Lecture terminée hier soir pour moi.
On est effectivement dans une ode aux romans de chevalerie. Tout y est dans ce premier roman ! Et même plus ; un historien médiéviste pourrait difficilement prendre l'auteur en défaut tant la précision des petits détails est chirurgicale.
le vocabulaire quoiqu'extrêmement riche peut toujours être compris avec son contexte, mais les plus pointilleux auront besoin de leur dictionnaire de temps en temps.
Les dialogues sont, comme souvent avec Jaworski, particulièrement savoureux et les scènes prêtant à sourire voir carrément grivoise sont fréquentes.
Malgré ces nombreuses (et très grandes) qualités, le roman souffre de quelques défauts qui le placent - en tous cas privé de ses suites - bien en dessous de Gagner la guerre.
L'accroche, tout d'abord, bien moins emballante que celle de son grand frère avec Benvenutto sur sa galère. Les misères des petites gens sont peu engageante, surtout qu'on sent que l'auteur ne s'attardera que peu dessus. A vrai dire, j'ai trouvé tout le début du livre poussif, ce n'est qu'à
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l'apparition d'un certain ermite, puis du Grand Batard, que j'ai vraiment commencé à accrocher à la lecture.
En découle une gestion du rythme très différente et moins soutenue. Sans doute cela découle de l'hommage aux romans de chevalerie dont les quêtes se perdent parfois en longueurs inutiles - ou semblant l'être -... Mais même une fois ces atermoiements expliqués, je ne suis pas sur que je prendrai pour autant plus de plaisir à leur relecture. Ca place le mystère, on veut savoir, mais passe-t-on un bon moment de lecture sur certains passages ? Chacun sera juge.
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Je pense ici notamment aux chapitre suivant le chat Mirabillis, et ceux suivant l'auteur dans le livre. Ainsi que toute une partie avec la dame des futaies. En fait, tout le merveilleux / magique m'a laissé un peu blasé. C'est nébuleux à souhait, mais d'un manière dont on sort en se demandant ce qu'on a lu et sans comprendre où l'auteur veut nous emmener. Une fois de plus, j'ai préféré la magie plus en retrait de gagner la guerre.
J'amende quand même mon point de vue pour la partie "nécromantique" qui elle présage du très très lourd et - qui sait - une action de Sassanos ? S'il doit reparaître, c'est bien dans cette intrigue là...
Je terminerai quand même sur deux notes positives ;
Les scènes d'actions qui sont vraiment géniale. Comme dit dans plusieurs critiques, le roman prend alors des airs de page-turner, mais un page-turner de très, très grande qualité. On vibre avec les personnage, on prends les coups avec eux et jusqu'au bout on se demande comment les choses tourneront. Plusieurs belles surprises ici.
Le plaisir de retrouver, pour le lecteur averti, des têtes connues. Souvent au détour d'une scène se concentrant sur tout autre chose, un détail physique, une description semblant anodine fait apparaître un grand sourire au lecteur qui sait, sans que celui qui ne sait pas se rende compte même qu'il a manqué une référence.
Gros point pour la subtilité avec laquelle Gagner la guerre s'invite dans le roman sans verser une seule seconde dans le fan service.
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Sauf, bien entendu, pour la toute dernière scène. On aura croisé l'ami Gesufal 2 à 3 fois dans le roman, mais son dernier acte est digne de l'Assassinat de Mastiggia ! Là, pour la première fois, le roman m'a fait revivre le claque que j'avais eu dès le début de Gagner la guerre. Et le titre de la 2e partie "Le conte de l'assassin" me fait espérer, me fait rêver un retour, peut-être sur quelques chapitres seulement, du narrateur ciudalien qui m'avait tant marqué.
En conclusion, je dirais que c'est un excellent livre. Si ses défauts me gênent tant, c'est sans doute en tant que petit frère d'un roman qui m'a profondément marqué. Alors j'attends. J'attends les deux suites, car l'histoire n'est pas finie, et même si le rythme de départ sera toujours un peu lent, l'envolée qui suit peut être maintenue et donner quelque chose de grandiose.
Car les nombreuses pistes lancées au fil du livre, dont je n'ai pas parlé ici pour ménager vos découvertes, promettent quelque chose de bien plus épique que ce à quoi l'auteur nous a jusqu'ici habitué.