Je suis visiblement dans la minorité mais je n’ai pas du tout aimé le premier tome.Je tiens d’abord à dire que j’ai une sainte horreur des voyages dans le temps ou plutôt j’ai une sainte horreur des incohérences et paradoxes qui surviennent inévitablement lorsque l’on parle de voyages dans le temps. Et je les déteste d’autant plus depuis que je sais que les recherches en physique quantique ont montré qu'il était théoriquement possible d'aller dans le futur mais rigoureusement impossible de retourner dans le passé.Pourquoi avoir tout de même tenté l’expérience ? Parce que je suis prof d’histoire, que l’idée que des historiens retournent dans le passée pour observer des événements me semblait séduisante et que Saffron l’avait très bien vendu dans un podcast en disant notamment que l’Histoire empêchait tout paradoxe, que la plume de l’auteur était très agréable et que ça se lisait vite et bien.Concernant les voyages dans le temps tout d’abord c’est complètement raté. Le récit est truffé de paradoxes et le tout ne tient absolument pas debout. L’auteur a décidé de ne pas tenir compte de l’effet papillon par commodité et prétend que « si la personne ou la chose n’a pas une grande importance dans l’histoire, ce n’est pas grave d’agir dessus ». Ca ne marche pas comme ça.Juste un exemple parmi des dizaines :
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Farrell explique à Max que s’il manque deux capsules c’est parce que les gens de St. Mary du futur (disons temporalité
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sont retournés dans le passé (temporalité A) pour les voler en tuant au passage du personnel. Sauf que s’ils viennent de B, cela veut dire que tout ce qu’il y a entre A et B a déjà été écrit. Et que comme la capsule n’avait pas été volée, elle a eu un rôle dans l’histoire et qu’en revenant dans le passé la chercher ils changent complètement l’histoire.
Ce n’est cependant pas (uniquement) à cause des voyages dans le temps mal gérés que je n’ai pas aimé le bouquin : après tout, je n’ai jamais vu un seul auteur ou scénariste les gérer convenablement, j’aurais pu apprécier le bouquin si tout le reste avait été irréprochable.Concernant le ton/l’écriture. C’est purement une affaire de goût et visiblement beaucoup ici apprécient mais pour ma part j’ai détesté et ce pour deux raisons.Premièrement l’auteur n’est pas historienne or elle passe son temps à sortir des trucs comme « une panique d’historien » « l’instinct typique de l’historien de révéler aussi peu que possible » « une soirée d'historiens », etc. De mon expérience, les historiens (et j’en suis un) sont des gens extrêmement carrés, pointilleux, sérieux jusqu’à en être ridicules, qui aiment s’entendre parler et pour qui plus c’est ampoulé mieux c’est. Les historiens (pas juste Max, ils sont tous comme ça) de St Mary sont tous de grands adolescents attardés uniquement intéressés par l’alcool, le sexe et les trucs qui font boum. J’avoue ne pas avoir compris pourquoi l’auteur passait autant de temps à essayer de décrire « l’âme de l’historien » si c’est pour être à ce point à côté de la plaque. Ca n’apporte rien au récit, elle aurait tout simplement pu ne pas en parler.Mais là encore c’est plus un petit défaut agaçant (et uniquement pour moi je suppose) que la raison principale de ma détestation. Ce qui m’a vraiment dérangé dans le ton c’est l’impression de lire un livre YA. Tout est tellement léger tout le temps que rien n’a d’importance. Les personnages se comportent tous à ce point comme des gamins et la narration est tellement superficielle que je n’ai à aucun moment réussi à m’investir émotionnellement. Je n’en avais rien à faire d’aucun des personnages y compris Max. Que l’on veuille écrire un livre au ton léger je n’ai rien contre mais si tu comptes tuer un paquet de personnages tu as intérêt à faire en sorte que l’on s’investisse émotionnellement dedans sinon leur mort n’aura aucun impact.Mon principal problème avec le livre n’est cependant pas ce qu’il est mais ce qu’il n’est pas. C’est probablement ma faute, j’ai dû mal écouter la présentation de Saffron ou lire trop superficiellement les critiques. Quand j’ai entendu parler d’un institut d’historiens retournant dans le passée pour observer des événements sans interagir j’imaginais que chaque livre serait consacré à un événement de l’histoire et que, pendant la quasi-totalité du livre, l’auteur (qui aurait au préalable fait des recherches à la Guy Gavriel Kay sur ladite période) s’emploierait à nous décrire l’atmosphère d’une époque, que les historiens resteraient en missions des semaines ou des mois dans le passé pour prendre le plus de notes possibles et que le principal enjeu serait de ne pas se faire repérer.Bref, que, par exemple pour ce tome 1, après 100 pages d’introduction l’héroïne et un petit groupe seraient allés en mission en Égypte antique (par exemple) pendant X semaines afin d’y étudier la société et et que l’enjeu du récit serait d’arriver à ne pas attirer l’attention, résister à l’envie d’intervenir.Au lieu de cela les voyages dans le passé ne représentent que quelques chapitres
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(et qu’est-ce que des historiens vont foutre au Crétacé franchement ? Un peu de sérieux…)
, l’auteur ne développe absolument rien sur l’époque visitée et les enjeux sont
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une bande de méchants venus du futur pour se faire du pognon.
Si le tome 2 sort en français je lui donnerai probablement sa chance pour voir si, passé le tome d’introduction, ça devient un peu plus costaud mais en l’état je ne peux pas vraiment conseiller cette série aux amoureux de l’histoire. Dommage, l'idée de départ était excellente.