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Merwin Tonnel a écrit :C'est justement ce que Lambertine dit ;) A moins que tu juges qu'il n'y a pas d'évasion dans La Belgariade et, dans ce cas-là, je ne peux que te rejoindre :sifflote:
:tetemur: :tetemur: :tetemur: :tetemur: :pA part ça je suis totalement d'accord avec Lambertine ! Pour moi c'est de la littérature d'évasion tout comme n'importe quel roman, et ce dans un "cadre" qui me parle et me plait. Mais il n'y a guère de différence entre le plaisir de lire 93 de Hugo et celui de lire La Compagnie Noire ! ;)

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Pourquoi "mauvais exemple" ? Bien sûr que "Guerre et Paix" apporte de l'évasion. C'est précisément ce que je voulais dire, et c'est précisément pour ça que je l'ai pris pour exemple. parce qu'il apporte de l'évasion au lecteur. Et parce que, malgré tout (?) il est considéré comme un classique parmi les classiques, un chef d'oeuvre de la littérature mondiale, un bouquin étudié dans les universités, un livre considéré comme "adulte" que personne ne vous reprochera de lire à 50 ans (ce qui n'est pas le cas d'autres classiques facilement catalogués en Jeunesse, comme l'Ile au Trésor, les romans de Jules Verne ou d'Alexandre Dumas, ou Kipling). "Guerre et Paix", c'est la preuve littéraire qu'il n'y a pas opposition entre "évasion" et "littérature", "évasion" et "roman adulte", "évasion" et "prise en compte des problèmes de société".(Oui, j'adore "Guerre et Paix", et c'est aussi pour ça que je l'ai pris comme exemple, plutôt que "Notre-Dame de Paris", ou "La Condition Humaine")

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Que veux-tu Castore je suis un incorrigible pragmatique et je n'ai jamais vraiment accroché au roman scout, je préférais lire Stendhal, Flaubert, Proust, Cohen, Dostoïevsky, Tolstoï, Austen et j'en passe que Foncine (malgré toute l'amitié que j'avais pour lui) ou Dalens. Pour moi c'est comme Steel, Benzoni, Peyramaure, Signol, Higgins Clark, etc...
A suivre cette discussion sur les "romans scouts" (que je n'aime pas des masse ; trop moralisateurs à mon goût) j'y retrouve chez certains intervenants le même mépris que pour la fantasy : hors des classiques (morts, de préférence), point de salut.http://forum.latoilescoute.net/index.php/topic,7263.50.html

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Je ne vois pas où vous avez lut qu'il devait y avoir une opposition entre "évasion" et "littérature" et les autres termes cités. Encore heureux que ce ne soit pas le cas. Mais pour ce qui est de comparer des romans de fantasy et Tolstoï ou Hugo... Bien entendu que l'évasion fait aussi parti du plaisir de lecture que l'on peut avoir en lisant ces oeuvres, c'est indéniable. Mais là où je suis en total désaccord, c'est notamment avec ça :
lambertine a écrit :Soyons sérieux deux minutes : personne (enfin, personne, il y a sans doutes quelques poissons volants, hein...) ne lit "Guerre et Paix" (pour prendre un classique parmi les classiques) hors obligation scolaire pour apprendre comment on vivait en Russie au début du XIXème siècle ou pour réfléchir sur les conséquences du "binge drinking" sur la jeunesse dorée.
Je crois vraiment que c'est loin d'être le cas. Je confesse au passage ne pas avoir lut ce livre, mais il fait justement parti de ma longue liste de livre qu'il faut que je lise (liste qui ne cesse de s'allonger, je desespère d'autant que je ne suis pas un lecteur rapide). Mais si justement j'ai envie de le lire c'est en grande partie par curiosité historique et culturelle, et aussi au passage parcequ'il peut me permettre de m'évader mais ça ne sera pas ma motivation première. Pas forcément besoin d'ailleurs de tapper dans des classiques pur et dur du 19ème siècle pour y trouver ce genre d'intérêt. Prenons en exemple une de mes lectures récentes, de la littérature fantastique en l'occurence : "Terreur" de Dan Simmons. Ce bouquin est par certains aspect de l'évasion pur (la glace, le froid, l'aventure humaine, le fantastique et le chamanisme), mais il fourmille de détails purement historique et précis sur la naviguation et la société de cette épouqe (les années 1840's), et c'est un régal qui fait que j'ai passé également beaucoup de temps sur wikipedia et d'autres sites (pour replacer l'oeuvre dans son contexte historique, les définitions de termes marins, etc...), et je trouve ça passionnant (au passage, j'ai un passé d'étudiant en histoire). Je ne retrouve absolument pas cet aspect dans la littérature Fantasy (au sens où je l'entend : c'est à dire création d'un monde totalement imaginaire). J'en arrive même parfois à me poser des questions sur mon intérêt actuel pour la fantasy : tant en ce moment je prends beaucoup plus de plaisir à lire des romans qui ont un fondement historique. D'ailleurs, hormis Kane de Wagner, les prochains Gemmell et Howard, toutes mes futures prévisions de lectures sont de la fiction historique, de la Sf, du fantastique etc...De là à dire que je vais vous quitter, je ne pense pas car je suis toujours à l'affut d'un bouquin de fantasy qui me mettra sur le cul.

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lambertine a écrit :Pourquoi "mauvais exemple" ? Bien sûr que "Guerre et Paix" apporte de l'évasion. C'est précisément ce que je voulais dire, et c'est précisément pour ça que je l'ai pris pour exemple. parce qu'il apporte de l'évasion au lecteur. Et parce que, malgré tout (?) il est considéré comme un classique parmi les classiques, un chef d'oeuvre de la littérature mondiale, un bouquin étudié dans les universités, un livre considéré comme "adulte" que personne ne vous reprochera de lire à 50 ans (ce qui n'est pas le cas d'autres classiques facilement catalogués en Jeunesse, comme l'Ile au Trésor, les romans de Jules Verne ou d'Alexandre Dumas, ou Kipling). "Guerre et Paix", c'est la preuve littéraire qu'il n'y a pas opposition entre "évasion" et "littérature", "évasion" et "roman adulte", "évasion" et "prise en compte des problèmes de société".(Oui, j'adore "Guerre et Paix", et c'est aussi pour ça que je l'ai pris comme exemple, plutôt que "Notre-Dame de Paris", ou "La Condition Humaine")
Pardon, j'ai mal lu, la fatigue, je pense, avec toutes mes confuses.

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L'article est un peu ... réac' peut-être ? (celui du Figaro)La conclusion tombe sous le sens, deux baffes à l'heroïc fantasy.On peut y entendre ce qu'on veut, notamment que les deux baffes sont distribuées parce que ces lectures "régressives" viennent "en lieu et place de ...", mais ce qui intéresse ici, c'est bien le fait qu'elle parle manifestement de quelque chose dont elle ne sait à peu près rien, non, cette journaliste ?Je parle des lectures de genres, bien sûr, on ne va pas foutre en l'air son travail d'extraction de "sens" de tous les chiffres et idées rassemblés ici (rien que de penser le faire, ça me fait bailler...).Son article est motivé par une inquiétude, elle s'emballe et fait carton plein...maintenant, j'aimerais bien savoir ce qui chagrine tant de monde ici, puisqu'à priori, on est un peu habitué à ce type de discours : s'entendre dire qu'on ne lit pas de classiques et que c'est le mal ? Ne pas supporter l'accusation déguisée de ne pas aimer souffrir en lisant, parfois ? S'entendre dire qu'il y a des "compléxités" qui ne se "pensent pas" en littératures de l'imaginaire ? Si tout le monde est au point avec ces choix de lecture, et si la communauté réunie autour des genres de l'imaginaire vit en autarcie (de fait), et que tout le monde est content de s'y retrouver... je ne vois pas vraiment où et le problème. Et puis à ne lire que de la fantasy, ou que de l'imaginaire, on loupe pas mal de trucs. C'est aussi le cas de celles et ceux qui n'en lisent pas du tout. D'ailleurs, ce dernier argument est sans doute un de ceux qui fonctionnent le moins bien pour prescrire une lecture, non ? ;)

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Je ne pense pas que les réactions ici aient un rapport avec le fait de ne pas être à l'aise avec ses choix de lecture. D'autant - outre l'absence de compexe - qu'il me semble que la plupart des forumeurs ici lisent des genres très variés. Et notamment des classiques pour les références que j'ai pu voir passer ces derniers temps. Ne serait-ce pas plutôt ceux qui ne lisent jamais d'imaginaire qui loupent des trucs ? (On peut facilement retourner la question).Au final tout est question d'ouverture, et pas de faire partie de telle ou telle communauté ou de lire telle ou telle chose. Et force est de constater que l'ouverture envers les genres de l'imaginaire, c'est pas encore trop ça. Et il est légitime d'en avoir un peu ras le bol parfois d'être vu comme un extraterrestre ou quelqu'un sans culture ou que sais-je encore. ^_^

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lambertine a écrit :Soyons sérieux deux minutes : personne (enfin, personne, il y a sans doutes quelques poissons volants, hein...) ne lit "Guerre et Paix" (pour prendre un classique parmi les classiques) hors obligation scolaire....
Ah, ben je suis un poisson volant alors ! :lol:J'essaye de temps en temps d'élargir ma culture générale.Pourtant, je lis de la fantasy pour l'évasion. Mais j'y trouve bien plus de chose que simplement de l'évasion.Pour répondre à Dark Schneider: moi aussi, après avoir lu Terreur, je suis allée faire un petit tour sur internet pour en savoir un peu plus sur la véritable expédition. En lisant Base Venus ( de la SF de Clarke et Preuss si je ne me trompe pas), j'ai vérifié quelques renseignements sur les satellites galiléens de Jupiter. Et en lisant des livres de Guy Gavriel Kay: Les lions d'Al Rassan ou La mosaîque de Sarance, j'ai eu l'impression de me retrouver en Espagne ou à Bysance, même si je ne suis pas sûre des détails historiques.

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Lelf a écrit :Ne serait-ce pas plutôt ceux qui ne lisent jamais d'imaginaire qui loupent des trucs ? (On peut facilement retourner la question).Au final tout est question d'ouverture, et pas de faire partie de telle ou telle communauté ou de lire telle ou telle chose. Et force est de constater que l'ouverture envers les genres de l'imaginaire, c'est pas encore trop ça. Et il est légitime d'en avoir un peu ras le bol parfois d'être vu comme un extraterrestre ou quelqu'un sans culture ou que sais-je encore. ^_^
Oui, et deux fois oui.Mais si on me dit que je suis un âne à cause de ce que je lis, j'aurais juste un petit sourire en coin. Au contraire, je trouve ça assez jouissif que sur un préjugé, quelqu'un d'un peu haineux puisse passer à côté d'un truc qui lui ferait au moins desserrer les dents, sinon d'autres parties possiblement crispées de son anatomie. Surtout s'il y met de la mauvaise foi et de la bonne volonté !Maintenant, ce positionnement est peut-être plus facile à assumer si on n'a rien à se "reprocher" quand même, on ne pourra pas l'occulter...non ?'Fin bon, de fait, aucune réaction n'est plus légitime qu'une autre...

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Bon, alors,Il n'y a pas pour moi opposition entre "littérature" et "évasion". Il y a simplement un reproche récurrent fait aux lecteurs de littérature de l'imaginaire en général, et de fantasy en particulier : "vous lisez ça pour vous évader". Or cette "évasion", on la trouve dans beaucoup de livres de la littérature classique (dont Guerre et Paix, Notre-Dame de Paris, Salambô, par exemple).Par contre, lire ces livres part en général d'une démarche de "plaisir", de "divertissement", avant tout. Même si on y trouve autre chose, qui peut peut-être être des connaissances historiques ou géographiques, mais aussi des réflexions philosophiques et psychologiques. Pour reprendre "Guerre et Paix", par exemple, et pour parler "pour moi", c'est d'abord une merveilleuse fresque romanesque, mettant en scène des personnages extraordinaires. C'est la vision d'une guerre "du camp d'en face", ce qui fait un choc (quand Tolstoï parle "des nôtres", ils parlent des Russes, pas des Français...). C'est l'histoire de l'évolution d'un homme, d'un bâtard balourd à lunettes qui doit s'adapter à son nouveau statut (il y a du Harry Potter chez Pierre Bezoukov - ou du plutôt du Pierre Bezoukov chez Harry Potter). C'est aussi l'Histoire de la Russie au début du XIXème siècle, c'est un roman historique, mais c'est une fiction. La lire "pour apprendre", je dirais "aië".. Même si on peut apprendre en le lisant... comme on peut "apprendre en lisant" des livres de Fantasy comme Le Roi d'Août ou La Mosaïque de Sarance. Ou plutôt en faisant des recherches après les avoir lus. Parce que ça reste des romans, aussi bien documentés soient-ils. Si je veux "apprendre" sur la France médiévale, je lis Duby ou Pernoud, pas Hugo ou Druon.Mais je crois que nous avons un gros problèmes en France (et en Belgique) avec le "divertissement". Comme s'il fallait le justifier, se trouver un "alibi culturel". La faute à Pascal ?( Maintenant, nous sommes sur un forum littéraire. Et je crois que les intervenants ne sont pas "représentatifs" de la population générale. Et qu'un passionné d'Histoire recherchera plus les références historiques dans un roman qu'un passionné d'agriculture biologique.)

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On dirait que la Fantasy, en tant que littérature qualifiée "d'évasion" par beaucoup, et peut-être la SF aussi parfois, devrait se prévaloir d'un alibi "intellectuel", sous prétexte que le style, souvent évoqué en littérature générale comme un langage qui a ses propres codes, ses propres mystères et tourbillons, ne serait pas son ambition première (ça peut se discuter à l'infini, Ok). Pour la SF, c'est rondement mené, via des publications exigeantes, des exégètes nombreux, ainsi qu'une exposition moindre du genre, qui aurait beaucoup moins le vent en poupe que la Fantasy. Cette dernière est dans une position plus délicate à défendre, peut-être.Je balance ça comme ça, sans y réfléchir... à côté de ça, je remarque que bien souvent, on fait assez l'étalage des qualités d'une Fantasy "intelligente", de la matière qui y est manipulée, comme chez J.P Jaworski par exemple. C'est un réflexe de citer comme cautions les fulgurances en respectabilité du genre, qui ont tendance à montrer à un public plus large que non, il n'y a pas que des histoires stéréotypées, des lectures régressives en Fantasy. Il y en aurait d'autres, bien d'autres à citer, et selon les goûts de chacun, là n'est pas mon propos...C'est un réflexe qui vise à légitimer ses préférences, mais qui en même temps condamne un peu les titres "moins ambitieux", ce qui n'est pas servir le genre dans son intégralité. Et là dedans, je vois bien, ça vient peut-être de moi seul, un aveu quant à une production que nombre d'amateurs jugeront eux-mêmes moins glorieusement. Je crois qu'on ne peut pas manier à la fois l'étendard et, au devant, les innombrables piques, la chair à canon quoi...Tant qu'on veut se présenter comme lecteur des littératures de l'imaginaire, on expose aussi le côté le plus fragile et on doit répondre de l'image véhiculée par la Fantasy, qu'on le veuille ou non...Et puis le genre, dans sa singularité, se doit de reconnaître tout ce qui vient s'affilier à lui, même ce que l'on préfèrerait ne pas soulever.C'est pour ça que c'est bien plus confortable de déclarer qu'on aime tout ce qui est "bon", plutôt que de se battre contre des moulins à vent...maintenant, si on le souhaite ou si on le doit, il s'agit de décrire ce qui se passe en fantasy, le plus honnêtement possible, comme on peut le voir dans nombre de critiques ici (passé ma remarque de schtroumpf à lunettes sur les notes souvent trop élevées, il y a une manière ici de disséquer les bouquins assez formelle et rigoureuse, et on ne pourra pas reprocher aux chroniqueurs de ne pas savoir quels sont les possibles écueils de la Fantasy, justement.)

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lambertine a écrit :La lire "pour apprendre", je dirais "aië".. Même si on peut apprendre en le lisant... comme on peut "apprendre en lisant" des livres de Fantasy comme Le Roi d'Août ou La Mosaïque de Sarance. Ou plutôt en faisant des recherches après les avoir lus. Parce que ça reste des romans, aussi bien documentés soient-ils. Si je veux "apprendre" sur la France médiévale, je lis Duby ou Pernoud, pas Hugo ou Druon.
Si tu veux apprendre sur une période donnée, lire des bouquins d'historiens ne suffit pas. D'autant que les historiens écrivent à un moment donné, alors que la recherche, elle, continue d'avancer et de progresser. Tout ça pour dire que justement celui qui fut à une époque une référence - Duby - commence à être de plus en plus daté. Mais surtout, pour connaitre et comprendre une époque donnée, il faut justement s'intéresser aux sources, de toutes sortes, et dans le cas du 19ème siècle par exemple, lire les romanciers de l'époque, et qui écrivent sur leur époque, est totalement indispensable. Ce sont les témoins de cette époque, tant bien même qu'ils écrivent de la fiction, ce sont les plus à même à nous faire comprendre comment fonctionnait la société de cette époque. Les historiens actuels, malgré toute leur érudition, n'ont pas connus cette époque (jusqu'au jour où la machine à remonter le temps existera). Moi je m'intéresse surtout à l'époque Antique, je lis donc de façon occasionnelle des bouquins d'historiens pour universitaires, mais aussi des sources de l'époque (Homère évidemment, Xénophon, Thucydide...), sans ces sources, jamais je ne pourrais n’imprégner de cette époque.
lambertine a écrit :Mais je crois que nous avons un gros problèmes en France (et en Belgique) avec le "divertissement". Comme s'il fallait le justifier, se trouver un "alibi culturel". La faute à Pascal ?
Ca c'est clair. Enfin surtout dans les milieux un peu réac, mais pas que...moi aussi ça me gave. C'est pourquoi je revendique pleinement que si je lis de la fantasy c'est dans une pure volonté d'évasion. J'ai besoin de sortir de mon quotidien, de vivre de grandes aventures, de rêver un peu (j'ai toujours été assez rêveur). Et la fantasy est pour moi le genre où je retrouve le plus facilement ça : car tout y est imaginaire. Je ne recherche donc pas autre chose la dedans que de l'évasion (avec tout ce que le terme peut signifier). Je ne trouve pas ça du tout réducteur de qualifier la fantasy de littérature d'évasion, je trouve au contraire qu'il faut l'assumer totalement. Et je ne vois pas en quoi c'est péjoratif. Le problème c'est qu'il faut savoir aussi accepter le fait que beaucoup de gens sont très terre à terre et ne trouve donc aucun intérêt ou épanouissement dans ce genre de littérature (ou de films, jeux vidéos etc)...c'est comme ça. Mais la moindre des choses c'est qu'ils l'acceptent et le respectent. Sinon, je suis globalement assez d'accord avec ce qui dis Malkus.

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Un truc qui me plaît bien, c'est cette idée de "littérature blanche" pour désigner des écrits qui seraient, selon certains, dignes d'intérêt.Au contraire d'autres écrits qui seraient, euh... pas blancs. Disons "gris", tiens.Mais qui sont ces "certains" ? Quels sont leurs critères pour définir quel texte est ou non "digne d'intérêt" ?Le chat s'en mord la queue, mais lui, au moins, il s'amuse.Et puis il y a aussi cette belle expression : "Littérature d'évasion". Ah, celle-là, elle vaut son pesant de chips à l'huile de palme...Donc, vous prenez votre plume Sergent Major (Kevin, tu éteins ton I-phone, merci), et tout le monde va se la jouer balèze :Quelle définition donnez-vous au vocable :1 - Littérature2 - Evasion 3 - Quel rapport, s'il y en a un d'après vous, entre ces deux termes ?Enfin, comme j'en vois qui ricanent, la question subsidiaire :4 - Expliquez, par un argumentaire cohérent, ce qu'est le plaisir de la lecture, d'après vous.(Et si ces mystères vous dépassent, feignez donc d'en être les organisateurs, pour paraphraser un saltimbanque du nom de Jean Cocteau).

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Au sujet des "classiques" : il y a deux types de classiques : ceux qui parlent du monde dans lequel l'auteur vivait (et qui peuvent donc être lus comme des témoignages d'époque ) et d'autres... qui parlent d'autre chose. Si je reprends Guerre et Paix : c'est un livre sur les guerres napoléoniennes vues du côté russe, mais écrit par un (génie) russe né bien après Waterloo. La Russie de Tolstoï n'était pas celle du Prince André, pas plus que ma Belgique à moi n'est celle de la guerre 40-45. Et si je prends Notre Dame de Paris, j'aurai une image de la vision totalement déformée que le XIXème siècle avait du Moyen-Age (pour avoir une vision de l'époque "vue pas ses contemporains", faut lire Philippe de Commynes ou Froissard, alors). Le Paris de Notre-Dame, c'est un fantasme romantique, même si le bouquin est un chef d'œuvre. Duby est peut-être "daté", mais il a quand même de l'époque une vision moins rocambolesque que Victor Hugo. Duby écrit et essaie de comprendre l'Histoire, même s'il se trompe. Hugo et Tolstoï ont écrit des histoires, avec toute la richesse de ces histoires. Richesse fictionnelle, imaginative, philosophique et psychologique que l'on retrouve rarement dans les livres d'historiens, parce que ce n'est pas leur rôle. mais richesse que l'on peut retrouver dans pas mal de livre de fantasy. Le Roi d'Août, par exemple, qui est pour la partie "historique" bien mieux documenté que bien des livre d'Histoire, c'est l'histoire d'un ado violé qui vit avec le souvenir toujours présent de ce viol et rejette sa femme parce qu'elle est "comme l'autre", d'un homme qui doit accepter une part "étrangère", non-humaine en lui. Sarance, ce n'est pas qu'une reconstruction fictionnelle de la Byzance de Justinien. C'est l'itinéraire d'un veuf vers la renaissance à la vie à travers l'Art, une réflexion sur la place de l'Art dans l'Histoire, et c'est bien plus encore. Si, en plus, ces livres nous conduisent à faire des recherches, à nous documenter sur les époques citées, pourquoi pas, mais, même sans celà, même sans leur part "instructive", ces histoires, en tant qu'histoires, se suffisent à elles-mêmes.

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En France, on met les gens et les choses dans des cases et on tient à ce qu'elles y restent. Faudrait pas qu'elles songent à s'échapper de leur étroit carcan et, pire, qu'elles contaminent les autres... Par ex, un acteur de télé ne pourra jamais faire du ciné et inversement. Tout simplement : ça ne se fait pas. Et s'il se met à chanter, c'est encore pire en général. Alors qu'aux USA, certains arrivent très bien à passer d'un truc à l'autre sans souci.C'est pareil pour la littérature. La Fantasy, les BD, les manga, les comics... Tout ça, c'est pas sérieux, voyons ! Quoi que la BD est encore un genre à part, il est encore plus facilement toléré de lire une BD à plus de 30 ans que d'aimer lire des manga... pauvres de nous. Je me souviens encore de mes parents, qui m'ont pourtant élevée à grandes doses de BD franco-belges (et pas qu'Astérix et Tintin), lever les yeux au ciel en voyant ma collection de Xmen, de manga et de bouquins de fantasy. "Mais tu peux pas grandir un peu ?". J'avais entre 20 et 25 ans à l'époque et il a fallu que j'explique et rééxplique que ce n'étais pas un passe-temps pour ado attardé, mais bien des genres à part entière. Il faut dire que pour les manga, dans leurs têtes, c'était le Club Do, Dragon Ball et Candy. Et pareil pour la Fantasy. Maintenant, c'est rentré, même s'ils n'ont jamais ouvert un bouquin de fantasy (et que mon père s'est endormi devant le premier film du SDA :lol: )Actuellement, grâce à la littérature dite jeunesse et à la BD, on assiste à une explosion de la fantasy. La nouvelle génération est baignée dedans et je pense que, donc, les mentalités vont finir par évoluer et que, bientôt, on verra ça comme un vrai genre à part entière et plus comme une vague sous-branche de la SF. Les rayons de certains magasins type fnac et virgin ont fait de gros efforts depuis 10 ans et, si on n'a pas encore l'intitulé fantasy au dessus des rayons, ce n'est plus vraiment mélangé avec la SF (tout dépend bien sûr des magasins et des responsables de rayons, mais c'est ce que j'ai constaté en général). Question idiote : qu'est-ce que la littérature blanche ? Je n'avais jamais entendu ce terme avant.

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Nesumi : de ce que j'ai compris, c'est qui n'est pas littérature de genre ^^ après, savoir où ça commence, où ça termine... =SAujourd'hui, avec une collègue médiéviste, on discutait de nos lectures, et quand elle comprend que je lis quelque chose qui n'existe pas (ô malheur -_-), elle me sort : "Oui, en fait tu lis inutile".Tant que y'a des gens pour croire que la lecture est inutile, la fantasy est pas sortie de sa case. On apprend des tonnes de vocabulaire dans les livres bien écrits, mais apparemment, c'est les Eragon & co qui sont l'image de la fantasy. :/

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Les libraires n'aident pas toujours. Je suis passé hier dans les deux grosses librairies de Limoges. Chez Anecdotes, une pleine table de Goodkind et chez "Page et plume" un présentoir entier. Petit mieux à la FNAC où la promo Goodkind était plus discrète et moins envahissante et surtout il y deux, trois coups de coeur à chaque fois. Le bonnet d'âne pour Page et Plume donc qui est une librairie indépendante.

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Personnellement, je n'ai jamais vraiment souffert de ces préjugés (j'ai même réussi à convertir ma grand-mère et mes tantes à la fantasy !). Du coup si on considère qu'il s'agit d'une littérature pour ado, j'ai tout fait à l'envers : quelle idée aussi de lire des romans historiques, des thrillers psychologiques ou des polars au collège et lycée et de passer à la littérature de l'imaginaire à l'approche de la vingtaine ! Si l'on en croit certains, je suppose qu'il faut imputer ce manque de compréhension de l'ordre "logique" au fait que je lisais des BD quand j'étais petite...En tout cas, j'ai récemment appris que le livre "Retour au pays" de Robin Hobb était entré dans les programmes des classes de 3ème, ce qui me fait penser que le genre ne devrait plus trop tarder à obtenir ses lettres de noblesses !

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Quand j'étais au collège, ma prof de français faisait lire Bilbo le Hobbit aux élèves de 5ème...Je précise que j'ai 30 ans, donc je parle là du début des 90's. D'ailleurs, je me souviens que certaines rédactions de français que l'on devait faire avaient des thèmes fantastiques/contes/fantasy.