'il n'en faut pour fasciner", alors que les nains du film, le Bilbo du film et le conseil blanc du film ne le mettent pas en valeur.
Oui, mais ne perdons pas de vue que dans le livre, le narrateur de ces lignes n'est autre que Tolkien, alors que dans le film, le seul narrateur que l'on voit coucher l'histoire sur le papier est Bilbo, qui lui ne peut pas connaître toute l'extension de la nature de Gandalf...D'ailleurs, si l'on voit bien Bilbo commencer sa rédaction par un "Au commencement était un trou de Hobbit", il est clair qu'il ne saurait aller plus loin sans commencer à parler de lui à la troisième personne façon Alain Delon... Les scénaristes en la circonstance ont su s'arrêter pile poil pour enclencher la narration sans déraper, tout en suggérant les limites à respecter... Leur choix est ingénieux, car à porter le livre à l'image en le suivant à la lettre, ils auraient été obligés de filmer un narrateur qui ne soit ni Gandalf ni Bilbo, donc sans doute de risquer une motion capture sosifiant JRR Tolkien en personne.Certes, ne pas sosifier Tolkien à l'image revient, peu ou prou, à se substituer à Tolkien en tant que metteur en scène de l'univers... Mais de toute façon ce serait le cas même si un personnage incarnant Tolkien était filmé, vu que le Tolkien rédacteur de 1933 ne peut être filmé en personne en 2011, et que le Tolkien rédacteur de 1933 vivait en Angleterre et non en Terre du Milieu... Donc autant raccourcir au strict nécessaire la chaîne de narration, ce qu'a fait PJ.D'ailleurs si Bilbo est présenté comme un narrateur, on s'aperçoit aussi que Gandalf lui-même a aussi été exploité comme méta-narrateur branché sur la suite du scénario, lorsqu'il explique à Bilbo, seconde-plume de l'histoire, que "les histoires réclament d'être embellies", qu'il lui prophétise qu'il sera 'changé' par l'aventure, ou qu'il l'incite par avance à trouver le courage d'épargner une vie (Gollum en substance).Et on n'oubliera évidemment pas que dans le SdA, la narration des grands enjeux était assurée par Galadriel.