Ca fait déjà un petit moment que je connais Abarat et j’ai manqué le moment ou la critique est parue sur Elbakin. Heureusement le tournoi m’a rappelé à cette œuvre en nommant Candy Quackenbush comme héroïne, me faisant ainsi suspecter que des avis m’étaient passés sous le nez…Je connais Clive Barker depuis de nombreuses années puisque Le voleur d’éternité trônait sur ma bibliothèque comme meilleur livre d’épouvante (bon je n’avais que 10-11 ans à l’époque

). Il n’empêche qu’encore maintenant, en évoquant son souvenir, il ne me laisse pas indifférente. Un certain malaise vous étreint à la lecture de ce livre, comme si l’histoire était un peu trop dérangeante, oppressante pour être vraiment appréciée. Ceci provoque en nous, rejet et attirance tout à la fois. Sensation que j’ai retrouvée un peu plus tard, à la lecture d’Everville, également très perturbant et dont je ne suis pas venu à bout. C’est donc mitigée, mais surtout intriguée que j’ai vu apparaitre Abarat dans le rayon jeunesse. Sa place en ces lieux et les dessins dont il était couvert m’ont convaincu que je n’avais pas à faire au même genre de récit que ceux déjà parus. C’était vrai ! Même si l’univers est tout aussi étrange et recherché, la sensation de malaise insidieux n’est pas de mise sur les traces de Candy Quackenbush. Le récit accrocheur, débute à Chickentown, patrie de l’élevage de poulet en batterie si triste et terne en comparaison à Abarat, monde foisonnant de vie et de magie. L’appel du large se fait donc rapidement sentir pour notre héroïne qui laisse sans regret sa morne vie derrière elle. Là, débute une série d’aventures, truffées de rencontres avec des personnages tous plus fantasques les uns que les autres. Les méchants et les gentils sont cette fois ci bien opposés, rappelant que le conte de fée n’est pas si éloigné de cette grande fresque bariolée. Cependant, on retrouve la touche de l’auteur dans la description du grand ennemi de Candy, à la fois humainement touchant et monstrueusement cruel. C’est un beau méchant, entourés de ses acolytes bien sur, que nous sert Clive Barker.L’histoire n’est ni complexe, ni embrouillée et donc tout à fait accessible aux jeunes n’ayant plus peur du noir (j’avoue, je n’étais pas encore totalement rassurée à 11 ans), ce qui n’empêchera pas bien sûr les plus grands (peur du noir ou non) de dévorer ce livre.Le roman contraste aussi des précédents par les vives couleurs qui s’en dégagent. Au contraire des atmosphères sombres, que l’on imaginait le plus souvent en noir, rouge et blanc, Abarat est un monde où toutes les nuances sont admises, sans faute de gout possible.Les illustrations n’en sont pas la seule cause, elles ne viennent que renforcer les teintes ardentes du texte. Parlons en d’ailleurs de ces illustrations ! J’ai un faible pour les livres illustrés par les auteurs aux-même mais là, c’est particulièrement réussi. Cachées dans un coin de page ou éclatantes sur une double page, les peintures de l’auteur sont toujours présentes. Elles s’intègrent si bien au récit qu’on oublie les avoir vues pour les associer à notre imagination. Mention spéciale à la carte des 24 îles d’Abarat dont la photocopie orne un petit coin de ma chambrée. Clive Barker voulait que son lecteur puisse rêver les yeux ouvert. Pari réussi pour moi.
