Bon, je me réponds à moi-même puisque l'ouvrage n'attire pas les foules. C'est vraiment dommage (je sais, la couverture est dégueulasse !), il s'agit du meilleur roman que j'ai lu en fantastique depuis un bon bout de temps.Ma critique :
Oubliez cette couverture tirée d’une brochure HADOPI, oubliez ce titre peu séduisant (Perfect Circle, c’était quand même mieux !), oubliez que vous n’aimez pas – ou croyez ne pas aimer – le fantastique et lisez Dead Kennedy.Dead Kennedy, ce sont des phrases tellement qu’elles sont belles qu’on a envie de les lire à voix haute. Ce sont des mots simples, des mots de la vie de tous les jours, des maux d’amour, des mots grossiers, et qui, mis les uns à côté des autres, font mouche, vont droit au cœur, et donnent aussi sûrement à réfléchir que les mots compliqués des romans compliqués. En somme, Dead Kennedy, un peu comme si Renaud avait écrit un roman fantastique.Dead Kennedy, c’est l’histoire d’un type un peu paumé qui voit des fantômes.Dead Kennedy, c’est l’histoire d’une fille qu’il n’arrive pas à oublier.Dead Kennedy, c’est l’histoire d’une fille, une autre, qui grandit et qui l’oublie.Dead Kennedy, c’est l’histoire de toutes ses chansons qu’on n’arrive pas à oublier.Dead Kennedy, c’est l’histoire d’une famille, d’une ville, d’un pays qui n’arrivent plus à rêver.Dead Kennedy, c’est un conte pour adultes, un conte de la folie ordinaire, un texte fantastique, un fantastique texte, un prétexte à une chronique sociale, une chronique de vie et de mort, une nique-de-vie avec laquelle on doit quand même composer.L’auteur du best-seller Cathy’s Book, du très bon Fils de Nulle Part et de l’excellent Oiseau Moqueur nous livre son meilleur roman à ce jour. Il ne faut que quelques pages pour s’enticher de William « Dead » Kennedy, un gentil looser comme la littérature sait si bien les mettre en scène. Dès lors, l’auteur joue sur tous les registres, pinces toutes les cordes ; celles qui font rire, celles qui donnent les larmes aux yeux, celles qui font se souvenir. Parce que c’est de cela dont il est finalement question dans Dead Kennedy, du souvenir, de la nécessité d’avancer, de vivre sa vie même si elle peut paraître aussi nulle qu’une chanson de Vincent Delerm. « Dans mon épuisement, je me rappelle avoir pensé que l’amour est comme un frigo. On se prend pour une personne capable de rire, de parler et de bouger, mais on se trompe. À n’importe quel moment, votre moitié peut vous farfouiller dedans, en ressortir votre cœur et partir avec. On ne peut pas l’empêcher. Cette porte-là, impossible de la laisser fermée. »9,5/10 Avec Dead Kennedy, Sean Stewart prouve qu’il est égal d’un Neil Gaiman ou d’un Graham Joyce, et l’un des maîtres du fantastique. Dead Kennedy est son chef d’œuvre. Faites-vous du bien, allez donc le lire !P.S. : Bravo au traducteur.Pas bravo à Calmann Lévy pour avoir saccagé la maquette de l'excellente collection Interstices.
Zedd