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Gwendal a écrit :J'ai vu un reportage il y a peu où une école avait imposé une pause lecture après la récréation de midi, 10 à 15 minutes de lecture silencieuse (au choix de l'élève donc manga et bd acceptés) pour recentrer et reconcentrer les élèves. La responsable du CDI disait que ça avait, en plus de l'efficacité sur un meilleur focus pour les cours de l'aprem, eu une répercussion sur la fréquentation du CDI. Des gamins venant même lire pendant les récrés. Le genre d'idées à creuser sans doute.

Ça se fait dans mon établissement depuis un an, un quart d'heure chaque jour en début d'heure (à une heure qui change chaque semaine pour que ce ne soient pas toujours les mêmes matières qui soient rognées pour ça. C'est arrivé à l'initiative d'une principale qui le faisait dans son ancien établissement.
Dans l'ensemble, ça marche bien. Ce n'est pas facile de le faire systématiquement parce que le nombre d'heures de cours fond déjà depuis quelques années (pas seulement à cause de la diminution des heures hebdomadaires, mais aussi à cause des heures qui sautent pour les réunions, conseils de classe, sorties scolaires, etc. sans parler du temps pris sur les heures restantes par tout un tas de formalités). Mais dans l'ensemble on le fait, et tant les élèves que les profs en sont très contents. Il faut dire que ça a un effet secondaire positif déjà mentionné par Gwendal, qui est de faciliter le calme et la concentration. Du coup, les élèves sont mieux préparés pour le début du cours ensuite. Et je pense aussi que ça les aide à travailler leur concentration.
Les élèves peuvent lire ce qu'ils veulent. Certains en profitent pour avancer dans les livres qu'ils ont à lire pour le français, d'autres apportent des livres ou des BD (peu de magazines, à ma connaissance). Et vous ne serez pas mécontents d'apprendre que j'en vois très régulièrement lire de la fantasy ou de la SF ;)

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Fabien Lyraud a écrit :
Oui représentations virilo-gromagnonesques vieilles comme la lecture mais paradoxalement dans une société qui évolue à vitesse grand v sur ça, pour ce qui est du rapport à la lecture je trouve que ça stagne....e

La plupart des enquêtes de sociologie de la culture dans les années 90 et 2000 disait que les principales activités qui faisaient obstacles à la lecture n'étaient ni les jeux vidéos, ni la TV, mais bien la pratique sportive. Il est clair que le sport de compétition était pendant longtemps une activité plus masculine (les filles pratiquant plus le sport loisir). Et que le temps des entrainements et des compétitions prend beaucoup sur le temps de loisir et ils ont moins le temps de lire.
Je ne sais pas si ça a changé.

Merci pour cette info Fabien ! Je m’en doutais mais je ne connaissais pas cette étude. Ces pratiques sportives se sont étendues depuis à mon avis ( surtout pour les gars issus des csp sup chez lesquels la désertions est très prégnante ) C’est une bonne explication logique et cohérente. Cela m’intéresse. Je vais creuser.
Et je vais mettre la célèbre citation de Churchill sur le sport en exergue dans mon cdi....????
Puis me faire casser la gueule dans un couloir par un collègue d’EPS ????

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Fabien, c’est parfois incroyable comment tu peux flirter avec la Fake News :rolleyes:

Le sport pour le coup c’est (un peu) mon domaine mais pas besoin de ça pour réaliser que la pratique sportive chez l’enfant et l’adulte n’excède jamais plus de 2 à 3h de pratique en moyenne par semaine ! :)
Et encore, quand je dis 3h je suis très gentil.

Et les compétitions chez les enfants restent des événements exceptionnels donc franchement cet argument pour le coup j’aimerai VRAIMENT en avoir la source :lol:

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Effectivement, On parle de match de foot donc, pas de compétition non ? j’en ai aussi fait tous les samedis. Premièrement, est-ce qu’il y avait une préparation spécifique precedant ces matchs durant la semaine et qui demandait plus de temps qu’un entraînement lambda ? Pas de mon côté.

Deuxièmement et ça me parait le plus important : Est-ce qu’entre la TV présente dans tous les foyers parfois en plusieurs exemplaires et et quelque chose comme la pratique d’un sport, même avec un match ou autre durant un après-midi ou une matinée d’un week-end je n’ai pas l’impression que ça envahisse tant que ça le temps libre de l’enfant en comparaison de la télévision ou des jeux vidéos qui sont bien plus accessibles et proportionnellement plus utilisés.

Encore une fois j’attends la source de Fabien, à ce moment là on pourra en parler plus sérieusement, parce que cet argument je ne m’en remets toujours pas.

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Ça vient des travaux de Bernard Charlot. J'ai des copains qui faisaient du basket en lycée. Deux soirs par semaine + le samedi matin + les matchs le dimanche. On parle pas des gamins de primaire. Le problème du décrochage de la lecture c'est massivement vers 16 ou 17 ans. À l'âge du lycée. Les enquêtes dont je parle concerne les jeunes en lycée.

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Guigz a écrit :Effectivement, On parle de match de foot donc, pas de compétition non ? j’en ai aussi fait tous les samedis. Premièrement, est-ce qu’il y avait une préparation spécifique precedant ces matchs durant la semaine et qui demandait plus de temps qu’un entraînement lambda ? Pas de mon côté.

Deuxièmement et ça me parait le plus important : Est-ce qu’entre la TV présente dans tous les foyers parfois en plusieurs exemplaires et et quelque chose comme la pratique d’un sport, même avec un match ou autre durant un après-midi ou une matinée d’un week-end je n’ai pas l’impression que ça envahisse tant que ça le temps libre de l’enfant en comparaison de la télévision ou des jeux vidéos qui sont bien plus accessibles et proportionnellement plus utilisés.

Parce que les matches de foot ne sont pas des compétitions ? Je parle de "vrais" matches, avec classement des équipes, pas de matches de cour d'école. Qu'est ce qu'une "compétition", alors ? Sinon, il y avait deux soirées d'entraînement par semaine. Bon, cela n'a jamais empêché mon fils de lire (de la fantasy, par exemple). Mais deux soirées, plus une demi-journée le week-end, oui, ça fait pas mal d'heures qui ne sont pas consacrées à d'autres loisirs.

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Pour commencer puisque je débute sur ce forum, je dois dire que je suis ravie d’être « tombée » sur ce site. Je lis de la Fantasy depuis 30 ans, j’ai commencé par le Seigneur des Anneaux et la découverte de ce genre de littérature a été un vrai choc. Je me suis plongée dans ces univers avec une fascination qui ne s’est jamais démentie au fil des années.
Quand on me demande ce que j’aime lire et que j’évoque la Fantasy, je récolte un regard bovin et immanquablement cette question « de la quoi ? »... alors il me faut expliquer et simplifier « vous savez genre le seigneur des anneaux ». On me répond que c’est immature. La féerie, l’imaginaire, les légendes font partie d’un monde pour enfants pour beaucoup de personnes.
Et bien soit, peut-être que je n’ai pas grandi, peut-être que je resterai une gamine toute ma vie. Et c’est tant mieux. Personne ne peut m’enlever les frissons ressentis à la découverte d’un nouveau monde créé avec génie par de très belles plumes :)
Reste que la Fantasy est indubitablement laissée en retrait. Trop souvent considérée comme un sous genre et reléguée dans des rayons riquiquis au fond des magasins, tandis que des mer*** du genre 50 nuances de Grey (je ne suis pas contre la littérature érotique bien au contraire mais à condition que ce soit écrit par de vrais écrivains qui ont un minimum de vocabulaire) envahissent les bouts de gondoles mais ça c’est un autre débat.
J’ignore comment est perçue la Fantasy dans les pays anglophones mais en France c’est exactement comme la musique métal, ce n’est pas assez vendeur pour être mis en avant.

En tout cas un grand merci à Elbakin :)

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@lambertine : On parle donc bien de la même chose et je distingue les matchs des compétitions qui durent souvent toute une journée et dans le cas de sport d'équipe fait s'affronter plusieurs équipes justement. Bref, si on rentre dans les détails on va noyer le débat et ça n'est pas vraiment ça qui est intéressant, non ?

@Fabien : Admettons que Bernard Charlot parle de l'activité physique comme chronophage au détriment du temps de lecture.

Dans ce cas pourquoi ne pas prendre en compte le temps passé à réviser ses cours, dormir, être en famille ou toute autre activité pratiquée de facto par des jeunes ? Ce que je veux dire c'est que je trouve que ça n'a pas de sens de chercher un coupable idéal dans l'emploi du temps des personnes pour tenter d'expliquer pourquoi on lit moins, parce qu'un coupable si tu veux en trouver, tu en verras partout.

Parce que dans ce cas là autant parler du fait que le temps passé à la lecture diminue drastiquement quand on se met en couple. Oui, l'activité sexuelle nuit à la lecture, mais pas que.

Les pays qui donnent une place importante à l'activité physique ne me semblent pas lire moins que les autres, au contraire. On pourrait parler du nombre de livres lus en moyenne en France par rapport aux Etats-Unis et je ne suis pas certain qu'on en sorte gagnant.

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Fabien Lyraud a écrit :Le problème du décrochage de la lecture c'est massivement vers 16 ou 17 ans. À l'âge du lycée. Les enquêtes dont je parle concerne les jeunes en lycée.

D'expérience ça se prépare quand même fin de collège même si oui le décrochage effectif c'est bien à cet âge, tout à fait. Cependant, je crois (terrain sauvage pas de données empiriques) que la germination commence à 14 ans environ : lire c'est un truc d'adulte chiant tout PT grosso modo pour faire court (pas du Charlot !)

Je n'avais à la lecture de l'info de Fabien aucunes références étayées et objectives autre que la tienne Fabien mais je lui accordais crédit. Je trouvais cela logique, en lien avec une pratique "genré" (pseudo virile) des jeunes garçons. Cela me paraissait logique et d'instinct, je validais.
MAJ : Charlot ! Ok merci, là c'est une référence qui fait "autorité" sans équivoque : un peu étudié en sciences de l'éduc...Monsieur Papa...

Pour l'incidence des jeux vidéo, en revanche, je pense que cela à peu changé ( garçons toujours) : la soif de fictions au long court, structurées, immersives et toujours plus riches et complexes, en terme de partique quasi quotidienne a clairement basculé du côté vidéo-ludique pour les jeunes ados "exigeants" du point de vue "dramaturgie" (anciens et/ou potentiels lecteurs). Et investir un "bon" jeux a dimension sfff (la majorité) avec univers et écriture dev demande du temps... et procure beaucoup plus de plaisir immédiat que la lecture.
Bon la comparaison n'est pas très opérante : ce sont vraiment deux medium fictionnels bien différents mais la concurrence est réelle. Dans ce sens le dev du livre num créatif/interactif (du moins multimédia : en gros une BD avec du son !!!!!) serait formidable pour parler aux nouvelles générations et les ramener doucement vers la lecture.

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en terme de partique quasi quotidienne a clairement basculé du côté vidéo-ludique pour les jeunes ados "exigeants" du point de vue "dramaturgie" (anciens et/ou potentiels lecteurs). Et investir un "bon" jeux a dimension sfff (la majorité) avec univers et écriture dev demande du temps... et procure beaucoup plus de plaisir immédiat que la lecture.

Là on est dans une pratique qui peut être complémentaire de la lecture. On peut passer du jeu vidéo à la lecture. Sur le forum de l'observatoire de l'imaginaire j'avais proposé le principe de fiches bibliographiques permettant d'associer un jeu vidéo ou une série, un film, un anime.... avec une liste d'œuvres littéraires avec des univers proches histoire de faire basculer de l'un à l'autre. J'ai pas été suivi sur ce projet. Mais je persiste à penser que le principe est intéressant.

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Je rejoins Fabien sur la pratique complémentaire de la lecture et des jeux : dans mes clients qui viennent acheter la série du Sorceleur, il y en a pas mal qui ont découvert cet univers par le biais du jeu vidéo, et souhaitent en explorer le monde plus en profondeur.
Memento mori

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D accord avec vous sur la complémentarité et la porosité possible entres les deux médium oui mais je pense quand même qu’on est là sur des ex de lecteurs assez occasionnels. Notamment pour les incitations des séries. Je suis toujours sur la saignée du fameux noyau dur d une pratique ancrée et durable . Même si je suis bien conscient que tout le monde ne peut pas être gros lecteur.
Les jeux pompent fatalement dans le réservoir c est quasi mathématique du pdv du temps... les séries aussi.... je pense que les joueurs/lecteurs lisent moins que les lecteurs/ lecteurs....... ???? ( dis lapalisse) C est bêtement quantitatif mais je crois qu on en est là avec l hétérogénéité des pratiques... les chiffres d’affaire des éditeurs parleront ( Ceux de bragelonne ça va oui effectivement et tant mieux mais....) Globalement je pense que ça retranche plus que ça n incite à une échelle moyenne. C est évident mais bien réel.
Fabien super initiative tout ce qui fait pont/lien est utile et efficace je suis d accord : justement au moins pour conserver à tout prix la part de lecteurs occasionnels ou moyens et gratter, gratter pour peut-être « convertir »

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J'arrive après la bataille, mais je voulais juste dire que le collège est bien plus libre que le lycée niveau choix des livres et place accordée à la littérature imaginaire. Suffit de voir les programmes pour les 1e : le prof n'a plus le choix du livre, il doit choisir entre 3 livres imposés par genre (roman, théâtre, poésie, argumentation). Alors c'est vrai qu'en première qui ont le bac à la fin de l'année donc déjà avant on allait plus vers le classique, mais bon, même en seconde les programmes sont comme ça : très centrés sur les mouvements littéraires donc a priori une oeuvre du genre littéraire au programme. Je ne dis pas que c'est nécessairement mauvais, hein, c'est bien aussi d'apprendre aux élèves les différents mouvements qui ont existé, le patrimoine culturel... mais bon c'est quand même biaisé et pas très ouvert. Et pour moi, que ça arrive au lycée, ça va de paire avec une idéologie du style "allez, on les a laissés faire mu-muse au collège avec la littérature jeunesse, le policier, l'imaginaire, tous ces trucs-là, mais maintenant ils sont grands alors on passe à la VRAIE littérature".
D'ailleurs, je me demande si le décrochage de la lecture n'est pas lié à ça aussi : ça arrive souvent au moment de l'adolescence, et clairement le lycée n'aide pas avec ce grand décalage avec les oeuvres proposées au collège, où la liberté pédagogique est plus grande et les activités moins scolaires (parce qu'au lycée, ils soupent du commentaire de texte et des disserts toute la journée, surtout maintenant que le sujet d'invention a été enlevé du bac avec la réforme). D'ailleurs j'avais été dégoûtée de devoir être prof stagiaire au lycée, le collège a l'air beaucoup plus fun niveau programme (bon maintenant je suis partie parce que de toute façon prof c'était pas pour moi, mais j'aurais quand même préféré le collège).

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D'ailleurs, je me demande si le décrochage de la lecture n'est pas lié à ça aussi : ça a

J'ai fait une seconde générale dans le lycée de ma ville puis je suis allé en technologique ensuite. Il y avait plus de lecteurs dans la classe de G où j'étais que dans la classe de seconde générale que j'avais fait auparavant. C'est peut être un cas particulier. Je crois qu'en plus les élèves se sentaient plus libres de parler entre eux de ce qu'ils aimaient qu'en général parce que là pas de regard des autres.

Je crois que c'est en train de changer. À une époque SF et fantasy étaient plus appréciées par les scientifiques et les élèves du technologiques que par les littéraires. Ça fait quelques temps que les littéraires sont en train de s'y mettre. J'ai été invité à un festival organisé par des étudiants issus de filières lettres et sciences humaines, donc il y a du mieux.

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Fabien Lyraud a écrit :Je crois qu'en plus les élèves se sentaient plus libres de parler entre eux de ce qu'ils aimaient qu'en général parce que là pas de regard des autres.

Oui tt a fait, je crois que c'est fondamental : décomplexé et sortir des convenances.
Mais justement, vu du cœur du système, j ai toujours trouvé que les scientifiques en général (même actuellement) lisaient plus de sfff et lisaient plus globalement ( car maintenant et cela depuis bien 10 ans ce sont les meilleurs élèves que l'on retrouve en s) . C'est un peu en contradiction avec ce que tu dis Fabien sur les littéraires. Moi je trouve que les L lisent de moins en moins de lecture "naturelles" /plaisirs et sont de plus en mode fonctionnels (je lis ce que l institution prescrit et je lirai de la "blanche" après, un peu, pour donner le change par rapport à mon parcours et pour les conventions)
Mais je ne suis pas dans les salons... donc c'est très intéressant de pouvoir comparer les deux Pdv. La tendance est sûrement donc prégnante sur les lecteurs volontaires et spontanés, futurs gros lecteurs ou lecteurs "noyau dur". C'est bon signe ça parce que ce sont elles/eux (surtout elles hein ????) qui sont l'avenir du secteur ( lecteurs certes mais aussi auteurs/blogueurs/éditeurs/métiers du livre etc. qui appartient , selon moi, à la sfff. Allier passion et/ou formation/parcours scolaire et universitaire donne souvent un futur "pro" impeccable et des moteurs.