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Allez, la version plus longue de la critique de La grande aventure Lego, j'ai essayer de spoiler le moins possible parce que la surprise est un peu primordiale donc, rien de plus que ne le dévoile la bande-annonce :Quel sujet plus improbable et tordu que…les Legos ? Après nous avoir adapté des jouets comme les Transformers ou La bataille navale (aka Battleship), le cinéma US continue avec les sujets inattendus. Dire que l’on n’attendait même pas un instant un long-métrage sur le sujet serait un sacré euphémisme. Et pourtant, il arrive encore des miracles. La faute à deux hommes, Phil Lord et Chris Miller, les deux joyeux compères déjà responsables du délirant Tempête de Boulettes Géantes et du sympathique 21 Jump Street qui se retrouvent propulsés aux commandes d’un long-métrage d’animation tout sauf facile à traiter. C’est pourtant leur côté jusqu’au-boutiste et fou qui va faire en grande partie le succès du film Lego. Car oui, vous avez bien lu, La grande aventure Lego s’avère un succès et ce n’est pas peu dire.D’un coup d’un seul, nous voici propulser dans l’univers Lego avec le vol d’une relique magique, le terrible Kragle, par le grand méchant, Lord Business. Mais comme le prophétise le magicien Vitrivius, un individu Spécial viendra et va anéantir le plan diabolique de Lord Business. C’est alors que surgit Emmet, un personnage lego des plus communs, obsédé par les instructions qu’il suit à la lettre. Sa rencontre fortuite avec la belle et mystérieuse Cool-Tag (qui n’est pas DJ) va faire de lui un héros totalement inattendu : le Spécial.Vous avez bien lu le pitch de départ ? Eh bien le film entier est à la hauteur de ce délire. Disons-le carrément, Lego est un OVNI totalement jeté et délicieusement dingue, dans tous les sens du terme. D’abord, graphiquement, le long-métrage se révèle une explosion de couleurs, d’extravagances et d’inventivité. Le monde Lego se voit non seulement respecté à la lettre mais les réalisateurs se demandent constamment comment retranscrire tel ou tel effet dans le monde Lego. Un des premiers exemples, la douche d’Emmet, permet de comprendre l’excellente idée de ce procédé récurrent. Au lieu de gouttes d’eau et de mousse, ce sont des pièces de Lego cylindriques bleus et blanches qui tombent sur le personnage. Dis comme ça, ça n’a l’air de rien, mais une fois appliqué à chaque petite chose du long-métrage, c’est une idée de génie. De la fumée à l’eau, des explosions aux incendies, le délire visuel constant fait de Lego un vrai délice.Ensuite, Lord et Miller se lâchent au niveau du scénario et des personnages. En apparence faussement simple, le long-métrage révèle rapidement le génie des deux compères qui ont rigoureusement tout compris à l’esprit Lego. Il aurait été très facile finalement de bâtir une histoire lambda avec des Legos, de façon simple et efficace. Bref de faire un énième ersatz de Transformers, un repose-cerveau sans vrai talent derrière, bâti pour remplir un contrat. Mais non seulement Lego ne part jamais là-dedans mais il explose tout. Dès le départ, on rentre dans le monde fou qui se bâtit devant nos yeux. Parce que les américains ont compris que c’était finalement ça de jouer aux Legos, d’inventer des histoires, toutes plus folles et improbables les unes que les autres et de se foutre totalement des règles. Alors quand notre héros Emmet, après avoir vécu pendant une quinzaine de minutes dans un monde moderne semblable au nôtre se retrouve propulsé au Far-West, nul besoin de dire que rien par la suite ne surprendra…ou pas. Car jamais les réalisateurs ne se reposent et ils arrivent toujours à trouver plus improbable. Comme seul un enfant en jouant pourrait le faire. Le véritable tour de force de Lego se trouve précisément là, dans ce refus de prendre les enfants pour des imbéciles et de leur rendre, à juste titre, leur plus grand talent : l’imagination. Lego est un film d’imagination, c’est LE thème du film et bon sang, croyez-le ou non, c’est une pure idée de génie.Les réalisateurs du déjà bien secoué Tempête de boulettes géantes trouvent le lieu idéal où déchaîner leur jusqu’au-boutisme d’échappés d’asile. Et ils ne font pas les choses à moitié. Si vous avez toujours rêvé de voir un film avec des personnages de DC Comics, le seigneur des anneaux, Shaquille O’Neal, Abraham Lincoln ou Harry Potter alors bienvenue. Car comme un enfant n’en a rien à faire de tout mélanger, Lord et Miller brisent les conventions et accouchent d’un joyeux bordel des plus jubilatoires. Le résultat de ce melting-pot et de cette aventure à la fois simplette mais incroyablement inventive, c’est environ 1h40 de rire émaillée par des chansons aussi naïves que truculentes (Everything is awesome, c’est un peu la quintessence de l’esprit du film Lego, et elle va vous coller un moment) et des répliques cultes (à peu près tout ce que sort Batman, peut-être le meilleur perso du film). Il faut bien comprendre que Lego va vous balader là où vous ne vous attendez jamais à aller, on ne dévoilera pas le film tellement la surprise est primordiale, mais l’envie et l’immense plaisir des réalisateurs triomphent de tous les obstacles.Enfin, si Lego s’élève au rang pur et simple de merveille (rien que ça), c’est grâce à l’intelligence du long-métrage. Qui l’aurait-cru d’ailleurs ? Comment un film Lego peut-il être intelligent ? Eh bien encore une fois grâce à son scénario et par une double-lecture délicieuse. Les plus jeunes y verront un message sur la création et l’imagination, une sanctification de l’amusement issu de leur propre imaginaire, tandis que les adultes – au-delà des 1000 références disséminées dans le film – verront des choses salement plus roublardes. Ils y verront une dénonciation en règle de la politique Lego moderne de confiner tel type de figurine à tel type d’univers (le syndrome une boîte = un terrain de jeu), une satire puissante de notre société moderne (la ville d’Emmet c’est un peu le summum de l’horreur d’uniformisation et de contrôle moderne), et surtout un message universel, que chacun d’entre nous peut être spécial. Malheureusement, on ne révélera pas le dernier élément très "méta" du film, mais c’est lui qui achève de convaincre du potentiel énorme du long-métrage qui en devient même touchant quand il se dévoile enfin.Il resterait encore 1001 choses à dire sur le film Lego. De la chanson Dark de Batman (à mourir de rire) en passant par les plus délirants changements de registres du film (ils arrivent quand même à nous pondre un flash-back de pirates à l’assaut d’un gratte-ciel !) pour finir sur la myriade de voix en VO qui rendent le film encore plus attachant (mention spéciale à Liam Neeson pour le Bon flic/Mauvais Flic et à cette idée idiote mais jubilatoire de donner à Green Lantern la voix de Jonah Hill). Alors bon voilà, écoutez, courez-y (en VO si possible) parce que La grande aventure est un chef d’œuvre, drôle, émouvant, re-drôle, avec 12.000 idées à la minute, encore rere-drôle, et surtout un film qui ne prend ni l’enfant ni ses parents pour des imbéciles et explose son sujet pour en faire une supernova de l’animation.Une merveille !