Je suis en cours de lecture du Châtiment des flêches, et je me régale. Je m'appuierai sur la critique de John Doe et l'avis de Albéric pour timidement y glisser mon ressenti.
John Doe a écrit :L’élément fantasy en question (la magie chamanique des magyars) est très loin de n’être qu’un artifice scénaristique. Au contraire, il va paradoxalement renforcer l’immersion du lecteur dans l’univers dépeint, à la fois par le recours à des termes hongrois (Boszorkany, Taltos, Turul…) et par l’usage qui en est fait.
Il y a dans ce roman un équilibre subtile entre le côté historique et les éléments fantasy où jamais l'historique n'est réduit à un simple cadre pour la fantasy. La fantasy souligne le système de croyance des différents intervenants du récit et permet effectivement une bonne immersion.
John Doe a écrit :Tout au long du récit, Fabien Clavel ne se départira d’ailleurs pas d’une certaine distance sur la question religieuse, refusant de donner entièrement raison à l’un ou l’autre camp.
Ce qui est très agréable. Comme dénigrer le christianisme est tendance, on aurait pû s'attendre à... Ou à contrario, l'auteur aurait pû se draper dans les habits d'un apologiste chrétien. L'écueil est évité. L'auteur se penche avec délicatesse sur le sujet : c'est avant tout des hommes qu'il dépeint avec un soupçon de tendresse.
John Doe a écrit :C’est dans la violence, les intrigues, le sang et la vengeance que se construira cette société nouvelle. Vaut-elle mieux que celle qui l’a précédée ? Fabien Clavel se garde bien de la juger. Il est inutile de se demander si elle est juste ou pas : elle est, tout simplement.
C'est la marque des grands auteurs.
Albéric a écrit :Je suis tombé sur la version poche du Châtiment des Flèches sortie il y a peu (qui conserve la chouette couverture d'Alain Brion).Et après une lecture très intéressante / enrichissante, j'ai une furieuse envie de mieux connaître la Hongrie, son histoire et sa culture.
Je trouve également que la couverture est vraiment très réussie et j'ai également une grande envie de me plongerdans la bibliographie que l'auteur a placé en fin de livre. Et je pense que cela fait partie de l'objectif que s'est fixé l'auteur quand il a commencé ce roman : donner envie au lecteur d'aller plus loin. C'est donc de ce point de vue également une réussite. Ce roman ouvre des horizons nouveaux.
Albéric a écrit :Fabien Clavel n'est pas spécialement à l'aise dans les scènes d'actions : c'est un peu écrit et construit comme une chronique historique romancée, ce qui empêche un peu le développement d'un aspect cinématographique d'où des raccourcis et des répétions.
Je le trouve au contraire plutôt habile. Il ne s'enlise pas dans des pages et des pages de description de batailles car justement là n'est pas son propos.
Albéric a écrit :Le récit de l’ethnogenèse de la Hongrie réinventée au prisme de la fantasy est aussi l’histoire d'une guerre civile sinon fratricide entre Magyars et celle de l'agonie de la culture de la steppe : la famille clanique/tribale, le nomadisme pastoral, razzia & vendetta...
Le matériau est très riche et on pourrait regretter que Fabien Clavel n'en ait pas tiré une décalogie... mais là encore, son roman est conçu comme une invitation , un portail ouvert sur la Hongrie.
Albéric a écrit :Cette ambiance crépusculaire, où les défenseurs des traditions ancestrales mènent finalement un combat d'arrière-garde désespéré, rappelle certaines thématiques du western, avec ses Amérindiens nomades complètement dépassés et de plus en plus marginalisés par l'arrivée de la culture chrétienne occidentale.
Oui, mais ne vous attendez pas à lire un western !
Albéric a écrit :J'aime la démarche de Fabien Clavel qui ne se repose jamais sur ses lauriers en s'attaquant à un nouveau sujet à chaque nouvel opus.
C'est un auteur que je ne connaissais pas - il y a en moi, et je le sais, et c'est pas bien, une vieille réticence à lire de la fantasy française, qui date de l'époque de mon adolescence où elle n'était que frémissante - et je suis heureux de ma découverte.
Albéric a écrit :Mais j'ai vraiment un problème d'affinité / d'atomes crochus avec la prose de Fabien Clavel : je la trouve trop froide, comme s'il y avait de la distance entre mon expérience de lecteur et le travail de l'auteur.
Ce n'est pas mon cas. J'aime sa prose, j'aime à travers elle Gisela et sa relation avec István. Ce qui me plait beaucoup, c'est la manière qu'à l'auteur d'aller à l'essentiel, de ne pas chercher à tout dire, mais de souligner par petites touches ce qui fait sens ; c'est à mes yeux la marque des grands écrivains : esquises esquisses.
Albéric a écrit :Verdict : un petit 8/10, mais en dépit de ses qualités ce n'est pas vraiment le genre de livre dans lequel j'aurai envie de me replonger.
Je mettrais personnellement 8.5. C'est une très belle entrée en matière dans l'histoire et les mythes de la Hongrie.Avec ce roman, Fabien Clavel démontre qu'il fait partie du haut du panier de la fantasy
tout courtPS : Merci à John Doe pour sa très bonne critique / Merci à Albéric pour tous ses posts en général
Edit du 10/08/2012 : lecture terminé, mes impressions restent inchangées. La postface de l'écrivain est intéressante. Il faut décidément que je m'intéresse à la Hongrie