64
Rafik DjoumiLors de notre bref entretien, Guillermo Del Toro m'a dit qu'il espérait que PACIFIC RIM puisse avoir auprès des enfants le même impact qu'avaient eues en leur temps les productions Korda (Le livre de la jungle, Le voleur de Bagdad), auxquelles je rajouterais personnellement Jason et les argonautes (sachant en plus que le film est dédié à Ray Harryhausen)Et bien que je n'affectionne guère les formules d'exclusion, je suis tenté de paraphraser Hideo Kojima lorsqu'il demande aux otakus japonais "Qui sommes-nous, si nous ne nous ruons pas en masse pour voir ce film ?"Ce qui vaut pour les otakus vaut également pour les geeks, les fantasticophiles et même les "simples" cinéphiles. Car PACIFIC RIM a été fait pour des enfants de dix ans, c'est-à-dire pour tous les adultes qui ne craignent pas d'avoir dix ans.A dix milles lieues des blockbusters "sombres et adultes" qui font vibrer les puceaux de l'imaginaire, le film de Guillermo nous renvoie d'une traite à la ligne claire des films d'aviateurs des années 40/50, aux atmosphères à la fois martiales et poétiques de Patlabor et d'Evangelion, à l'énergie des Gamera, à l'authentique Pop-Art des anciens comic-books et à une fascination démoniaque pour le gigantisme et l'apocalyptique. Oubliées les teintes gris-blanc-noir des blockbusters "trô réalist t'a vu"; Del Toro et Navarro préfèrent passer en revue tout le spectre chromatique jusqu'à donner parfois l'impression d'inventer des couleurs (y compris dans les fonds marins!). PACIFIC RIM, c'est comme si on avait donné à l'auteur d'Hellboy 2 le quintuple de son budget en lui disant "Je veux que tes scènes de dialogue terrassent par leur sens du spectacle tous les climax des derniers gros films d'été". PACIFIC RIM, tout comme Speed Racer, tout comme Avatar, font partie de ces générations spontanées que le système actuel n'a pas vraiment autorisées; ni reboot, ni suite, ni adaptation, ni franchise, mais le fruit qui éclot naturellement sur le terreau de l'imaginaire collectif, nourri par une multitude de souvenirs visuels et pourtant distinct de chacun d'eux, transcendé par les moyens modernes qui permettent une plus grande fidélité à la démesure d'un imaginaire de môme.A voir en IMAX si vous en avez l'occasion.
Enfin, 17h, c'est la bonne ! :coeur:

65
Heu, par contre, le rapprochement avec Avatar est quelque peu candide, non ? Je veux dire, Cameron était déjà beaucoup plus "installé" que Del Toro quand il a fait Avatar, et nettement plus proche du "système", au moins dans sa logique commerciale... Par contre, j'ai bien compris : Pacific Rim est vraiment dédié à Ray Harryhausen ? Il fallait le dire plus tôt, ça fait une nouvelle raison à part entière d'aller voir le film, ça ! :p

66
Tybalt a écrit :Heu, par contre, le rapprochement avec Avatar est quelque peu candide, non ? Je veux dire, Cameron était déjà beaucoup plus "installé" que Del Toro quand il a fait Avatar, et nettement plus proche du "système", au moins dans sa logique commerciale...
Le rapprochement, il le fait parce que ce sont deux (enfin trois avec Speed Racer donc) œuvres originales qui jouent sur l'imaginaire dans un condensé d'influences diverses transcendées dans de véritables œuvres d'auteur (Wacho, Cameron, Del Toro), et qui semblent complètement hors des modes, au milieu d'un océan de blockbuster gris pseudo-réflexifs.Je pige pas trop le rapport avec le fait que Cameron soit plus connu ou pas que del Toro, en fait.

67
Bah, il appelle ça des "générations spontanées que le système actuel n'a pas vraiment autorisées". Mais en plus de ça, effectivement, il est, heu, plus gentil que moi avec Avatar sur le plan du résultat artistique. Pour moi Avatar est à peu près tout sauf original et tout sauf une oeuvre d'auteur... c'est un gros plan commercial sans risque, calibré pour vendre la 3D relief, et exactement aussi creux que le blockbuster de base, mais en plus cher et en plus prétentieux (bla bla bla l'écologie bla bla bla les indigènes, alors que le film véhicule à peu près tous les clichés à la con possibles sur ce type de culture, sans oublier le gentil héros évidemment blanc sans qui les malheureux seraient incapables de se débrouiller). Bon, j'ai pas encore vu Pacific Rim, mais même le pitch du Del Toro a l'air plus intéressant.(Pas vu Speed Racers, par contre.)J'aime bien par contre ce qu'il dit sur la différence d'orientation de l'imaginaire et le fait que Del Toro s'écarte du "sombre donc réaliste" qui est la tendance actuelle (et qui commençait à devenir pesante à force).

69
C'est gentil, mais la convocation du monomythe campbellien, j'ai déjà eu droit et ça ne me convainc toujours pas. Toutes les grosses productions américaines usent et abusent de ce genre de références, brandies ensuite comme des cache-misères par les responsables de comm' pour dissimuler le peu de profondeur réel du propos du film. C'est une façon de se donner des ancêtres respectables, ni plus ni moins.Mais sérieusement, qui croira que Cameron ou même ses scénaristes aient lu tout ça ? On sait très bien que c'est Campbell et ses suiveurs que lisent les scénaristes en quête de la martingale du scénario rentable, pas les textes originaux ni les études universitaires publiées dessus. George Lucas avait lu Campbell et son film a bien marché, du coup tout le monde à Hollywood s'est jeté sur Campbell en quête de la formule commerciale parfaite, et nous explique ensuite que ces scénarios archi-éculés devraient nous plaire parce qu'en fait c'est dans notre inconscient collectif. Mais mes pyges, quoi !Et quand bien même ils auraient vraiment lu tout ça et réfléchi à tout ça, en quoi ça devrait me persuader que le mauvais film creux que j'ai vu était en fait bon et profond ? Aucune approche intertextuelle ne peut dissimuler le manque de profondeur d'une oeuvre que peut montrer une analyse de l'oeuvre considérée en elle-même. En d'autres termes, si je te fais lire un mauvais roman et que je t'explique ensuite tout sur les lectures de son auteur, nombreuses et toutes hautement recommandables, ça change quoi, si le roman est raté ?(Bref, j'arrête de râler sur Avatar... Désolé, c'est comme les voyageurs qui reviennent d'un voyage traumatisant en milieu hostile, y a des séquelles avec des crises périodiques...)Là encore Pacific Rim est dans une approche différente, ça se présente ouvertement comme un truc sans prétention, un hommage ou une oeuvre de fan qui reprend des stéréotypes de l'anime et des films de kaiju. Ce qui est encore assez rare dans les grosses productions américaines, en plus (alors que des histoires d'indigènes qui attendent la venue de l'homme blanc, en général un militaire américain, pour se rebeller, on en avait déjà à la pelle, sas parler du Pocahontas de Disney pillé pour l'occasion).

71
Bon, bon, désolé d'avoir réagi au quart de tour, je bosse sur les mythologies alors j'ai tendance à m'indigner facilement devant ce genre de récupération marketing. Je te MP pour l'article histoire d'en discuter en connaissance de cause. Là je me basais sur le début et sur cette réponse trouvée sur Sens critique (on peut le lire sans s'inscrire, hein, faut juste fermer la fenêtre).(Entre temps j'ai aussi édité mon message précédent pour tenter désespérément de rester dans le sujet :sifflote:)

72
En fait ça évoque bien les archétypes, mais c'est juste une petite partie de l'article (et Campbell n'est pas mentionné).Je me doute bien que ça ne te fera pas changer d'avis sur le film, mais c'est plus par rapport à ta remarque sur le côté hollywoodien du film que l'article est intéressant, amha.

74
Aaaaah, j'ai eu droit à mon fix de robots pour l'année, je suis ravie ! :D Du grand spectacle comme je l'aime, prévisible à peu près du début à la fin, mais ce n'est pas pour ça qu'on va voir un film pareil. J'ai passé la séance avec des yeux de merlan frit devant la qualité des effets spéciaux. Je veux un film comme ça tous les ans !

75
C'était monumental.Et qu'on ne vienne pas me dire que le scénar est mauvais ou simpliste : c'est un modèle de gestion des personnages, le moindre second rôle est utile et a un arc narratif qui se conclut, tout y est fluide et bien pensé.Putain comme ça fait du bien !

78
Ouais, voilà.(Encore que j'aime bien les Batman de Nolan, mais comme souvent avec les films qui lancent des modes, tous les rejetons commencent à me sortir par les yeux)(Tu peux t'adresser à moi au lieu de dire "il", Fabien, hein ^^)

80
Je suis allee le voir hier soir j ai adore ! De beaux effets speciaux les robots et les monstres sont franchement top ! J avais envie de me laisser aller a la derive pour en piloter un :-) et l acteur principal est un beau gosse lol bah quoi y a pas que les hommes qui ont le droit d admirer les actrices ;-)