Bien, le roman est terminé depuis quelques jours déjà, et je vais tenter d'apporter ma modeste contribution aux critiques et commentaires qu'il a suscité. J'avais souhaité attendre un peu, pour éviter de poster "à chaud", tant mes sensations au sortir de la page 0 étaient fortes. Peine perdue, rien ne s'estompe, je suis encore, et pour quelques temps je pense, victime de l'énorme coup de massue asséné par Damasio.ATTENTION – RISQUE DE SPOILERS –Je ne reviendrais pas l'aspect des différents points de vue (qui m'a beaucoup plu) ni sur les différentes caractéristiques ou épisodes du récit, largement présentés et débattus tout au long du présent fuseau, non, moi ce qui m'a captivé, c'est surtout cette impression charnelle, l'impact brut de la narration.Le lecteur est absorbé, de force, dans le Contre, il n'a aucun échappatoire, le vocabulaire, les situations, tout est délibérément conçu pour couper toute référence à un point de repère connu. Immédiatement, cette lecture m'a évoqué
Le Bruit et la fureur de Faulkner, où l'on est prisonnier pendant le premier tiers du roman de la narration d'un simple d'esprit et où tout les événements sont perçu par le prisme "particulier" de ses perceptions. Là donc, la sensation d'emprisonnement fut semblable, ce qui ne concerne pas la Trace, la Horde ou le Contre n'est pas important, et est peu présenté. J'y ai trouvé aussi immédiatement l'énergie, la pêche, le rythme que j'avais pu trouver dans
Le Seigneur des porcheries d'Egolf, bref que des références hors fantasy ou SF pour moi, ce qui m'a surpris évidemment, et excité

.Je me rends compte qu'il m'est difficile d'expliciter correctement ce que j'ai ressentis à la lecture de ce livre, sans doute parce que justement, du premier coup de furvent jusqu'à la fin, je n'ai pas levé la tête vers les nuages pour tenter d'apercevoir l'horizon, mais l'ai au contraire rentrer dans les épaules pour encaisser jusqu'au bout ce récit-fleuve, ou plutôt ce récit-vent.Certes, il comporte des défauts, sans doute l'expression "la Terre est bleue comme une orange" est-elle de trop (encore que je pense que la majorité des lecteurs avaient déjà deviné à ce moment-là), le chapitre sur le vif, et l'après Norska de manière générale, aurait-il mérité d'être traité plus en profondeur et plus longuement, mais j'avoue qu'il ne m'ont pas gêné plus que ça, et j'y ai presque vu un geste de sympathie de l'auteur pour nous communiquer les derniers éléments qui nous manquaient pour comprendre son œuvre.Bref, vous l'aurez compris, j'ai été passablement impressionné par cette lecture ; je ne sais pas s'il elle fait partie de mon "Top 5", mais je crois en tout cas qu'il s'agit là d'une œuvre majeure, francophone de surcroit.Je m'étais réservé l'interview de l'auteur pour la fin du récit, et on peut dire que je n'ai pas été déçu. Damasio m'est apparu à la démesure du personnage que j'imaginais pour écrire
La Horde. Comme cela a été noté, il a mis un peu de lui dans les personnages principaux (sauf Pietro peut-être, difficile après une seule lecture), l'orgueil de Golgoth, la virtuosité de Caracole, l'humanité de Sov. Son projet SF est ambitieux, et je suis curieux de rencontrer ce futur OVNI.PS :Petite anecdote post-lecture amusante. J'ai deux jours après avoir fermé le bouquin contracté un vilaine crève avec fièvre ++. Évidemment pour moi, c'est synonyme de délire, et je me suis retrouvé à préparer l'arrivée d'un furvent, à revivre la traversée de Lapsane, dans un songe fiévreux à la lisière du sommeil pendant un jour et une nuit.Des fois, je me dis qu'il faudrait mieux que je me mette à Guillaume Musso et à Marc Lévy, ça doit être plus reposant

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