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(Je *crois* qu'on n'avait pas encore de sujet dessus... Les modos, n'hésitez pas à déplacer au besoin !)
http://www.rue89.com/sites/news/files/styles/asset_img_full/public/assets/image/2013/09/p9_transperceneige_v2.jpg
La sortie de l'adaptation au cinéma réalisée par le Coréen Bong Joon-ho (réalisateur de The Host) est l'occasion de redécouvrir ou, en ce qui me concerne, de découvrir, cette BD française de science-fiction post-apocalyptique assez sombre aux allures d'allégorie politique.Le Transperceneige a été créée en 1982 par Jacques Lob (au scénario) et Alexis (au dessin). Malheureusement, Alexis meurt après avoir dessiné dix-sept pages. Le dessinateur Jean-Marc Rochette prend le relai et la BD peut être achevée. Elle rencontre alors un gros succès. Lob meurt en 1990. Mais un deuxième et un troisième tomes paraissent dans les années 1990-2000 avec un autre scénariste, Benjamin Legrand. Malgré cela, la BD s'acheminait vers l'oubli jusqu'à ce qu'une édition coréenne pirate permette au réalisateur Bong Joon-ho de lire la BD : conquis, il décide d'en réaliser une adaptation libre au cinéma. Le pitch de la BD en deux mots : le monde a été ravagé par un cataclysme dont on ne connaît pas bien la nature au début ; tout ce qu'on sait, c'est que le monde est devenu une étendue de neige glaciale où l'humanité ne peut plus survivre. Au beau milieu de ces déserts glacés, l'humanité survivante s'est calfeutrée dans les wagons d'un gigantesque train, le Transperceneige, qui roule sans fin au milieu des étendues arides. Dans ce train, les travers de la société humaine transparaissent aussi bien que dans les anciennes villes : les plus riches ont droit aux wagons de première classe en tête du train, tandis que les plus pauvres s'entassent en queue dans des wagons à bestiaux, survivant tant bien que mal dans ces conditions de vie épouvantables. L'histoire commence lorsqu'un misérable loqueteux quitte son wagon de queue pour tenter désespérément de rejoindre des wagons un peu plus habitables.A ma honte, je dois avouer que je ne connaissais pas du tout cette BD, alors que je pensais être à peu près au courant des grands classiques de la BD de SF des années 1980... L'occasion de combler une lacune, donc ! Pour le moment je n'ai lu que quelques pages, mais ça commence très bien : l'univers et l'ambiance rappellent assez la SF politique d'un Bilal, tandis que les graphismes en noir et blanc détaillés peuvent rappeler tantôt Rosinski, tantôt E. P. Jacobs. L'aspect à la fois très sombre et réaliste et, dans le même temps, curieusement poétique de cet univers sont très intrigants. Rue89 consacre un article à la BD : "La bonne étoile de « Transperceneige », BD française oubliée"Le film, de son côté, a l'air de recevoir plutôt de bonnes critiques.Des avis sur la BD et/ou le film ?

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Lu il y a 4-5 semaines, pas de pc donc pas de critiques.Le premier tome est très bien même si la métaphore riche/pauvre reste très simple. Les deux suivants sont meilleurs et la toute fin est délicieusement noir. Bref, un ouvrage recommndable.Peu de chance que le film reprenne vraiment l'histoire mais vu le réa derrière, ça vaudra le coup d'oeil.

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Wow, merci pour l'info, ça fait envie :) .Et c'est rassurant de voir que des idées pondues dans les années 1980 puissent survivre et réapparaître des décennies après :D .

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J'ai terminé la BD aujourd'hui et je suis bien content de l'avoir découverte :) C'est de la SF noire solide, le huis clos oppressant dans le train aux allures de fin du monde fonctionne très bien et la seconde lecture d'allégorie politique (voire philosophique) ajoute à l'intérêt de l'ensemble. L'intrigue m'a paru très resserrée, parfois au point de me faire regretter qu'on n'en sache pas plus sur les détails de cet univers, mais il vaut mieux que l'histoire soit passée par-dessus tout, car, de, cette façon, le rythme ne faiblit pas et on ne quitte pas des yeux les grandes lignes de l'intrigue et de l'univers lui-même.La bande-annonce du film (Snowpiercer en VO) contient de très belles images, mais les répliques sont assez bateau : j'espère que le scénario sera plus intéressant que ça.

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Impossible de remettre la main sur la BD, sans doute égarée quelque part, mais j'en garde une excellente impression. Le premier volume est très noir et assez subtil, avec un anti-héros balloté par les événements et uniquement soucieux de sa survie personnelle. Riches ou pauvres, tous sont embarqués dans le même train et chacun ne pense qu'à sa gueule, sauf la copine du héros, belle âme idéaliste dont la situation privilégiée lui offre le luxe de se préoccuper de son prochain. Là, au vu du trailer (très joli au demeurant), j'ai l'impression que le héros est devenu une sorte de superman ouvrier héros de la cause prolétarienne :pContrairement à Little Finger, je n'ai aucun souvenir des deux autres volumes. Je devrais peut-être les relire, tiens. La mélancolie cynique de Rochette/Legrand m'a beaucoup plus marqué dans Requiem Blanc, où la noirceur du trait alliée à la beauté du texte font merveille.

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Je reviens de voir Le Transperceneige. Le film est aussi angoissant et sombre que la BD, voire plus, donc ça fait du bien de se poser un peu après la séance histoire de ne pas cauchemarder tout de suite :-pJ'ai trouvé le film excellent. Le scénario contient pas mal de différences de détail et d'innovations par rapport à la BD, mais en conserve le principe général, l'état d'esprit et la réflexion politico-philosophique.Le scénario va du bon à l'excellent, les deux heures sont densément utilisées, tous les côtés classiques ou prévisibles de l'histoire sont évités ou ingénieusement négociés pour éviter les gros poncifs (autrement dit, même dans les moments les plus attendus, on évite ces fameuses répliques hollywoodiennes creuses qui vous arrachent des soupirs ou des *facepalms*). Les méchants sont tous très réussis, et ça, ça compte beaucoup. Les personnages principaux sont nuancés, ni tout noirs ni tout blancs. Et la dernière partie du film est riche en rebondissements bien trouvés qui maintiennent l'intérêt jusqu'au bout. Un certain nombre de choses à la toute fin sont laissées dans l'incertitude pour le plus grand bien du scénario :
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L'image, les décors, costumes, lumières etc. sont très soignés même si ça reste un brin esthétisant par endroits. On sent un cinéaste aux commandes. Le montage arrive à générer l'angoisse et à alimenter la tension dramatique sans tomber dans la frénésie, le rythme du film est vraiment travaillé (plus lent et mieux dosé que ce qu'aurait fait un blockbuster attendu). La musique entretient à souhait l'angoisse et la peur. Et les acteurs s'en tirent très bien, mais je vous laisse lire l'avis d'alana dont elle a posté le lien ci-dessus parce que moi je n'y connais rien en acteurs.Un choix du film qui contribue à rendre son visionnage éprouvant et qu'on pourrait lui reprocher, c'est une certaine surenchère dans la violence par rapport à la BD. C'est vraiment une tuerie, même si heureusement il n'y a pas que de ça. Ce qui fait la différence avec un film d'action bas du front, c'est l'absence de complaisance ou d'esthétisation de la violence la plupart du temps. D'abord parce que, comme les personnages sont bien posés, on a vraiment mal pour eux. Mais aussi parce que le film recourt parfois à l'humour grinçant et au grotesque, au point que j'ai parfois pensé aux sketches les plus noirs des Monty Python (mais c'est sûrement parce que j'ai revu leurs films récemment : en fait, on pourrait plutôt comparer ça à un film comme Brazil). Il y a des scènes extrêmement réussies de ce point de vue, comme celle du pont Ekaterina ou de l'école.Cela dit, je me demande quand même si on avait besoin de tuer ou d'abîmer autant de personnages en cours de route... même la BD est moins meurtrière que ça. Il y a une part de saturation inutile dans les images de violence, comme dans pas mal de films récents. On pouvait faire aussi peur sans montrer autant de sang et de bouillie. Mais le film a la qualité d'être très loin de se résumer à ça ou de se laisser aller à la facilité de ce point de vue.J'aurais tendance à conseiller de prévoir de voir le film à plusieurs et d'aller se boire un verre ou faire des trucs qui donnent le moral après, quand même. Le film partage la réflexion politico-philosophique de la BD et la rend même encore plus noire, même si elle n'est pas complètement désespérée non plus.

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Gillossen a écrit :Il est vraiment sombre à ce point ? :huh:
Quand même, oui, j'ai trouvé. C'est un univers oppressant, et le film pousse encore plus loin la logique d'oppression politique développée par la BD (dans la BD il s'agit surtout d'un régime militarisé avec quelques secrets pas propres, alors que le film le systématise pour en faire un régime totalitaire avec massacres organisés et propagande décérébrante lourde). Il y a plusieurs inventions propres au film qui rendent vraiment l'univers plus violent et plus glauque.Une autre différence avec la BD, c'est que le film se concentre vraiment sur cet aspect d'oppression et de lutte sociale, alors que dans la BD on avait plusieurs personnages et scènes qui n'avaient pas directement à voir avec ça et qui contribuaient à approfondir l'univers sur le principe "Vie dans un train". Le film montre des décors très riches (et somptueux) mais le scénario se concentre vraiment sur l'aspect "lutte" et est plus orienté "thriller efficace" que la BD.Cela dit, comme je le disais, le film n'est pas complètement désespéré non plus. Et comme le dit alana, la fin est moins sombre que celle de la BD.

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Je me reconnais pas beaucoup dans l'analyse et la critique de Tybalt: je trouve l'ensemble des batailles ridicules abêtissant un film qui aurait pu avec un tel scénario être palpitant mais la réalisation est lamentable;
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Contrairement à Tybalt, j'ai trouvé particulièrement les méchants caricaturaux à la limite du "joker", bhouu
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et je pourrai continuer longtemps avec l'invulnérable "mr démolition" mort mais pas mort et la scène surréaliste de la
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Bref, dommage et la fin bisounours ( sens propre comme figuré)...non merci.

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Heu, certains trucs se justifient très bien dans l'univers du film :
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Pour les méchants, je crois que tu n'as pas accroché à l'univers, parce qu'au delà d'un certain point c'est une affaire de construction d'univers : ça fait partie de la dictature menée dans le train, l'abêtissement de la population et la propagande - c'est caricatural, mais pas plus que de la vraie propagande type régimes totalitaires (ou même du type actualités cinématographiques des années 1920-30). Personnellement j'ai trouvé que ça marchait bien, mais je comprends que ça puisse paraître outré, surtout pour les deux personnages dont tu parles.
led a écrit :et la fin bisounours ( sens propre comme figuré)...non merci
:o On n'a pas dû voir la même fin...
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Pour info,
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.J'aime bien ton interprétation sur "l'hallucination" mais je crois que tu interprètes mieux que l'auteur lui même:)Et pour la fin,
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, je te rejoins, elle est pas si mal mais bon pour moi, ça sauve pas ce film. Pour la construction de l'univers, si j'ai bien apprécié, la lutte des classes, la reproduction dans un train de la bêtise humaine, de ses rivalités, d'un fonctionnement autoritaire ect mais pas la réalisation caricaturale.

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Et ben moi, j'ai juste uber-kiffé. Et ouais.Casting 5 étoiles, humour décapant, réalisation super classe, ambiance post apo au top, scènes marquants (raahhh, la scène de l'école...), fin où tout s'imbrique parfaitement, je n'attendais pas grand-chose (la faute à une bande annonce pas très réussie), et j'en suis ressorti enchanté. Pour tout dire, j'ai préféré ce film à Gravity (dont j'attendais beaucoup plus, c'est vrai...). Bref, pour moi le meilleur film de SF depuis trèèèèsssssssss longtemps (qui a dit Les Fils de l'Homme ?).Zedd

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J'avais vu passer cette affaire de montage différent pour les Etats-Unis, mais du coup je ne sais pas trop à quoi correspond la version à laquelle on a eu droit en France... elle est plus proche de ce que voulait le réalisateur, non ? Le réalisateur dit plutôt du bien du distributeur français, en tout cas. D'ailleurs, ils font des choses intéressantes à Wildside (ils avaient sorti plusieurs films d'animation japonais peu connus il y a quelques années, par exemple).Et ils ont aussi un chat qui miaule dans leur logo, du coup il y a eu des gens pour miauler dans la salle au moment du logo >_

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Je comptais aller le voir mais il ne passe pas en V.O pour le moment :( J'ose espérer qu'il sera programmé au cinéma indépendant du coin d'ici la fin de l'année...Remarque, en attendant, je pourrais jeter un coup d’œil à la BD...