562
Mais apparemment il faudra attendre quelques années avant de découvrir de nouvelles œuvres de M. Jaworski.

Il va juste faire son boulot, quoi. Comme tous les écrivains qui enseignent, scannent des articles en caisse, soignent des patients ou conduisent des poids lourds, et ne vivent pas de leur plume ; et encore, les parents qui en plus de leur travail, s’occupent de leurs enfants, et rognent sur leurs heures de sommeil pour écrire. Un livre par an, parfois plus, même.
En effet, comme cité au-dessus, « ras le bol des pleurnichards ».

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En effet. Attendre pour avoir un nouveau roman est logique. Il s'agit ici de quelqu'un qui n'est pas un auteur professionnel et quand je vois le temps nécessaire pour des auteurs ne faisant quasiment que cela cela n'est pas choquant. Surtout qu'il s'agit ici d'une œuvre ayant des qualités reconnues au niveau stylistique, pas d'un roman de Bernard Werber*.

*Je ne peux pas troller Goodkind à chaque fois.

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Si je ne m’abuse, Stendhal a écrit La Chartreuse de Parme en quarante-sept jours. Même avec la réforme du bac et un livre digne des plus grands chefs d’oeuvre de la littérature française, ça laisse un peu de marge.

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Et Stendhal aurait pu donc sortir 7 livres majeurs par an.
parce qu'à ce compte, Haedel et Mozart ont écrit des pages de musique presque aussi vite que ça se joue...sauf à compter le temps de maturation intellectuelle.
'Au fait, c'était quoi son métier à Henri Beyle quand il écrivait ?

Sinon, outre qu'un auteur est rarement une machine à écrire, il y a en outre une donnée qui lui échappe entre le manuscrit et le lecteur : et si c'est avec l'éditeur que ça coince pour sortir un livre sous tel délai ?

Et si on attend de chacun qu'il puisse fournir de la littérature en sus de son métier et sa vie de famille, on devrait donc compter des centaines de bénévoles pour rédiger les articles et les news d'elbakin.net (et ça, c'est plutôt encourageant).

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Je suis d’accord avec toi, bien sûr, sur le rythme d’ecriture propre à chaque écrivain, et il n’y a pas règle, heureusement, pour lier qualité, temps et quantité.
La seule chose qui m’agace c’est que M. Jaworski invoque la réforme du lycée pour justifier le fait qu’il va mettre plusieurs années à publier un nouveau roman alors qu’auparavant il en publiait un par an. Il n’a pas du tout évoqué son éditeur. Un professeur prépare des cours, je ne vois pas ce que la réforme du bac a de si terrible de ce point de vue là. La justification me semble déplacée, eu égard au travail que fournissent nombre d’ecrivains qui ne vivent pas de leur plume.
L’exemple de Stendhal, c’était seulement pour dire qu’on peut faire un excellent texte en peu de temps, que ce n’est pas parce qu’on est un écrivain est prolixe, rapide, que son style est médiocre.
Le laïus de M. Jaworski sur ses difficultés, le ton adopté, m’ont un peu fait bondir. J’ai peut-être eu tort.

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Un par an? Il y a eu Gagner la Guerre en 2009, Même pas Mort en 2013, et les différentes parties de Chasse Royale respectivement en 2015, 2017 et 2019 (en comptant la partie III et la partie IV à paraître prochainement ensemble). Ça fait déjà plus de 2ans en moyenne entre chaque livre, et c'est sans considérer que les trois dernières sorties ne représentent qu'un seul "roman" dans le découpage de l'auteur.

Du coup l'annonce paraît moins extrême, ça paraît logique qu'un auteur qui met déjà 2 ans à sortir un livre annonce qu'il faudra attendre plus longtemps son prochain du fait de changements en profondeur dans la façon d'exercer son activité principale (il y a une différence entre préparer des cours et "repenser entièrement les progressions de seconde et de première", comme l'indique l'article qu'il met en lien).

Sinon pour en revenir à l’œuvre, la branche III est peut-être courte, mais passé les 40 première pages qui font la transition entre la fin de la partie précédente et le cœur de celle-ci, c'est super intense et ça n'arrête pas :) Il y a beaucoup d'action et de rebondissement avec un l'aspect fantastique en retrait par rapport aux autres livres de la série. Certains fils de l'intrigue se nouent et prennent une tournure inattendue mais le bémol sur cet aspect là est que si on a pas bien en tête les évènement des parties précédentes et de Même pas Mort, on passe à côté de certaines implications, et ça gâche même certaines révélations qui tombent pour le coup complètement à l'eau. Le résumé est bien de ce point de vue là (même si il y a des erreurs dans les noms...), mais pas suffisant : il faudrait parfois un arbre généalogique pour se rappeler des liens de parenté/pouvoir entre les différents personnages. Je vais clairement faire une re-lecture générale avant la sortie de la partie IV!

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L'arbre généalogique ce serait pas du luxe, effectivement...

Sinon je viens de recevoir le nouveau et j'avoue que ça fait un peu maigre. J'aurai apprécié 50 pages de plus (au moins). Mais bon, on va pas cracher dans la soupe... malgré le prix. C'est bien parce que c'est toi JP, sinon j'aurai attendu le format poche !

Combien d'auteurs en France vivent de leur plume en fait ? Une dizaine ? Une centaine maximum ? Est-ce qu'on sait combien JP Jaworski vend de livres d'ailleurs ? Par exemple à combien d'exemplaires s'est écoulé Gagner la Guerre ?

Ah, si j'étais le DG d'Amazon ou de Netflix, il y a belle lurette que j'aurai produit une série sur cet univers... :sifflote:
Jeff, si tu me lis...

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Anna a écrit :La seule chose qui m’agace c’est que M. Jaworski invoque la réforme du lycée pour justifier le fait qu’il va mettre plusieurs années à publier un nouveau roman alors qu’auparavant il en publiait un par an. Il n’a pas du tout évoqué son éditeur. Un professeur prépare des cours, je ne vois pas ce que la réforme du bac a de si terrible de ce point de vue là.

Cela me parait tout a fait justifié. Il y a des projets personnels et professionnels chronophages que l'on supprime ces années là.

Pour résumer la réforme du bac entraine des changements de programme mais aussi de nouvelles "spécialités". Il faut en moyenne, d'après les inspecteurs, 3 ans pour maitriser un nouveau programme d'une façon satisfaisante pédagogiquement. Cela signifie que la part de travail que cela représente est bien plus importante que le travail classique de modification et de préparation des cours. Sachant que le travail de préparation de cours au lycée est plus important qu'au collège (où il y a d'autres inconvénients selon les lieux).
Pour être clair, là où, avec l'expérience, le fait de consacrer toutes mes matinées en juillet peut me permettre de modifier et refaire pas mal de cours d'un niveau (Par exemple reprendre une bonne partie de mes cours de 5ème) la durée va être bien plus que doublée en cas de changement de programme (attendus différents, sujets différents, nouvelles consignes plus ou moins foireuses de l'administration).

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Merci pour ces précisions, K.
Il se trouve que je connais très bien la question , raison pour laquelle le message de M. Jaworski m’a un peu laissée sceptique. Sans cela, je ne me serais pas permise de poster un avis sur ce sujet. Il me semble qu’on peut gérer la réforme du bac dans ses classes et maintenir son rythme d’écriture. Avis subjectif qu’à l’evidence j’aurais dû m’abstenir de poster, du moins en ces termes.

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Sinon pour en revenir à l’œuvre, la branche III est peut-être courte, mais passé les 40 première pages qui font la transition entre la fin de la partie précédente et le cœur de celle-ci, c'est super intense et ça n'arrête pas

Je ne crois pas que personne ait remis en doute la qualité de l'ouvrage, mais ça ne change (malheureusement) rien au découpage. ;)

Est-ce qu'on sait combien JP Jaworski vend de livres d'ailleurs ? Par exemple à combien d'exemplaires s'est écoulé Gagner la Guerre ?

Toutes séries/tous formats confondus, 100 000 exemplaires écoulés avaient été annoncés. Je te renvoie à des sujets comme "Chiffres de ventes" en section Autour de vos lectures. ;)

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Goldberry a écrit :
Foradan a écrit :Je viens de voir que le tome 3 de chasse royale annonce 100 pages de moins que le précédent.

A 23 euros les 240 pages, je pense que je vais attendre la version Folio ou le lire en numérique pour ma part. ^^

A ce prix là, c'est édité aux Moutons tondus au rasoir Electrique :sifflote:

Et puis perso j'y comprends plus rien moi : Rois du Monde tome 2 : Chasse Royale, 2e branche 3...

J'ose même pas imaginer les envies de pendaison des libraires qui reçoivent les bouquins et doivent les vendre :

- C'est la 3e branche madame.

- Je ne veux pas le tome 3, je veux le tome 2, c'est mon petit-fils qui me l'a expréssement indiqué !

- Oui, c'est toujours le tome 2, troisième partie. Vous savez, c'est un peu comme Le Hobbit et ses trois f...

- Je m'en tape de vos trucs de geeks ! Donnez moi le tome 2 foutrebleu !

- Dans ce cas ça fera 3 livres madame, ça fera donc 69€.

- 69€ ! Pour un tome 2 avec trois livres en branche ! C'est à cause de gens comme vous qu'on manifeste le samedi après-midi !

:mrgreen:

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Tu serais pas un peu de mauvaise foi par hasard ? :D

Sinon, pour compléter ton post et histoire d'ajouter de l'eau à ton moulin, quand on enlève la jaquette des livres, il y a écrit sur le dos de couverture "Rois du Monde 1", "Rois du Monde 2", "Rois du Monde 3", "Rois du Monde 4". :D

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La vraie question c'est où sera Cernnuos sur la couverture de la dernière branche. Si ils continuent à le faire descendre, en juin prochain on n'en verra que les bois en dessous du nom de l'auteur :lol:

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Anna a écrit :Un professeur prépare des cours, je ne vois pas ce que la réforme du bac a de si terrible de ce point de vue là. La justification me semble déplacée, eu égard au travail que fournissent nombre d’ecrivains qui ne vivent pas de leur plume.

Euh sérieusement ? :huh::huh:

Anna, je trouve ta remarque franchement déplacée.

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Zajabel, navrée que tu le juges ainsi. J’ai taché de m’en expliquer et m’en excuser un peu plus haut, visiblement sans succès.
Encore une fois, si je me suis permise de poster cela, c’est que j’ai des objets de comparaison assez précis. La charge de travail induite par la réforme du bac me semble tout à fait supportable, même quand on a une activité d’écriture à côté. S’en plaindre publiquement m’a paru un peu exagéré. Rien de plus. Cela n’enleve rien au talent de M. Jaworski.

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Yksin a écrit :Combien d'auteurs en France vivent de leur plume en fait ? Une dizaine ? Une centaine maximum ?

D'après un article paru dans Le Monde en mars 2017, 90% des auteurs en France perçoivent des revenus inférieurs au smic. L'article cite une étude de 2013 indiquant qu'à ce moment-là seuls 8000 auteurs percevaient plus du smic, et 1600 d'entre eux plus de trois smics.

Article a écrit :Marie Sellier, présidente de la Société des gens de lettres (SGDL), assure que " la -profession d'écrivain fait rêver ". " Mais pa-radoxalement le temps de l'auteur n'a aucune valeur. Comme si nous étions de purs esprits ", affirme-t-elle. " L'image romantique de la bohème : c'est comme ça qu'on aime les écrivains. On ne se demande pas comment ils vivent, s'ils toucheront une retraite. Personne ne sait qu'ils ne gagnent en moyenne que 1 euro par livre vendu. Nous ne revendiquons en aucun cas de devenir des fonctionnaires de la plume, mais juste d'être rémunérés quand on travaille ", dit-elle. Or, " la reconnaissance symbolique des auteurs ne correspond pas à une réalité économique ", déplore-t-elle.
La paupérisation de la profession s'accentue. Marie Sellier explique ce phénomène par la conjonction de la surproduction d'ouvrages (+ 25 % entre 2007 et 2014), des tirages de plus en plus faibles et de l'économie de la nouveauté qui revient à considérer " un livre comme un Kleenex ". Vincent Monadé, président du Centre national du livre (CNL), ajoute : " Avec trois fois plus de livres qu'il y a vingt ans et la même manne de droits d'auteur, on arrive à un système où l'on compte une quinzaine d'écrivains riches, 150 à 200 qui vivent de manière très décente et après, c'est le marais… "

Yksin a écrit :Ah, si j'étais le DG d'Amazon ou de Netflix, il y a belle lurette que j'aurai produit une série sur cet univers... :sifflote:
Jeff, si tu me lis...

Hélas, si tu étais PDG d'Amazon ou de Netflix, tu aurais sans doute une formation différente et on t'aurait entraîné à ne regarder que le potentiel commercial brut des romans à adapter. Auquel cas tu ricenerais bien devant les "excellents" chiffres de vente de Jaworski et tu adapterais plutôt La Fille de Brooklyn de Musso (1,8 millions d'exemplaires vendus en 2016)... ou plus probablement, tu n'aurais jamais lu ni même entendu parler de ces petits auteurs français et tu adapterais du J. K. Rowling ou du Stephen King à tour de bras, avant de caser peut-être un Victor Hugo, deux ans avant la retraite, pour te donner un peu de prestige.

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Anna a écrit :Zajabel, navrée que tu le juges ainsi. J’ai taché de m’en expliquer et m’en excuser un peu plus haut, visiblement sans succès.
Encore une fois, si je me suis permise de poster cela, c’est que j’ai des objets de comparaison assez précis. La charge de travail induite par la réforme du bac me semble tout à fait supportable, même quand on a une activité d’écriture à côté. S’en plaindre publiquement m’a paru un peu exagéré. Rien de plus. Cela n’enleve rien au talent de M. Jaworski.

Anna, ce n'est pas à moi de défendre Jean-Philippe, ou qui que ce soit, d'ailleurs. Cela étant, on dirait, d'après ce que je comprends de ce que tu dis, mais je peux me tromper, qu'un auteur n'a, dans sa vie, que deux choses à faire : son travail qui le fait manger et écrire. Quid de, entre un milliard de choses : gérer un ou des enfants, s'occuper d'une voiture en panne, réparer un toit qui fuit, s'occuper de parents âgés et/ou malades, vivre et, soyons fous !, dormir ? Ce que je veux dire, c'est que... chacun a une vie qui lui est propre et la gère comme il peut.
Anecdote "amusante", Adrian Tchaikovsky sort, en moyenne, depuis quelque temps, 2 à 3 bouquins par an. Il vient de m'annoncer qu'il quittait son job pour devenir écrivain à plein temps !!! Je n'ose imaginer les étals des libraires dorénavant. Bref... Chacun a son rythme d'écriture, de base. Et une vie qui n'est pas l'écriture, en plus. Et il est dommage qu'un auteur doive s'en excuser, je trouve.

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Je ne reviendrai pas m’en défendre après cela pour ne pas « remettre une pièce » dans la machine, mais précisément, plus haut, j’évoquais les enfants... Et je ne dois pas être très douée pour me faire comprendre, mais ce que tu dis ici et semble me reprocher, c’est précisément ce que j’essayais de dire.
J’ai voulu remettre les plaintes de M. Jaworski en perspective. Les gens travaillent, ont des enfants, des loisirs, une activité annexe qui les passionne et les consumme, à dormir deux fois moins la nuit, qu’ils vendent 100000 ouvrages ou vingt, qu’ils écrivent, montent une association ou un gîte. Leur métier alimentaire, c’est parfois travailler de nuit, décharger des caisses, enchaîner les kilomètres, et être encore dans une certaine précarité.
M. Jaworski vend assez bien ses livres, dispose d’un salaire d’agrégé pour enseigner la littérature à des élèves de lycée général, de deux mois de vacances l’été, et encore six pendant l’année. Après cela il écrit, a une vie de famille, affronte la réforme de M. Blanquer. Je connais tout cela.
Est-ce une raison pour venir s’en plaindre publiquement ?
Est-il interdit de venir émettre une critique sur son compte comme on l’a fait sur ce site pour d’autres auteurs ? Ai-je commis un crime de lèse-majesté en venant en faire une ?