Je vous remercie mille fois d'avoir attiré mon attention sur "la Horde du Contrevent", sans vous je serais passée à côté d'un des meilleurs romans que j'aie jamais lus !J'étais un peu circonspecte au début pourtant j'avoue. Le livre est extrêmement ambitieux, mais le problème de l'ambition, c'est qu'elle devient prétention quand elle n'atteint pas ses objectifs. Et sur la première partie du livre, je n'étais pas tout à fait sûre que le déroulement de l'intrigue soit à la hauteur des ambitions affichées... mais en fin de compte, même si le livre a quelques défauts, l'ensemble est tellement riche qu'ils deviennent totalement négligeables. J'ai littéralement dévoré la deuxième partie du bouquin (et raté mon arrêt de tram du coup, bouh

).Je ne détaillerai pas tout ce que j'ai aimé/pas aimé parce que j'arrive un poil après la bataille parce que vous avez déjà dit beaucoup de chose et bien mieux que je ne le ferais moi-même, mais il y a tout de même une question que je me pose : pourquoi classez-vous ce roman en "fantasy", et non pas en "Science-Fiction" ?J'ai lu plus haut des arguments du genre "y'a pas de lasers ni de voyages intergalactiques, donc c'est pas de la SF", ce qui me semble "quelque peu" réducteur... En fait, quand j'ai commencé le livre, j'ai immédiatement pensé à un classique de la SF : "Le monde inverti" de Christopher Priest (lauteur, entre autres, du Prestige), qui se passe autour d'une ville qui avance sur des rails colossaux, lentement, avec une partie de ses habitants qui s'échinent en permanence à démonter les rails de derrière pour les rebâtir devant, quel que soit le terrain et préserver ainsi leur monde de la distorsion qui les attend si leur ville ne se déplace plus. Un monde où le temps se compte en kilomètres et où il se passe des choses fort bizarres dès qu'on s'éloigne de la ville.Dans les 2 cas, on a des mondes qui ont leurs lois physiques propres, similaires aux nôtres mais pas identiques, avec une grande importance du mouvement et du temps, et un combat quotidien contre l'environnement.Bon, la ressemblance s'arrête là, le développement des deux histoires est très différent. Si chez Priest le développement de l'histoire compte moins que le mondre créé, chez Damasio les deux s'entremêlent et forment un tout beaucoup plus riche et cohérent.Mais, ce que je veux dire, c'est que le livre de Priest est unanimement reconnu comme étant de la SF, et que je ne vois pas fondamentalement pourquoi "La Horde" serait plus de la fantasy que "le monde inverti". La science est très présente dans la Horde, et les descriptions de Damasio parlent énormément à la physicienne que je suis :Au premier degré, il y a tout le côté "aérodynamique" et "mécanique des fluide", qui sous-tend la technologie de son univers, mais plus fondamentalement les chrones, en tant qu'espaces où le temps évolue différemment, et les explications de Damasio sur les différents états de la matière me rappellent plutôt des notions de physique théorique et de cosmologie que des notions "magiques" telles qu'on en trouve en fantasy. Quand Damasio parle du verre comment de l'air qui s'écoule très lentement, ou qu'il mentionne que tout n'est à l'origine que mouvement et que la stationnarité n'en est que la dérivée, c'est de la physique, de la science dure, appliquée à un monde où les lois diffèrent des nôtres mais pas tant que ça.Bref, quitte à rattacher "la horde" à un genre, la présence d'un fond technologique et d'un raisonnement scientifique me le ferait plutôt ranger côté SF. Bon, cela dit, si vous me répondez que le livre de Damasio est avant tout inclassable, je serais bien d'accord avec vous
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Il contient à mon avis trop de choses pour qu'on puisse le rattacher à une littérature de genre.