Ce post risque de contenir de nombreux spoilers sur la série. Il est donc conseillé de ne pas le lire si vous ne l'avez pas encore entamé (mais qu'attendez vous ?) ou si votre lecture est en cours. Les plus gros spoilers pourront être mis en jaune, mais certains seront plus implicites, plus vicelards. 
Eh bien, me voilàààà. Je viens de finir ma lecture donc je suis encore à vif. Néanmoins, je vais essayer de structurer mes idées pour donner mon avis de la meilleure façon qu'il soit. Première considération à prendre en compte : j'ai lu l'édition omnibus de Bragelonne. J'ai donc une vision globale de la série et non par tomaison, ce qui est assez important au niveau de l'approche que je peux faire de la trilogie. En effet, vu comment sont goupillés les tomes, je trouve que la trilogie gagne bien plus en rythme lorsqu'on la considère comme une seule et unique oeuvre.Par exemple, si je ne prenais en compte que le tome 1, j'aurai trouvé qu'il manquait d'intérêt par rapport aux deux autres et qu'il ne prenait son envol que dans les derniers chapitres, après de la travel-fantasy (on peut inventer pleins de terme avec l'anglais

) somme toutes assez basiques.Alors que non, j'ai plutot ressenti ça comme un début tout à fait convenable étant donné qu'il se fondait dans une plus grande quantité de page.Bon, passons ces considérations somme toutes assez terre à terre et lançons nous dans la critique.Tout d'abord, l'oeuvre s'inscrit dans ma tendance actuelle: une fantasy plus réaliste, avec moins de magie, plus d'humains, des psychologies fouillées. Et il faut avouer qu'elle s'y inscrit de la plus belle des manières ! Chaque personnage est étudié à la loupe tout le long du livre, sans lourdeur dans les sentiments, aucun personnage n'est oublié en cours de route et, à la fin, on est fixé sur à peu près toutes les destinées.Mais si il n'y avait que ça ! Ange a (ont) réussi à allier l'intelligence d'un roman psychologique (façon de parler) à la puissance des oeuvres épiques et tout ça avec un rythme certain. La plume est légère et même si elle ne se caractérise pas par un style spécifique (est-ce bien nécessaire ?) on n'arrive pas à décrocher notre esprit de la scène qui se joue sous nos yeux.Ensuite, un point qui me tient particulièrement à coeur : l'ambiance. Tout comme dans les films, les séries ou les jeux vidéos, une oeuvre ne possédant pour elle qu'une ambiance envoûtante ou tout simplement propre, même avec un scénario basique ou un rythme lent, saura me satisfaire. C'était ma première plongée dans les terres ensoleillées de l'orient (en littérature) et 'javoue que j'aurai bien voulu y rester. Certains passages, avec Arekh notammment, au début du tome 2 par exemple, m'ont fortement rappelé l'ambiance de Prince of Persia : Les Sables du Temps, le jeu vidéo qui m'a le plus envoûté.Même si elle a un peu de mal à se mettre en place, à mon avis, l'ambiance orientale prend un réel sens dans les palais luxuriants ou dans les villes brûlantes, Salmyre en tête. Ca m'a parfois fait pensé aux voyages de Daenerys.Autre point, un élément auquel je ne m'attendais pas du tout: c'est un roman sans concession. J'ai été agréablement surpris de savoir que l'on pouvait lier poésie orientale et non enniaisement du récit. Ainsi certains persos meurent, d'autres souffrent. Mais surtout, surtout, personne n'est tout blanc ni tout noir, Arekh en tête. Ils ont tous des douleurs internes qu'ils doivent affronter ou qui forgent leur caractère. On retombe ainsi sur les traits de la fantasy réaliste. Aucun perso n'est engoncé dans un stéréotype goodkindien. Si Arekh sait manier l'épée, connait les stratégies politiques, la gestion des hommes, c'est qu'il a été éduqué comme cela et que son expérience personnelle a fait qu'il a du se modeler pour cela.Même les foules anonymes ne deviennent pas un terme vague, général. Je pense par exemple aux maîtres qui tiennent à leurs esclaves, aux esclaves pas toujours solidaires, aux soldats pas toujours vaillants,... Bref, les Anges n'oublient pas que l'Homme possède un instinct de survie et qu'il fait parfois des choses pas très belles.On en arrive maintenant à la fin. Je pense que le jaune est de rigueur.
Même si tout se goupille dans le dernier chapitre (à quelques signes avant coureurs près), la fin est loin de faire bâclée, encore plus loin de faire fin tragique juste pour jouer l'originale. Non, c'est la conclusion même de la réflexion qu'Ange a (ont) mené tout le long de son oeuvre concernant la religion, la liberté et le lien entre les deux. J'ai juste trouvé la transformation psychologique de Liénor un peu mal amorcé, un peu trop rapide. Mais pour Arekh, Marikani ou même encore Pier, la fin coule de sens. On ne veut pas y croire, mais voilà, il le fallait. Un fin sublime donc, qui résume étonnament bien non seulement les thèmes traités par les auteurs, mais aussi l'évolution psychologique des personnages. Un fin comme j'aimerai en voir plus souvent ; non pas une fin forcément triste, mais une fin logique, tout simplement. La fin de Farseer Trilogy en est aussi un excellent exemple.Bref, je crois que tout est dit: CHEF-D'OEUVRE ! J'aimerai voir plus souvent de la fantasy si rafraichissante, originale et émouvante.Et comme dirait Camus: "Chapeau bas, messieurs!" (et madame, surtout
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).