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Duncan Rahl, je t'en supplie, tutoie-moi, sinon on va pas être copains. :p et je vais déprimer. Cette petite précision apportée, déjà, je suis contente que tu aies apprécié les Joyaux Noirs. Deuzio, même quand je n'accroche pas trop à un bouquin que je dois traduire, j'y suis quand même attachée et j'aime, dans la mesure du possible, poursuivre une série entamée. Tout simplement parce que j'aime finir ce que j'ai commencé et qu'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même : un seul traducteur par série, ça garantit une homogénéité de style, le respect des choix (ex traduction de noms propres) sur l'ensemble de la série. Etc.Concernant plus précisément les Joyaux Noirs, maintenant. Là, pour le coup, c'est vraiment une série que j'adore. Parfois un peu fastidieuse à traduire, car Bishop est une reine de la répétition, même si, à la lecture, ça ne se voit pas forcément comme le nez au milieu de la figure. Mais vraiment, j'aurais donné cher pour traduire l'ensemble de la série et, oui, ça a été frustrant de ne goûter qu'au 1e tome. (Pour la petite histoire, les 3 tomes devaient sortir très rapprochés, d'où 3 traductrices, 1 par tome. Le point positif, c'est que c'était intéressant de bosser ensemble :-) )Bref, pour conclure en faisant court, je dirais que je ressens le besoin de m'investir au maximum dans l'histoire que je traduis à un instant t. En revanche, il faut parfois du jour au lendemain passer à autre chose. S'adapter au style d'un nouvel auteur.Mais mon cas n'est pas spécifique. Tous les traducteurs te diront certainement la même chose. :)

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Passionnant tout ça :)Tiens question au passage: Vous êtes qualifiés (vous tous, traducteurs, pas toi Santino en particulier :p ) pour traduire vers l'anglais, ou on laisse généralement ça aux natifs?

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Merci pour l'éclaircissement (et désolé pour le vouvoiement réflexe)^^Un truc qui m'a choqué dans cette série, c'est la répétition infernale des "trop doucement" en veux-tu en voilà dès que Daimon prenait la parole (pas dans le premier tome mais dans le dernier de mémoire)... Franchement, ça finissait par me sortir par les yeux à la fin (et je ne suis pas le seul dans ce cas).Par contre mis à part ça, on ne voit pas de différence de style entre les 3 traductrices, c'est vraiment cohérent, vous avez bien bossé ensemble lol

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Duda a écrit :D'ailleurs, le roman s'ouvrait sur une préface qui était en fait la lettre de Mr Tolkien himself à Mme la traductrice, dont les termes étaient à peu de choses près les suivants :« [...]Je pense, que la meilleure solution serait d’annexer, en fin du livre, une liste de noms ayant une quelconque signification en anglais, qui seraient expliqués en polonais. »
Youha, je suis sur la même longueur d'onde que Tolkien ! :DAu sujet du style du traducteur qui empiéterait sur celui de l'auteur, j'ai vu qu'Anna Gavalda (je sais, rien à voir avec la fantasy :P) avait décidé de faire une traduction "libre" d'un roman qu'elle avait aimé. C'est-à-dire qu'elle traduit de façon à ce que le lecteur ressente ce qu'elle a ressentit en le lisant, et tant pis pour l'exactitude de la traduction... (pour les curieux, il s'agit de Stoner de John Williams et la couverture indique clairement qu'il est "librement traduit").Pour ce qui est du choix de traduire ou non un nom, il me semble que, dans la première traduction du T1 d'Harry Potter, Fudge était traduit. Puis dans les tomes suivants, on est revenu au nom anglais. Pourquoi ?

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Bon, ça c'est bien chouette, Duncan Rahl :-) Je n'ai pas lu les tomes 2 et 3 en français, alors je suis contente d'avoir ton retour sur la question.@ Natal : traditionnellement, on traduit vers sa langue maternelle, et pas l'inverse. On estime généralement qu'un français ne fera jamais aussi bien qu'un anglais pour traduire vers l'anglais, par exemple. Mais évidemment, certaines personnes en sont tout à fait capables :-) Je ne m'inclue pas dans le lot, ceci dit. Par ailleurs, ce n'est pas vraiment le même boulot. On ne réfléchit pas pareil quand on fait de la version et quand on fait du thème.@Firiel: je n'étais pas au courant pour Fudge, dis donc. En français, ça donnait quoi?Peut-être que le traducteur s'est ravisé mais n'a pas pu faire modifier le 1e tome ? (ce qui me paraît étonnant, tout de même).

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Santino a écrit :@Firiel: je n'étais pas au courant pour Fudge, dis donc. En français, ça donnait quoi?Peut-être que le traducteur s'est ravisé mais n'a pas pu faire modifier le 1e tome ? (ce qui me paraît étonnant, tout de même).
"Lafadaise". Dans les tomes 1 édités depuis, on est revenu à "Fudge".

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Je trouve que c'est une bonne chose de traduire les noms propres quand ils ont un sens en anglais.C'est particulièrement bien fait dans la Compagnie noire où les noms sont souvent des surnoms.

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Mais vraiment, j'aurais donné cher pour traduire l'ensemble de la série et, oui, ça a été frustrant de ne goûter qu'au 1e tome.
Pour relancer le sujet, je dois dire que je suis bien content d'avoir le "luxe" de pouvoir suivre "mes" séries. Comme tu le dis, ça doit être tout de même assez frustrant. Et je me demande si malgré la meilleure volonté du monde et même si le temps des pigeons voyageurs est derrière nous, ça n'entraîne pas fatalement plus de risques d'incohérences. En même temps, le pire cas de figure, ça doit être celui d'un traducteur quittant une série et remplacé au pied levé sans lexique ou consigne sous la main pour celui ou celle qui reprend la chose. Par exemple avec des noms laissés en anglais qu'il faudrait subitement expliquer et dont le sens ne passent pas en français.

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Heureusement, ça ne m'est arrivé que deux fois, et je suis tombée avec les mêmes collègues, alors ça allait :-) On finissait par se connaître.Pour les autres séries sur lesquelles je bosse, je suis la seule aux commandes :) A choisir, c'est évidemment ce que je préfère, et c'est effectivement plus "sûr". Moins de latitude pour les erreurs :)

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Partageons nos souffrances muettes, soeurs et frères de la traduction ^_^ : Ce genre de gag m'est arrivé aussi, assez récemment, et ça m'a fait sourire... euh, moyen, on dira.Il s'agissait du dernier volet d'une trilogie avec les deux premiers déjà parus en VF, mais je ne disposais pas de la VO des deux premiers tomes, ni d'un glossaire bilingue récapitulatif. Donc lecture des deux premiers romans (normal, de toute façon), et établissement d'un glossaire uniquement en français, ce qui peut poser des problèmes quand l'action se déroule au pays de Galles et au XIe siècle. (200 noms de personnages, 200 noms propres annexes).Cerise sur le gâteau, il m'a fallu effectuer un repérage forcené des citations présentes dans le troisième volume, du genre : "C'est alors qu'il se souvint de ce que quelqu'un qui allait avoir un rôle déterminant par la suite lui avait dit, bien longtemps auparavant : - Blablabla..." Il n'y avait aucune indication du passage de l'histoire, et en plus la citation étant évidemment en anglais dans le 3ème tome à traduire. Si la traduction antérieure l'avait plus ou moins modifiée, j'étais mal.En effet, j'ai été mal. La traductrice des deux premiers volets avait inclus la phrase en question dans le texte d'une façon différente de la VO. Eh oui, il arrive que pour alléger un passage certains traducteurs recourent à cette méthode (par exemple, traduction VF :"Il lui dit alors que son destin était tout tracé, et qu'il le savait", au lieu d'une trad. fidèle en tous points de la VO qui aurait dû être : "Il lui dit alors : - Mon destin est tout tracé, et je le sais.") Bref j'ai quand même bien ramé. L'établissement du glossaire, la recherche des citations sans avoir la VO des vol. 1 et 2 m'ont pris près d'une semaine. Le tout n'étant évidemment pas payé.Tout ça pour illustrer ce que disait Santino, et pour dire qu'à mon avis les gens qui ont la chance de traduire des séries préfèrent à 99% (y'a toujours 1% de frappadingues) commencer par le volume 1 et terminer par le dernier de la saga, après avoir traduit ceux qui sont entre les deux. :p

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Moins de latitude pour les erreurs
Disons que quand je vois le nombre de fois où je dois consulter mes notes, je me dis qu'à deux ou trois... ;)
Le tout n'étant évidemment pas payé
Ah, ça, c'est sûr.

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Cela dit, en travaillant en commun, ça fait 3 paires d'yeux pour les traquer, ces erreurs. Et pour vérifier les notes prises. (Si tout le monde est consciencieux, évidemment. :) ) Cela compense peut-être le fait que travailler à plusieurs accroît les risques d'erreur ?

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Gillossen a écrit :Je n'ai confiance qu'en moi-même. B) :p
No kidding ? :D ;)Mais cela dit sans plaisanterie, arriver en deuxième main sur un truc déjà traduit et devoir se coltiner les choix de quelqu'un d'autre ce n'est pas cela qui est difficile ? Vous arrive-t-il de vraiment remanier une tournure, un mot parce que cela ne vous semble pas coller du tout ?

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Santino a écrit :Cela dit, en travaillant en commun, ça fait 3 paires d'yeux pour les traquer, ces erreurs. Et pour vérifier les notes prises. (Si tout le monde est consciencieux, évidemment. :) ) Cela compense peut-être le fait que travailler à plusieurs accroît les risques d'erreur ?
C'est vrai dans l'absolu, et c'est plutôt ce dont on rêve tous. Sauf que, bien souvent, ta paire d'yeux et ton cerveau sont concentrés à fond sur ta trad du volume III, alors que les yeux et le cerveau de qui a traduit le volume I et de qui d'autre a traduit le volume II, chez eux ça appartient peut-être déjà à un lointain passé, ils ont fait chacun trois ou quatre trads entre temps, donc ils sont complètement déconnectés et ils voudraient bien t'aider mais, vraiment, ils n'ont pas la tête à ça, ils sont débordés de boulot, ils vont partir en vacances, ils n'ont pas établi de glossaire bilingue à l'époque et ils en sont désolés, "mais bon, tu comprends", etc.:huh:Même si les éditeurs exigent de plus en plus souvent des traducteurs un glossaire bilingue, ça ne suffit pas à établir une continuité dans la VF. Rares sont les traducteurs qui prennent la peine d'établir une fiche concernant chaque personnage important du roman, avec une annotation qui spécifie ses tics de langage, ses jurons préférés, son rythme au niveau du phrasé, et même (ça arrive quand on tombe sur des séries où l'auteur pond quatre bouquins de 500 feuillets tous les ans) la description physique, laquelle peut hélas varier au gré des volumes. J'ai même vu des personnages principaux changer de prénom (John devenait Tom, sans qu'on sache pourquoi). :blink:Pour moi, donc, je trouve donc que c'est quand même mieux quand on confie la traduction de l'intégralité d'une saga à une seule personne. D'entrée, une certaine homogénéité dans le récit est supposée assurée.Et puis, il ne faut pas se le cacher, c'est quand même vachement mieux pour la personne qui commence à traduire le 1er tome, quand elle sait qu'on lui confiera les suivants. :p

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Je ne peut qu'être d'accord, Ethan ! Disons que j'ai tiré mon parti du boulot à plusieurs, mais si je suis traductrice, ce n'est pas par hasard. C'est aussi parce que j'aime être au commandes du navire, et j'ai bien mes petites longues journées en solitaire :pDans les 2 trilogies que j'ai faites avec des collègues, on répertoriait justement les tics de langage etc. Mais pas de façon exhaustive. Cela permettait de varier un peu les jurons et autres joyeusetés, car le texte VO n'était pas figé, de ce point de vue-là.Idem pour l'apparence physique, on faisait gaffe. C'est même comme ça qu'on a repéré des changements de couleur de cheveux intempestifs, et des problèmes de localisation de certains royaumes !!! Tss.... Le lecteur VF ne sait pas ce qu'il manque, ce qu'on lui épargne :DEt puisque tu adores cette expression ;), je PLUSSOIE ta dernière phrase.

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Witch a écrit :
Gillossen a écrit :Je n'ai confiance qu'en moi-même. B) :p
No kidding ? :D ;)Mais cela dit sans plaisanterie, arriver en deuxième main sur un truc déjà traduit et devoir se coltiner les choix de quelqu'un d'autre ce n'est pas cela qui est difficile ? Vous arrive-t-il de vraiment remanier une tournure, un mot parce que cela ne vous semble pas coller du tout ?
désolée pour le double post, mais pour te répondre, Witch, en ce qui me concerne, c'est très simple. Je prends sur moi. :DVu que je ne peux pas modifier les choix du collègue, je soupire un bon coup et je fais avec. Mais j'ai rarement eu à me plaindre. C'est une question de goût personnel (choix des noms propres), pas de compétence du collègue. Je n'ai jamais été amenée à remanier une tournure. La cohérence entre les tomes primant sur le reste, à mon sens, je ne crois pas que je ferais le moindre changement. La cohérence dans l'erreur, ce n'est pas idéal, mais bon... Après, il faudrait différencier entre la cuisine interne et la cuisine externe : l'erreur en question est--elle repérable ou non par le lecteur ? Si ce n'est pas le cas, à quoi bon corriger ?

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Santino a écrit :Et puisque tu adores cette expression ;), je PLUSSOIE ta dernière phrase.
Si ça continue, de mon côté je vais me mettre à MOINSOYER furieusement ! :mrgreen: (Je ne sais pas encore quoi moinsoyer furieusement, mais je trouverai bien...)