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par Sylvaner
Elbakinien d'Argent
Plus ça va, plus je vis selon l'adage qui dit qu'il n'y a que deux littératures : la bonne et la mauvaise.Ou plutôt, pour nuancer, je classerai les auteurs non en fonction de leurs "genres" respectifs que de leur ambition. Et à ce compte-là, si un Tolkien peut presque se comparer à un Flaubert ou un Hugo, il est certain pour moi que Eddings ou Gemmell par exemple sont plus du niveau d'une Patricia Cornwell... pour Moorcock, je n'aurais pas de comparaison facile en tête, et puis je connais moins... N'oublions pas non plus que la fantasy, même si elle remonte à l'antiquité dans ses racine comme ce fut dit, est avant tout une littérature d'actualité. Si on veut comparer qualitativement les auteurs fantasy contemporains, comparons-les non pas aux grands du XXe siècle dans son ensemble, mais aux auteurs de ces dix ou vingt dernières années. Et si on regarde la rentrée littéraire 2008 qui se prépare, je ne sais pas si les meilleurs livres seront de fantasy mais je suis sûr que plusieurs parutions fantasy seront meilleures que le dernier Ango, par exemple... et je pourrais continuer ... Musso, Lévy, Millet...Personnellement je lis de la fantasy parce que j'aime les récits d'aventure et la littérature populaire. Jusque dans les années 90, je lisais plutôt de la SF parce que c'était plus en vogue : des auteurs comme Resnick ou Banks offraient ce qu'il y avait de mieux en matière de dépaysement et d'intrigue sociologique. Aujourd'hui, c'est plutôt la fantasy. Rien ne dit que dans les années 2010, je ne vais pas me passionner pour les récits de voyage ou les romans urbains...Autre paramètre, en parlant du style : n'oublions pas que si une grande proportion de ce qui fait la littérature "blanche" en france est directement francophone, a contrario l'essentiel de la fantasy (et un bonne partie des polars) sont traduits de l'anglais. Il y aurait beaucoup à dire sur l'impact des traductions sur le style et la qualité des livres... pour ma part, je pense d'abord que les littératures dites "de genre" que sont le polar, la SF et la fantasy ont longtemps souffert d'une traduction indigente, payée au kilomètre et souvent mal fichue. Mais je crois aussi que même bien traduit, un certain appauvrissement du style survient : il se produit une sorte de "nivellement" qui fait que les livres sonnent parfois un peu pareil. Le remède ? tâter du francophone... même s'il faut reconnaître que les fantasistes français ne sont bien souvent pas de grands stylistes. On peut quand même aller voir du côté de Gaborit, peut-être Colin... et bien sûr Damasio.Je terminerai sur le côté "auberge espagnol" de tout bon rayon fantasy : on y trouve surtout ce qu'on cherche, à défaut de ce qu'on amène. Forcément, si on ne regarde que les Bragelonne, ou que les romans à carte, ou que ceux qui ont un résumé typé "high fantasy", on va trouver que ça se répète. Mais si on va chercher du côté des uchronies, des éditeurs minoritaires, de la fantasy urbaine, des comiques (garrett, traxas, Pratchett...) ou autres, il y aura des surprises ! (cela dit, ce n'est pas pour ça qu'une base "convenue" ne peut pas conduire à une bonne surprise. Il n'y a qu'à voir le Roi de Bruyère, par exemple... )Bon, c'était mes quelques idées sur la question à 1h40 du mat'...