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par NeoSib
Elbakinien d'Or
Pour ceux qui sont intéressés, voici la critique (assez intéressante) du site de Mad Movies :"Critique de film par Pete Rock le 08.03.2004Evoquer le nom de Tim Burton fut pendant des années synonyme d'excellence figurative, d'explosion fantasmagorique et d'univers merveilleux. Chaque film de ce géniteur hors normes sillonnait des terrains inconnus alors dans le cinéma hollywoodien, se permettant un florilège d'idées et d'envolées lyriques presque insultant à une époque où dominaient le bourrinage et le cynisme. Puis il y eu ce remake de la Planète des singes . Ou comment en un film, un réalisateur passe du statut de trublion formidable à celui du gentil cocker servile et mou. Une seule erreur. Le public cinéma est un mari intransigeant. Il semble clair qu'avec Big fish , Burton a pour but premier de redorer son blason et imposer, à la seule vue de la bande annonce, un message clair envers son public : il est de retour. Tout porte, en effet, à croire que l'animal a fait fît de son renoncement passé. Avec pour base le roman "aux mythiques proportions" de Daniel Wallace, Burton s'engage dans un périple qui rappelle ses travaux sur Edward aux mains d'argent ou encore Beetlejuice : fasciner le spectateur avec une histoire simple aux relents fortement fantastiques. De cette histoire d'un père, a priori, fabulateur et de son fils refusant systématiquement de croire aux balivernes contées par son aîné car "il a grandi", le réalisateur va en tiré une moelle allégorique sur les rapports père/fils, où le lit de mort de l'un devient le livre ouvert de l'autre. De la difficulté d'aborder un thème qui n'est pas du tout récurrent dans son cinéma (Burton reste encore le réalisateur le plus "grand enfant" du cinéma contemporain), le cinéaste va profiter des failles permises par le recueil original pour envahir un terrain qui n'est pas sien mais qu'il va façonner avec son oeil resté candide et innocent. Là où un réalisateur quelconque aurait adapté à la lettre le roman qui lui sert d'armature, Big fish le film est en quelque sorte une triste histoire d'adultes où les dérives abracadabrantes d'un père mourrant servent d'échappatoires au destin tragique qui se doit d'arriver implacablement. De fait, chaque petite histoire racontée par Edward Bloom (Albert Finney et Ewan mcgregor, tous deux impeccables) se voit dépeinte comme un tableau seul, indépendant, libre des contraintes terre à terre qu'impose une vie tracée sur un boulevard de personnages formidables avant tout pour ce qu'ils sont intrinsèquement. Comme s'il s'agissait d'histoires parfaitement mémorisées qui, comme un ultime baroud d'honneur, éclatent une dernière fois de manière flamboyante dans l'esprit du raconteur afin d'apporter la dose de bonheur que la mort n'amène jamais. Ainsi, Burton brode autour des derniers rapports entre l'enfanteur et l'enfanté une ligne rouge commune rendant leurs rapports à la fois tendus (le fils qui refuse obstinément d'y croire) et forcement tendres (le père qui veut toujours émerveiller son enfant). La nécessité de toujours dévier lorsque que le rôle de l'adulte est à assumer reste l'un des thèmes majeurs chez son auteur. Ici encore, il met en avant tout ce à quoi peut encore s'accrocher un personnage mourant afin d'éviter le piége de la tristesse et du malheur. Burton est un enfant, troublé par un événement qu'il ne maîtrisera jamais (le réalisateur a perdu son père peu de temps avant la mise en oeuvre du film), apeuré à l'idée de se retrouver seul, enchanté à l'idée de savoir que lui aussi a su garder un état d'esprit enfantin même dans les moments les plus tragiques (à l'image du final, sublime). Les fadaises d'un père, le réconfort de l'enfant. Un seul est même but : être heureux une dernière fois, ensemble. Big fish est un sacerdoce. A la fois le retour d'un cinéaste affaibli par un désaveu critique et populaire quasi unanime mais aussi une lettre d'amour adressée à un père, avec la manière. Si le génie n'est pas encore totalement remis, la flamme vibre, infailliblement, avec ce désir presque abscons de redevenir soi-même quand en fait, on n'a jamais réellement changé. Le public cinéma est un mari intransigeant. Il doit aussi ne pas oublier que sa moitié lui a apporté des moments inoubliables. Tim Burton vient de vous tendre la main: " Continuons notre histoire, chérie". Note : 4/6"