91
par K.
Adhérent
Commencé hier. Terminé ce matin. Je l'ai adoré. Je comprend aisément les deux reproches que l'on peut faire à cet ouvrage : lenteur du rythme par moment et écriture très travaillée. Toutefois cette lenteur, que je n'ai pas du tout ressenti négativement, me semble nécessaire et est servie par une grande force d'évocation. L'arrière-plan mythologique est magistralement brossé et le style de l'auteur possède un lyrisme indéniable. Le fait qu'il prenne le temps, au rythme du fleuve, de laisser se rejoindre le récit du bâtard et celui de ses sauveurs n'est pas sans apporter une profondeur certaine à l'ouvrage et peut, selon le tempérament du lecteur, éveiller en lui intérêt, rêverie voire mélancolie. Les images évoquées restent une fois le livre reposé et c'est à cela que l'on reconnaît les bons conteurs. Certes le style est lyrique, travaillé, mais en cela, bien que la plume soit fort différente, je rapproche ce livre des chroniques d'Arcturus : si la plume de Servat était plus classique ou limpide ces romans y perdraient beaucoup de leur originalité et de leur force. Si le barde et le bâtard font l'objet d'une attention particulière l'auteur ne néglige pas nombre de personnages secondaires et certains d'entre eux, tels le bâtelier, sont bien plus épiques que nombre d'archétypes présents dans d'autres livres.Le mélange original entre celtes et hindous me rappelle quelque peu les oeuvres d'Holdstock, me semblant aussi réussi que ses rencontres entre celtes et grecs. J'attends la suite avec impatience car il est remarquable qu'un livre laissant délibérément batailles et guerres à l'arrière-plan s'avère, par sa profondeur, bien plus digne héritier des anciennes épopées que nombre d'ouvrages dits de fantasy épique dont les auteurs feraient bien parfois de se replonger dans les textes fondateurs.