1422
Je ne trouve pas qu'il se disperse, personnellement j'aime cette variété chez lui et cette façon d'alterner ses cycles principaux avec des textes parfois plus légers mais toujours agréables voire très fun (j'ai un gros attachement aux trois Légion notamment). Je trouverais dommage qu'il se limite à ne faire du Roshar/Fils-des-brumes, qui sont des cycles impressionnants mais pas la seule facette intéressante de son écriture.
1424
Tome 4 poche dispo (volumes 1 et 2) :
https://www.livredepoche.com/livre/rythme-de-guerre-volume-1-les-archives-de-roshar-tome-4-9782253937210
https://www.livredepoche.com/livre/rythme-de-guerre-volume-1-les-archives-de-roshar-tome-4-9782253937210
1425
Il y a près d'une semaine maintenant, un article du site Wired a fait beaucoup parler de lui outre-Atlantique car le portrait qui est fait de Sanderson justement est, on va dire au vitriol... Le journaliste semble frustré de ne pas trouver de réel angle à son article, comme si Sanderson était trop lisse et sur le plan littéraire, on peut dire qu'il le descend notamment pour son style (ou son absence de).
Evidemment, les réactions des fans ne se sont pas faites attendre (même si certaines, du genre "Qui est ce pouilleux alors que Sanderson gagne des millions ?" sont...) et Sanderson lui-même est intervenu en demandant à ses lecteurs de ne pas s'en prendre au journaliste et que chacun avait le droit d'exprimer librement son avis.
Evidemment, les réactions des fans ne se sont pas faites attendre (même si certaines, du genre "Qui est ce pouilleux alors que Sanderson gagne des millions ?" sont...) et Sanderson lui-même est intervenu en demandant à ses lecteurs de ne pas s'en prendre au journaliste et que chacun avait le droit d'exprimer librement son avis.
1426
Il y a un peu de ce snobisme de classe que l'on trouve souvent dans ce type de revues (personne chez Wired ne connaissait Brandon Sanderson... quelle surprise), cette conviction bien ancrée que leur univers culturel propre serait LA culture. L'auteur (qui est conscient qu'on va lui faire ce reproche) dit que ce n'est pas le cas, qu'ils parlent de George R. R. Martin, mais il leur a fallu combien de temps pour ça ? A l"époque où Martin était au même stade de sa carrière que Sanderson, c'était la même punition pour lui.
Aussi, critiquer les auteurs via les fans, comme le fait ce journaliste, c'est un peu un coup bas. Tout phénomène assez énorme engendre des otakus pathologiques. On a probablement les mêmes chez les (des) fans de Tolkien ou de Harry Potter. Bref, tout ça ne dit rien des millions de gens normaux qui aiment Brandon Sanderson.
Après, il y a plusieurs trucs dans l'article que je trouve justes :
- Sanderson est un wordbuilder plutôt qu'un bon écrivain, son style est un peu planplan
- il écrit tellement qu'il y a un côté répétitif dans son style, que ça ressemble parfois au texte d'une AI à qui on aurait demandé : "s'il te plait, écrit un cycle de fantasy dans la veine de Robert Jordan"
- le caractère profondément mormon de ses écrits
Aussi, critiquer les auteurs via les fans, comme le fait ce journaliste, c'est un peu un coup bas. Tout phénomène assez énorme engendre des otakus pathologiques. On a probablement les mêmes chez les (des) fans de Tolkien ou de Harry Potter. Bref, tout ça ne dit rien des millions de gens normaux qui aiment Brandon Sanderson.
Après, il y a plusieurs trucs dans l'article que je trouve justes :
- Sanderson est un wordbuilder plutôt qu'un bon écrivain, son style est un peu planplan
- il écrit tellement qu'il y a un côté répétitif dans son style, que ça ressemble parfois au texte d'une AI à qui on aurait demandé : "s'il te plait, écrit un cycle de fantasy dans la veine de Robert Jordan"
- le caractère profondément mormon de ses écrits
1427
Oui, pour avoir traduit moi-même deux de ses novellas, je pense que personne ne contestera qu'il est davantage un auteur d'idées/concepts que de style. 
Un autre portrait, décidément : https://www.esquire.com/entertainment/books/a43438119/brandon-sanderson-profile/

Un autre portrait, décidément : https://www.esquire.com/entertainment/books/a43438119/brandon-sanderson-profile/
1428
Je suis assez d'accord avec tout ce que tu as dit, il y a toujours une certaine condescendance de la part de ce type de journalistes, d'autant plus quand ils font référence à des auteurs de fantasy ou de SF. Après n'ayant pas encore lu un livre de Sanderson je ne peux pas juger de son style.
C'était surement même pire, j'ai souvenir d'une anecdote ou Martin racontait qu'il faisait une séance de dédicace et que a coté de lui une mascotte faisait également des dédicaces, chez Martin zéro client alors qu'à la table d'a coté ça défilait en permanence.
Dieter Mitt a écrit :A l"époque où Martin était au même stade de sa carrière que Sanderson, c'était la même punition pour lui.
C'était surement même pire, j'ai souvenir d'une anecdote ou Martin racontait qu'il faisait une séance de dédicace et que a coté de lui une mascotte faisait également des dédicaces, chez Martin zéro client alors qu'à la table d'a coté ça défilait en permanence.
1429
Dieter Mitt a écrit :Il y a un peu de ce snobisme de classe que l'on trouve souvent dans ce type de revues (personne chez Wired ne connaissait Brandon Sanderson... quelle surprise), cette conviction bien ancrée que leur univers culturel propre serait LA culture. L'auteur (qui est conscient qu'on va lui faire ce reproche) dit que ce n'est pas le cas, qu'ils parlent de George R. R. Martin, mais il leur a fallu combien de temps pour ça ? A l"époque où Martin était au même stade de sa carrière que Sanderson, c'était la même punition pour lui.
Horion a écrit :Je suis assez d'accord avec tout ce que tu as dit, il y a toujours une certaine condescendance de la part de ce type de journalistes, d'autant plus quand ils font référence à des auteurs de fantasy ou de SF.
Ce qui m'a fait sourire et en même temps un peu attristé c'est le moment ou il dit, en substance, que son argument a du poids parce que Wired est un des magazine les plus "nerds"
Ça a été vrai. Il fut un temps où Wired était un standard de la "culture geek" et je l'ai longtemps lu, mais j'ai le sentiment que ce temps est révolu et qu'ils ne s'en rendent pas compte. Ils continuent de parler de SF, de Fantasy et de technologie mais d'une manière plus condescendante.
Si on prend par exemple le passage ou il décrit les fans de Sanderson :
By my rough count, some three-quarters of the attendees are men, boys, menboys, blurring together in a mass of pale, fleshy nerdery in Sanderson-appropriate graphic tees.
Soyons honnêtes : je me reconnais un peu dans ce fan trentenaire qui refuse de vieillir, et une plaisanterie sur le sujet ne me dérangerait pas. Mais je trouve malaisante la façon dont il le présente, plus comme un jugement que comme une plaisanterie. Est-il seulement conscient qu'une bonne partie des lecteurs de Wired ont fait partie à un moment ou à un autre des ces "masses de geeks pales et grassouillets" ?
1430
Gillossen a écrit :Il y a près d'une semaine maintenant, un article du site Wired a fait beaucoup parler de lui outre-Atlantique car le portrait qui est fait de Sanderson justement est, on va dire au vitriol... Le journaliste semble frustré de ne pas trouver de réel angle à son article, comme si Sanderson était trop lisse et sur le plan littéraire, on peut dire qu'il le descend notamment pour son style (ou son absence de).
Evidemment, les réactions des fans ne se sont pas faites attendre (même si certaines, du genre "Qui est ce pouilleux alors que Sanderson gagne des millions ?" sont...) et Sanderson lui-même est intervenu en demandant à ses lecteurs de ne pas s'en prendre au journaliste et que chacun avait le droit d'exprimer librement son avis.
Merci pour ce partage.
Je vous rejoins sur le style volontairement et délibérément provocateur de l'article. Surtout que l'auteur cherche à se dissocier des fans de Sanderson après avoir lu plus de 20 de ses livres

Néanmoins en faisant fi du style, il y a quelques éléments pertinents qui ressortent :
Comme a écrit dieter miit :
- Sanderson est un wordbuilder plutôt qu'un bon écrivain, son style est un peu planplan
- il écrit tellement qu'il y a un côté répétitif dans son style, que ça ressemble parfois au texte d'une AI à qui on aurait demandé : "s'il te plait, écrit un cycle de fantasy dans la veine de Robert Jordan"
- le caractère profondément mormon de ses écrits
auquel j'ajouterai :
-ses références et inspirations de culture geek "Star Wars"
-ses personnages peu nuancés, très héroiques et plutôt unidimensionnels loin des personnages beaucoup plus humains d'un Martin par exemple.
Some characters die, some become gods. The good ones, and most of them are good, are very good. Inspiringly good. No one has sex. They only save lives.
Je pense également qu'il met le doigt sur un élément juste expliquant le succès de Sanderson malgré son style simpliste : ses univers exotiques et captivants (worldbuilding) accompagnés d'une histoire souvent prenante.
Le style n'est que la forme du récit tandis que l'histoire en est le fond. Et c'est bien ce dernier qui l'emporte. Car au final l'important est le plaisir du lecteur.
Je viens de finir le dernier livre de Jaworski qui je pense est peut-être l'auteur français actuel avec le plus beau style d'écriture. Pour autant ai-je préféré celui-ci que le dernier Roshar ? Que nenni!
1431
Oui, le style ça peut même être une tare. C'est particulièrement vrai chez les auteurs français, qui ont l'impératif d'être "littéraires". Il y a en effet un peu de cela chez Jaworski, que j'adore pourtant. Son vocabulaire, par exemple, est extrêmement riche, varié et sophistiqué, mais c'est pour la beauté du geste, ça ne sert pas particulièrement l'histoire.
C'est la dérive de tout art, il finit par se perdre dans des démarches esthétisantes, en oubliant la raison première de son existence. En l'occurence, pour le roman, raconter des histoires. Or, Brandon Sanderson raconte des histoires.
C'est la dérive de tout art, il finit par se perdre dans des démarches esthétisantes, en oubliant la raison première de son existence. En l'occurence, pour le roman, raconter des histoires. Or, Brandon Sanderson raconte des histoires.
1432
-ses personnages peu nuancés, très héroiques et plutôt unidimensionnels loin des personnages beaucoup plus humains d'un Martin par exemple.
Je ne suis pas entièrement d'accord. Peut-être dans certains de ses cycles, comme Mistoborn qui, personnellement, m'est un peu tombé des mains et dans lequel les personnages sont effectivement stéréotypés et un peu vides, mais dans Les Archives de Roshar, les personnages dépeints sont profondément complexes et humains : ils ont leurs faiblesses, leurs failles, leurs échecs, et sont tout en nuance de gris plutôt que noir ou blanc. Le personnage de Kaladin, qu'on l'apprécie ou non, en est l'exemple même.
D'ailleurs, le traitement que fait Sanderson de la dépression, de la dépendance, de l'homosexualité, de l'autisme et de l'asexualité dans cette œuvre a été salué par la critique - et je ne dirais pas qu'il s'agit là de sujets simples à traiter... ni que son côté Mormon soit, pour le coup, prépondérant dans chacune de ses œuvres. Certes, l'auteur ne décrit jamais de scènes intimes, mais c'est loin d'être le seul (et pour ça, il y a déjà Sarah J. Mass).
De la même façon, toujours dans les Archives, je ne trouve pas son style forcément simpliste : cependant, j'ai lu les premiers tomes en français, donc mon avis est peut-être un peu biaisé. Mais j'ai du mal à croire que le passage ci-dessous, certes une traduction, extrapole le texte original.
“C’était le hurlement de mille guerriers sur le champ de bataille.
C’était le moment du toucher le plus sensuel et de l’extase.
C’était la douleur de la perte, la joie de la victoire.
[...].
C’était la chaleur de mille soleils, la béatitude de chaque baiser, c’étaient les vies de tous les hommes rassemblées en une, définie par tout ce qu’ils ressentaient”.
Justicière (Les Archives de Roshar, T3), chapitre 57.
De la même façon, certains dialogues ont une profondeur et une force qu'il ne m'a pas été donné de rencontrer partout. Le roman regorge également de véritables pépites, et je ne pense pas que la VO change quoi que ce soit au fond du propos.
“J’apprécie les choses qui possèdent des propriétés curieuses, et la stupidité est la plus intéressante. Plus vous l’étudiez, plus loin elle s’enfuit - et cependant, plus vous en obtenez, moins vous la comprenez”.
Brandon Sanderson, Justicière (Les Archives de Roshar, T3), chapitre 68
Bref, tout ça pour dire que je pense qu'il faut vraiment distinguer le Sanderson qui écrit les Archives du Sanderson qui nous pond 6 romans en un an, car le soin accordé à l'œuvre n'est clairement pas le même.
1433
Dieter Mitt a écrit :Oui, le style ça peut même être une tare. C'est particulièrement vrai chez les auteurs français, qui ont l'impératif d'être "littéraires". Il y a en effet un peu de cela chez Jaworski, que j'adore pourtant. Son vocabulaire, par exemple, est extrêmement riche, varié et sophistiqué, mais c'est pour la beauté du geste, ça ne sert pas particulièrement l'histoire.
C'est la dérive de tout art, il finit par se perdre dans des démarches esthétisantes, en oubliant la raison première de son existence. En l'occurence, pour le roman, raconter des histoires. Or, Brandon Sanderson raconte des histoires.e.
Entièrement d'accord avec toi.
1434
Entièrement d'accord avec Papierkus sur plusieurs points. J'allais faire la même remarque sur les personnages des Archives de Roshar.
Pour très bien connaître plusieurs de ces sujets, J'ai été épatée par la justesse avec laquelle il les aborde. Steris notamment, dans L'Alliage de la justice et ses suites, est un très beau personnage de femme autiste. Et le passage sur l'asexualité de Jasnah Kholin, sujet encore très rare en fiction et traité ici sans clichés, a marqué pas mal de gens, moi la première. Avec le temps, ça devient un de mes aspects préférés de son travail, et ce qui donne une vraie profondeur humaine à ses récits. Il est en empathie avec ses personnages, dans toute leur complexité et avec toutes leurs zones d'ombre, et ça se sent. Il y a une vraie humanité qui se dégage de son écriture.
Je confirme :
"It was the scream of a thousand warriors on the battlefield.
It was the moment of most sensual touch and ecstasy.
It was the sorrow of loss, the joy of victory.
(...)
It was the heat of a thousand suns, it was the bliss of every kiss, it was the lives of all men wrapped up in one, defined by everything they felt."
Ce n'est pas un auteur qui cherche à "faire du style", son écriture est au service de l'histoire, mais elle est toujours très maîtrisée (autrement, je ne prendrais jamais un tel plaisir à le traduire : un texte mal écrit est un vrai enfer à rendre en français à peu près potable). Et je le trouve effectivement particulièrement doué pour les dialogues et les voix des personnages. Ça m'a encore frappée quand j'ai découvert la version audio de La Voie des rois : le lecteur et la lectrice ont adopté exactement les intonations, les voix que j'entendais dans ma tête quand je traduisais les textes, tellement les dialogues sont évocateurs.
La preuve en est faite avec l'autre passage que cite Papierkus : rien qu'en le lisant, et sans avoir aucun souvenir de cette phrase, j'ai reconnu tout de suite la voix de Malice.
"I enjoy things with curious properties, and stupidity is most interesting. The more you study it, the further it flees—and yet the more of it you obtain, the less you understand about it!"
Je nuancerai ce dernier point, ce n'est pas tant une question de soin que de vision du projet. Certains de ses livres sont davantage pensés comme des divertissements, mais ce sont de sacrés bons divertissements et il y a toujours des belles choses à découvrir au niveau de l'intrigue ou des personnages. Personnellement le troisième Légion m'a vraiment chamboulée, et les deux premiers m'ont énormément fait rire. Ce n'est pas du Roshar et c'est ça qui est intéressant justement, de voir toutes ses différentes facettes. Mais sur les personnages et certains thèmes abordés, il me semble voir une progression. Ils ont effectivement plus de profondeur qu'à ses débuts (j'adore l'intrigue et l'univers de Fils-des-brumes qui avait été une claque pour moi, mais les personnages me semblent moins bien dessinés que ce qu'il a fait dans Roshar et par la suite).
Papierkus a écrit :[D'ailleurs, le traitement que fait Sanderson de la dépression, de la dépendance, de l'homosexualité, de l'autisme et de l'asexualité dans cette œuvre a été salué par la critique - et je ne dirais pas qu'il s'agit là de sujets simples à traiter...
Pour très bien connaître plusieurs de ces sujets, J'ai été épatée par la justesse avec laquelle il les aborde. Steris notamment, dans L'Alliage de la justice et ses suites, est un très beau personnage de femme autiste. Et le passage sur l'asexualité de Jasnah Kholin, sujet encore très rare en fiction et traité ici sans clichés, a marqué pas mal de gens, moi la première. Avec le temps, ça devient un de mes aspects préférés de son travail, et ce qui donne une vraie profondeur humaine à ses récits. Il est en empathie avec ses personnages, dans toute leur complexité et avec toutes leurs zones d'ombre, et ça se sent. Il y a une vraie humanité qui se dégage de son écriture.
Papierkus a écrit :De la même façon, toujours dans les Archives, je ne trouve pas son style forcément simpliste : cependant, j'ai lu les premiers tomes en français, donc mon avis est peut-être un peu biaisé. Mais j'ai du mal à croire que le passage ci-dessous, certes une traduction, extrapole le texte original.“C’était le hurlement de mille guerriers sur le champ de bataille.
C’était le moment du toucher le plus sensuel et de l’extase.
C’était la douleur de la perte, la joie de la victoire.
[...].
C’était la chaleur de mille soleils, la béatitude de chaque baiser, c’étaient les vies de tous les hommes rassemblées en une, définie par tout ce qu’ils ressentaient”.
Justicière (Les Archives de Roshar, T3), chapitre 57.
Je confirme :
"It was the scream of a thousand warriors on the battlefield.
It was the moment of most sensual touch and ecstasy.
It was the sorrow of loss, the joy of victory.
(...)
It was the heat of a thousand suns, it was the bliss of every kiss, it was the lives of all men wrapped up in one, defined by everything they felt."
Ce n'est pas un auteur qui cherche à "faire du style", son écriture est au service de l'histoire, mais elle est toujours très maîtrisée (autrement, je ne prendrais jamais un tel plaisir à le traduire : un texte mal écrit est un vrai enfer à rendre en français à peu près potable). Et je le trouve effectivement particulièrement doué pour les dialogues et les voix des personnages. Ça m'a encore frappée quand j'ai découvert la version audio de La Voie des rois : le lecteur et la lectrice ont adopté exactement les intonations, les voix que j'entendais dans ma tête quand je traduisais les textes, tellement les dialogues sont évocateurs.
La preuve en est faite avec l'autre passage que cite Papierkus : rien qu'en le lisant, et sans avoir aucun souvenir de cette phrase, j'ai reconnu tout de suite la voix de Malice.
"I enjoy things with curious properties, and stupidity is most interesting. The more you study it, the further it flees—and yet the more of it you obtain, the less you understand about it!"
Bref, tout ça pour dire que je pense qu'il faut vraiment distinguer le Sanderson qui écrit les Archives du Sanderson qui nous pond 6 romans en un an, car le soin accordé à l'œuvre n'est clairement pas le même.
Je nuancerai ce dernier point, ce n'est pas tant une question de soin que de vision du projet. Certains de ses livres sont davantage pensés comme des divertissements, mais ce sont de sacrés bons divertissements et il y a toujours des belles choses à découvrir au niveau de l'intrigue ou des personnages. Personnellement le troisième Légion m'a vraiment chamboulée, et les deux premiers m'ont énormément fait rire. Ce n'est pas du Roshar et c'est ça qui est intéressant justement, de voir toutes ses différentes facettes. Mais sur les personnages et certains thèmes abordés, il me semble voir une progression. Ils ont effectivement plus de profondeur qu'à ses débuts (j'adore l'intrigue et l'univers de Fils-des-brumes qui avait été une claque pour moi, mais les personnages me semblent moins bien dessinés que ce qu'il a fait dans Roshar et par la suite).
1435
Un essai personnel très touchant qui est né en partie de l'article récent où il se faisait descendre et qui résonne avec l'échange ci-dessus au sujet de ses personnages. Pour moi, cette empathie pour les personnages, en particulier ceux qui sont brisés, hors normes, "en dehors", est un aspect central de son écriture et un de ceux qui me semblent expliquer l'impact de ses livres sur les lecteurs.
https://www.brandonsanderson.com/outside/
https://www.brandonsanderson.com/outside/
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“C’était le hurlement de mille guerriers sur le champ de bataille.
C’était le moment du toucher le plus sensuel et de l’extase.
C’était la douleur de la perte, la joie de la victoire.
Personnellement, je trouve ça très très plat (je parle de l'équivalent VO !) comme images.

Clairement, le peu de Sanderson que j'ai lu, ce n'était effectivement pas pour le style.
1437
Personnellement, je trouve ça très très plat (je parle de l'équivalent VO !) comme images. :rouge
L'important ici, ce ne sont pas tant les images que le souffle. Et le souffle, clairement, il y est. Le style, c'est autant une question de rythme et de sonorités que d'images. Il maîtrise le rythme, le souffle, les dialogues.
Je ne suis évidemment pas neutre sur ce point mais je n'en démordrai pas : des textes mal écrits, j'en ai traduits quelques-uns, c'est ce qu'il y a de plus pénible dans ce métier, et ce n'est pas du tout son cas. Autrement il y a bien longtemps que j'aurais lâché l'affaire (j'y suis depuis 14 ans cette année

L'essai que je viens de poster, clairement, c'est le texte de quelqu'un qui sait écrire. Ce texte m'a énormément touchée.
1439
"It was the scream of a thousand warriors on the battlefield.
It was the moment of most sensual touch and ecstasy.
It was the sorrow of loss, the joy of victory.
(...)
It was the heat of a thousand suns, it was the bliss of every kiss, it was the lives of all men wrapped up in one, defined by everything they felt."
Franchement pas de quoi s'esclaffer !!
Surtout dans un bouquin qui contient 400 000 mots...

Sans même comparer le style de Sanderson avec Jaworski (la langue française étant bcp plus riche que la langue anglaise) mais plutôt avec certains de ses pairs anglo-saxon comme Kay, Rothfuss, Martin ou Lynch, Sanderson fait franchement pâle figure. Un peu comme du Rowling , Sanderson est un auteur que l'on conseille aux débutants en anglais avec son style simpliste, conversationnel et au lexique peu riche.
Son point fort ne réside clairement pas là.
1440
Certes, mais peut-être en serait-il également capable ?
Ce n'est pas parce qu'il choisit un style simple et direct plutôt qu'une prose compliquée qu'il n'est pas capable d'écrire sous cette seconde forme.
Mais quel intérêt d'écrire de manière ampoulée quand on vise à raconter des histoires à un public large ?
De plus, personnellement, bien que je sois capable de lire de la belle prose compliquée "à l'ancienne", riche en vocabulaire, ça me gave quand il s'agit de se plonger dans une histoire.
Donc je suis bien content qu'il ne fasse pas partie d'auteurs qui compliquent inutilement les choses.
Même si les noms que tu cites écrivent de manière intéressante également et il ne s'agit pas non plus de lectures illisibles.
Ce n'est pas parce qu'il choisit un style simple et direct plutôt qu'une prose compliquée qu'il n'est pas capable d'écrire sous cette seconde forme.
Mais quel intérêt d'écrire de manière ampoulée quand on vise à raconter des histoires à un public large ?
De plus, personnellement, bien que je sois capable de lire de la belle prose compliquée "à l'ancienne", riche en vocabulaire, ça me gave quand il s'agit de se plonger dans une histoire.
Donc je suis bien content qu'il ne fasse pas partie d'auteurs qui compliquent inutilement les choses.
Même si les noms que tu cites écrivent de manière intéressante également et il ne s'agit pas non plus de lectures illisibles.