Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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Coucou, je suis de passage !
Je confirme que le 8 est mon préféré et que c'était un tome que je voulais absolument traduire (avec le 3).
C'est le mieux écrit et le plus émouvant. Attendez de lire la fin. La 4e partie envoie du très très lourd.
En revanche il s'agit aussi - et de loin - du tome le plus clivant, avec en général des réactions très contrastées à son sujet : soit on adore, soit on déteste, en général les réactions tièdes sont assez rares à son sujet sur les forums anglo-saxons.

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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Ce tome 8 est enfin fini....

et bien... il résume assez bien le ressenti général que j'ai face à ce cycle, et quasiment à chaque tome.

D'abord, un sentiment de lenteur (mais pourquoi tout avance si lentement ??), de stagnation et une difficulté à accrocher au tome, surtout en n'ayant que de courtes plages horaires pour avancer.

Ce qui s'explique aussi par la richesse des personnages, des divers arcs narratifs.

Ensuite, passé la moitié du tome, la sensation que l'on accroche, que l'on a envie de connaître la suite... et qu'on comprend certaines choses sur ce qu'il se passe (mais très partiellement).

Puis, sur les derniers 20 % du tome, environs 200 pages, cela devient quasiment un "page turner" car tout "clique", tout s'accélère et le sentiment de drame à venir pousse à lire encore et encore.

Et à la fin, on se prend une claque. Etant donné qu'on ressent un caractère inéluctable dans ce qui se passe, les personnages, même les plus puissants, étant manifestement amenés à souffrir et à ne pas savoir empêcher le drame de se produire. Et on referme le tome avec le sentiment d'avoir vécu un drame.

mais d'avoir adoré.

sans cependant que tout "s'envole jusqu'au Climax".

Bref, encore une fois, envie de faire une pause pour souffler. Mais de poursuivre plus tard.

Quel cycle.

Et il faut presque être maso pour le lire.

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

4088
Tome 6 terminé !

J'ai adoré ... encore une fois.
Un plaisir de retrouver certains personnages après le tome 5 qui se passait sur un autre continent.
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Bon je m'arrête là. Je ne sais pas si j'commence le tome 7 maintenant ou si je fais une petite pause comme avec le 6, pour lire autre chose.

Vivement la suite !

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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En ouvrant « La Poussière des Rêves », première partie du dernier volume du cycle, j’ai eu le sentiment d’appartenir à une communauté, celle des lecteurs qui ont décidé d’arpenter jusqu’au bout cette route littéraire. Si, comme moi, l’idée d’une vérité au terme de cette monumentale fresque te hante, c'est que tu es devenu comme un personnage d'Erikson. Pour quelle raison ai-je suivi ce chemin, pour quel motif ai-je placé ma confiance dans l'auteur ? Tu le révères pour son ambition, tu le détestes pour sa prétention mais tu as choisi de placer tes pas dans les siens.

« La Poussière des Rêves » pose la question de notre aspiration collective à remettre notre désir entre les mains d’un autre et des nombreuses manières de revêtir ce rôle de chef.

Et puisqu’il est difficile de mettre en doute le fondement de sa propre communauté, Erikson décentre notre regard à partir de figures marginales, conscientes de la fragilité d’une société car seules survivantes de leur peuple, étrangères confrontées à l’Autre qui se pense l’Un. Ce sont Kalyth, dernière des Elans, au sein des K'Chains Che Malle, Setoc et Onos Out'ilan au milieu des Barghasts, Torrent, unique rescapé d'un peuple éteint.

Les Barghasts sont venus en Lether afin d'affronter leur plus vieil ennemi, les Tistes edur. Mais une fois ce dernier disparu, que reste-t-il pour unir ces clans ? Setoc en est bien consciente qui dit à Cafal - "L'ennemi, grand sorcier, c'est la paix." Il revient à Onos Out'ilan de donner un but à son peuple d’adoption. Il incarne au plus haut point les vertus morales et connaît le poids qui pèse sur celui qui dirige les clans, lui qui a été Premier Glaive.
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Il connaît aussi la solitude du dirigeant.
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Mais toutes ses qualités peuvent se révéler dangereuses pour celui qui s’assoit sur un trône, car un peuple peut se retourner contre son chef, qui devient le bouc-émissaire des échecs et colères des siens.
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La communauté demeure une nécessité vitale. Seules les créatures les plus insensibles peuvent renoncer à la chaleur d'un foyer.
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Kalyth, survivante, ressent la fragilité de tout groupe humain -
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Et c'est la valeur de ce qu'elle a perdu qui lui permet de redonner aux K'Chains Che Malle un sens à leur existence, au crépuscule de leur civilisation :
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Cet aveuglement qui peut saisir un peuple connaît une apothéose cataclysmique lors de la dernière bataille de deux civilisations, une civilisation divisée plutôt, dont la seule finalité est de détruire l'autre, y compris au prix de son propre anéantissement.

Que pensez de Chal Managal ou le Serpent, cette communauté d'enfants réfugiés qui en fuyant, libre de tout adulte, forge son propre but ?
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Yan Tovis quant à elle est condamnée par la tradition, qui lui impose un rôle, à constituer un peuple à partir des Trembles, ignorants de leur origine, mais aussi d'anciens prisonniers, de marchands, de criminels et de pirates.
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Erikson présente une image de la communauté parfaite, celle des Imass du Réfugium, telle que la définit Onrack
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Est-ce une mélancolie des origines avant la Chute ? N’oublions pas que le Réfugium est un domaine créé après l’histoire, un mirage consolateur dont l’existence peut s’achever à tout instant. Mais Onrack ne s’illusionne pas : il connaît la précarité de son bonheur et savoure chaque instant car il est ressenti comme une possible dernière étincelle de vie.

Cette communauté la plus proche de l’idéal d’Erikson, n'est-ce pas celle des Osseleurs ?
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Mais ce discernement a un prix.
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Le pouvoir est un miroir et Tavore se refuse à laisser son image envahir le cadre. Par crainte de se perdre dans ce reflet, par prévenance pour ces soldats dont elle respecte la force goguenarde ?

Ce même Tanakalian, qui a l’intuition de la raison pour laquelle les Osseleurs lui apparaissent comme un véritable groupe, n’a pas la même lucidité lorsqu’il s’agit de son propre ordre des Casques Gris. Il doute de la valeur des vertus dont on glorifie les chefs, prêt à sombrer dans le nihilisme comme tant d'autres personnages d'Erikson lorsqu'ils pensent contempler la réalité alors qu'ils ferment un oeil pour fixer leur vue :
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Une demi-connaissance est plus dangereuse que l’ignorance. Sinn en est témoin. Elle découvre le tissu de rêves qui constitue cette prétention à nous unir que nous nommons société.
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Mais comme tous les personnages d'Erikson qui pensent avoir révélé la vérité du monde, elle sombre inéluctablement vers la folie.
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Tanakalian et Sinn voient en toute clarté mais ne savent pas quoi faire de cette vision, n’entendent pas ce que ce savoir implique. Il faut la sagesse d’un Violain révélée à Brys pour embrasser cette vie dévoilée :
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Ce voyage dans les Terres Stériles pour tous ces groupes que nous croisons le long du roman est la confrontation avec la vanité de leurs certitudes sur le sens de leur existence en tant que collectivité. Et même l’armée des Osseleurs, pourtant si peu disposée à se bercer d’illusions,
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Le pouvoir est un miroir, le miroir que se tend une communauté à elle-même et, si elle refuse de se contempler dans toute sa nudité mortelle, elle trouvera toujours un chef pour incarner par son image cette illusion, ce rêve qu’elle se donne – avant qu’il ne devienne poussière.

Les lecteurs du cycle malazéen forment aussi une communauté. Mais, à la différence des personnages de « La Poussière des Rêves », ils devraient savoir que l’image que leur renvoie le miroir est une fiction, une illusion librement offerte et librement consentie. Et dans ce mensonge de mots savamment tissé, le plaisir le plus subtil est le plus inattendu. La littérature est l’art d’user du faux pour dire le vrai.

Comme le dit Janath à Bugg : "La solitude est simple. La société ne l'est pas."

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

4091
Je suis en plein dans le dernier tome, début du Livre VI

Déjà je dois dire qu'après un tome 8 que j'ai adoré, le tome 9 m'est tombé des mains. Je n'ai pas du tout aimé ce tome. Ce n'est pas ce que j'attendais à un tome de la fin notamment l'introduction de nouveaux personnages auxquels je ne me suis pas attaché du tout, et la continuation de certains apparus dans le tome 7 (autre tome que je n'ai pas aimé dans la série). Donc il est possible que beaucoup de choses dites dans le tome 9 me soit passé au dessus.

J'en viens donc à ma question, que je mets en spoiler
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Sinon pour l'instant, sur ces deux derniers tomes je suis assez déçue. A voir avec les 50% qu'il me reste sur ce 10e tome. Mais, je suis dégoutée que des personnages que j'ai adoré dans les premiers tomes n'apparaissent presque plus
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, que les nouveaux apparus sur les derniers apparaissent (plus) souvent
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, certains arcs ne m'intéressent plus
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. Je pense que le tome 9 a été pour moi le tome de trop dans l'ajout des personnages.

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

4092
Ca commence à dater un peu pour moi, mais pour répondre à ton premier spoiler
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Comme dans tous les autres tomes, la fin du livre 10 est bien plus rythmée. Dé mémoire, la convergence et les gros enjeux ne sont pas dans la toute fin, puisqu'on peut considérer le 9 et le 10 comme un seul gros roman, tu devrais donc avoir des réponses plus précises tout bientôt :)
"Libre à vous d'aller lire autre chose de plus franc du collier" La Cité de soie et d'Acier, de Mike, Louise et Linda Carey

"Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents" La Horde du contrevent, Alain Damasio

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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Aborder les 10 livres comme une série dans laquelle on va suivre différents protagonistes du début à la fin est une erreur à mon avis. La continuité et la progression d'un tôme à l'autre est principalement thématique. Chaque livre propose son intrigue, avec ses propres personnages majeurs, certains plus ou moins reçurents, d'autres pas tant que ça.
Quand au 9 effectivement les personnages nouveaux, il est plus difficile de s'y attacher, mais l'histoire du dyptique final est en bonne partie la leur, et ce n'est qu'au livre 10 que je me suis attaché à eux. Quoi qu'il en soit, les playoff de la fin valent la peine de s'investir dans ce dyptique. Et ces deux livres offrent une belle conclusion à la série, vraiment.

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

4094
@S'ren merci, j'avoue que quand j'ai vu à quel point
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Après je ne vois plus le livre comme celui des Malazéen et je comprends pourquoi l'éditeur a choisi de le retirer du nom du cycle.


Vincentcollette a écrit : lun. 2 déc. 2024 12:52 Aborder les 10 livres comme une série dans laquelle on va suivre différents protagonistes du début à la fin est une erreur à mon avis. La continuité et la progression d'un tôme à l'autre est principalement thématique. Chaque livre propose son intrigue, avec ses propres personnages majeurs, certains plus ou moins reçurents, d'autres pas tant que ça.
Quand au 9 effectivement les personnages nouveaux, il est plus difficile de s'y attacher, mais l'histoire du dyptique final est en bonne partie la leur, et ce n'est qu'au livre 10 que je me suis attaché à eux. Quoi qu'il en soit, les playoff de la fin valent la peine de s'investir dans ce dyptique. Et ces deux livres offrent une belle conclusion à la série, vraiment.

Je ne suis pas totalement d'accord de ne pas le voir comme une série où l'on suit différents protagonistes. Même si chaque tome à part les deux derniers ont leur finalité. Certains personnages ont dans chaque tome ou presque, des passages cryptiques qui laissent penser qu'il y a un fil rouge qui lie leur arc tout au long de la série. Et mon problème c'est qu'au tome 9, on t'en rajoute d'autres, donc de nouveaux arcs alors que personnellement, il y avait déjà matière avec ceux déjà existant pour la conclusion ou en tout cas je m'attendais à ça d'où ma déception. D'ailleurs, je trouve que ces ajouts sont au détriment des personnages déjà existant qui au final (à 50% donc qui sait par la suite) sont plus délaissés.

On verra dans cette deuxième moitié.

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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Aventurine a écrit : dim. 13 oct. 2024 17:09 Je ressors du premier tome, surprise et bien plus optimiste que je ne l'attendais ! Je pensais trouver trop de complexité, de l'ennui sur des longueurs, un manque d'attachement aux personnages trop nombreux et puis finalement, rien de tout ça
t'inquietes.... Ca va venir....
Malgré mon abandon après le T4 je repasse régulièrement lire des avis ici, mais non pour le moment rien ne me pousse à continuer.

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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Vincentcollette a écrit : lun. 2 déc. 2024 12:52 Aborder les 10 livres comme une série dans laquelle on va suivre différents protagonistes du début à la fin est une erreur à mon avis. La continuité et la progression d'un tôme à l'autre est principalement thématique. Chaque livre propose son intrigue, avec ses propres personnages majeurs, certains plus ou moins reçurents, d'autres pas tant que ça.
Quand au 9 effectivement les personnages nouveaux, il est plus difficile de s'y attacher, mais l'histoire du dyptique final est en bonne partie la leur, et ce n'est qu'au livre 10 que je me suis attaché à eux. Quoi qu'il en soit, les playoff de la fin valent la peine de s'investir dans ce dyptique. Et ces deux livres offrent une belle conclusion à la série, vraiment.
Je partage ton point de vue sur la manière de considérer le fil narratif du cycle. Erikson a une conception de la figure du héros qui s'éloigne drastiquement du sillon si familier du monomythe campbellien. Ce type d'héroïsme, dans sa trajectoire faîte d'obstacles surmontés et de révélations rédemptrices, me semble traiter comme une illusion par notre auteur canadien. Il restaure un sens du tragique, du destin comme ce que ses personnages les plus poignants acceptent comme une douloureuse vérité à accueillir. C'est cette confrontation avec l'angoisse existentielle et les infinis mensonges que l'humanité tisse pour s'éviter de plonger le regard dans les abysses qui sont déclinés à travers une fresque foisonnante de personnages et cultures. Il n'y a pas de héros pour l'humanité, simplement des hommes et femmes qui acceptent d'accomplir ce qui leur semble juste selon ce que la fatalité ou les circonstances placent sur leur chemin.
Quelqu'un écrivait il y a quelques temps qu'il considérait les dialogues de GRR Martin bien meilleurs que ceux d'Erikson. Je ne ferai pas de comparaison car je ne crois pas que ces auteurs conçoivent leurs oeuvres sur le même plan. Martin présente une conception moderne du pouvoir, machiavélienne, pour en décortiquer les ressorts, exposer un art amoral de gouverner, où l'héroïsme n'est finalement qu'une niaiserie ou une posture avantageuse dans la lutte politique. Erikson me semble exposer une conception plus proche des tragiques grecs ou de Shakespeare. Il y a un ordre du monde et pour ses personnages de véritables dilemmes à affronter, ce qui justifie des dialogues contemplatifs mais aussi, en contrepoint, la gouaille et l'ironie qui parsèment le récit.
Alors entre le toboggan du voyage du héros et le dédale existentiel du personnage eriksonnien, je n'ai pas de doute sur la fiction qui dessine avec exigence la condition humaine.

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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Tenaka_Pop' a écrit : mer. 21 juin 2023 11:41 J'ai vraiment le sentiment que beaucoup n'en peuvent plus / ont vu leur enthousiasme baisser quand ils en arrivent à la fin de ce cycle.

Que je considérais comme une oeuvre majeure du genre, mais le tome 7 lu il y a une année m'a refroidi (je l'avais très laborieusement fini et je m'étais un peu emmerdé). Lire que certains ont le même sentiment, à partir du 7 ou 8 et jusqu'au bout, me fait sacrément peur et ne m'aide pas à me lancer dans ces briques !

Même si je devrais tenter le 8 à la fin de l'été, à priori...
Je parcours les pages de ce topic car je galère vraiment sur ce tome 10 et j'avais envie de voir le ressenti général ici. ET finalement ce commentaire résume mon ressenti, (même si je fais partie de celleux qui place le tome 8 dans mes préférés), le tome 7 ne m'a pas plu, il était dernier dans mon classement avant le 9....

Il me reste un peu moins de 500 pages avant d'en finir.

Re: Critique ! [Le Livre des Martyrs - Steven Erikson]

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Je ne sais si l'enthousiasme de beaucoup faiblit à la lecture. Pour ma part, après lu le cycle en une lancée, chaque tome ouvert une fois le précédent refermé, je n'ai pu que sentir un grand vide et une forte émotion une fois la dernière page achevée. Comme le regret de ne pas repartir sur dix tomes. Je relirai l'ensemble dans quelques années mais j'en garde des souvenirs intenses. Il fut difficile de passer à une autre œuvre après celle-là.