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par Tybalt
Elbakinien d'Or
J'ai reçu pour Noël la nouvelle traduction du Hobbit, dans la version illustrée par Alan Lee sur laquelle je bavais depuis sa parution, et j'ai donc relu tranquillement le livre dans sa nouvelle traduction. Difficile de bénéficier de conditions de lecture plus idéales : autant la mise en page du Hobbit annoté était un fourre-tout qui m'avait fait reculer, autant le Hobbit illustré est extrêmement agréable à lire (ou même à parcourir). Bon, et j'aime énormément ce que fait Alan Lee, donc forcément...Et bref, cette nouvelle traduction m'a bien plu (je ne me suis pas encore amusé à comparer avec le texte anglais, hein - ni avec la précédente traduction, même si je me souvenais de la plupart des noms propres). Sans avoir comparé avec l'anglais, donc, le texte français est d'une très bonne tenue. Je n'ai croisé que quelques tournures qui me paraissaient relever de l'anglicisme, et c'était quand même souvent une affaire de goût personnel plus que de correction de la langue. Je n'ai pas supporté de voir Bilbo dire "Pareillement" à un moment donné, mais c'est parce que je n'aime pas cette tournure. Et j'ai appris le mot "moindrement" (pour "le moins du monde"), étrange mais parfaitement correct.Dans l'ensemble, j'apprécie beaucoup les nouvelles traductions des noms propres, et aussi le fait d'avoir enfin une version française vraiment intégrale : pas d'Arkenstone, mais la Pierre Arcane - certes, au début, ça surprend, mais la non traduction de "Arkenstone" m'avait toujours chagriné (je trouvais le mot moche), et "Pierre Arcane" est bien - dans l'idéal il aurait fallu un nom en un seul mot, mais ça aurait sûrement moins bien rendu (pour avoir subi de nombreux néologismes transposés sans réflexion en français dans la traduction du jeu de cartes Magic, je peux vous dire que ça ne rend pas du tout toujours bien).J'ai été impressionné aussi par la qualité de la traduction des chansons, en vers s'il vous plaît, et toujours honnêtes. Là encore, il faudrait jeter un oeil sur l'anglais, mais les chansons en français donnent envie de les chanter. Sur la fin, Bilbo faisant des vers prend tout d'un coup un petit côté Ronsard avec son "Heureux qui comme Ulysse", ce qui ne manque pas de charme.Pour ce que j'ai pu en lire, c'est un travail de qualité, et je ferai volontiers quelques recherches pour creuser la logique des noms propres ou de la traduction des chansons. C'était en tout cas une belle redécouverte du Hobbit, qui apporte quelque chose que même la lecture de la VO ne permet pas - un contact plus direct avec l'univers et l'histoire, et même avec le style, qu'on peut mieux évaluer grâce aux équivalents français. Il y a un ou deux endroits où le registre de langage m'a étonné, mais c'était assez ponctuel pour ressembler à un choix de traduction précis - il faudrait aller voir l'anglais - et ça permet de mieux sentir le mélange de langue littéraire et de tournures plus familières qu'utilise Tolkien dans le Hobbit (les choses sont différentes dans le SdA si je ne me trompe).