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Éditions Mnémos" Et pourtant la nuit était noire. Uniquement noire, et vide de toute autre chose; à la façon de cette encre qu’un jour Mordred avait vue baver d’une créature molle et blanche, sur l’étal d’un marchand des côtes. L’œil de la bête était ouvert, grand et rond. En cet instant, le chevalier savait que lui-même en avait de semblables, sans couleur et écarquillés dans l’obscurité de sa chambre. Ne fixant que le néant du monde."Extrait, chapitre 1, Mordred de Justine Niogret, sortie le 22 août.

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Joli ;)On reconnait bien le style de Justine Niogret. J'ai pas été fan de Chien du Heaume et de Mordre le Bouclier, mais ce serait blasphème que de ne pas reconnaître son talent pour l'écriture.

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Après un extrait comportant le prologue et les deux premiers chapitre, j'ai aussi reçu mon exemplaire et ainsi finir l'ouvrage. Malheureusement, je reste sur ma faim avec ce Mordred. L'écriture est toujours léchée, mais je ne suis pas transporté dans son monde celtique.On peut comparer son ouvrage avec celui de Jaworski, et là ou il y a un souffle épique et une narration maîtrisée, chez Niogret c'est plus un récit intimiste où il ne se passe pas grand chose. On sonde les tréfonds de l'âme de Mordred, mais sans s'y attacher et encore moins s'y identifier. La conclusion de son prologue nous explique la raison d'être de Mordred, et cela m'a peut être bloqué dans le reste de ma lecture. (Déjà que je connaissais déjà la fin, mais si en plus on me l'explique dès le début...)Je reconnais que le livre est bien écrit, mais il ne se passe pas assez de choses pour que j'accroche. Après, sur l'ouvrage physique on a plus l'impression que Mnémos a voulu pomper la maquette des Moutons Électriques qu'autre chose pour le coup...

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Après je suis d'accord avec Gillo, c'est du pur Niogret et je n'avais déjà pas accroché à ces titres précédents, donc il n'y a pas trop de surprise au fait que je n'accroche toujours pas...Sinon, une chronique très plaisante Gillo ! Qui résume bien mieux l'esprit du livre que moi ^_^

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Pareil : merci pour cette critique, vu que le sujet du roman est aussi tentant... :)Mais je suis comme plusieurs de mes petits camarades : j'ai eu du mal avec les précédents livres de J. Niogret, du coup... Ce n'est pas forcément le côté introspection, vie intérieure et absence de gros carnage dantesque à chaque page qui me gêne, c'est le style, parfois très chargé, qui me, heu, "fatigue" ("Cette manie de faire des phrases", comme il était si justement dit dans une vieille pub de chewing gum) (:jesors: avec honte)... Bon, je sens que je vais me laisser faire, au pire 150 pages c'est vite passé ! :p

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Zaebas a écrit :Sinon, une chronique très plaisante Gillo ! Qui résume bien mieux l'esprit du livre que moi ^_^
Bah, c'est surtout la version "positive" de la tienne, je dirais. :)

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J'ai enfin pu lire la chronique de Gillossen. ( Ouaip, pour les romans où je suis certain de m'y plonger, je ne lis rien : ni chronique, ni 4ème de couverture, ni interview . J'ai peur pour mon indépendance d'esprit :p ). Je l'ai trouvé très juste. Je plussoie pour le « pur jus Niogret ». Si on a détesté ces autres romans (ce n'est pas mon cas), il vaut peut-être mieux passer son chemin pour celui-ci.J'ai adoré « Mordred » ! Probablement, parce que ça rentre en résonnance avec mon propre vécu de petit garçon, caché quelque part dans les tréfonds de ma caboche. Il est vrai que le récit paraîtra peut-être un peu artificiel pour certains. Cela ressemble plus à une tragédie lyrique qu'à un récit épique. Du coup, si on n'adhère pas, j'imagine que le style paraît un peu emprunté. Mais pas pour moi, ça m'a touché à 100%. C'est une histoire qui parle du passage à l'âge adulte et du souvenir de l'enfance à jamais vivant, mais à jamais mort. Cela m'a rappelé une phrase de Pagnol « Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins.
Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. ». Ce qui est aussi génial, c'est son utilisation du cycle arthurien. Justine tait beaucoup de choses, elle ne dit jamais rien explicitement, platement. Elle ne choisit pas une seule version de la légende. Elle garde un flou. Du coup, le lecteur peut interpréter comme il le désire. Même la relation entre Arthur et Mordred n'est jamais étiquetée.
Zaebas a écrit :un récit intimiste où il ne se passe pas grand chose.
Tout à fait ! Mais ce n'est pas pour autant que cela ne s'apprécie pas. Ce n'est pas une histoire bourrée de retournements de situations. En effet, je crois qu'il faut savoir où on met les pieds. Mais le roman est beaucoup plus accessible qu'un « Gueule de truie ». L'intrigue présente, malgré tout, quelques attentes/mystères. Mais c'est clair que ce n'est pas cela qui envoute dans le roman.
Zaebas a écrit :On sonde les tréfonds de l'âme de Mordred, mais sans s'y attacher et encore moins s'y identifier.
Il y a quelque chose de distant chez Mordred, c'est vrai. Dans le sens qu'il réagit à sa façon : silence, parfois violence. Mais, je trouve qu'il incarne parfaitement les émotions que l'on est tous amenés à ressentir face à la vie. Un silence certes, mais comme une violence sourde. Un cri silencieux. :pUne petite phrase toute simple du roman : « Il s'était endormi comme des années auparavant, lorsque fermer les yeux était encore gourmandise, que se noyer dans la nuit ne pouvait qu'être voyage tendre vers le lendemain. »

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Vraiment excellent, Justine Niogret doit être quelqu'un de très intéressant à connaître. Dommage que j'accroche aussi difficilement à ses ouvrages ! Remarque, elle le dit elle-même : 200 pages bien denses c'est largement suffisant, 800 (ou même 400) ce serait très très dur à lire (pour ne pas dire une torture :p) ;)Et puis en plus, c'est une fan de Berserk (ça je le savais déjà) et de Vinland Saga ! :D