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À force d'entendre les louages de Marie Pavlenko ici et un peu partout sur le net, j'étais curieuse de la découvrir. Alors quand j'ai vu La fille-sortilège avec son résumé alléchant et son bandeau argenté "prix elbakin.net", je n'ai pas hésité longtemps ! ;)Et je l'ai dévoré en quelques jours, j'ai dû me refréner pour qu'il me dure plus longtemps ! Je me suis d'abord interrogée sur sa catégorisation jeunesse... Pour du YA, je trouve que c'est très sombre et mature. Certaines scènes sont gores, d'autres assez dérangeantes si le lecteur est un peu trop jeune ou sensible. Pour mettre dans l'ambiance, on découvre d'emblée que l'héroïne (qui est une jeune adulte contrairement à la plupart des héros de romans ado) déterre des cadavres pour gagner sa vie ! Vie dont la rudesse de l'environnement est particulièrement prégnante. De la dark-fantasy pour ado ?L'univers paraît assez classique aux premiers abords : une ville isolée, découpée en clans qui ont chacun leur propre magie. Le lecteur suivra principalement les hors-clans, les rebuts de cette société bien huilée. Pourtant, l'auteure s'affranchit aisément de cet aspect déjà-vu, grâce à la richesse de son univers et de son écriture. Les différentes castes, leurs coutumes et mode de vie... La faune et la flore sont vraiment intéressantes ! Le seul bémol, c'est ce que je reproche généralement à toutes ces villes-univers : en dehors de la cité dans laquelle l'intrigue prend place, le monde paraît un peu flou. La plume de Marie Pavlenko m'a rapidement séduite ! Elle a une très belle écriture, opulente, soignée. Les descriptions m'ont beaucoup plu, m'immergeant toujours davantage dans l'univers, dans l'ambiance du roman. Et avec le rythme haletant de l'intrigue, il est difficile de décrocher ! Elle est assez simple (un peu plus qu'une lecture adulte, ce qui justifie sans doute son estampillage YA), mais diablement efficace ! Je ne me suis pas ennuyée un instant. Les personnages sont bien campés. On voit comme la vie d'Érine l'a façonnée, l'a rendue forte, dure, volontaire, sans pour autant la 'dessécher', on sent encore en elle ce qu'elle était avant d'être une Orkla, une hors-clan. J'ai beaucoup aimé Arkadi qui malgré son côté gauche et son passé douloureux n'est ni cantonné au rôle de mascotte marrante ni à celui de tire-larmes, il a une profondeur et une détermination bien à lui qu'on découvre au fil des pages. Et même si l'amour est présent, sous ses nombreuses formes, on évite avec bonheur la romance bidon qui n'est là que "parce qu'il en faut bien une"... La fin est très ouverte, frustrante ! Je ne cracherai pas sur une suite, il y aurait encore beaucoup à dire... Bref, c'était une très belle découverte qui m'a tenue en haleine, surprise par son aspect sombre et mature et séduite par son écriture. Ça m'a vraiment donné envie de découvrir les autres œuvres de l'auteure ! :D